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Critiques de Carlos Sampayo (65)
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Ce New York là n'est qu'un simple décor : les lumières, les gratte-ciels et les bruits n'ont rien de gigantesque. Chaque personnage porte son drame et sa vilenie et la grandeur de la ville ne signifie que la multiplicité des tragédies personnelles. Dans la faune locale se glissent les auteurs eux-mêmes. En se mettant en scène, Munoz et Sampayo indiquent qu'ils ne sont pas seulement des auteurs qui prennent en main un sujet ; ils se placent comme Sud-Américains portant un regard critique sur la société américaine.



Histoire après histoire transparaît la noirceur de l'âme humaine : incestes, extorsions, chantage, vols, meurtres composent la matière de ces presque quatre cents pages de l'album. Cette malédiction se reflète dans la noirceur du dessin, dont la qualité graphique est l'un des points forts de l’œuvre. Un trait sombre qu'il faut parfois déchiffrer, avec de grands aplats de noir ou de subtils tracés qui rappellent les pattes des maîtres argentins ou italiens. Dans Alack Sinner, la violence est omniprésente : dans la rue, dans les familles, dans les institutions (police), dans le sport (la boxe). Cette violence physique n'est que le reflet de la société, elle-même très compartimentée et racisée, d'où des épisodes humiliants et cruels pour Alack (avec les amis du jazzman, ainsi qu'avec la tante de sa fille) pendant lesquels il est renvoyé à son statut d'homme blanc, ce qui est normal puisque ses interlocuteurs sont exclusivement renvoyés à leurs statuts d'hommes ou de femmes noirs.



Alack Sinner, c'est aussi la démystification du culte des apparences : ainsi ce couple de pasteurs dont le mari aime trop la progéniture tandis que l'épouse la déteste ; ainsi Enfer, la compagne d'Alack, qui lui ouvre plutôt les portes du paradis ; ainsi la police censée protéger les citoyens mais qui les abat par folie politique ou personnelle ; ainsi le nom de Sinner dont la signification apparaît en contradiction avec les principes profonds du bonhomme. Cet agrégat d'histoires publiées indépendamment a déjà le mérite de présenter en un volume des histoires d'une grande qualité graphique. Le défaut inhérent à ce type de publication est qu'au début, les enquêtes de Sinner semblent se répéter tant la noirceur humaine est présente. Autre défaut récurrent dans les histoires : le manque de clarté narrative : le point de vue du personnage principal semble mettre de côté, parfois, le lecteur.



Cependant, l'intérêt de cet album est aussi de mettre en valeur le développement en profondeur du personnage. Alack, simple détective privé au début, se révèle peu à peu. il a démissionné de la police à cause de la violence institutionnalisée, bien qu'il soit amené à collaborer avec elle dans le cadre de ses activités. Alack est aussi un homme profondément seul. Cette solitude est paradoxale tant une métropole telle que New York, mais c'est là un thème que l'on retrouve dans d'autres romans new yorkais, comme dans ceux de Paul Auster. Alack a une famille, certes : une sœur qui vit en Angleterre, un père avec qui les rapports sont impossibles, car le père ne sait pas parler à cœur ouvert. La fonction de détective devient peu à peu secondaire : on voit Alack devenir chauffeur de taxi, puis perdre sa licence. Avec Enfer, il rencontre l'amour charnel avant d'entrevoir la possibilité d'une famille.



Loin de s'attacher fermement, même aux femmes qu'il aime, Sinner possède une âme dont les sillons ont été creusés par les affaires dont il a été le témoin. Jamais en paix, Sinner est sans cesse renvoyé à celles-ci. Dans l'océan new yorkais, Sinner est un naufragé dont les bouées s'appellent Nick, Enfer et Cheryl. A la fin du premier tome de l'intégrale, il ne s'est pas encore noyé.
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Alack Sinner est un privé. Il mène ses enquêtes et sa vie comme il le peut, dans des quartiers de New-York qui ne sont généralement pas les plus reluisants... Des scénarios réalistes et noirs, un superbe dessin plus noir encore, et une évolution de l’oeuvre au fil des albums allant vers une " épaisseur " de plus en plus grande du personnage. Cette BD est un tour de force de deux auteurs argentins qui se sont attirés le respect de la plupart de leurs collègues. Quel meilleur critère ?
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Apparues pour la première fois dans les pages de Charlie Hebdo en 1975, les aventures d’Alack Sinner sont maintenant publiées dans leur intégralité par les éditions Casterman. Deux tomes qui reprennent les histoires d’Alack Sinner en prenant en compte leur chronologie.



