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Citations de Bruno Lafourcade (27)


Bruno Lafourcade
L'humoriste (2° série d'extraits).
La source d'inspiration de la soumission par le rire, c'est aussi le /ça/ - les fonctions basses du corps. Ce segment de marché est occupé par Hanouna ... Ce bonimenteur, on le croirait sorti tout armé des caricatures. Lui, ce qu'il aime, c'est la chierie : tout ce qui pisse et pète lui plaît ; ça le fait sur-jouer ses fous rires. Avec ses gloussements de fosse sceptique, on change de public : on s'adresse aux fans des Tuche et aux cagoles de télé-réalité.
On regarde ce sadique sans sur-moi avec une stupeur mêlée d'horreur : il pousse un de ses salariés à se verser des nouilles brûlantes dans le caleçon, il confesse avoir chié dans les chaussures d'un autre, ou trempé sa bite dans le verre d'un troisième. Avec lui, on dépasse le gras, le laid, le bête - on rejoint le Mal. D'ailleurs, le pétomane est aussi un caïd, que l'on appelle "Tony Hanouna" ; beaucoup d'ailleurs dénoncent ses pratiques : le "chroniqueur" Julien Cazarre l'a même menacé d'un procès pour "menaces de violences physiques" et "appels malveillants".
L'humour contestait, il oppresse ; il libérait, il soumet. Il a ainsi accompli une complète révolution : parti d'un élan vital, il est retourné à l'état fécal.

Eléments, n°179, août-septembre, p. 23
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Si j’ouvre le téléviseur, c’est pour voir des chanteuses de variétoche s’embrasser à qui mieux mieux, s’examiner et se palper les bretelles de soutien-gorge, se dire qu’elles « s’aiment » en veux-tu en voilà, et pleurer à grands seaux quand le public les applaudit spontanément, c’est-à-dire quand on lui dit d’applaudir. C’est la grande confrérie tâteuse et sangloteuse. C’est plus qu’un autre siècle, c’est un autre millénaire. Les livres, c’est pareil. Dès que j’en ouvre un au hasard, c’est pour y lire les confessions de femmes trompées, battues, trahies, violées ; une littérature du pathos dont je fais remonter les débuts au livre de Duras, La Douleur.

La séparation entre littérature lacrymale et littérature dérisoire correspondrait assez à la séparation sexuelle entre hommes et femmes. Les néo-féministes, en profitant de l’affaiblissement masculin, ont rendu plus nette une coupure sexuelle qui protège leur hégémonie. C’est donc ce que l’on retrouve, assez nettement, dans les livres d’aujourd’hui : ces deux axes, les hommes et les femmes, la gouttelette émerveillée et les grandes eaux souffrantes, le ravissement niais et le gémissement compulsif, pourraient probablement servir de grille de lecture à une bonne part de la littérature française actuelle.

C’est ensemble le sentiment de notre corps et l’expression de nos sentiments qui ont changé. Le plus souvent, je trouve toutes ces attitudes, autant les chanteuses qui s’embrassent que les romancières qui geignent, non seulement fausses, outrées, mais plus encore obscènes – et qui sentent assez souvent leur chantage à plein nez. « Regardez comme je suis malheureuse : mon fils a disparu, mon mari m’a quittée, mon amant m’a battue... »

