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EAN : 9782493898401
352 pages
la Nouvelle librairie (10/11/2022)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Après Les Cosaques & le Saint-Esprit, Bruno Lafourcade récidive avec un deuxième et décapant volume de chroniques. Les événements des dernières années et leur cortège d’inanités prêtent le flanc à une satire mordante qu’accompagne une profondeur d’analyse bienvenue. « Prenez garde à l’intervalle entre le marchepied et le quai » pourrait résumer notre époque absurde : alors que les peurs légitimes sont ramenées à des fantasmes, nous sommes bombardés de mises en garde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sans rien enlever au mérite de l'auteur, on pourrait dire que les ridicules de notre époque et des détenteurs du pouvoir idéologique sont assez faciles à relever : il suffit de citer tel tweet écologiste, tel journaliste de chaîne autorisée, tel politicien, verbatim, pour révéler au lecteur étonné tout le comique involontaire des déclarations et prises de position. Par exemple, que les rats parisiens deviennent des surmulots, et que ces parasites urbains soient nommés "commensaux", montre bien que le pouvoir, surtout quand il s'appuie sur l'assentiment des dominés, ose tout, s'autorise tout, et finit par perdre de vue toute mesure. Bruno Lafourcade, dans ces chroniques écrites au cours des années 2018 à 2022, disposait d'un riche matériau, et d'un bestiaire fourni, quand on songe aux pangolins, aux chauve-souris, à La France (In)soumise et autres "commensaux" et inventions baroques, dont Philippe Muray avait commencé le catalogue dans ses propres textes. Curieusement, le côté gauche semble le plus fécond et le plus inventif, probablement parce qu'il a des utopies à construire et peu d'interlocuteurs assez courageux pour éclater de rire. Quant au côté droit, il manque d'imagination ou n'ose pas se lancer, il lui manque l'assurance robespierriste d'incarner le Bien : ça rend timide. Bruno Lafourcade, satirique, tire sa force comique de l'actualité, ce qui le conduit à s'interroger sur sa vocation d'écrivain et sur son métier.
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Prenez garde au monde d'après

Après 𝑳𝒆𝒔 𝑪𝒐𝒔𝒂𝒒𝒖𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝑺𝒂𝒊𝒏𝒕-𝑬𝒔𝒑𝒓𝒊𝒕, 𝑳'𝑰𝒏𝒕𝒆𝒓𝒗𝒂𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆 𝒎𝒂𝒓𝒄𝒉𝒆𝒑𝒊𝒆𝒅 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒂𝒊 est le second recueil de chroniques de Bruno Lafourcade, paru aux éditons de la Nouvelle Librairie. Il s'agit de courtes chroniques ou nouvelles (2-3 pages) écrites essentiellement entre 2020 et 2022.

Comme toute personne saine d'esprit, Lafourcade abhorre l'époque ; il se penche sur elle pour en révéler la laideur et le ridicule. Il parle de nos contemporains et particulièrement de la caste médiatique, politique et culturelle ; nos artistes d'état, se pensant radicaux et rebelles, alors qu'ils sont le pouvoir, se croyant à contre-courant, alors qu'ils sont le courant.
On passe des 𝑡𝑜𝑢𝑖𝑡𝑒𝑠 boursouflés de Christiane Taubira, à l'héroïsme du résistant Omar Sy, de l'afro-capillarité de Camelia Jordana à la bienveillance de Samuel Etienne.

On sourit et rit beaucoup, tant Lafourcade a le don de pasticher l'époque, notamment à travers de courtes nouvelles qui en montrent le ridicule ; dans le 𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑓𝑖𝑛𝑒́𝑒 le personnage de Maria Slimarrieussecq parle à son fils à propos du Covid : « 𝑗'𝑒𝑥𝑝𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑎̀ 𝐸𝑙𝑖𝑜𝑡𝑡 𝑞𝑢𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒 : 𝑎̀ ℎ𝑢𝑖𝑡 𝑎𝑛𝑠, 𝑖𝑙 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒, 𝑖𝑙 𝑎 𝑑𝑒́𝑗𝑎̀ 𝑎𝑝𝑝𝑟𝑖𝑠 𝑎̀ 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑝𝑖𝑝𝑖 𝑎𝑠𝑠𝑖𝑠. 𝐼𝑙 𝑛'𝑒𝑠𝑡 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑝 𝑡𝑜̂𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑐𝑒𝑟 𝑎̀ 𝑟𝑒́𝑠𝑖𝑠𝑡𝑒𝑟. »
Lafourcade parvient à reproduire à l'écrit la prose verbale et la syntaxe farfelue, d'une Clémentine Autain, d'un Alexis Corbière ou de la mordante Laetitia Avia, rhabillée, avec beaucoup de tissu, pour les prochains hivers.

