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Critiques de Bret Easton Ellis (813)
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American Psycho

En quatrième de couverture de l'édition 10/18, Beigbeder qualifie American Psycho comme étant l'Apocalypse de notre temps et il n'en fallait pas plus à une lectrice comme moi pour me lancer dans l'aventure... Malgré les avis opposés concernant ce bouquin, j'ai pris un plaisir presque malsain à entamer cette lecture qui traîne derrière elle comme un arrière goût d'interdit... et là ce fût le choc... C'est donc ça le livre qui a fait scandale?

Politiquement incorrect, dérangeant certes... moi en tout cas je ne lui ai rien trouvé de scandaleux. Je dirai même qu'il s'avère intéressant quand on prend la peine de le lire avec attention.



L'histoire met en scène Patrick Bateman, jeune golden-boy de New-York, âgé de 27 ans. Riche, relativement bien gaulé, notre bonhomme ne porte que de la haute-couture, possède une Amex platine, ne fréquente que les restos et clubs à la mode où l'on croise uniquement le gratin de la population New-Yorkaise. Question poudre aux yeux, on peut dire qu'il assure et d'ailleurs vu qu'on est dans la poudre, il n'oublie pas de s'en mettre un petit coup dans le nez quand l'envie lui en prend, histoire d'accentuer ce petit côté ostentatoire propre à sa "détestable" personnalité.

Patrick Bateman, voilà un lascar qui vend du rêve !

Heureusement pour nous, pauvres cancrelats que le monsieur écraserait volontiers du bout de sa chaussure Armani, on va vite découvrir que notre gugusse n'est pas aussi parfait que ce qu'il montre. La nuit venue, entre deux J&B on the rocks, il viole, torture, dévore, tue les pauvres âmes qui ont eu le malheur de croiser son chemin. Clochards, prostituées, collègues de travail etc... n'ont plus qu'à faire leurs prières car la tornade Bateman déferle sur leur passage et croyez moi, quand la frénésie meurtrière habite le jeune homme, c'est presque du grand art, mais ça je vais vous laisser le découvrir par vous même...



Je crois qu'Américan Psycho, soit on aime, soit on déteste. Pour ma part j'ai ressenti les deux. Au départ je n'ai pas du tout accroché, je me suis même mise en colère, pestant intérieurement sur un éventuel foutage de gueule de l'auteur vis-à-vis de son lectorat.

Dans quel bordel me suis-je embarquée? Voilà ce que je me suis dit pendant de nombreuses pages dans lesquelles s'enchaînaient discussion futiles entre Bateman et ses cons d'amis et descriptions de vêtements de marque dont personne n'a rien à secouer... J'ai été à deux doigts d'abandonner ce foutu bouquin et à chaque fois quelque chose m'a attirée de nouveau vers lui. Il fallait que je sache, que je voie par moi même toute l'horreur dont un homme peut être capable. Et là, ô miracle, une étincelle, pas plus grosse qu'une puce, a commencé à jaillir dans mon esprit.. Les éléments s'emboîtaient d'eux mêmes, tout ce qui m'avait paru inutile prenait tout d'un coup un sens... Vous l'aurez compris, plus moyen de lâcher ce petit pavé de 526 pages !



American Psycho est une démarche audacieuse, une analyse pertinente d'une société dépourvue d'humanité où chacun se crée ses propres codes dans l'indifférence la plus totale. Je pense que c'est ce qui peut choquer quand on fait la connaissance de Patrick Bateman, il est logique de se demander "Pourquoi quelqu'un qui a tout peut avoir de tels agissements?". Finalement on se rends compte que l'argent, la situation sociale, les biens matériels, ne donnent pas l'essentiel, car, en plus d'être schizophrène, Patrick Bateman est un complexé chronique. Il trouve un exutoire à son infériorité dans la souffrance qu'il inflige aux autres.

D'ailleurs, il paraît que le côté choc du livre réside dans les scènes de meurtres, moi je trouve qu'elles sont utiles au récit, même si elles sont gore. Cela nous permet de comprendre un peu plus l'étendue des dégâts dans le cerveau de ce cher Patrick et c'est ce qui fait la richesse du livre.

Finalement j'ai vraiment bien aimé et je lui met 4 étoiles de notations. Je relirai sûrement American Psycho car je suis convaincue que ce livre ne dévoile pas tout quand on l'aborde la première fois.

Pour ceux qui voudraient tenter l'expérience, je vous conseillerai de ne pas vous fier aux avis existants afin de vous faire votre propre opinion.

A découvrir !
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Les Éclats

1981, dans les quartiers huppés de Los Angeles. Bret, dix-sept ans, scolarisé à Buckley, prestigieux lycée privé, vit livré à lui-même dans une villa de Mulholland drive. On le suit évoluant dans sa bande d'autres lycéens branchés, entre routine et lassitude, jusqu'à ce tout bascule à l'arrivée d'un nouvel élève, Robert, au passé mystérieux, très séduisant. Bret est persuadé qu'il cache un lourd secret ... d'autant que son arrivée semble coïncider avec les meurtres en série d'un tueur surnommé le Trawler ( le chalutier ) qui kidnappe, mutile et tue des jeunes femmes.



Dans ce nouvel opus, on retrouve tous les tropes habituels de Bret Easton Ellis : une jeunesse dorée à la dérive qui se noie dans la drogue, le sexe et l'alcool lors de scènes excessives qui se répètent, ou encore les crimes d'un tueur en série sadique. Un peu comme s'il avait fusionné Moins que zéro avec American psycho, toujours dans son style caractéristique, prose limpidement froide qui use des répétitions métronomiques de noms propres ( marques, groupes, rues, célébrités). On aime ou pas ce regard cinglant sur les privilèges. Moi j'ai toujours adoré cet auteur depuis que je l'ai découvert au lycée. Mais c'est évident que si vous n'avez pas accroché à ses précédents romans, vous n'accrocherez pas à celui-ci.



Pourtant, B.E.I. ne se contente pas d'une vaine resucée auto-parodique recyclant ses anciens succès. Les Éclats est son roman le plus troublant par les similitudes évidentes avec la vie de l'auteur, encore plus que dans Lunar park ( sa vraie fausse autobiographie ). Et c'est évident que B.E.I. fait tout pour entretenir le trouble : le héros porte son prénom et est en train d'écrire un roman intitulé Moins que zéro; il a bien été scolarisé à Buckley; c'est même son portrait tiré de l'album 1982 du lycée qui orne la couverture. Mais cela va bien au-delà. Ce roman est vraiment une oeuvre de pure métafiction très personnelle, entre ironie et introspection.