Jean-Marc : Est-ce que ce ne serait pas un peu misogyne tout ça ?
Daniel : Il faut être un héros pour oser être misogyne aujourd’hui.
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Bruno Lafourcade
L'égautiste.
Le fou a jeté son entonnoir, il est sorti de sa clinique ; il n'a plus besoin de se prendre pour Napoléon : il est Napoléon. Zuckerberg a conquis le virtuel, et a laissé à Greta le réel et les ours polaires en péril. On ne dit pas "fou", bien entendu, pour ces deux empereurs du "like" et du voilier décarboné, on dit "autiste" et "Asperger". "Fou", ça sent l'électrochoc ; "Asperger", le génie précoce ; la vérité vient des frappadingues.
Les mots mentent, évidemment, comme souvent : il suffit de voir la grimaçante jeune sorcière de Stockholm et l'effrayante face de cyborg, lisse et plastifiée, de l'informaticien planétaire pour comprendre que ces deux-là ne souffrent pas plus de folie que d'autisme - mais d'égautisme, c'est-à-dire de ce narcissisme maladif, sûr de soi et totalitaire, cet égocentrisme adolescent qui s'impose par le caprice, la geignardise et le trépignement. "You have stolen my dreams and my childhood !"
(...)
Cet aliéné ne se voit pas, ne s'entend pas, et organise sa vie autour de ses bouffées délirantes. Dans l'amour, il a remplacé la conversation des corps par le monologue du sex toy. En art, c'est la musique, en toute logique, que ce sourd a tué en premier : il l'a remplacée par son ennemi : la pulsion et les pulsations du vacarme, dans ses déclinaisons pathologiques afro-américaines... En littérature, l'égautisme a inventé l'autofiction : l'angotisme est par nature égautiste. Or si l'art et le roman parlent seuls, désormais, et n'ont rien à dire sur le monde qui s'effondre, c'est qu'ils sont l'effondrement, et l'exaltation de l'effondrement, puisqu'ils sont la propagande. Le livre dialoguait, le monologue milite ; l'égautiste est donc un idéologue ; il est végan ; il est alerteur de féminicides ; il refroidit la planète en éveillant les consciences endormies par la chaleur du diesel ; et puis il welcome les refugees à coups de pancartes. Tous ses combats ne parlent de que sa grandeur d'âme et ont l'avantage d'offrir des coupables...
(Eléments n°182, février mars 2020, p. 25).
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Aujourd'hui, tout sert votre propagande, rien de ce qui est populaire ne lui échappe, dont l'essentiel se résume à ceci : si l'on arrive à défendre les Noirs contre les Blancs, les Blanches contre les porcs, les mamans contre les mères, les filles contre leurs pères, les élèves contre leurs professeurs, les cancres contre les bons élèves, Angot contre ses lecteurs, les lecteurs contre Millet, la XVII° contre Camus, le français contre l'Académie, les égorgeurs contre leurs victimes, les écologistes contre les arbres, les arbres contre les chiens, les voitures contre les murs, les murs contre les cons, et les cons contre l'auteur de ces lignes, les Français seront sauvés.

p. 77
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- Bien, commençons, dit Plenel. D'abord, bonjour et merci d'être venus nombreux parce que vous aimez les livres et ceux qui les font... L'an dernier, je sais que vous vous êtes interrogés sur qu'est-ce que c'est que traiter un homme comme autre chose qu'un homme... Aujourd'hui, on va se demander ce que c'est l'identité... L'identité, c'est quoi ? C'est la question que nous avons eu envie de poser à des écrivains d'aujourd'hui, des écrivains de leur temps, des écrivains qui viennent souvent d'horizons bigarrés... Malika Chebel, vous avez vingt-huit ans, vous êtes née au Mirail, à Toulouse, dans un quartier populaire, un de ceux qu'on dit sensibles, dans une famille originaire d'Algérie. Vous avez dû être une enfant précoce parce qu'on voit sur votre fiche Wikipédia que vous avez sauté la classe de CP... C'est vrai ?
- Oui, c'est vrai, je savais déjà lire... (...)
- A seize ans, vous commencez un premier roman, "La caillera vous salue bien", que vous montrez à votre professeure de français qui est elle-même auteure, qui le montre à son éditrice... Et, huit jours après, vous recevez un coup de téléphone de Grasset. (...) Ce roman, tout le monde le sait, a remporté un grand succès... A votre propos, un critique a écrit ceci : "On l'appelle la Sagan des cités, ou la Bridget Jones du Mirail. Trempée dans le bitume des banlieues, sa plume apporte un vent frais... Dans son premier roman, elle raconte le quotidien d'une adolescente, et elle le fait dans une langue colorée, qui mélange le verlan, l'arabe, et même le français classique, et revivifie l'imaginaire hexagonal par la peinture de la banlieue et des petites gens."...

