AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782491446154
la Nouvelle librairie (30/11/-1)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Connaissez-vous les « dindigènes » de la République, les « horsolistes », les « terroristes de proximité » ? Oui, bien sûr. Vous les croisez tous les jours sur les plateaux de télévision, ils saturent vos écrans, inondent les réseaux sociaux. Ce qui manquait, c’est une typologie précise, détaillée, féroce, saignante de ces nouveaux types humains, posthumains, transhumains. Les voici donc épinglés dans ces chroniques mordantes placées sous le signe de Léon Bloy. Elle... >Voir plus
Que lire après Les Cosaques & le Saint-EspritVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La lecture des "Cosaques et le Saint-Esprit" n'est certainement pas à recommander aux lectrices/-teurs de Babelio, dont l'odorat subtil détectera des "idées nauséabondes" auxquelles leurs livres favoris et parfumés ne les auront pas habitué-e-s. Ces oeuvres conformistes, et pour cette raison, largement diffusées, moissonnent tous les éloges, et se font passer pour de la littérature à peu de frais. "Les Cosaques et le Saint-Esprit" expose des idées, des réactions et des observations diamétralement opposées à ce que toute la presse autorisée répète incessamment, mais l'objectif principal n'est peut-être pas là : l'ouvrage est un recueil de brèves chroniques percutantes publiées dans la presse non autorisée et sur les réseaux sociaux, dont le format et la longueur ne se prêtent pas à de longs exposés argumentés. Ce sont des billets d'humeur, de réprobation, de colère, et d'accusations lancées au monde tel qu'il va (télé-réalité, Balance-ton-porc, macronisme, Gilets-Jaunes, incendie de Notre-Dame), et tel qu'on le trouve formidable presque partout. Or la littérature de la colère, l'usage de la colère dans la construction d'une voix littéraire, porte depuis les Romains le nom de satire. Bien sûr, qu'on ne se trompe pas sur ce mot colère, déjà récupéré et retourné par le Parti du Bien : ce qui met le satirique Bruno Lafourcade en colère n'a rien à voir avec les indignations vertueuses que prescrit le Docteur Stéphane Hessel dans ses ordonnances. Ce qui se produit vraiment met Lafourcade en colère, il est étranger à la stratégie gauchiste de blanchiment par la "colère", des meurtres commis par les Damnés de la Terre.

Mais le but du livre n'est peut-être pas d'exprimer une émotion. Au moyen de cette colère, le satirique dresse des portraits de personnages contemporains que tout le monde reconnaîtra, portraits peu flattés, insolents (autre mot récupéré et retourné) et cinglants : la Néo-Féministe, la Racaille, le Macroniste, le Journaliste, l'Ecrivain, le Végan, le Passeur de Migrants, l'Acteur, ("Gynocrates, dindigènes, horsolistes, terroristes de proximité") etc ... A la différence des portraits de la Bruyère, ces types humains ne sont pas rapportés à une essence immuable (sauf peut-être la soif du pouvoir et la passion de se soumettre), mais profondément ancrés dans l'actualité, connus de tous, admirés de tous ou presque. Annie Ernaux, Christine Angot, Joachim Son-Forget, Nicolas Bedos, Ruth Elkrief, Cedric Villani, Jérôme Durand et tant d'autres domestiques défilent dans ce livre réjouissant.

Le titre est une citation des derniers mots du Journal de Léon Bloy.

