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Citations de Bob Garcia (108)


Un automate se dandinait au milieu des jouets, des poupées et des décorations de Noël. Il portait un masque étrange et grimaçant. Il me sembla un instant qu’il me faisait un clin d’œil. Je lui fis un petit signe de la main. Il me rendit mon salut. Je me frottai les yeux dans mes poings pour être sûr que je n’étais pas en train de rêver. Quand je les rouvris, je constatai que l’automate se frottait aussi les yeux. Il me rendait geste pour geste. Je me tournai vers Maman pour lui montrer le prodige, mais ne la trouvais plus dans la foule. À présent, j’étais entouré de lutins aux ricanements de crécelles. Je regardai à nouveau dans la vitrine, mais l’automate avait disparu. Une main d’adulte prit alors la mienne. Je fus rassuré de retrouver Maman. Comme la main me serrait un peu trop fort, je levai les yeux et m’aperçus que ce n’était pas Maman, mais l’automate. Il me sourit et dévoila une rangée de dents gâtées. Le rire qui sortait de sa gorge n’était pas humain. Je voulus retirer ma main, mais il serra plus fort. Il me faisait mal.
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L’endroit m’apparut comme un sommet de tous les luxes. Un maître d’hôtel solennel en queue-de-pie et gants blancs nous conduisit à une table. La vaisselle, les couverts, la nappe et les serviettes étaient si luxueux que je n’osais pas les toucher. Papa, Maman, Grand Frère et Grande Sœur semblaient un peu guindés. Je m’amusais à les observer à travers le prisme de mon verre de cristal. De profil, Papa avait au moins dix nez et autant de paires de moustaches. Il s’efforçait de se montrer sévère, mais personne n’était dupe. Le visage de Grand Frère était fractionné en mille éclats, comme à travers un caléidoscope, et Grande Sœur ressemblait à une poire affublée d’une coiffure incongrue. Seule Maman, malgré la vision déformante du verre, conservait sa beauté. Du reste, aucun regard n’aurait pu altérer mon amour pour elle. Grand Frère et Grande Sœur chuchotaient, la bouche cachée derrière leur main, parce qu’il était interdit de parler à table.
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La large chaussée grouillait de fiacres et d’attelages de toutes sortes. Certains s’arrêtaient parfois. Il y montait ou en descendait des messieurs en habit et cravate blanche, accompagnés de jolies dames en manteau de velours à col de fourrure. Les visages que nous croisions étaient souriants et épanouis.
Le cocher nous déposa enfin sur une grande avenue encombrée, devant un grand restaurant.
Papa poussa la porte et s’effaça pour laisser passer Maman. Nous les suivîmes comme à la parade.
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Londres se situait à mi-chemin du ciel et de la terre, une ville inventée pour mon bonheur.
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Ce soir-là, Papa n’ôta pas son manteau. Il embrassa Maman et annonça :

– Habillez-vous chaudement, nous sortons dîner au restaurant.

L’excitation se transforma en une euphorie incontrôlable. Je sautai sur place et courus en tous sens comme un jeune chiot. Il fallut à Maman plusieurs minutes pour me faire retrouver mon calme.

Nous montâmes tous les cinq dans un fiacre. Je collai mon visage à la fenêtre embuée. La ville s’apprêtait à fêter Noël dans une fantaisie de lumières, de couleurs et de rires. Une foule incroyable avait envahi les trottoirs éclairés par des becs de gaz. Les gens se bousculaient, gesticulaient et emplissaient la nuit d’éclats de voix.
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Mon rêve de la nuit dernière m’a projeté dans le monde de l’enfance. Je le sais car les adultes semblaient des géants autour de moi.

Noël approchait. La magie commençait à opérer. La maison s’agitait comme une ruche chaude et fébrile. Enthousiasme au zénith. Maman nous autorisait à l’aider pour la confection des confiseries, des gâteaux, des beignets à la confiture et des roulés de mélasse, cuits au four. Les odeurs de toutes ces bonnes choses emplissaient la maison et me réchauffaient le cœur. Nous passions aussi des soirées entières à fabriquer des petites figurines décoratives avec des morceaux de bois, du tissu, du coton et de la laine. Il y avait aussi du papier doré, des bougies, des guirlandes multicolores. Un feu de bois ronflait dans l’âtre. Je comptais chaque seconde de ce bonheur sans prix. Et je ne m’arrêtais que quand mes yeux refusaient de rester ouverts.