p. 173-174
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L'existence est un risque, et la peur a ses vertus : elle est bonne conseillère. Elle permet de ressentir le danger, donc de le fuir ou de l'affronter. Encore faut-il ne pas se tromper d'ennemis. Or, en deux ou trois décennies, la société a inversé la peur : elle en a inventé d'imaginaires, à cent trente-cinq euros l'amende, avec des pictogrammes avertissant de l'effet du sac en plastique quand on y enfouit trop longtemps la tête ; et elle nie les réelles, comme celle consistant à croiser un déséquilibré qui s'est fourni au rayon coutellerie du BHV. Elle a ôté à l'individu sa peur légitime, cet instinct salutaire : elle l'empêche de développer cet anticorps naturel, qui est la garantie de sa survie, en lui interdisant moralement de l'éprouver, en la rangeant parmi les fantasmes "qui font le jeu des extrêmes". On finit égorgé, mais l'égorgeur a respecté les normes de sécurité imprimées sur l'emballage du cutter - c'est le principal.

6 mai 2022, p. 343
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"Que c'est beau !"
J'ai publié une petite satire dans une revue : il s'agissait d'une parodie d'un auteur français, David Foenkinos ; puis ce texte a été repris sur Facebook : il y était bien précisé que j'en étais l'auteur, et que j'y parodiais M. Foenkinos.
"Que c'est beau !", a dit une dame, qui admire beaucoup M. Foenkinos.
Elle a copié mes lignes sur sa propre page en indiquant que le texte était de M. Foenkinos. Aussitôt un lecteur a félicité cette dame pour la qualité de son texte, croyant que mon texte parodiant M. Foenkinos était de la dame qui elle-même l'avait cru de M. Foenkinos.
Ici, deux hypothèses s'affrontent : la première est que les gens ne lisent pas ; la seconde que les gens lisent. Dans le premier cas, ils voient les mots s'agiter devant eux, et foncent :
"Foenkinos ? Que c'est beau !"
Dans le second cas, la dame a peut-être bien lu ma parodie et, gouvernée par une admiration où la Raison n'entre plus, elle n'a pas vu qu'elle était une charge contre M. Foenkinos ; elle en a même déduit que M. Foenkinos en était l'auteur.
Les gens liraient donc, bel et bien, mais ne comprendraient pas, tout simplement. Leur cerveau serait une tablette numérique, plane, pas du tout meuble, où les mots ne se fixeraient ni ne pénétreraient, et où le sens, immédiat et sans perspective, sans durée ni horizon, resterait à la surface. Ils balayeraient d'un doigt l'écran, et c'est le double fond, le double sens, le jeu, la dérision, la fantaisie, la métaphore, qui disparaîtraient. Ils liraient mais ne liraient pas, comme ils peuvent parler pour ne rien dire ; ils liraient même pour ne pas lire, comme ils peuvent parler pour ne pas entendre : ils produiraient un bruit de fond qui les empêcherait d'entendre et d'atteindre le sens et le fond.
Tous les ans, en hiver, on recommande aux skieurs de ne pas s'éloigner des pistes ; et, en été, aux nageurs de ne pas dépasser les limites imposées par les sauveteurs. Or, comme on sait, la violation de ces règles entraîne des accidents, des noyades, des morts. (...) Peut-être beaucoup de gens ne comprennent-ils plus, peut-être le sens ne parvient-il plus à leur cerveau, peut-être voient-ils "Attention danger" et le traduisent-ils par :
"Que c'est beau !"
Mardi 30 juillet 2019.
p. 299
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Nous crevions sous la vertu, que la canaille humaniste nous donnait pour la vérité, quand elle en fut l’inverse exactement ; et la vertu et la canaille n’auraient bientôt plus de cesse qu’elles n’aient corrompu en entier les moins putréfiables d’entre nous. Nous commencions de vivre dans l’atmosphère étouffante de la culpabilité occidentale : la déchristianisation de la charité faisait ses premiers pas dans le monde. […] Nous ne versions pas dans les bons sentiments, nous nous y roulions.
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"Nos pensées vont d'abord à la communauté musulmane de France, première victime des ces attentats", osaient dire ces journalistes, ces militants, ces ministres, avant même que les cadavres des Français chrétiens ou juifs d'origine ou de confession fussent froids. On aurait pu croire à une parodie, tant le retournement était spectaculaire ; ce n'était pas une parodie, ou bien le monde était une parodie. Néanmoins, plus aucun Français un tant soit peu éclairé n'était dupe : on pouvait toujours jeter de l'euphémisme sur le pays, de la pudeur sur son sang et un drap de mensonge sur son cadavre, c'était toujours du sel que l'on versait sur ses plaies.