Déjà, c'est la première fois que l'auteur évoque frontalement son homosexualité; il le fait de façon très cru, avec des scènes de sexe sans filtre. Mais ce que je retiens c'est la fragilité de son Bret de dix-sept ans, piégé dans une vie qui n'est pas la sienne, obligé de cacher son attirance pour les hommes et ses ébats clandestins. C'est poignant de le voir se débattre dans le monde de surface où il s'est inventé un rôle à jouer, hétérosexuel et sociable, alors qu'il est profondément asocial et solitaire, préférant écrire plutôt que de passer du temps avec sa petite amie vitrine. À ce moment de vie où on apprend à naviguer dans un espace interstitiel entre l'adolescence et l'âge adulte, le narrateur est pris d'un vertige qui enserre et oppresse le lecteur.

B.E.I. excelle à tenir plusieurs arcs narratifs ( les crimes horribles du Trawler, l'homosexualité secrète, les soupçons sur le mystérieux nouveau, le désir d'écriture, sa vie sociale officielle ) qui occupent magistralement des espaces différents. C'est Bret qui en est le centre, tout converge vers lui dans une montée paranoïaque saisissante accompagnée d'une hystérie qui fait douter le lecteur de la fiabilité du jeune narrateur persuadé que Robert est le tueur en série, alors que le narrateur, cette fois plus âgé, évoque la création de ce livre comme une nécessité dangereuse à laquelle il n'a pu résister car le livre « s'est mis à remonter, à donner des signes de vie, à vouloir fusionner avec moi, à envahir ma conscience ».



Ses éclats ont les arêtes vives du souvenir de la fin de l'innocence d'une jeune homme à la psyché rongée par la peur et la paranoïa. Des éclats de plusieurs identités difficiles à concilier qui forme un roman tour à tour sinistre, violent, sexy, ambigu, drôle, effrayant, déchirant écrit par un écrivain, perpétuel adolescent, qui semble perdu dans le cynisme du monde adulte. Brillant assurément.
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American Psycho

American Psycho, le livre qui a ébranlé l'Amérique, a un titre aussi intraduisible que son contenu est inclassable. La vision qu'offre Bret Easton Ellis de la déshumanisation des rapports sociaux, émaillée de crimes sexuels d'une violence extrême, fait passer notre Houellebecq national pour un Bisounours philanthrope.



On pourrait résumer ce roman à la caricature glaçante d'une génération perdue, car matérialiste et sans idéaux : la génération nommée X en sociologie du travail, née dans les années 60 et 70 (Ellis est né en 1964). Contrairement aux précédentes, cette génération n'a pas dû se battre pour ses libertés, a toujours connu le confort lié au progrès technique mais a grandi dans le contexte de la guerre froide et d'une une économie déstabilisée par les chocs pétroliers, avec comme diktat la réussite sociale (entendez financière), encore plus prégnante aux États-Unis qu'en Europe.



Il n'est donc pas surprenant que Patrick Bateman, le psychopathe du roman, soit un golden boy de Wall Street élégant, brillant et beau comme un ange de l'enfer. L'auteur insiste sur la domination de l'argent en décrivant avec une précision chirurgicale les tenues, les repas et les vaines distractions de Bateman et de ses amis (si l'on peut qualifier d'amis ce groupe de personnes égocentriques). Mais cette apparente perfection cache un gouffre intérieur que la drogue ne suffit pas à combler et qui rend Bateman imperméable à tout sentiment. Convaincu de sa supériorité, il éprouve un tel dégoût pour le reste de ses semblables que la nuit venue, à l'instar de Mr Hyde, il va assouvir ses pulsions meurtrières, en toute impunité et dans l'indifférence générale. Cela débute par la mutilation d'un clochard et évolue vite vers de macabres chorégraphies pornographiques, plus perverses les unes que les autres, et décrites avec la même précision que sa garde-robe.



Après l'émoi et l'indignation bien légitimes suscités par la publication d'American Psycho, Bret Easton Ellis a laissé entendre qu'il fallait prendre les agissements de Bateman au second degré. Les scènes de crimes seraient seulement fantasmées : cela expliquerait l'étrangeté de certains passages, notamment le fait que Bateman ne soit jamais identifié ou arrêté.



Reste une lecture violente, entre horreur et fascination, dont les images me hantent encore plusieurs années après. Elle fait même tinter une petite sonnette d'alarme quand il m'arrive de rencontrer un individu arrogant à la mise tellement parfaite qu'elle en devient suspecte...
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American Psycho

ABANDON !! Oui et je vous jure que ça me fait bien râler (pour rester un tant soit peu polie) parce que ce roman, je voulais à tout prix le découvrir, surtout en lisant toutes les critiques positives sur Babelio.



Et oui, je savais ce qui m'attendait, du moins en ce qui concerne les scènes gores.



En fait, ce n'est pas ça qui m'a fait décrocher, mais les quantités de ce que je nommerai "des élucubrations" (celles d'Antoine me faisaient rire, pas celles des personnages du roman).



Déjà, dès les premières pages, j'ai soupiré en découvrant la scène du taxi et les dialogues sans queue ni tête. Surréaliste...



Et ce ne fut qu'une longue suite de soupirs en tournant les pages et en tombant sur des pavés indigestes de bla-bla, de liste de marques pire que si je me trouvais sur une chaîne consacrée aux pubs.



Ok, c'est bien que l'auteur insiste sur le fait que l'argent a fait d'eux des esclaves, que le dieu fric est leur maître et que ces gens ont perdu toute notion de ce qu'est la réalité. Mais de là à nous décrire, jusqu'à l'indigestion, les détails de leurs repas et toutes leurs vaines distractions... Soupirs, soupirs.



Heureusement que ces divagations endormantes étaient entrecoupées de scènes plus sanglantes pour me réveiller.



Patrick Bateman, notre personnage principal est psychopathe à ses heures perdues et il dézingue des SDF. On passe son temps comme on peu, non ?