Créé par deux argentins (Carlos Sampayo et José Antonio Munoz, Grand Prix du Festival d’Angoulême en 2007), Alack Sinner est un ancien flic, dont le dégoût envers la corruption de ses collègues le poussa à se reconvertir en détective privé. Un personnage cynique, solitaire et aigri qui noie son mal de vivre dans l’alcool du Bar à Joe.



Dans l’aspiration de ce héros évoluant dans les bas-fonds newyorkais, Sampayo livre une chronique acerbe de l’Amérique des seventies. Un quartier gangréné par le racisme, la guerre des gangs, les drogues et les ripoux et une ambiance bien particulière, propice au polar noir des années 70.



Le graphisme noir et blanc de José Antonio Munoz, inspiré par le roman noir et le cinéma américain, contribue à installer cette atmosphère particulière, tout comme cette inévitable narration en voix-off. Mais, si cette dernière installe parfaitement l’ambiance, son utilisation excessive a également tendance à ralentir la lecture et à freiner le dynamisme de cet album. Si ce rythme de lecture ne dérange pas sur une histoire individuelle, dans ce format intégrale qui incite à enchaîner les histoires, cela finit par peser.



Dans la lignée de « Choucas » (l’humour, les jeux de mots subtils et les références littéraires en moins), cette première intégrale de près de 400 pages est indispensable à ceux qui savent apprécier les bons polars noirs qui reposent en grande partie sur l’ambiance créée par une narration en voix-off.
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Ainsi, à mes yeux, ce premier volume de l'Intégrale Alack Sinner est bien plus la découverte d'un artiste hors du commun et d'un univers complètement atypique que le simple plaisir de me perdre dans du bon polar !
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Voici un recueil d'histoires courtes mettant en scène un détective désabusé. Ce qui caractérise avant tout ce polar hors norme, c'est qu'il est vu à travers les yeux d'auteurs d'Amérique du Sud. Munoz et Sampayo dressent un portrait critique du capitalisme et de la corruption des villes d'Amérique du Nord. Il y a aussi beaucoup d'humour dans les situations de ce personnage au caractère sombre, faisant penser parfois à Humphrey Bogart dans ses rôles de détective, en marge des recherches de la police. Les dessins au pinceau de Munoz sont d'une qualité exceptionnelle qui lui a valu le prix d'Angoulême en 2007.
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Je n'aime pas les polars

Je ne suis pas fan des BD en noir et blanc



Qu'allais-je faire dans cette galère ? Je vous le demande.



La réponse est simple : avril 2020 c'était le confinement ... rien de neuf à me mettre sous la dent , je suis donc allée piocher sur les étagères de mon conjoint (amateur de polar, etc ).



J'ai eu énormément de mal avec les premières planches ... à mon goût très mal dessinées ( je ne reconnaissais pas qui était qui et parfois même carrément pas ce qui était dessiné tout-court). Heureusement quelques pages plus tard le style change et c'est plus "lisible".



Par ailleurs je trouve que ce livre étire sans éclat tous les poncifs des polars.



Sur l'édition que nous avons à la maison il y a une pastille "prix de la ville d' Angoulême" et franchement ça m'épate (ah oui bien joué les gars... car de mon côté : j'ai lâché l'affaire à mi-parcours ).

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Alack Sinner - L'intégrale tome 2 : L'âge des d..