pp. 250-251
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[Camus, Renaud]
Et puis, c'est en lisant Renaud Camus que je compris que j'étais perdu pour l'idéologie et sauvé pour la beauté ; d'une part ses livres jetaient sur mes préjugés un éclairage neuf ; d'autre part ils le jetaient avec tant d'ampleur, que je prenais conscience, par cette grande coïncidence entre la vérité et l'art, que la beauté est avant tout une forme et la laideur une idéologie.
p. 28
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Bruno Lafourcade
L'humoriste (extraits).
Il domestique où le policier réprime : on fait taire avec des balles de défense, mais on chloroforme avec du ricanement. Sa prolifération ne s'explique pas autrement, et ses nouveaux noms ("animateurs", "chroniqueurs") disent assez la place qu'il occupe désormais dans le journalisme de propagande.
(...)
Comme le tag sert à ne pas voir (le monument, qu'il salit), le rire sert à ne pas dire (la vérité, qu'il ridiculise). Ruquier ne cache pas d'ailleurs sa vocation de censeur, mi-fantaisiste, mi-journaliste, et s'en flatte, même !
Il a toujours été prêt au pire, c'est-à-dire à salir la vieillesse, la maladie et la mort. Dans les sociétés oppressives, tout est inversé : le rire de domestication puise donc à des sources qui autrefois appelaient le deuil, la compassion, le respect. La mère d'un opposant meurt, une canicule emporte des vieillards, un incendie ravage Notre-Dame* : le ricaneur se déchaîne, car il y a du vampire en lui, et du zombie dans le public hébété que l'on fait applaudir. Il s'agit d'anesthésier les valeurs humaines élémentaires, et de précéder la demande du Marché, qui voit dans le passé un parasite à euthanasier.
Cependant, Ruquier est doublement menacé, et d'abord par Yann Barthès. Celui-ci, avec son sourire permanent qui "fait le malin", comme disait Péguy, s'adresse à un public plus jeune, plus urbain Uber - le trottinettant trentenaire qui a voté Macron. Le danger est d'autant plus réel que Barthès glorifie les forts et humilie les faibles aussi bien que son confrère ; il utilise même mieux le montage, la caricature et la mauvaise foi pour compromettre les opposants.
(...)

* Stéphane Guillon, "L'invité d'Audrey" (LCI 1° mai 2017) ; "Elle a résisté à la canicule", On n'est pas couché, France2, 1° septembre 2018 ; Frédéric Fromet, "Elle a cramé, la cathédrale", Par Jupiter (France Inter, 31 mai 2019).

Eléments n°179, août-septembre 2019, p. 23
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Est-il besoin de préciser que nous n'avons pas songé une seconde à différencier les fabricants de musique populaire, qu'ils voulussent nuire au bon goût comme /crooners, hard rockers, variétocheurs ou grungeurs/ ? Nous avons rangé ce linge sale dans la même panière, en regrettant que le rap n'ait porté à notre connaissance aucun suicidé. Nous concevons mal d'ailleurs que les sectateurs de Ian Curtis puissent trouver hérétique d'être mêlés à ceux de Dalida, comme les fanatiques de Mike Brant à ceux de Kurt Cobain, tant il saute aux oreilles que tous ces malfaisants, les idoles et leur public, sont essentiellement des producteurs de bruit et de cris.