Golden boy friqué, il est élégant, ne porte que des costumes qui valent votre mois de salaire, il est plus brillant qu'un sapin de Noël illuminé et nous pouvons dire que c'est une espèce de bôgosse. Bôgosse infernal et infect, oui !



Le pire, c'est que nous entrons à un moment dans l'ère du surréalisme poussé à pleine puissance puisque personne ne s'émeut des traces de sang sur les draps, le sol, les journaux imbibés de fluide vital que la femme de ménage dépose tout simplement dans la poubelle.



Il l'a vraiment fait ou pas ? Il a rêvé, fumé, disjoncté tout seul ?



Je n'en sais rien parce qu'au final, j'ai zappé des centaines de pages, les tournant en grimaçant pour finir par lancer le livre sur la table, de rage.



Même le sang qui giclait m'énervait à cause de tout le reste.



Le plus râlant ? Au boulot, tout était terminé, plié, encodé, clôturé, bref, j'avais le droit de m'affaler dans mon fauteuil de bureau, de mettre les pieds sur la table et de lire durant 4h...



Non, je n'avais rien d'autre à lire avec moi... et là, ce fut un long cri de douleur. Mes collègues ont cru que le PC avait planté, serveur y compris et que toutes les données étaient perdues. Z'ont eu peur.



No stress, c'était juste ma frustration de lecture après quelques chef-d’œuvre littéraires. American Psycho ne sera pas mon coup de cœur et ma critique ira dans le sens contraire des autres.



Le livre qui a ébranlé l'Amérique ne m'a pas ébranlé, moi...



P'têt que le film avec Christian Bale sauvera les meubles ?


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Les Éclats

1980. Le narrateur Bret a dix-sept ans et entre en terminale au très sélect lycée privé de Buckley, à Los Angeles. Tout en écrivant son premier roman Moins que zéro qui paraîtra quelques années plus tard, il s’adonne à la frénésie d’alcool, de drogue et de sexe avec laquelle la jeunesse dorée californienne meuble le vide laissé par des parents bien trop accaparés par les paillettes et les dollars de l’industrie cinématographique. Mais l’arrivée d’un nouvel élève, le séduisant et charismatique Robert Mallory dont Bret se convainc bientôt qu’il pourrait bien avoir partie liée avec le tueur en série de jeunes filles qui sévit dans la ville, transforme ce qui semblait une autofiction en un thriller noir et paranoïaque.





Aujourd’hui presque sexagénaire, l’auteur du très controversé livre-culte American Psycho revient après treize ans de silence avec un coup de maître : le voilà qui, à quatre décennies d’intervalle, revisite son premier roman et, obsédé par son introspection jusqu’à réinventer sans cesse son histoire sous une nouvelle forme, enrichie et exagérée par son imagination débridée d’écrivain, se joue de son lecteur, mais également de lui-même, en une vraie-fausse autobiographie délibérément confondante, un collage libre des fragments d’un passé dont il ne reste aujourd’hui que des éclats de mémoire distordue.





L’on pourra aimer ou détester l’écriture sans concession, directe et crue, qui ne s’embarrasse d’aucune pudeur pour décrire précisément les scènes de sexe et de meurtre. L’on restera immanquablement fasciné par cette fresque générationnelle qui restitue sans fard la Californie clinquante des années quatre-vingts, cachant, sous son faste ensoleillé et ses strass hollywoodiens, le vertige d’un vide existentiel, affectif et moral que l’individualisme et le matérialisme les plus effrénés ne réussissent qu’à fort mal exorciser dans une surenchère de plaisirs luxueux et une orgie de tranquillisants, d’alcool et de stupéfiants. L’écrivain s’en donne à coeur joie dans les réminiscences, exhumant marques et objets emblématiques de l’époque, sonorisant son texte de références musicales, usant du name-dropping autant que d’une topologie précise des lieux pour mieux revivre une jeunesse et une époque disparues.





De tout cela sourd une incommensurable nostalgie, celle d’un homme de presque soixante ans qui se souvient, comme d’un paradis perdu, de ses apprentissages de jeune adulte en un temps de liberté, sans téléphones portables ni réseaux sociaux, sans fusillades de masse ni politisation à outrance des moindres enjeux. Ne manque pas même au tableau, sans que cela semble choquer le jeune Bret, ce producteur de cinéma à la Weinstein, secrètement homosexuel et usant sans vergogne de ses promesses de scénarios pour parvenir à ses fins. Bret est gay lui aussi et doit cacher ses tensions sexuelles adolescentes derrière un personnage de façade et la couverture d’une petite amie. En même temps que cet empêchement à être lui-même finit par susciter une certaine compassion chez le lecteur, il participe au climat d’étrangeté paranoïaque qu’en admirateur de Stephen King le narrateur entretient en un suspense longtemps latent, avant qu’il n’explose en l’on ne sait s’il s’agit vraiment d’une réalité dans l’intrigue ou des fantasmes d’un Bret emporté jusqu'à la psychose par son imagination d’écrivain.





Travaillant ses obsessions avec une inlassable minutie, Bret Easton Ellis réussit un nouveau roman aussi malsain et sulfureux que brillant et virtuose : un pavé-fleuve dans la mare woke et un défi à la tyrannie de la censure et de la « cancel culture », comme on aimerait en voir davantage.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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American Psycho

Patrick Bateman est un golden boy dans les années 80 aux USA. Dans un monde des apparences, où chaque objet a un prix, où l'on n'achète que le meilleur, où chaque rapport sexuel est à hauteur du prix du restaurant dans lequel on dine avant, tout pourrait paraitre lisse et sans saveur, griffé Armani. Mais Patrick a des petits passe-temps bien à lui pour tromper l'ennui et donner un petit peu de piment à sa vie.





Quel livre, non mais quel livre !!! Je ne sais même pas si j'ai détesté ou adoré ! Et il m'aura fallu également pas mal de temps pour comprendre ce que me racontait ce livre. Et pour lui trouver une interprétation qui m'aille bien. A défaut d'autre chose, American Psycho aura testé ma résistance sur le descriptif d'habits, de mobilier, de restaurant, de fil dentaire, de femmes (oui, oui, dans l'esprit de Bateman, toutes ces choses sont de même niveau...), avant de m'horrifier par quelques passages tombant littéralement dans le gore, le porno, la torture la plus extrême. On trouve très peu de ces derniers éléments au départ, ils sont noyés dans les éléments du décor (au sens propre). Ils deviennent par la suite de plus en plus fréquents, au fur et à mesure que le délire de Bateman prend le pas sur sa réalité. Du coup, Armani et consort, ça repose !