Puis, le grand jour arriva. L’excitation était à son comble. Le sapin de Noël fut dressé, immense et solennel, dans un angle du salon. Nos petites mains expertes s’y affairèrent, et en quelques heures, toutes les décorations y trouvèrent leur place, comme par magie.
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Les rêves sont des messages, mais aussi des mensonges. Je n’ai pas toutes les clés pour les décoder, mais j’y parviendrais à force de travail, de déductions et de réflexions. C’est pourquoi j’ai décidé de tout noter à dater de ce jour dans mon journal.
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J’ai erré dans des crépuscules glacés. Je me suis perdu dans les labyrinthes de l’oubli. J’ai ouvert des portes que l’on croyait condamnées. Je me suis égaré dans les souterrains de l’inconscience. Cœur meurtri. Âme brûlée. J’ai divagué. Titubé. Rampé. Perdu connaissance. Mais la mort n’a pas voulu de moi. Je me suis réveillé un matin. Dans mon lit. Renaissance douloureuse. J’ai palpé mon corps. Pas une égratignure, pas le moindre bobo. Pourtant, par instants, la douleur me submerge et devient presque insupportable. Elle vient du dedans, du tréfonds. Je dois comprendre les raisons du mal qui me ronge afin de le vaincre et de m’en délivrer. Il me faudra sans doute remonter le temps, errer encore au risque de me perdre, pour voir enfin le bout du tunnel. Je dois effectuer un travail de mémoire que personne ne peut faire à ma place. Je sais déjà que ce sera long et pénible car trop de choses m’échappent. Je ne peux compter sur aucune aide. Je serai seul, face à moi-même. Telle sera ma quête. Je n’aurai de cesse que d’avoir accompli ce travail. Tout commence ce jour.
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Il se retourna lentement et me jeta un regard oblique, flairant quelque piège. Plusieurs secondes s’écoulèrent encore. Je poursuivis.
– Lors de votre dernière visite, vous m’avez fait part de votre difficulté à réunir les fonds nécessaires à votre fondation, je crois ?
Notre dernière conversation remontait à plusieurs semaines. Il y avait peu de chance pour qu’il s’en souvînt.
– Je vous ai parlé de ça ?
J’opinai du chef. Peu m’importait qu’il crût ou non à mon mensonge.
Il poursuivit d’un ton morne, comme s’il pensait tout haut : – Quoi que nous fassions, le nombre de malheureux de cesse de croître. Il nous faut des fonds supplémentaires, mais ma cause n’est pas politique et personne ne s’y intéresse au point de verser ses propres deniers.
– Si. Moi.
Il se redressa, le sourcil en accent circonflexe.
– Vous ?
– Oui. Je pourrais envisager un premier versement de cinquante mille livres.
Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne franchit ses lèvres.
Je portai l’estocade finale :
– Et un deuxième versement du même montant…
Je marquai un léger temps d’arrêt et ajoutai, comme une évidence :
– … à la publication du roman.
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Sa mémoire semblait lui revenir en bloc. Ce cher vieux Watson venait de tomber dans mon piège. Il se tut soudain. Je ne pus m’empêcher de sourire.
– Ainsi donc, Holmes a bien mené l’enquête sur Jack l’Éventreur.
Il balbutia :
– Je… je ne me souviens plus très bien… c’est possible, en effet.
Ses joues rosirent. Toute trace d’ironie avait déserté son visage défait.
Je décidai de battre le fer pendant qu’il était chaud.
– Dans ce cas, pourquoi n’en avez-vous jamais parlé ?
Watson s’empourpra un peu plus et écarta la remarque avec un geste d’impatience :
– C’est du passé. Ça n’a plus d’importance
Il mit une main sur ses reins et s’appuya de l’autre sur sa canne, tentant de retrouver son personnage de vieillard amnésique.
– Adieu, Newnes. Je suis trop vieux à présent. Autrefois, je faisais cela pour gagner ma vie. Et puis, il y avait l’enthousiasme de la jeunesse. Aujourd’hui, je n’ai plus rien à raconter. Ne comptez pas sur moi pour écrire une seule ligne à ce sujet. Le temps qui me reste à vivre est bien trop précieux. Des tâches plus importantes m’attendent.