Commenter  J’apprécie          102

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Que c'est beau !"
J'ai publié une petite satire dans une revue : il s'agissait d'une parodie d'un auteur français, David Foenkinos ; puis ce texte a été repris sur Facebook : il y était bien précisé que j'en étais l'auteur, et que j'y parodiais M. Foenkinos.
"Que c'est beau !", a dit une dame, qui admire beaucoup M. Foenkinos.
Elle a copié mes lignes sur sa propre page en indiquant que le texte était de M. Foenkinos. Aussitôt un lecteur a félicité cette dame pour la qualité de son texte, croyant que mon texte parodiant M. Foenkinos était de la dame qui elle-même l'avait cru de M. Foenkinos.
Ici, deux hypothèses s'affrontent : la première est que les gens ne lisent pas ; la seconde que les gens lisent. Dans le premier cas, ils voient les mots s'agiter devant eux, et foncent :
"Foenkinos ? Que c'est beau !"
Dans le second cas, la dame a peut-être bien lu ma parodie et, gouvernée par une admiration où la Raison n'entre plus, elle n'a pas vu qu'elle était une charge contre M. Foenkinos ; elle en a même déduit que M. Foenkinos en était l'auteur.
Les gens liraient donc, bel et bien, mais ne comprendraient pas, tout simplement. Leur cerveau serait une tablette numérique, plane, pas du tout meuble, où les mots ne se fixeraient ni ne pénétreraient, et où le sens, immédiat et sans perspective, sans durée ni horizon, resterait à la surface. Ils balayeraient d'un doigt l'écran, et c'est le double fond, le double sens, le jeu, la dérision, la fantaisie, la métaphore, qui disparaîtraient. Ils liraient mais ne liraient pas, comme ils peuvent parler pour ne rien dire ; ils liraient même pour ne pas lire, comme ils peuvent parler pour ne pas entendre : ils produiraient un bruit de fond qui les empêcherait d'entendre et d'atteindre le sens et le fond.
Tous les ans, en hiver, on recommande aux skieurs de ne pas s'éloigner des pistes ; et, en été, aux nageurs de ne pas dépasser les limites imposées par les sauveteurs. Or, comme on sait, la violation de ces règles entraîne des accidents, des noyades, des morts. (...) Peut-être beaucoup de gens ne comprennent-ils plus, peut-être le sens ne parvient-il plus à leur cerveau, peut-être voient-ils "Attention danger" et le traduisent-ils par :
"Que c'est beau !"
Mardi 30 juillet 2019.
p. 299
Commenter  J’apprécie          90
Critique du livre par son auteur, revue L'Irrégulière, n°2, automne 2020. SANS LUI
On pourrait dire que ces chroniques sont trop courtes : certaines mériteraient en effet de creuser leur sujet. On pense au texte intitulé « Deux apparitions », qui part d’une bonne intuition (l’arrivée simultanée du pseudonyme sur la Toile et du voile dans les rues), mais n’arrive pas à l’expliquer, ni à la fouiller.
Que certaines de ces chroniques soient trop courtes n’est pourtant pas leur seul problème. Leur vrai problème, c’est qu’elles ont des choses à dire. Rien n’est pire, pour un auteur. N’importe qui peut faire des livres avec des idées. Seul un écrivain en fait avec des mots. La langue est intuitive, c’est elle qui pousse vers l’idée ; si l’idée pousse vers la langue, on n’est pas écrivain.
Lafourcade écrit proprement et sans folie : l’idée le pousse, pas le mot ; sa phrase ne perd jamais le contrôle d’elle-même, le sens ne se perd jamais de vue. C’est rassurant pour le lecteur, et stérile pour le prosateur, qui risque de devenir ce qu’il dénonce : un auteur hyper-démocrate. Sans être un m’as-tu-vu, il est un déjà vu – un déjà lu. Une seule fois, il a tenté d’échapper à son style scolaire : il n’a fait que surjouer du Céline. C’est dans une chronique intitulée « Sans moi ». Pour nous, ce sera sans lui.
Bruno Lafourcade
Commenter  J’apprécie          30
Le mythe de Lafcadio.
Rien n'est plus mensonger que l'expression "crime gratuit". On ne vous tuera jamais pour rien, mais parce que vous avez une montre, une cigarette, parce que vous ne fumez pas, parce que vous regardez ou parce que vous ne regardez pas. Il n'y a pas de crimes gratuits, il n'y a que des crimes racistes. Vous ne serez pas tué sans raison, mais parce que vous êtes blanc. Que vous ne soyez pas raciste vous-même ne changera rien à l'affaire et ne vous protègera en rien : vous ne choisirez pas celui qui vous tuera, c'est lui qui vous choisira, et il vous choisira parce que vous êtes blanc - et antiraciste, c'est-à-dire éduqué pour se défier de la race, du racisme, et finir égorgé...
Lundi 13 août 2018, p. 191.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : satireVoir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}