De nombreuses critiques évoquent American Psycho comme une critique acerbe (certes !) de la société capitaliste, libérale et consumériste, notamment américaine (pour moi, cela renvoie au premier mot du titre). Les personnes qui les ont écrites en parleront beaucoup mieux que moi ! Dans American Psycho, aujourd'hui, moi, je voudrais vous parler du côté Psycho. Et en premier lieu, du désert affectif dans lequel évolue notre héros. Le monde tel que Bateman le voit, c'est un monde capitaliste, libéral et consumériste (la différence avec ce que je disais juste avant, c'est que là, je ne parle que du monde tel que le perçoit Bateman, son interprétation propre), dans lequel ce qui compte, c'est ce qui se voit, de préférence le plus cher et le plus clinquant. Tout se juge et se jauge à partir de critères rationnels et quantifiables, aussi bien la cravate que la musique (d'où quelques analyses amusantes de groupes de musique américains dans le livre!). Dans ce monde, ce qui est terrifiant je trouve, c'est l'interchangeabilité des choses, mais surtout des gens, au même titre que les chemises. Les noms sont interchangeables, les personnes, et même ces fameux traders côtoyés quotidiennement (on tuerait sa mère pour obtenir un nouveau portefeuille convoité). Il n'y a qu'à voir toutes ces références à, lors des diners entre collègues dans les restaurants à la mode, "ce ne serait pas untel ?", "ce ne serait pas la femme de celui-ci ?"... Alors les SDF, les prostituées, les petites amies mêmes, les animaux, on s'en cogne. S'il en manque à l'appel, il y en a des dizaine qui prendront la relève. Dans ce monde, Bateman lui aussi est interchangeable et non nécessaire, le statut n'a au final d'importance que sur le moment, et la vie n'a pas beaucoup d'intérêt. On est vivant aujourd'hui, on sera mort demain, quoi !

Bref, Ellis Easton nous fait entrer dans la réalité de Bateman, en nous faisant croire que c'est la réalité tout court. J'ai mis beaucoup de temps à voir cette différence, un peu plus de 500 pages quoi... Et pourtant, les indices trainent et sont semés tout au long du texte... Je me rappelle d'un dialogue entre Bateman et sa petite amie qui le gonfle, et à laquelle il ne répond pas poliment (quelque chose comme "ta gu*" ou "tu m'emm*"). Sauf qu'elle ne l'entend pas. Parce qu'il ne l'a pas vraiment dit, excepté dans sa propre réalité. Batemant navigue constamment entre fantasmes et réalités, une navigation largement facilitée par l'alcool et la drogue. Il est plein de routines, d'idées fixes, méticuleux à l'extrême, obsessionnel pourrait-on dire. Il ne rate jamais la diffusion du Patty Winters Show, au pire, il l'enregistre. Il loue toujours la même cassette vidéo porno. Et il s'éclate toujours en la voyant. Les misérables, chef d'œuvre de la littérature française, revient tout au long de l'ouvrage, en référence. A se demander qui ils sont, ces Misérables là !

Et puis, quand Bateman tue l'un de ses collègues, ce dernier est pourtant vu plus tard, à Londres. D'ailleurs, quand il se rend à son appartement dont il a conservé les clés, il ne reconnait même plus le bâtiment ! Bref, des indices qui montrent le délire de Bateman, il y en a tout un tas, disséminés dans le texte, au lecteur de les prendre. Ou pas. Parce que le problème, c'est que tout ce qui est écrit parait diablement crédible, horriblement réaliste, toujours dans ce style froid et factuel. Il y a bien quelques moments d'émotion, au plus fort de la folie meurtrière et sadique, lors d'un concert de U2, de façon totalement inattendue, ou lors d'un diner avec sa secrétaire. Mais ces moments-là sont très rares. Du coup, American Psycho apparait comme un livre ambigu laissant à chacun sa propre interprétation : fantasme, réalité, mélange des deux.

C'est une parodie poussée jusqu'au bout des travers de la société capitaliste des années 80, une critique sociale horriblement cynique, qui titille la part sombre qui est nous. Bateman y apparait comme un monstre engendré par ce monde, qui cherche en lui-même des limites qu'il ne trouve pas en-dehors, élargissant ainsi le cercle de la torture et de la mise à mort. Mais qu'on se le dise : serial killer ou pas, le business comme le sexe continuent de faire tourner le monde. Et ça, ça fait froid dans le dos ! Impressionnant !

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American Psycho

Bret Easton Ellis dresse ici le tableau de la jeunesse dorée Américaine dans tout son cynisme et son arrogance, dépeinte avec froideur et réalisme comme dans ses précédents ouvrages. Le rendu est puissant.



Le point essentiel de nos personnages est leur apparence dans la société; ils sont superficiels, totalement inconsistant et ne surnagent dans leur monde que grâce aux quantités d'anti-dépresseurs, alcool, drogue et sexe qu'ils consomment quotidiennement. Et c'est dans ce cadre que nous suivons les pérégrinations de notre héros Patrick Bateman qui travaille (il faut vite le dire) à Wall Street et est par ailleurs un dangereux psychopathe! Les quelques longueurs lors des descriptions vestimentaires ou analyses de groupes de musiques sont à mon sens nécessaires à la pleine caractérisation de notre cher Bateman.



Bret Easton Ellis nous montre ici, toujours avec le même brio, jusqu'où cet américanisme infernal peut amener certains individus.



A noter l'excellente et réputée adaptation cinématographique du roman.



Par ailleurs une très bonne traduction d'Alain Defossé.

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Les Éclats

Bon, OK, il est dit et écrit que Les Éclats, le nouveau Bret Easton Ellis – traduit par Pierre Guglielmina – est un chef d’œuvre. Dont acte. Pour moi en revanche, ce fut une souffrance de lecture durant 600 pages denses et un brin portnawak.



Pourtant, va pas croire que je ne l’aime pas le gars Bret, ayant en son temps porté aux nues Moins que zéro, American psycho ou, à un niveau moindre, Suite(s) impériale(s). L’innovation du ton, le cash du style, cet univers pop-rock-sexe-défoncé de la Californie des années 80, j’achète tous les jours !



