Animée par Isabelle Touton, cette table ronde, organisée le mercredi 27 novembre 2023, aborde la question de la mémoire de l'émigration espagnole depuis la France. Y interviennent Tito (Tiburcio de la Llave - Soledad), Bruno Loth (Ermo) et Marion Duclos (Ernesto). Seul d'entre eux trois, Tito est d'origine espagnole, mais arrivé dans l'enfance en France où il a vécu la plus grande partie de son existence. Pour les trois auteurs invités, la mémoire en question est indirecte, portée par des parents plus ou moins proches, relayée par des témoins complémentaires interrogés pour les besoins des récits, puis rapportée par ces dessinateurs. Cette mémoire porte essentiellement sur la période de la guerre d'Espagne puis sur celle suivant le conflit, soit donc le début de la période de la dictature franquiste.
Prévue initialement pour une durée de 30 minutes, cette rencontre c'est allongée. Elle s'est tenue dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole de la 13e édition du SoBD. Organisation Félix Lopès.
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Ce matin du 4 mai 1936, en arrivant à l'usine, se tient un comité d'accueil inhabituel... Les délégués syndicaux distribuent des tracts sur lesquels on peut lire : grève générale, usine occupée...
- La grève ? mais on [la gauche] a gagné les élections...
- Justement, les patrons, faut qu'ils casquent... On veut les congés payés, la semaine de 40 heures, des salaires décents et que Blum prenne le pouvoir tout de suite !
(p. 26)
Je passe la parole à Annette Becker, professeure à l'université de Paris-Nanterre, qui a étudié les monuments de la Première Guerre Mondiale...
- Je tiens à dire que je suis en total désaccord avec Monsieur Lafuente. Comme le dit le monsieur, il n'y a pas de traces matérielles sans hommes et idéologies derrière... Sauvegarder des pierres sans explication ne sert à rien ...
- Dernièrement, j'ai lu pas mal de livres sur la peinture...
- Tu as raison de lire, mais le plus important pour un artiste, c'est le regard... Observer la nature et la comprendre, c'est essentiel... L'imagination vient ensuite ! Les livres t'apprennent la technique c'es tout ! Le regard, tu l'as ou tu l'as pas au départ.
La loi est un frein et ce n’est pas avec un frein qu’on arrive à la liberté !
(Ricardo Flores Magon)
Le départ du cargo marque la fin de mon apprentissage. Ma vie d'ouvrier s'ouvre devant moi jusqu'à me boucher l'horizon. Mais la soif de connaissance, l'amour de la lecture, de l'art, le plaisir de la nature, feront de moi un éternel apprenti.
Mais l'instinct parfois ne suffit pas, et ces théoriciens nous aident à comprendre les mécanismes de la société... ils permettent une prise de conscience, une émancipation !
[Bordeaux, mars 1935]
(...) chantiers maritimes du sud-ouest, rue Blanqui... Un comble : cette rue, haut lieu de l'exploitation des ouvriers, portait le nom de celui qui, le premier, avait lancé à la face des bourgeois : "Ni Dieu, ni maître."
(p. 5)
Companeras, depuis notre plus jeune âge, nous souffrons en regardant les visages prématurément vieillis des femmes du peuple, la cause de ces rides profondes est un triple esclavage : celui de la tradition, celui de l'ignorance et celui de la reproduction.
[ discours de Lucia Sanchez Saornil]
- À bas l'État ! Vive l'anarchie !
- Vous insultez la France et son drapeau ! J'ai fait la guerre, moi, môssieur !
- C'est bien ce je vous reproche... Je préfère ceux qui font la paix, moi, môssieur !
- Tu manques d'éducation, mon petit !
- Forcément, tu n'étais jamais là !!!
- ça va changer, Ermo, je vais m'occuper de toi...
- Mais Papa, c'est trop tard...Tu es mort...
- Oui, évidemment, c'est embêtant d'être mort...