Et comme souvent, on retrouve la cousine de Bruno, Prune, soumise à toutes les modes intellectuelles du moment (antifasciste, végane, féministe, antiraciste…) dans ses coups de gueule inclusi.f.ve.s et ses prises de positions contre la fonte des pandas.

Cette recension pourrait s'étaler sur des lignes interminables tant les trouvailles, formules ou aphorismes de Lafourcade sont brillants et nombreux. (« 𝑆𝑡𝑜𝑝 𝑎𝑢 𝑧𝑜𝑜𝑙𝑜𝑐𝑎𝑢𝑠𝑡𝑒 », « 𝑅𝑒𝑠𝑝𝑖𝑟𝑒𝑟 𝑙'𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑑𝑢 𝑣𝑖𝑣𝑟𝑒-𝑒𝑛𝑠𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒 », « 𝐴𝑙𝑙𝑎ℎ 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒́, 𝐴𝑙𝑙𝑎ℎ 𝑠𝑢𝑚𝑒 », « 𝐶𝑜𝑟𝑖𝑛𝑛𝑒 𝑀𝑎𝑠𝑖𝑒𝑟𝑜, 𝐿𝑖𝑑𝑙 𝑑𝑒𝑠 𝑗𝑒𝑢𝑛𝑒𝑠 »…).

On retient aussi de la lecture de ces 120 chroniques l'amour de la langue et la détestation du bruit : la langue se dissout dans le bruit général, l'hyper-démocratie permet à chacun d'exprimer son vacarme personnel, « 𝑇𝑜𝑢𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑏𝑟𝑢𝑦𝑎𝑛𝑡, 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑞𝑢𝑒̂𝑡𝑒 ; 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑏𝑟𝑢𝑖𝑡, 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑞𝑢𝑖𝑠 ».

Conquis, le lecteur l'est, 𝑳'𝑰𝒏𝒕𝒆𝒓𝒗𝒂𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆 𝒎𝒂𝒓𝒄𝒉𝒆𝒑𝒊𝒆𝒅 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒂𝒊 est paru aux éditons de la Nouvelle Librairie en novembre 2022.
Lien : https://www.facebook.com/pho..
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Voici une lecture à vocation vaccinale et prophylactique. Elle protège le lecteur contre les mutins de panurge comme les appelait le regretté Murray et les rien-pensants qui encombrent les colonnes des gazettes de la doxa et autres médias subventionnés par le contribuable. Rigolade assurée, car il vaut mieux rire de la tragique vacuité de nos chers penseurs et de leur beaufitude de salon de gôche. Cela ne suffira pas contre la nouvelle censure des minorités hurlantes, bruit que la cacahouète de leur cerveau rabougri fait tinter dans le vide médiatique et petit-bourgeois urbain des beaux quartiers.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'existence est un risque, et la peur a ses vertus : elle est bonne conseillère. Elle permet de ressentir le danger, donc de le fuir ou de l'affronter. Encore faut-il ne pas se tromper d'ennemis. Or, en deux ou trois décennies, la société a inversé la peur : elle en a inventé d'imaginaires, à cent trente-cinq euros l'amende, avec des pictogrammes avertissant de l'effet du sac en plastique quand on y enfouit trop longtemps la tête ; et elle nie les réelles, comme celle consistant à croiser un déséquilibré qui s'est fourni au rayon coutellerie du BHV. Elle a ôté à l'individu sa peur légitime, cet instinct salutaire : elle l'empêche de développer cet anticorps naturel, qui est la garantie de sa survie, en lui interdisant moralement de l'éprouver, en la rangeant parmi les fantasmes "qui font le jeu des extrêmes". On finit égorgé, mais l'égorgeur a respecté les normes de sécurité imprimées sur l'emballage du cutter - c'est le principal.

6 mai 2022, p. 343
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