Du
roman ou du
vécuThème du jour : "c'est
du roman ou du
vécu ?"
André LACAZE raconte dans "
Le tunnel" son
aventure au camp de LOIBL-PASS, en Yougoslavie, pendant
la guerre : le travail qu'on y faisait, l'ambiance du camp, les conditions de détention, les personnages hors du commun qu'il y a rencontrés. LACAZE raconte avec tant d'
humour que
Brigitte FRIANG s'etouffe de rire.
Brigitte FRIANG présente "Comme un...
+ Lire la suite
Un jour, comme Malraux examinait la photographie de ma petite chatte arrachée a demi porte de faim, d'un buisson de l'île de Rhodes et d'un molosse qui ne lui voulait pas du bien, et qu'il lui découvrait une allure égyptienne ou éthiopienne, j'avais profité du plus étourdissant survol, primo des chats dans l'histoire des religions et des hommes, bataille d'Azincourt comprise, secundo des chats dans la sculpture et la peinture mondiales, tertio de la symbolique des chats dans les mentalités.
S'il s'était engagé en 1939, à la déclaration de guerre, sa patrie c'était la liberté, la dignité des hommes, leur pouvoir de création. C'étaient là des concepts intellectuels, non incarnés.
Pour Malraux, les hommes de Valmy et les soldats de l'an II s'étaient battus contre les tyrannies couronnées, pas pour leur ferme.
Il avait fallu, les femmes noires de Corrèze, attendant en silence, chacune sur les tombes des siens et aussi les bazookas maniés par des mains paysannes, pour qu'il sentît que ces hommes avaient d'abord combattu, non pour des idées, mais pour leur terre.
Alors, planant sur les aubes de l'Histoire, Malraux fondait sur les Changs du XVI siècle av J.C, sautait aux Sémuriens ou revenait aux Vandales.
Peuplée par son avidité intellectuelle inextinguible, sa mémoire prodigieuse lui permettait de citer, tel passage d'Homère, de Sophocle ou de saint Augustin, telle pensée de Spinoza, d'Averroès, de Paracelse, de Maimonide ou de Lao-Tseu, un poème japonais du XII siècle ou une saga islandaise.
C'était pour lui un temps de bonheur.
Pour moi, les animaux sont les seuls innocents de la terre.
Séparés des femmes par un simple fil de fer, il y a aussi des hommes. La plupart d'entre nous espèrent aussitôt le miracle. S'il était là, le frère, le mari, l'amant, le copain.
On a trop souvent honte d'appartenir à la race humaine.
Marche, marche autant que tu pourras, ton coeur sera avec toi, toujours.
Assis face à face, les paras se taisent, la question de ceux qui vont sauter au fond des yeux. [...]
Que vient faire ce petit bout de femme déguisé en soldat? Gagner de l'argent avec un reportage sensationnel? Jouer à la guerre histoire d'épater les copains? Que ce soit l'un ou l'autre, le jeu, à leur sens, n'en vaut probablement pas la chandelle.
Ils ignorent que je suis sur le point de gagner un vieux, très vieux pari avec moi-même... Que le jeu vaut donc toutes les chandelles du monde.
Jeudi 26 Avril 1945. Départ dans le givre du matin. Nous traversons de charmants villages de bois. Dans des niches, des statues de pierres naïves, des saints, des vierges. Ça n'empêche pas les gens de ricaner en nous regardant défiler, de nous cracher dessus et d'envoyer leurs enfants nous frapper à coups de bâton sous les encouragements amusés des SS. Porsau. Weserau. Des chalets. Où est ma Savoie.
Pourquoi parler du camp? Les déportés n'aiment guère le faire ressurgir. Nous y pensons, pourtant. Parfois, entre rescapés, nous évoquons quelque incident que nous peignons généralement de couleurs burlesques.
Et puis, il faudrait des heures pour raconter l'Allemagne! Chaque jour y était une aventure, une lutte contre la destruction physique. Et chaque heure, chaque minute, une lutte contre notre fin- voulue - en tant qu'être humain. Les camps que l'on dit a appelés "de la mort", ne représentent pour ceux qui ne les ont pas connus que les souffrances de la chair.