Merci à Babelio et aux éditions du Rocher pour m'avoir donné l'occasion de découvrir ce roman.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette histoire, qui se déroule dans les années 20 à Chicago, est plutôt dense. Une sorte d'hommage à la culture populaire, où l'on voit se croiser un certain nombre de célébrités de fiction.
On suit, d'abord,
Eliot Ness, le fameux Incorruptible, et sa bande, alors qu'ils essaient à la fois de découvrir le responsable de l'explosion du Comédia et de combattre la corruption en mettant
Al Capone sous les verrous.
En parallèle, nous suivons les mésaventures de l'un des seuls rescapés de l'explosion, un homme devenu amnésique et qui se fait alors appeler Peter Nobody. Recherché par la police et affligé d'étranges crises, ce personnage énigmatique fera son possible pour retrouver la mémoire, tout en protégeant la jeune et angélique Wendy, dont il est amoureux fou.
Enfin, un troisième fil, en italiques, nous raconte les déboires d'un petit garçon dont la famille, ruinée, s'enfonce peu à peu dans la misère, avant de devenir prisonnière d'individus pervertis et cruels.
L'auteur a voulu rendre hommage à la littérature populaire, et il y parvient plutôt bien, en faisant se croiser
les Incorruptibles,
Al Capone, Sherlock Holmes et même Batman, Tintin et Mandrake ! Les dialogues sont souvent drôles, les personnages hauts en couleurs et attachants. le récit est rempli de revirements inattendus, de twists et de casse-têtes compliqués. Je ne suis pas familière des Incorruptibles, mais le style du roman m'a souvent fait penser à du Sherlock Holmes ou à du Arsène Lupin, dans l'enchaînement des péripéties, toujours sur un ton léger.
Les Spectres de Chicago, c'est aussi un récit avec quelque chose d'onirique, où rêve et réalité se confondent souvent, où entre hallucinations, cauchemars et illusions, il est souvent difficile de démêler le vrai du faux. La partie en italiques, notamment, à quelque chose d'un conte cruel, avec ce petit garçon qui a recours à son imaginaire pour supporter ce qu'il endure. le roman nous offre ainsi une jolie ode à l'enfance, avec des allusions à divers contes de fées (Peter Pan et Alice au pays des merveilles, entre autres).
L'énigme principale, à savoir qui est le coupable des meurtres et quel lien l'unit à la fois à
Eliot Ness et à Peter Nobody, est bien menée et efficace. On se pose des questions sur à peu près tout le monde, on doute de l'intégrité de chaque personnage, même de l'Incorruptible
Eliot Ness. L'identité du coupable est plutôt bien cachée jusqu'à la fin, même si des indices permettent de la deviner.
J'ai beaucoup aimé le dernier twist au sujet de Peter Nobody, dont je ne dirai rien ici évidemment. Il explique de manière satisfaisante toutes les bizarreries qu'il nous a été donné de lire tout au long du roman.
J'ai été, en revanche, déçue par les deux dernières pages, qui gâchent un peu tout pour moi. Elles ne sont pas assez expliquées et nous font refermer le livre avec un sentiment de perplexité. On a l'impression que quelque chose a été relancé, pour être laissé en suspends aussitôt après. Toute la partie en italiques se termine en queue de poisson alors qu'on s'attend à ce que, comme le reste, ce soit inclus au reste de l'intrigue. J'aurais aimé une conclusion là-dessus, une explication, mais tout reste assez flou.
En conclusion, j'ai aimé me plonger dans ce roman assez hors du commun, rempli de personnages et de situations très drôles. Malgré ma petite déception sur la fin, je garderai un bon souvenir de cette lecture pleine de poésie et de clins d'oeil.