Sauf que là, je suis resté bloqué face à ce roman longtemps refusé par l’auteur lui-même, comme un hurdler avant l’obstacle qu’il devine casse-gueule. Car une fois passé le plaisir des premières pages et les retrouvailles avec le jeune Bret à la fin de l’été 1981 pour sa dernière année de lycée, les choses se gâtent.



Durant la première moitié du livre, il ne se passe rien ; ou pas grand-chose pour Bret et sa bande de jeunes dont la vie de fêtes et de sexe est perturbée par l’arrivée à Buckley de Robert, au passé mystérieux, tandis que le Trawler, un tueur en série, sévit envers des jeunes filles autour de LA.



Il faudra attendre la deuxième partie pour que cela s’excite un peu. Un petit peu. Mais ma patience et ma réceptivité avaient déjà été (trop) mises à l’épreuve pour l’apprécier à sa juste valeur. Ça part dans tous les sens avant de renouer à la fin avec le thriller, à contre-courant de l’ambiance du début.



Mais où est donc passé le rythme et la dynamique d’hier ? Le style fougueux et trash ? Pourquoi le sexe jouissif d’Ellis est-il devenu si triste et fade ? Comment expliquer ces successions d’obsédantes et agaçantes redites ? Cette construction déstructurée qu’on attend brillante mais qui finit en « tout ça pour ça » ?



Et que dire de cette avalanche de références musicales 80’s qui, si elles ont au début agréablement remué d’agréables souvenirs cachés dans ma mémoire de boomer (avec mention spéciale pour Adam and the Ants et Debbie Harry), deviennent si nombreuses qu’on finit par avoir l’impression de parcourir une playlist Deezer ?



On me rétorquera que ce livre est à mettre en perspective avec le reste de l’œuvre de l’auteur, qui s’en explique au début. Peut-être, mais c’est du plaisir que je cherchais, moi…



Ma déception est donc à la hauteur de mon attente. Mais puisque le livre est un chef d’œuvre, ça doit être moi…
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Moins que zéro

Voilà un livre triste et vertigineux!

Curieusement, jamais ennuyeux.

Pourtant, l'ennui est l'un des ressorts de Moins que zéro!

Clay revient à Los Angeles pour d'étouffantes vacances de Noël - Nouvel An.

Clay est jeune, ses parents sont très riches, et il picole, se drogue, s'emmerde... Se souvient, parfois, en italiques.

Clay tourne en rond, de bar branché en fêtes et en boîtes. Les mêmes endroits où le héro-narrateur retrouve peu ou prou les mêmes amis de pareille engeance.

Bret Easton Ellis, dans ce livre-mal de vivre, annonce dans quelques scènes furtives, les futures fureurs d'American psycho.

C'est ce malaise du vide, avec bruit, dope, alcool et sexe débridé, qui hypnotise le lecteur pourvu que celui-ci veuille bien monter dans le manège, évidemment.









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Moins que zéro

Whaouh ...

Comment résumer ce livre ... bon, c'est l'histoire d'un gamin qui s'appelle Clay . Il a dix-huit ans et vit sur Mulloland Drive à Los Angeles [ y a pire comme adresse et comme âge ...]. Il revient quelques jours chez lui après un séjour en fac dans le New-Hampshire [ y a pire comme vie ...]. Objectif : passer le plus de temps avec ses amis , petits amis, petite copine , amis d'enfance et autres paumés .

Comme Clay et ses potes, croulent sous le pognon et la "trash attitude ", trainer ensemble s'avère être du grand n'importe quoi . Le début est gentil mais on passe vite de "Let's dance" à" I'm waiting for my man "...

De Fêtes en RV avec le dealer, de brèves pauses au bord des piscines en rencontres sordides , rythmées par le son des années 80 , leurs errances atteignent le summum de l'ignominie et de l'autodestruction .

Mais où sont les parents, non de Dieu ?! Occupés par leurs jobs de rêve dans l'industrie du cinéma , ils passent complétement à coté des ultra-modernes-solitudes de leurs rejetons ... Aucune conversation digne de ce nom, aucune lucidité, aucune inquiétude sur la santé de leur progéniture . Parents et enfants se croisent et cohabitent dans deux univers parallèles .



L'auteur avait 21 ans lors de la parution de ce premier roman qui fut accueilli comme le symbole d'une génération , celle des années 80.

Certes dans "Moins que zéro", on écoute MTV, Blondie, Prince, Bowie, Bananarama, Duran Duran. On y compose son numéro de téléphone comme un grand, les portables n'avaient pas encore été inventés ...On lit Glamour et Interview .

Mais pour le reste, je dirais que c'est surtout le portrait d'une certaine classe sociale car ces jeunes n'ont aucun problèmes d'argent . Leurs comptes sont alimentés par Papa sans contrepartie , leurs voitures sont luxueuses et leurs adresses prestigieuses ...

Et s' ils sont paumés, et s'autodétruisent , c'est qu' ils ne s'aiment pas et n'aiment personne , rien , "zéro" . On dirait des papillons qui se cognent aux parois d'une lampe ... Leur vie n'est qu'un ennui abyssal, un vide "ParisHiltonnien "...Du Moins que zéro .

Les regarder s'enfoncer est troublant parce qu' ultra-réaliste .

Je suis incapable de vous dire si j'ai aimé ou pas ... N'attendez-pas de rédemption, de chute, de morale , BEE ne conclue pas , et nous laisse dans le noir, le vide , le néant . . je viens d'apprendre qu' y aurait une "suite" aux aventures de Clay , j'irai y faire un tour (ou pas , le soleil Californien m'a brûlé !) .

Je peux juste vous dire que ce roman est loin d'être un livre pour ados . Ames sensibles s'abstenir . Ça a été bien plus trash que ce à quoi je m'attendais .

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Les lois de l'attraction



Les lois de l’attraction est le second roman de Bret Easton Ellis. Ce roman était très attendu après le succès de son premier livre moins que zéro.



On retrouve notre jeunesse Américaine sur un campus qui partage son temps entre les cours (enfin parfois), les soirées (souvent) et rien. C’est une jeunesse désabusée plongée dans le sexe, l’alcool et la drogue.. mais surtout le sexe, n’est ce pas après tout un des sujets de préoccupation majeur du jeune adulte de 20 ans...