p. 85
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Bruno Lafourcade
Numéro 1 de la revue l'Irrégulière, été 2020. Journal de Prune Lahourcade, auteure engagée.
Mardi 5 mai. François Busnel m’a appelé: on a enregistré un numéro de La Grande Librairie. Il a commencé par présenter ma dernière œuvre: « Entièrement rédigé en écriture éco-compatible, et dédié “à tous nos sœurs et frères humain.e.s, animaux.ales et végétaux.ales”, votre roman décrit le combat de Marjolaine Hagarde, proviseuse déterminée à se battre, dans son lycée agricole, pour une jeune transsexuelle victime de discrimination...― Oui, François, mais par-delà la dénonciation du retard mental petit-blanc, c’était pour moi, et pour Marjo, l’occasion de retirer le phallus de l’imaginaire vaginal et le vagin de la domination phallique.» Nous avons ainsi conversé pendant un quart d’heure. Il a bien précisé que c’était un récit contemporain et dérangeant, émouvant et audacieux, encore dans la course pour le prix Starbucks-Bilal Hassani, créé par la Fondation Samsung-Cyril Hanouna. «Il sera aussi adapté au cinéma par l’Islandais Abderrahim Chicha, avec Farah Sorestier dans le rôle de Marjolaine. “C’est des rôles j’ai voulu toujours en jouer ça comme”, a déclaré à la fin du tournage la belle actrice d’origine française."
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Bruno Lafourcade
Revue L'Irrégulière, hiver 2020. Brèves d'automne :

8 oct. « [Enquête] Violences
conjugales, séquestration,
exploitation économique, exorcisme
forcé... Avec @serra_jade, nous
avons enquêté pour @neon_mag sur
des violences sexistes couvertes,
justifiées voire provoquées par les
cathos intégristes de la Fraternité
sacerdotale Saint-Pie-X. » (Timothée
de Rauglaudre, Twitter)

09 oct. « Je n’ai jamais eu
d’atomes crochus avec la gauche,
avant tout parce qu’elle est
blanche. [...] Ce livre [Les Blancs,
les Juifs et nous] réhabilite l’humain,
oui. Mais l’humain blanc ou blanchi
est-il prêt au sacrifice qu’exige
l’amour révolutionnaire ? (Houria
Bouteldja, Ehko)

09 oct. « N’oublions pas qu’il y a
autant de raison de porter le voile
qu’il y a de femmes en France. »
(Aurélien Taché, Twitter)

10 oct. « Y a des librairies, tu
rentres dedans et t’as l’impression
d’être à une énorme teuf avec que
des copines. » (Caroline de Haas,
Twitter)

12 oct. « Arnaud Beltrame
victime de son héroïsme » (Plaque
du Jardin public Arnaud Beltrame)

"C'est moins excitant
qu’Annie Ernaux ". (Nelly
Kaprièlian, Les Inrockuptibles, à
propos de l’œuvre de Louise Glück,
récompensée par le prix Nobel)

13 oct. « La société américaine
bascule dans un extrémisme enragé,
au nom de Dieu et d’un messianisme
blanc et dominateur. » (Edwy Plenel,
twitter)

