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3.98/5 (sur 145 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) à : Drohobycz , le 12/1892
Mort(e) à : Drohobycz , le 19/6/1942
Biographie :

Bruno Schulz est un écrivain, dessinateur, graphiste et critique littéraire polonais.

Né dans une famille juive polonaise assimilée de Galicie, il est le troisième et dernier enfant de Jacob Schulz, marchand d'étoffes, et d'Henrietta Kuhmerker, fille d'une riche famille d'exploitants de la scierie locale.

Entre 1902 et 1910 Schulz est élève du lycée de Drohobycz où il obtient son baccalauréat avec mention. En 1910 il commence ses études d'architecture à l'université de Lviv. La même année, pour des raisons de santé, son père est contraint de fermer boutique et la famille Schulz emménage chez la sœur de Bruno, Hania Hoffman.

En juin 1911 se déroulent les élections municipales de Drohobycz, qui resteront dans l'histoire comme les élections "sanglantes" car des émeutes ont lieu en raison d'élections truquées. Bruno Schulz observe l'agitation populaire depuis l'embrasure de sa fenêtre. C'est alors qu'il décide de devenir écrivain.

Schulz interrompt ses études en 1913 en raison des problèmes de santé de son père et rentre à Drohobycz. En 1914 et 1915 il étudie aux Beaux-Arts de Vienne. Jacob Schulz meurt en juin 1915.

Entre 1924 et 1941, Bruno Schulz est professeur de dessin au lycée public Władysław Jagiełło. Ce travail ne lui plaît guère et il s'en plaint fréquemment au cours de ses correspondances avec ses amis Witold Gombrowicz et Stanisław Ignacy Witkiewicz.

En 1931, sa mère meurt et quatre ans plus tard le frère aîné de Bruno, Izydor, meurt à son tour.

C'est en 1933 que Schulz commence à publier ses œuvres. Grâce à l'aide de Zofia Nałkowska il publie Sklepy cynamonowe (Les boutiques de cannelle). En 1936, il publie Sanatorium pod klepsydrą (Le sanatorium au croque-mort).

Avec l'avènement de la Seconde Guerre mondiale, Drohobycz est occupée par l'Union Soviétique, puis par l'Allemagne nazie suite à l'Opération Barberousse. En 1941-1942, Bruno Schulz est contraint de vivre dans le ghetto de Drohobycz. Il est alors sous la "protection" de l'officier de Gestapo Felix Landau qui lui fait réaliser des peintures sur papier. Schulz est tué au croisement des rues Mickiewicz et Czacki, au cours d'une "action sauvage" de la Gestapo, par Karl Günther, de deux balles dans la tête, celui-ci voulant venger son protégé, le dentiste Löw, tué par Landau.
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Video et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo

[Bruno Schulz : Oeuvres complètes]
Olivier BARROT est au musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris pour parler des "Oeuvres complètes" de Bruno SCHULZ. La présentation est illustrée par des photos de Bruno SCHULTZ et des gravures de l'époque. Patrice CHEREAU lit "Le printemps", texte de cet auteur.

Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
Mon père est-il assis au restaurant, y cédant à une goinfrerie malsaine, ou couché dans sa chambre, dans laquelle une grave maladie le retient ? Ou y a-t-il deux pères ? Il n’en est rien. La cause de tout est cette rapide dislocation du temps qui n’est plus sévèrement surveillé. […] Je sens de plus en plus nettement l’incompatibilité de nos temps individuels. Le temps de mon père et le mien ne coïncident plus.
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Qu'est-ce que le printemps sinon une résurrection d'histoires ? Au milieu de cet élément immatériel, lui seul, le printemps est vivant, réel, frais et ignorant de tout. Son jeune sang vert, son ignorance végétale attirent les spectres, fantômes, larves et farfadets. Et lui, désemparé et naïf, il les laisse entrer dans son rêve, il dort avec eux, puis se réveille à l'aube, ne se souvenant de rien. Voilà pourquoi il est si lourd, grevé de toute cette somme de choses oubliées, et si triste, parce qu'il doit tout seul accomplir sa vie pour tant de vies inaccomplies, être beau pour tant de vies rejetées et abandonnées... Et pour ce faire, il n'a que le parfum du merisier assemblé en un seul cours éternel et insondable où tout est compris... Qu'est-ce à dire, oublier ? Sur les vieilles histoires une verdure neuve a poussé en une nuit, un délicat dépôt vert, des bourgeons clairs et denses ont jailli. L'oubli reverdit au printemps, de vieux arbres recouvrent leur douce et naïve ignorance, ils se réveillent dotés de ramures légères et sans mémoire, tandis que leurs racines plongent dans des histoires anciennes. Le printemps lira ces histoires comme si elles étaient nouvelles, il les syllabisera depuis le début, les rajeunira, et elles recommenceront comme si elles n'avaient pas été.
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Tous les jours à la même heure, Bianca passe par là accompagnée de sa gouvernante. Que dire de Bianca, comment la décrire ? Je ne sais qu'une chose, c'est qu'elle est merveilleusement accordée avec elle-même, qu'elle remplit son programme jusqu'au bout. Avec une profonde émotion, je la vois toujours comme pour la première fois rentrer pas à pas dans son être, danseuse légère dont chaque geste atteint l'essentiel.
Sa façon de marcher n'est ni trop gracieuse ni recherchée, et cette simplicité va droit au coeur, et le coeur se serre de joie à l'idée que l'on puisse être Bianca aussi simplement, sans artifice et sans la moindre tension.
Une fois elle leva lentement ses yeux sur moi et la sagesse de son regard me perça de part en part. A ce moment je sus que rien ne lui était caché, que depuis le début elle connaissait toutes mes pensées. Dès lors, je me mis à sa disposition, exclusivement et sans réserve. Elle l'accueillit d'un signe des paupières à peine perceptible. Tout se passa sans un mot, sans même un temps d'arrêt, en un regard.
Lorsque je tente de me l'imaginer, je ne peux évoquer qu'un seul détail, insignifiant : la peau de ses genoux, gercée comme celle d'un garçon. La chose est profondément émouvante, elle conduit l'imagination dans des contradictions torturées, des antinomies enchanteresses. Tout le reste, tout ce qu'il y a au-dessus et en-dessous, est transcendant et inimaginable.
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Bien des histoires ne sont jamais nées. Entre les racines, que de coeurs plaintifs, de contes qui se racontent l'un à l'autre, de monologues intarissables, d'improvisations inattendues !
Aurons-nous la patience de les écouter ? Avant la plus ancienne des histoires entendues, il y en avait d'autres que vous n'avez pas entendues, il y eut des prédécesseurs anonymes, des romans sans titre, épopées énormes, pâles et monotones, troncs informes, géants sans visage qui obscurcissaient l'horizon, paroles sombres, drames vespéraux des nuages, et encore plus loin, des livres-légendes, jamais écrits, livres-prétendant-à-l'éternité, livres-feux-follets, perdus in partibus infidelium...
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Ils se dégageaient furtivement de la foule, posaient l'orgue de Barbarie sur son support aux pieds croisés à un carrefour de rues, sous un ruban de ciel jaune barré par un fil télégraphique, au milieu de gens apathiques, distraitement pressés, qui avaient relevé le col de leur manteau, et ils commençaient leur musique non par le commencement mais à l'endroit où ils l'avaient interrompue la veille, ils jouaient "Daisy, Daisy, réponds moi...", tandis qu'au-dessus des cheminées gonflaient des panaches blancs de fumée. Et, chose étrange, à peine entamé, cet air sautait tout de suite dans un creux inoccupé, trouvait sa place à cette heure-ci, dans ce paysage-là, comme s'il avait depuis toujours appartenu à cette journée songeuse, abîmée en elle-même, et les pensées grises, les soucis ternes des gens pressés suivaient son rythme.