L’écriture est brute, directe, taillée au couteau et amène un réalisme remarquable. Ça ressemble comme deux gouttes d’eau à du Irvine Welsh, ou alors c’est Irvine Welsh qui lui ressemble, avec peut être un peu moins de cynisme chez Bret.



C’est un très bon roman sans aucun temps mort, cela confirme la place faite à cet auteur parmi les écrivains contemporains sur lesquels il faut compter.







La traduction de Brice Matthieussent est excellente.
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Moins que zéro

Portrait d’une jeunesse Américaine désabusée alors qu’elle a tout pour elle : l’argent, la beauté.... mais finalement ces choses là ne suffisent pas à donner un sens à l’existence.



Sur certains aspects on retrouve cette superficialité dans notre société actuelle, hyper connectée, et qui au lieu de vivre sa vie se contente de se construire une image au travers des réseaux sociaux, juste une représentation d’eux même sans finalement savoir qui ils sont vraiment.



L’écriture de Bret Easton Ellis est simple, limpide, directe... elle est taillée au couteau elle est tout simplement magnifique. Pas d’arabesque ni de superflu, on retrouve ici le pur style de l’école Américaine menée par les Bukowski, Fante, Carver, Kerouac ou encore Hubert Selby junior.



Parmi nos auteurs contemporains on est proche d’Irvine Welsh pour son réalisme ou encore de Samuel Benchetrit dans ses chroniques de l’asphalte où l’on retrouve ces tranches de vie d’adolescence légèrement emprunte de cynisme mais finalement livrée de manière abrupte.



Un très bon livre de littérature Américaine contemporaine.
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American Psycho

Néant....



Je l'ai abandonné.



Si vous voyez un quelconque intérêt à étudier les grands Noms de la mode, ou savoir quelle couleur de ceinture choisir pour votre pantalon ou vos chaussettes, ce roman est pour vous!



Qui n'a pas eu vent de l'histoire du jeune, beau, et intelligent, Patrick Bateman? Homme de la haute société, qui perd la raison et deviens un assassin sanguinaire? Qui n'a pas été séduit à l'idée de se retrouver un instant dans cet esprit dérangé?



Ce roman promettait.



Vous vouliez du terrifiant, de l'accablant, vous vouliez perdre la tête? MA FOI! Ces longues descriptions à n'en plus finir, répondent à ces promesses. Chaque personnes qu'il rencontre, futile ou non, vous en saurez son Nom, l'endroit où il bosse, la marque des vêtements qu'il porte, la texture de ceux-ci, ainsi que le prix de son caleçon.



Ce qui est terrifiant, c'est son contenu indigeste.

Ce qui est accablant, c'est de tenter de le continuer, persévérer, espérant que.... mais non.



Le plus dure demeure.



Bon sang, mais comme je suis déçue!



j'en ai tellement entendu parler, et le film m'avais totalement séduite. Un peu borderline, je ne dis pas, mais vachement distrayant pour ma part.



Je me disais que décrire la folie de ce Golden Boy, canon et puissant, serait intense. Ouai, ... sauf que non.



Dés les premières lignes, on se perd quant à savoir qui parle, ensuite on est juste agressés visuellement par des descriptions de la Haute, pour quelques passages de violence crachés à notre figure.



C'est ça l'intensité d'un vrai méchant?

Aucune émotion, Kedale.



Je suis restée froide.



J'ai refermé le bouquin après avoir lu à peu prés 35% de son contenu. Je ne perdrais pas d'avantage mon temps avec ça.



Courage.









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American Psycho

J'ai acheté et lu American Psycho, vers la fin du vingtième siècle.

Je n'utilisais pas encore Internet, et avec qui partager le sentiment, le goût que m'avais laissé la lecture du roman de Brett Easton Ellis?

Je lis dans les critiques babeliotes, que certains ou certaines n'ont pu aller au bout d'un livre dont certaines scènes sont insoutenables, et que d'autres ont détesté le bouquin.

Je les comprend.

Mais quelle autre façon avait Easton Ellis de montrer cette horreur américaine que, bien des années avant, avait clamé Erskine Caldwell, Horace Mac Coy, Don Tracy ou même John Steinbeck?

Bateman n'est que ce prurit généré par une économie de marché, magnifiée par l'ère Reagan, cet acteur devenu président et chantre des yuppies.

Bateman, le propre-sur-lui, le raffiné, le financier jeune et "pepsodent", qui commet des actes innommables mais somme-toute logiques. Bateman, qu'on a élevé dans cette élite pour laquelle il est défendu d'être faible, inutile et pauvre.

Bateman restitue toute cette horreur ordinaire, qui perdure dans ce début de vingt-et-unième siècle. Ce cauchemar qui amène un chef d'état à réclamer un mur.

Alors oui, American Psycho n'est pas nécessairement lisible par tout le monde! mais ce n'est qu'un livre et il ne faut lui accorder que cela... Tout cela. Et c'est loin d'être confortable.
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Zombies

Zombies est un recueil de nouvelles écrit pendant la période universitaire de Bret Easton Ellis, on peut donc légitimement s’attendre à y retrouver la même fraîcheur que dans moins que zéro écrit à la même période.



On retrouve effectivement la même puissance et les mêmes protagonistes que dans ses deux premiers romans à savoir des personnages jeunes, beaux, riches, dépourvus d’objectifs, drogués, perdus... incapables de s’intéresser à autre chose qu’à MTV ou à leur bronzage... le titre Zombies porte magnifiquement bien son nom pour cette série de nouvelles...



A lire ++++ pour les adorateurs de Bret Easton Ellis de la première heure.

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Les Éclats

Les métamorphoses de Bret



Sexe, drogue, alcool et Valium.

Ce cocktail détonnant qui a fait le succès des romans de Bret Easton Ellis nous étourdit une fois de plus tout au long de ce pavé de plus de 600 pages.



Nous sommes en 1981, Bret revient sur l'année de ses 17 ans. le jeune lycéen est en terminale et est alors plongé dans l'écriture de "Moins que zéro ".

Sa petite amie Debbie sert de couverture aux relations qu'il entretient avec d'autres garçons.

Bret ne veut pas se faire exclure de son groupe d'amis et préfère cacher son homosexualité.

