Une bande dessinée sociale où l'on suit un jeune apprenti faire ses marques. Jacques est doué à l'école mais pourtant il souhaite devenir ouvrier. Il commence donc sur les chantiers navals à Bordeaux. La condition d'apprenti est loin d'être évidente : un petit salaire, des collègues particulièrement moqueurs, corvées... C'est un débutant qui doit faire ses preuves, tant au niveau de ses compétences que de son caractère. Il faut savoir se faire respecter et s'imposer. C'est une période riche de découvertes pour lui. Au niveau politique, nous sommes en 1936 et il front populaire vient de s'imposer aux élections. Jacques espère donc voir son avenir s'éclairer…
C'est l'histoire d'un jeune adulte, dans son intimité, ses rencontres agréables et difficiles, sa vie professionnelle, sa recherche de soi… En même temps la bande dessinée se veut historique sur le quotidien de ses "arpettes" et sur l'amélioration des conditions du travail.
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C'est Bordeaux dans l'entre deux guerres. On va suivre Jacques, dans un récit à la première personne, il nous raconte son arrivée à l'Arsenal, ses débuts dans le monde ouvrier des chantiers navals. Il s'agit plus d'un témoignage que d'une fiction. le dessin est sobre, élégant, sans emphase, les couleurs restent sobres, souvent deux tons de bleu. Les autres couleurs font quelques discrètes apparitions vers la fin, le dessin reste au service du récit, seules les vues des chantiers s'imposent dans quelques rares pleines pages pour nous signifier la grandeur des ouvrages et l'ampleur du travail accompli. le militantisme est toujours présent, mais c'est surtout la vie de tous les jours qui nous est racontée, l'arrivée jeune sur le monde du travail, les premiers émois amoureux, la famille, les passe-temps… la vie en général, simple et vraie.
Je trouve que c'est un beau témoignage, édifiant et sincère. Vivant dans une ville à arsenal, cela prend sans doute une résonance particulière, je ne sais pas si tout le monde appréciera comme moi, mais il m'a vraiment touché.
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L'APPRENTI n'était pas mon 1er choix mais toute à ma joie de participer pour la 1ère fois à Masse Critique, j'ai accueilli ce livre avec enthousiasme.
1ère impression : ce livre est BEAU !
Le toucher : une couverture épaisse, douce agréable sous la main. Ca compte cette 1ère impression, surtout pour une BD ; l'esthétique est primordial. Les pages sont aussi dans un grain de papier épais, on les manipule avec délicatesse.
Je feuillette une première fois. Encore une fois l'esthétique me parle : 1 dominance de bleu-gris, des détails en contraste - rouge, orange - des insertions de références historiques réelles : journal, banderolles, ... Puis, dans les dernières pages, des photos de famille, d'amis, les carnets de notes, ... Rien que par ce 1er feuilletage rapide on entre dans l'intimité du livre et de cette famille ... comme si on avait déniché une boite à souvenirs.
Le contenant met en appétit, maintenant le contenu.
1935, Jacques a abandonné ses études pour devenir apprenti dans un chantier naval. Nous suivons son parcours initiatique : l'étudiant devient ouvrier, l'enfant devient soutien de famille, le garçon devient homme, cela dans un environnement physique et historique de lutte. Lutter pour faire sa place, lutter pour y arriver, lutter pour des avancées sociales, lutter dans la mouvance politique.
Il faut rechercher dans ce livre un témoignage et non une intrigue.
J'ai apprécié ce livre comme tel, comme j'aimais quand mes grand-parents me racontaient leur jeunesse, dans cette vie qui ressemble de loin à ce que nous vivons aujourd'hui mais avec un goût d'exotisme, de "c'était plus dur avant", "de c'était mieux avant", ...
Trés agréable moment de lecture pour moi qui ne suis pas une inconditionnelle de la BD.
Ce livre est commenté dans le cadre de l'opération Masse critique du site Babelio, réseau social littéraire. Je remercie Babelio et les éditions la Boite à bulles pour l'envoi gracieux de ce livre.
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C'est toute la vie de la jeunesse des années 30 que nous donne à voir cet album. C'est à travers les yeux de Jacques Loth, père de l'auteur, que l'on découvre la dure vie d'apprenti dans les chantiers navals de Bordeaux Bacalan. Mais aussi la vie en communauté des Auberges de Jeunesse, la vie proche de la nature, l'engagement politique aux côtés des républicains espagnols, le Front Populaire et les grèves de 36.
Une période pleine d'espoir et d'utopie, de foi en la paix.
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Ce matin du 4 mai 1936, en arrivant à l'usine, se tient un comité d'accueil inhabituel... Les délégués syndicaux distribuent des tracts sur lesquels on peut lire : grève générale, usine occupée...
- La grève ? mais on [la gauche] a gagné les élections...
- Justement, les patrons, faut qu'ils casquent... On veut les congés payés, la semaine de 40 heures, des salaires décents et que Blum prenne le pouvoir tout de suite !
(p. 26)
Le départ du cargo marque la fin de mon apprentissage. Ma vie d'ouvrier s'ouvre devant moi jusqu'à me boucher l'horizon. Mais la soif de connaissance, l'amour de la lecture, de l'art, le plaisir de la nature, feront de moi un éternel apprenti.
[Bordeaux, mars 1935]
(...) chantiers maritimes du sud-ouest, rue Blanqui... Un comble : cette rue, haut lieu de l'exploitation des ouvriers, portait le nom de celui qui, le premier, avait lancé à la face des bourgeois : "Ni Dieu, ni maître."
(p. 5)
Nous avons gagné ! Léon Blum accède au pouvoir et impose la semaine de 40 heures avec deux jours de repos, et on parle de deux semaines de congés payés pour l'été prochain...
Quand on entend cent fois les mêmes histoires, on en rit, on se lasse et on ne fait plus attention, puis un jours on se rend compte qu'elles font partie de vous, qu'elles vous appartiennent un peu, mais qu'elles vous échappent indubitablement.
Animée par Isabelle Touton, cette table ronde, organisée le mercredi 27 novembre 2023, aborde la question de la mémoire de l'émigration espagnole depuis la France. Y interviennent Tito (Tiburcio de la Llave - Soledad), Bruno Loth (Ermo) et Marion Duclos (Ernesto). Seul d'entre eux trois, Tito est d'origine espagnole, mais arrivé dans l'enfance en France où il a vécu la plus grande partie de son existence. Pour les trois auteurs invités, la mémoire en question est indirecte, portée par des parents plus ou moins proches, relayée par des témoins complémentaires interrogés pour les besoins des récits, puis rapportée par ces dessinateurs. Cette mémoire porte essentiellement sur la période de la guerre d'Espagne puis sur celle suivant le conflit, soit donc le début de la période de la dictature franquiste.
Prévue initialement pour une durée de 30 minutes, cette rencontre c'est allongée. Elle s'est tenue dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole de la 13e édition du SoBD. Organisation Félix Lopès.
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