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Jean-Dézert éditeur (15/03/2021)
4.2/5   5 notes
Résumé :
La Littérature à balles réelles présente, sous la forme d’un petit dictionnaire, aux entrées souvent lapidaires, quelques dizaines d’écrivains d’aujourd’hui.

« La jalousie m’a dicté ces pages : auteur sans lecteurs, souvent sans éditeur, l’échec m’a aigri ; il me fait à présent juger d’écrivains qui me surpassent. Ceci mériterait d’être nuancé, bien sûr : on verra qu’il n’y a pas que de l’aigreur en moi, il y a aussi du fanatisme. Ces aveux devraient ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce bref essai de cent pages est une réjouissante galerie de portraits littéraires, qui rappelle "Les quarante médaillons de l'Académie" de Barbey d'Aurevilly. Bruno Lafourcade y énumère alphabétiquement les auteurs encensés d'aujourd'hui, pour la plupart écrivains frelatés que les médias nous vantent au détriment des vrais. S'ils le font, c'est par idéologie : tous pensent de la même façon, prêchent dans la même chapelle, ennuient leur public par les mêmes homélies. L'auteur fait une place aux lecteurs et même au site Babelio, en reproduisant les présentations les plus caricaturales de certains participants de ce site (dont une "maman de deux chats, lectrice compulsive"), ce qui inquiète sur l'état actuel de la culture (mais même le sens de ce mot a été changé et n'est plus compréhensible).

L'idée maîtresse de ce livre, est que ces auteurs ont tout misé sur la conformité idéologique, comprise comme une adhésion militante au Parti Unique du Bien. Ce faisant, ils ont tous oublié que le travail de l'écrivain de talent concerne la langue, et que son activité est une quête de la beauté, pas de la conformité aux préjugés du temps. Nous voilà revenus à la querelle des Fleurs du Mal en 1857, à la controverse entre Hugo (son "art pour le progrès de l'humanité") et Baudelaire. Les nains contemporains font aussi de la morale, ce qui se voit à la pauvreté de leur style, de leur lexique, de leur syntaxe : les citations dans ce livre, édifiantes et savoureuses, révèlent leur absence cruelle de talent, compensée par leur adhésion à l'idéologie dominante (une mention particulière, parmi tant d'exemples hilarants, à la romancière Marlène Schiappa, à la lettre S du catalogue alphabétique des nullités). On écrit mal car on pense mal, on aligne les clichés parce que l'on est conformiste.

Enfin, Bruno Lafourcade emploie le ton polémique du pamphlétaire : on aurait tort de le lui reprocher, car, d'abord, il est extrêmement drôle, comme le sont toujours les gens méchants ; ensuite, comment avoir le moindre débat avec des Annie Ernaux, des Edouard Louis, des BHL ou des Sollers ? Comme Philippe Muray et Alain Finkielkraut l'ont vu, on ne peut pas discuter avec un militant du Bien. L'objecteur de conscience sera forcément traité en scélérat à chasser du débat public et à étouffer, comme l'ont fait Annie Ernaux et sa bande à Richard Millet, ou les amis de l'éditeur POL et autres Gallimarion, comme dit Lafourcade, à Renaud Camus. Reste l'insulte, c'est le seul parti possible.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On ne peut jamais savoir ce qu’il peut advenir d’un homme qui possède à la fois une certaine conception de ses intérêts et un fusil », disait Clemenceau. J’en ai chargé un moi-même, appelé à servir mes intérêts : La Littérature à balles réelles. J’en publierai des pages ici [blog de l'auteur], de temps en temps.

Avant-propos à l’arme lourde

La jalousie m’a dicté ces pages : auteur sans lecteurs, souvent sans éditeur, l’échec m’a aigri ; il me fait à présent juger d’écrivains qui me surpassent.

Pire, je les juge fréquemment sans les avoir lus, car il en va des livres comme des bananes : la peau dit tout – je ne mange pas de fruits blets, et je ne lis pas de livres intitulés "Les lendemains avaient un goût de miel", parce que je reconnais la pourriture sans avoir besoin de la goûter, et les emprunts à Dalida quand ils se présentent.