L'arrivée d'un nouvel étudiant va pourtant chahuter l'harmonie de ce groupe qui navigue au gré des expérimentations.

Robert Mallory est charismatique mais cache un passé mystérieux.

Bret s'interroge sur le lien qu'il pourrait avoir avec le Trawler, le tueur en série qui sévit dans les parages.



Dans un style complètement amphétaminé Bret Easton Ellis conduit son récit à une allure effrénée. Impossible de descendre en marche même lorsqu'on a l'impression de passer plusieurs fois au même endroit.

C'est malsain et poisseux à souhait et la paranoïa presque schizophrénique de Bret finit par devenir étouffante et angoissante.

Ce roman clivant parfaitement maîtrisé par son auteur hypnotise autant qu'il effraie.

Vous êtes prévenus, les cocktails de Bret sont vicieux et redoutables.



















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Les lois de l'attraction

Ce que ce bouquin m'inspire ?



Comme un éclat de rire

Vient consoler tristesse

Comme un souffle avenir

Vient raviver les braises

Comme un parfum de soufre

Qui fait naître la flamme

Jeunesse lève-toi

Contre la vie qui va qui vient

Puis qui s'éteint

Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient

Mais qui tient pas

Contre la trace qui s'efface

Au derrière de soi

Jeunesse lève-toi



Moi, contre ton épaule

Je repars à la lutte

Contre les gravités qui nous mènent à la chute

Pour faire du bruit encore

A réveiller les morts

Pour redonner éclat

A l'émeraude en toi

Pour rendre au crépuscule

La beauté des aurores

Dis-moi qu'on brûle encore

Dis-moi que brûle encore cet espoir que tu tiens

Parce que tu n'en sais rien de la fougue et du feu

Que je vois dans tes yeux

Jeunesse lève-toi



Quand tu vois comme on pleure

A chaque rue sa peine

Comment on nous écœure

Perfusion dans la veine

A l'ombre du faisceau

Mon vieux, tu m'auras plus



Ami, dis, quand viendra la crue ?



Contre-courant toujours sont les contre-cultures

Au gré des émissions, leurs gueules de vide-ordures

Puisque c'en est sonné la mort du politique

L'heure est aux rêves

Aux utopiques

Pour faire nos ADN

Un peu plus équitables

Pour faire de la poussière

Un peu plus que du sable

Dans ce triste pays

Tu sais, un jour ou l'autre

Faudra tuer le père

Faire entendre ta voix

Jeunesse lève-toi



Au clair de lune indien

Toujours surfer la vague

A l'âme

Au creux des reins

Faut aiguiser la lame

Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre

De ton triste sommeil, je t'en prie, libère-toi

Puisqu'ici il faut faire des bilans et du chiffre

Sont nos amours toujours au bord du précipice

N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts ?

Ne vois-tu pas le ciel à portée des doigts ?

Jeunesse lève-toi



Comme un éclat de rire

Vient consoler tristesse

Comme un souffle avenir

Vient raviver les braises,

Comme un parfum de soufre

Qui fait naître la flamme

Quand, plongé dans le gouffre, on sait plus où est l'âme

Jeunesse lève-toi

Contre la vie qui va, qui vient

Puis qui nous perd

Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient

Puis qu'on enterre

Contre la trace qui s'efface

Au derrière de soi

Jeunesse lève-toi



Jeunesse lève-toi !



Au clair de lune indien

Toujours surfer la vague

A l'âme

Au creux des reins

Faut aiguiser la lame

Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre

De ton triste coma, je t'en prie, libère-toi

Puisqu'ici, il faut faire des bilans et du chiffre

Sont nos amours toujours au bord du précipice

N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts

A la mémoire de ceux qui sont tombés pour toi ?

Jeunesse lève-toi !



Saez (jeunesse lève-toi)



PS : c'est toujours mieux que de dépiauter des xanax pour les fumer. Malheureusement je crois qu'Ellis n'est pas tombé très loin...
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White

Livre très inégal. J'ai ignoré de larges passages qui font référence à la vie culturelle et médiatique spécifique aux USA, dont je n'ai quasiment aucune référence. L'auteur nous parle de ses rencontres avec les acteurs, journalistes… de ses références filmiques, littéraires… ce qui ne m'intéresse pas vraiment. En revanche, une bonne moitié du livre est consacrée à ses réflexions et son ressenti sur la culture et le mode de vie américains. Et là çà devient intéressant. Il ne se prive pas d'éreinter le milieu yuppie, le monde de « l'entreprise », en expliquant l'origine de son roman « American Psycho ». On retiendra également ses prises de position nuancées à l'élection de Trump. Bousculant le parti démocrate et les milieux culturels qui n'ont eu de cesse de diaboliser le nouveau président. Un peu comme s'il disait qu'il fallait y penser avant. Il n'hésite pas à sortir du politiquement correct et à s'affirmer anticonformiste. Pour autant, on sort de cette lecture un peu abasourdi par beaucoup de références et de frivolités médiatiques inutiles. La vie de Bret Easton Ellis ne méritait peut-être pas un livre. Au fait, je n'ai toujours pas lu « American Psycho ». Je me suis pour l'instant contenté de l'adaptation cinéma. Je cherche encore le caractère révolutionnaire du récit.
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Les Éclats

Allais-je lire jusqu’au bout Les Eclats, le nouveau roman de l’écrivain américain controversé Bret Easton Ellis, ou le lâcherais-je en cours de route, comme American psycho il y a quelques années ? Présenté comme l’œuvre de la maturité de l’écrivain, Les Eclats est un roman d’autofiction. L’auteur se met lui-même en scène, en l’année 1981, soit avec un recul de quarante ans. Agé de dix-sept ans, Bret est le personnage central et le narrateur d’une intrigue complexe, où il est difficile de faire la part de ce qui a été réel et de ce qui est fictif.



Bret et un petit groupe de camarades sont en classe de terminale dans une école privée huppée, située dans les (très) beaux quartiers de Los Angeles. Ces adolescents sont issus de familles… — je n’aime pas le qualificatif d’ultra-riche — disons de familles qui dépensent à profusion sans nécessité de compter et qui laissent leurs ados dépenser n’importe quoi, sans (apprendre à) compter : propriétés sublimes, voitures de luxe et/ou de sport à disposition, budgets illimités pour sorties, fringues et accessoires.