– Comme votre fondation, je suppose ?
Il s’immobilisa de nouveau.
– Dommage que vous ne puissiez rester plus longtemps, docteur Watson, c’est justement de cela que je voulais vous parler.
Je laissai flotter une seconde de silence et ajoutai à mi-voix, comme si je me parlais à moi-même :
– Rapport aux cent mille livres.
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Je lui lançai sans réfléchir :
– Mes lecteurs se sont toujours demandé pourquoi vous n’avez rien raconté des crimes de Whitechapel. Que puis-je leur répondre, sinon que Sherlock Holmes se reposait à cette époque ?
Je réalisai que je venais de dévoiler tout mon jeu en une seule tirade. Je restais tapi dans mon fauteuil, l’œil rond, mortifié par mon manque de tact. Je m’attendais à voir Watson filer hors du bureau, mais il sembla piqué au vif et rétorqua :
– Holmes n’est jamais resté longtemps inactif. Il ne vivait que pour ses enquêtes.
Cette réaction inattendue me donna l’audace de poursuivre :
– Si vous n’avez rien écrit à ce sujet, j’en déduis que c’est parce que votre ami a été dépassé par les événements. En termes clairs, son enquête a échoué.
Watson tressaillit, comme si je venais d’enfoncer un pic dans une partie sensible de son anatomie.
– Son enquête n’a pas échoué !
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Il se leva et me tendit la main.
– Ce fut un vrai plaisir. Merci encore pour cette délicate invitation.
Il se dirigea vers la porte. Je ne pouvais pas le laisser partir ainsi.
Je tentai de le retenir.
– Je crois que nous n’avons pas parlé de tout. Restez un peu, cher ami.
Il se figea. Le « cher ami » était peut-être superflu. Puis il se retourna et leva un sourcil circonspect.
– Vous ai-je parlé de cette satanée sciatique qui me torture avec ces changements de température, mon cher Newnes ?
Cette fois, il me sembla déceler un léger rictus d’ironie au coin de ses lèvres.
Il fallait le retenir coûte que coûte.
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– Avez-vous tout raconté ou vous reste-t-il encore quelque enquête non publiée ?
– Il est mort, n’est-ce pas.
Je marquai un nouvel arrêt. Difficile de dire s’il s’agissait d’une question ou d’une affirmation. Avait-il oublié cela aussi ?
– Je le crains.
– Connaît-on le coupable ?
– Le… eh bien…
Watson se frappa le front du plat de la main, comme si un brusque souvenir venait de lui traverser l’esprit.
– Quel drôle de type. Plutôt déroutant. Une intelligence hors du commun doublée d’un cynisme du même niveau. Quand il ne voulait pas répondre à une question, il feignait de ne pas entendre, ou pire, de ne pas comprendre. Combien de fois me suis-je demandé s’il parlait sérieusement ou s’il se payait ma tête ?
J’avais envie de lui retourner la question, mais je m’abstins.
– Il était parfois facétieux. La police a souvent fait les frais de ses sarcasmes. En particulier ce pauvre inspecteur Balustrade.
– Lestrade ?
– Peut-être bien. Holmes prétendait qu’entre lui et ce Lestrade il y avait incompatibilité d’humour.
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Il se présenta à mon bureau en milieu de matinée.
Après les salutations d’usage, nous échangeâmes quelques banalités sur le temps qu’il faisait, la dérive économique du pays, la dégradation des mœurs et les prochaines élections.
Ayant épuisé ces sujets, Watson évoqua ses problèmes de santé, ses éternelles blessures de guerre qui le tourmentaient, sa mémoire qui n’était plus ce qu’elle avait été, le naufrage de la vieillesse… La conversation s’enlisa peu à peu dans les marécages des souvenirs. Puis un long silence gênant s’installa.
Je décidai d’en venir au fait.
– Je… voudrais savoir si vous auriez quelque anecdote concernant Sherlock Holmes ?
– Qui ça ?
– Sherlock…
Je suspendis ma phrase, effaré à l’idée que Watson ait pu oublier jusqu’au nom de son illustre compagnon.