Je ne comprends donc pas le préjugé demandant qu’on lise un livre avant d’en parler, et d’en écrire du mal, quand le regarder suffit : la couverture, le titre et la quatrième en disent beaucoup ; je vais jusqu’à faire confiance au visage de l’auteur : des trognes sont si décourageantes, elles en disent si long sur leur propriétaire qu’elles justifient amplement le « délit de sale gueule », et inversement le « crédit de belle gueule », ou, pour le dire autrement, visages et titres se marient si bien qu’il faut au moins avoir la tête de Franz-Olivier Giesbert pour oser appeler un roman "L’Amour est éternel tant qu’il dure" – mais je conviens qu’il s’agit là d’un point délicat.

On peut donc juger un livre seulement en le regardant, y compris si l’on a été jusqu’à l’ouvrir – et l’ouvrir au hasard : la ponctuation suffit à donner une idée de la virtuosité ou de la gaucherie de l’auteur ; elle enseigne par exemple cette règle intangible : une page sans point-virgule ne mérite pas d’être lue, car le point-virgule est si essentiel à la construction du raisonnement que son absence authentifie deux impuissances : celle de la phrase, donc celle de la pensée.

En somme, j’ai ceci de sympathique que j’ai l’humeur vinaigrée, que je lis rarement les livres dont je dis du mal, que je vais jusqu’à croire à la grande discrimination des visages et que j’étends cette ségrégation à la virgule.

Tout ceci mériterait d’être nuancé, bien sûr : on verra qu’il n’y a pas que de l’aigreur en moi, il y a aussi du fanatisme ; que la jalousie ne produit pas des opinions toujours torses ; que certains livres valent souvent mieux que leurs titres ; que j’ai lu, parfois jusqu’au bout, même si je suis de ceux qui pensent que trente lignes suffisent à savoir ce que vaut un écrivain, certains des ouvrages dont il sera ici question ; que je n’hésite pas à tirer à l’arme lourde sur des auteurs à peine moins confidentiels que moi. – Ainsi, mes aveux devraient libérer les lecteurs, qui pourront juger de mes opinions, sereinement, et sans se préoccuper du ressentiment qui les fit naître.



Note : "Les lendemains avaient un goût de miel", Marlène Schiappa, Charleston, 2017.
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[Camus, Renaud]
Et puis, c'est en lisant Renaud Camus que je compris que j'étais perdu pour l'idéologie et sauvé pour la beauté ; d'une part ses livres jetaient sur mes préjugés un éclairage neuf ; d'autre part ils le jetaient avec tant d'ampleur, que je prenais conscience, par cette grande coïncidence entre la vérité et l'art, que la beauté est avant tout une forme et la laideur une idéologie.
p. 28
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[Bégaudeau, François]
Au vrai, si les Bégaudeau - qui sont le produit de la correction politique la plus rigide alliée à la compétence littéraire la plus douteuse - écrivent avec si peu d'art, c'est que toute leur morale passe dans leurs idées et aucune dans leurs phrases ; c'est qu'ils mettent tout leur scrupule à dire la vertu, et qu'il ne leur en reste plus pour exprimer la beauté. Ils ne se doutent pas que la syntaxe est morale et la beauté grammaticale, que l'ignorance, où ils sont et où ils se complaisent, des règles du bon usage, est elle-même une morale.
p. 19
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Adam, Olivier : « Il n’est pas fade, il est la fadeur ; comme il est la tristesse, et comme il est l’ennui. Pour le dire autrement, il affadirait la fadeur elle-même si on le laissait faire, comme il ennuierait l’ennui […] Adam est en train de réussir, avec ses livres sans sel, sinon celui de ses larmes, une œuvre entièrement obscène, qui n’a, pour décrire les destins étroits de la petite bourgeoisie de province ou de banlieue, que la phrase pauvre, triste et fautive du milieu qu’il s’imagine décrire. »
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Djian, Philippe : « Il écrit des histoires d’écrivains brouillés avec leurs femmes, leurs éditeurs et la grammaire ; […] l’auteur croit d’autant moins à ce qu’il raconte qu’il ne cesse pas de répéter : “le style, c’est tout”. Cette obsession est troublante : on aimerait bien qu’il définisse le mot, puisque l’on suppose que ce n’est pas le nom qu’il donne à la mare où pataugent ses phrases ; »
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