Dans ce microcosme hyperpermissif et corrompu dès l’enfance par l’argent, les drogues, l’alcool et le sexe, Bret et ses amis, garçons ou filles, ne connaissent pas de limites. Ils sont très beaux, habillés à la dernière mode et sous l’emprise permanente de divers tranquillisants, euphorisants et autres dopants qu’ils n’ont aucune difficulté à se procurer. Ils évoluent l’esprit vide, dans un état de torpeur mentale dans lequel ils se sentent à l’abri de tout risque présent et futur.



1981, c’était avant le sida, les contrôles d’alcoolémie, les ceintures de sécurité. Autre temps, autres mœurs. Il était surtout mal venu d’être reconnu comme homosexuel. Et justement Bret, qui travaille déjà à son premier roman, est lucide sur son homosexualité. Auprès de ses proches, il s’astreint à jouer le rôle d’un jeune homme conforme aux attentes, à afficher une relation hétérosexuelle stable, tout en ayant sous le manteau, si l’on peut dire, des aventures sexuelles avec des hommes.



L’arrivée dans l’école d’un nouvel élève, encore plus beau que les autres et aux antécédents mystérieux, va déstabiliser Bret, écartelé entre désir et aversion. Doué d’un profil mental d’écrivain créatif, il a tendance à échafauder des fictions narratives à partir du moindre incident. A tort ou à raison, Bret va imaginer un lien entre ce nouvel élève et un tueur en série qui sévit alors sur Los Angeles.



Car Les Eclats est un thriller, mais il ne le devient que vers la fin, disons à partir de la page quatre cent. Qui est le serial killer ? Sera-t-il mis hors d’état de nuire ? Fera-t-il de nouvelles victimes ? Ce ne sont pas les bonnes questions. L’écrivain concepteur de ce type de fiction joue à faire tourner le soupçon sur plusieurs personnages et il clôt l’intrigue comme bon lui semble. Il peut désigner un coupable… ou laisser son lecteur dans la perplexité. Bret Easton Ellis est un écrivain de grande classe. Il montre quelques éclats de l’explosion finale et laisse lectrices et lecteurs rassembler le reste à leur idée.



Et les quatre cents premières pages, me direz-vous ? Elles sont en effet problématiques, très longues, très insignifiantes, très ennuyeuses. En dépit de phrases parfois interminables, l’écriture est fluide, facile, mais bavarde. L’étalage de marques branchées, l’énumération de tubes musicaux, l’évocation de stars hollywoodiennes finissent par agacer, et je passe sur les trajets en voiture à travers LA, qui ressemblent à des rapports de GPS. Certains apprécieront l’atrocité des mutilations imputées au tueur et la verdeur des scènes de cul. L’écrivain Bret assume aujourd’hui son homosexualité et les descriptions des rapports sexuels du jeune Bret sont carrément trash, au point d’être gênantes à lire quand on est hétéro. Pour ma part, j’ai été à deux doigts de refermer le livre, comme American psycho.



Qu’importent mes réactions ! Ce livre, tantôt plaisant, tantôt déplaisant, a été écrit en toute conscience par Bret Easton Ellis. Plusieurs récits se superposent et s’entremêlent, sans qu’il soit aisé de distinguer ce qui appartient à la fiction conçue par l’écrivain quinquagénaire, au souvenir de ce qu’il avait vécu à dix-sept ans, aux péripéties rapportées par le jeune Bret, ou à l’imagination paranoïaque de ce dernier. Dans sa construction comme dans son écriture, Les Eclats cadre probablement à la conception qu’a Bret Easton Ellis de la littérature. Sur ce plan, il faut reconnaître un sans-faute.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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American Psycho

Qu’est-ce que c’est bon d’être un gros con quand on travaille à Wall street dans les années 90, que l’on est pété de tunes et que l’on est un psychopathe. On tutoie les anges ! ... Ou peut-être qu’on les encule ... Ou peut-être les deux : on les encule en les tutoyant !

Patrick Bateman, jeune yuppie des années Trump travaille à la Chemical Bank le jour et viole, torture et tue la nuit. Il est une sorte de docteur Jekyll et Mr Hyde mais aussi le cobaye idéal pour cette étude ethnologique et sociétale dans laquelle s’est plongé Bret Easton Ellis avec toutes les connaissances qu’il a accumulées en fréquentant ce milieu de parvenus et leur mentalité décadente. Ce sont des gens qui ne respecte rien et surtout personne.

Il décrit, en se mettant dans la peau de son « héros » (le récit se déroule à la première personne du singulier), un être froid et sans aucune empathie, un jouisseur égoïste, une fashion victime exhibitionniste qui étale son hystérie consumériste comme un catalogue Manufrance des produits de luxe, comme si l’argent achetait aussi le bon goût.

Evidemment, le roman fait scandale dès sa sortie en 1991 car il s’attaque aux classes aisées, à « l’élite » tout comme le roman de Tom Wolfe, « le gauchisme de Park Avenue » paru en 1970, « dans le « New York Magazine » sous le titre « Radical chic ». Ce reportage du romancier Tom Wolfe décrit une soirée organisée, le 14 janvier précédent, par le compositeur Leonard Bernstein dans son duplex new-yorkais de treize pièces avec terrasse. La fête avait pour objet de lever des fonds en faveur des Black Panthers… » (Le Monde Diplomatique)

C’est la satire cinglante de gens imbus d’eux-mêmes, qui n’ont aucun savoir-vivre, aucune culture et qui étalent leur absence totale d’éducation aux yeux ébahis des membres d’une cour illusoire. Ce sont les arrivistes. Ils forment une micro société dont la référence est Donald Trump (c’est dire !) et boivent du J&B (leur mauvais goût est consternant !).

« American psycho » est de cette sorte de récit journalistique, entre documentaire et fiction, écrit à la plume trempée dans l’acide, qui fait partie des piliers de la littérature américaine. C’est une lecture incontournable que l’on savoure page après page et un immense plaisir à découvrir car on ne peut s’empêcher de sourire devant le cynisme de ce monstre à la beauté du diable, même dans les situations les plus tragiques.

C’est ça l’esprit Easton Ellis !

Traduction de Alain Defossé.

Editions 10/18, 527 pages.

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