Je répétai, en détachant chaque syllabe :
– Sherlock Holmes, le fameux détective privé dont vous avez relaté les exploits avec tant de talent…
– Ah oui ! Ce Sherlock Holmes-là. Bien sûr…
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J’avais retourné la question toute la nuit. Watson n’était pas né de la dernière pluie. Il fallait user de beaucoup de délicatesse pour l’amener à parler de littérature. Mais la diplomatie n’avait jamais été mon point fort, surtout face à un tel renard.
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Une voix me fit sursauter.
– Vous en voulez un ?
– Plaît-il ?
Ma secrétaire cultivait depuis toujours l’art d’apparaître au beau milieu de mes réflexions les plus intimes. Elle me tendit une assiette couverte de petits gâteaux.
– Elle a dit qu’elle en apporterait d’autres dès que le récit paraîtra. Quelle charmante vieille dame…
J’écartai l’assiette de petits gâteaux et me ressaisis.
– Appelez-moi Watson tout de suite !
– Vous savez bien qu’il ne possède pas de poste téléphonique chez lui, monsieur Newnes.
– Dans ce cas, faites-lui porter un message en urgence. Je veux le voir demain matin dans mon bureau. Dites-lui que c’est… de la plus haute importance.
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Quand elle fut partie, je plongeai bientôt dans un abîme de réflexions, tentant de me remémorer cette période. À cette époque, j’avais moi-même relancé Watson pour lui commander de nouveaux récits de Sherlock Holmes. Mais il me répondait invariablement qu’il était trop occupé pour écrire. Avec le recul, je me demandai quel genre d’occupation l’accaparait à ce point. Le doute s’installa rétrospectivement en moi. Et si ce diable de détective avait réellement mené l’enquête sur Jack l’Éventreur ? Et s’il l’avait démasqué ? Quel récit cela ferait ! L’apothéose de ma carrière. Je voyais déjà le titre : Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur, l’affaire du siècle. La gloire du Strand pour les années à venir, sans parler des bénéfices que cela représenterait.
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Elle se retourna vers la porte, comme si elle craignait d’être espionnée.
– Mes amis et moi-même avons remarqué que le docteur Watson n’a rien écrit de très significatif entre août et décembre 1888. Plus étrange encore, il refuse avec obstination d’évoquer certains événements terrifiants qui se sont déroulés à cette époque.
Je frissonnai en m’entendant prononcer :
– Jack l’Éventreur.
– En effet. Il semble pourtant peu probable que M. Holmes et lui-même soient restés inactifs pendant toute cette période.
– Qu’est-ce qui vous permet de supposer cela ?
– Pure intuition féminine.
Elle prononça encore quelques mots qui se perdirent dans les méandres de mon subconscient. Puis le silence s’installa entre nous.
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– Même en admettant que Watson reprenne la plume, ce qui semble difficile compte tenu de ses pertes de mémoire, nous ne parviendrions jamais à rentabiliser un tel livre.
Elle prit un air énigmatique.
– Sauf s’il s’agit d’une enquête tout à fait exceptionnelle. Cette sacrée bonne femme avait une idée en tête. Je l’invitai à la confidence en répétant à voix basse :
– Exceptionnelle ?
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– Toujours est-il que le docteur Watson a besoin de cent mille livres dans un délai très court, faute de quoi sa fondation devra fermer ses portes.
Je faillis m’étouffer.
– Cent mille…
– Une somme colossale, certes, mais que vous pourriez rapidement amortir en publiant une aventure inédite de Sherlock Holmes, qui connaîtrait un succès planétaire.
Pour une contemporaine de Ramsès II, elle n’avait rien perdu de sa vivacité d’esprit. Son idée avait un indéniable relent pharaonique.

Je me tassai dans mon fauteuil.
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