14 oct. « Je ne dirais pas que
c’est un échec ; je dirai que ça n’a
pas marché. » (Emmanuel Macron, à
propos de l’épidémie de Covid-19,
interview, France 2)
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[Bégaudeau, François]
Au vrai, si les Bégaudeau - qui sont le produit de la correction politique la plus rigide alliée à la compétence littéraire la plus douteuse - écrivent avec si peu d'art, c'est que toute leur morale passe dans leurs idées et aucune dans leurs phrases ; c'est qu'ils mettent tout leur scrupule à dire la vertu, et qu'il ne leur en reste plus pour exprimer la beauté. Ils ne se doutent pas que la syntaxe est morale et la beauté grammaticale, que l'ignorance, où ils sont et où ils se complaisent, des règles du bon usage, est elle-même une morale.
p. 19
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Critique du livre par son auteur, revue L'Irrégulière, n°2, automne 2020. SANS LUI
On pourrait dire que ces chroniques sont trop courtes : certaines mériteraient en effet de creuser leur sujet. On pense au texte intitulé « Deux apparitions », qui part d’une bonne intuition (l’arrivée simultanée du pseudonyme sur la Toile et du voile dans les rues), mais n’arrive pas à l’expliquer, ni à la fouiller.
Que certaines de ces chroniques soient trop courtes n’est pourtant pas leur seul problème. Leur vrai problème, c’est qu’elles ont des choses à dire. Rien n’est pire, pour un auteur. N’importe qui peut faire des livres avec des idées. Seul un écrivain en fait avec des mots. La langue est intuitive, c’est elle qui pousse vers l’idée ; si l’idée pousse vers la langue, on n’est pas écrivain.
Lafourcade écrit proprement et sans folie : l’idée le pousse, pas le mot ; sa phrase ne perd jamais le contrôle d’elle-même, le sens ne se perd jamais de vue. C’est rassurant pour le lecteur, et stérile pour le prosateur, qui risque de devenir ce qu’il dénonce : un auteur hyper-démocrate. Sans être un m’as-tu-vu, il est un déjà vu – un déjà lu. Une seule fois, il a tenté d’échapper à son style scolaire : il n’a fait que surjouer du Céline. C’est dans une chronique intitulée « Sans moi ». Pour nous, ce sera sans lui.
Bruno Lafourcade
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Bruno Lafourcade
Revue l'Irrégulière, été 2020 : l'affaire Springora et le "ressenti". Article signé d'une initiale.

L’emprise dont Mme Springora se dit la victime, elle a été perçue par elle ; l’emprise est donc incontestable. Un sentiment a toujours raison, de nos jours, y compris contre la raison. « C’est mon ressenti. » Un sentiment, c’est un argument ; ce n’est pas une preuve, c’est un fait. Si Mme Springora a ressenti la domination, cette domination a existé. Peu importe que Matzneff, en publiant Harrison Plaza et La Prunelle de mes yeux, ait eu l’intention de célébrer un amour : si son ancienne maîtresse ressent cette «célébration » comme une incarcération, une volonté de la soumettre, c’est elle qui a raison, en tant qu’ancienne jeune fille séduite par un homme mûr.
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Bruno Lafourcade
Revue L'Irrégulière, été 2020, l'affaire Springora et le pouvoir des victimes. Article signé d'une initiale.

Quand l’idéal social est d’être innocent, il n’y a plus que des prédateurs ; quand il n’y a plus que des victimes, il faut des coupables. Et l’innocent essentiel, c’est la femme, et c’est l’enfant. Et le coupable idéal, c’est l’homme – blanc. On n’a jamais vu une de ces révoltées qui poursuivent Matzneff de leur dégoût exprimer leur révolte contre les violeurs de Cologne*, contre les violeurs de Rotherham, contre les violeurs de Rochdale, contre les violeurs de Telford*. Jamais. Jamais. Jamais. On est une bonne victime quand on a un bon coupable. Ces dames luttent pour le Pouvoir, pas pour la justice.

*Cologne : des migrants s'attaquèrent à des Allemandes une nuit de nouvel an. Une conseillère municipale écologiste conseilla aux victimes de sortir plus décemment vêtues.
*Rotherham, Rochdale, Telford : lieux de chasse aux adolescentes anglaises d'un gang de pédophiles pakistanais. Affaire étouffée. Ndl.
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Bobin, Christian : « Une rose l’émerveille. Un cornichon l’éblouit […] ses phrases creuses, ses mots solennels, sa poésie de puceau et ses prétentions métaphysiques pour rhododendrons. »
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Adam, Olivier : « Il n’est pas fade, il est la fadeur ; comme il est la tristesse, et comme il est l’ennui. Pour le dire autrement, il affadirait la fadeur elle-même si on le laissait faire, comme il ennuierait l’ennui […] Adam est en train de réussir, avec ses livres sans sel, sinon celui de ses larmes, une œuvre entièrement obscène, qui n’a, pour décrire les destins étroits de la petite bourgeoisie de province ou de banlieue, que la phrase pauvre, triste et fautive du milieu qu’il s’imagine décrire. »
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