Nouvelles définitions de l'amour de
Brina Svit
.......pendant ses premières années à Buenos Aires, où elle ne faisait que ça : aller d’une milonga à l’autre, sentir son cœur bondir en reconnaissant la musique au loin, monter en toute hâte les marches comme à El Beso, s’asseoir dans la pénombre, regarder les visages, passer de l’un à l’autre pour se mettre dans le jeu de la mirada et du cabeceo, un jeu excitant, cruel et indulgent à la fois où personne ne perd la face, il suffit de baisser le regard si on ne veut pas danser avec quelqu’un, puis s’attarder sur celui qu’on choisit pour la nouvelle tanda, série de quatre tangos, interprétée par le même orchestre, parce qu’on ne danse pas pareil sur un Biagi, un Di Sarli, un Fresedo, un Troilo ou un Pugliese… attendre que le danseur réponde par un petit mouvement de tête, à peine perceptible, pour dire que oui, il veut bien, bien sûr, qu’il se lève et qu’ils se retrouvent sur la piste, qu’ils s’enlacent, que leurs corps se reconnaissent, s’emboîtent, qu’ils se glissent dans la musique et qu’il n’y a plus de temps, il n’y a que des instants, des instants uniques qu’on n’oublie pas.
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