Et quand il se terminait dans un long gémissement tiré des boyaux de l'orgue de Barbarie qui entamait une toute autre musique, les pensées et les soucis s'arrêtaient un instant, comme on s'arrête au cours d'une danse pour changer de pas, puis, machinalement, ils se mettaient à tourner dans le sens opposé, au rythme de l'air nouveau sorti des tuyaux de l'instrument : "Marguerite, âme de mon âme..."
Dans la morne indifférence de la matinée, personne n'avait même remarqué que le monde avait radicalement changé de direction, qu'il ne suivait plus le rythme de "Daisy, Daisy...", mais, tout au contraire, celui de "Mar-gue-ri-te..."
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Bientôt, les vélocipède fourmillèrent. L’aperçu philosophique du monde était de rigueur. Si l’on admettait l’idéal du progrès on ne pouvait qu’en tirer toutes les conséquences et enjamber un vélocipède. Les premiers, bien entendu, furent les clercs de notaire, cette avant-garde toujours à l’affût d’idées nouvelles, aux moustaches dressées en spirale et aux chapeaux melons de toutes les couleurs, espoir et fleur de notre jeunesse. Écartant la populace criarde, ils pénétraient dans la foule sur d’énormes bicycles ou tricycles, jouant de la musique avec leurs rayons de fer. Les mains sur le guidon déployé, haut perchés sur la selle, ils manœuvraient l’énorme cercle de la roue qui se taillait un chemin sinueux dans la foule joyeuse. La folie de l’apostolat s’emparait de certains d’entre eux. Dressés sur leurs pédales musicales comme sur des étriers, ils donnaient des discours au peuple, prophétisaient une ère nouvelle et heureuse — le Salut par le vélocipède… Ils continuaient leur chemin en saluant à la ronde, applaudis par le public.
Il y avait pourtant quelque chose de pitoyable dans ces courses superbes, un grincement douloureux qui les faisait, au sommet du triomphe, basculer et rouler dans la parodie. Ils devaient le ressentir eux-mêmes. Araignées agrippées au centre du mécanisme filiforme, les jambes écartées, grosses grenouilles passant entre les roues en mouvement. Ils étaient à un pas du ridicule, et ils franchissaient ce pas le désespoir au cœur, penchés sur le guidon, redoublant de vitesse, nœud agité de torsions violentes, qui — inévitablement — allait à sa perte. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. Par la force d’une plaisanterie interdite, l’homme pénétrait ici dans le domaine des facilités inouïes acquises à vil prix, presque gratuitement, et cette disproportion entre sa contribution et l’effet obtenu, cette façon évidente de tromper la nature, ce prix exagérément bas payé pour un truc génial, ne pouvait que trouver son contrepoids dans une auto-parodie. Ils roulaient au milieu d’éclats de rire, vainqueurs pitoyables, martyrs de leur génie — telle était la force comique de ces prodiges de la technique.
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Il y avait des orgues de Barbarie, vrais miracles de la technique, pleins de flûtes, de gosiers et de pipeaux cachés à l'intérieur, de tuyaux qui chantaient de doux trilles, nids de rossignols sanglotants, trésor inestimable pour les invalides, source de revenus pour les infirmes, indispensables en général dans toute maison où l'on aimait la musique. On voyait ces orgues de Barbarie, joliment décorés de peintures, voyageant sur le dos de petits vieux ternes aux visages rongés par la vie, flous, tissés de toiles d'araignée, aux yeux larmoyants, immobiles, qui s'écoulaient lentement, visages dont la vie s'était épuisée, aussi décolorés et innocents que l'écorce des arbres craquelée par les intempéries, et comme elle insensibles à tout sauf à la pluie et au ciel. (p 16 Edition Gallimard l'Imaginaire)
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Il venait chez nous le samedi après-midi, vêtu d'une redingote sombre et d'un gilet de piqué blanc, avec un gibus qui avait dû être confectionné sur mesures, vu les dimensions de son crâne; il venait pour s'attarder un quart d'heure ou deux devant un verre de sirop de framboise à l'eau, rêver, le menton appuyé sur le pommeau d'ivoire de sa canne qu'il tenait entre les genoux, méditer en regardant la fumée bleue de sa cigarette.
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Avez-vous remarqué qu'entre les lignes de certains livres des hirondelles passent en foule, des versets d'hirondelles pointues et frémissantes ?
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Dès ce temps-là, notre ville avait déjà tendance à sombrer dans la grisaille chronique du crépuscule, à se garnir sur les bords d'une lèpre obscure, d'une moisissure duveteuse, et de mousse couleur de fer.
Sitôt démailloté des fumées brunes du matin, le jour basculait dans un bas après-midi couleur d'ambre, devenait pour un moment transparent et doré comme un verre de bière brune, pour descendre ensuite sous les voûtes innombrables de vastes nuits colorées.
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