Lorsqu'à la fin de l'Affaire USA, Alack Sinner est pris à partie par son futur gendre, on se dit que cet homme sera décidément toujours aux prises avec l'humanité. Dans ce deuxième tome de l'intégrale, on retrouve quatre albums fort différents entre eux qui continuent d'écrire une autre histoire de l'Amérique : celle des barbouzes, celle des agences secrètes, celle des rednecks aussi. Le dessin de José Munoz garde une grande qualité, s'affinant parfois pour flirter - de loin seulement - avec le comics, tout en conservant ses caractéristiques premières : blancs et noirs tranchés, figures humaines taillés à la serpe, découpage et cadrage parfois déroutant.



Sinner est-il encore détective ? Oui ... et non. Il l'est quand les siens sont en danger : sa fille Cheryl enlevée par des mafiosi, sa sœur Toni enlevée et séquestrée par un Français amateur de photographie et de masochisme. Il l'est aussi quand on l'engage : ainsi en va-t-il de Jill Oates, ancienne compagne de Frank Sinatra croisée dans le premier tome de l'intégrale, devenue une femme d'affaires plutôt gênantes pour le gouvernement. Sinner est aussi un observateur du monde en mouvement. Dans l'album Nicaragua, il est un témoin privilégié de la lutte diplomatique - mais pas seulement - qui a lieu entre le gouvernement des Etats-Unis et les sandinistes nicaraguayens. Là comme ailleurs, Sinner se tient toujours derrière le rideau des apparences : les tensions politiques n'empêchent pas les amours habituelles (avec une Nicaraguayenne), elles n'empêchent pas les tensions père-fille, elles développent même, parfois, les absurdités de la vie quotidienne (ainsi quand sa fille, encore très jeune, est qualifiée de communiste à l'école).



Ce qu'il y a derrière les choses semble bien constituer un fil rouge pour ces histoires d'Alack Sinner. Avec cet homme qui n'a rien d'un héros, on devine les dessous de la vie politique internationale classique comme ceux d'une vie politique clandestine où tout se joue dans les zones grises (L'affaire USA). Sinner donne aussi à voir l'Amérique profonde, conservatrice, qui regarde l'étranger d'un drôle d’œil. A priori, cette Amérique-là n'a rien à voir avec New York où tous ses mêlent. Mais les bas-fonds restent les bas-fonds, qu'ils soient urbains et pluvieux ou ruraux et ensoleillés. Sinner part en bus dans un long trip pour retrouver Sophie, pour laquelle il avait retrouvé son frère boxeur, mais il doit pour cela affronter les mesquineries et des dangers plus réels. Les voyages ne réussissent décidément pas à Sinner qui, même lorsqu'il part pour Paris, s'y trouve confronté à la perversité des hommes (Histoires privées).



Au registre des critiques négatives, il y a toujours cette narration déroutante, dont on perd parfois le fil. Le propos reste noir, indéniablement, mais Sinner, en tant que personnage, s'efface presque derrière les thèmes choisis par les auteurs. Il est un observateur de son monde, certes, mais surtout un simple médiateur entre les auteurs et le lecteur. En d'autres termes, Alack Sinner perd de sa substance et, donc, de sa profondeur dans cette intégrale. Avec ces quatre albums, Alack Sinner n'est plus tant un roman (graphique) noir sur l'Amérique, mais plutôt un portrait sombre de celle-ci, dessiné par un personnage principal qui subit les événements plutôt qu'il ne les façonne.



Des années 1980 aux années 2000, Alack Sinner continue de nager dans un océan d'immondices. Il a toujours ses bouées - Cheryl, Sophie, et même son ami Nick Martinez qui a quitté la police - et, en 2004, il est toujours vivant, détective recyclé en grand-père aimant. L'Amérique est violente, l'Amérique est cynique, mais au final, l'Amérique est belle, et familiale. Mais cela, ce sont les apparences, n'est-ce pas ?
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Alack Sinner - L'intégrale tome 2 : L'âge des d..

"L'age des désenchantement" est la suite du recueil "L'age de l'innocence" qui regroupe les aventures du détective Alack Sinner. Le style de José Munoz évolue de manière impressionnante et atteint une grande liberté associé à une grande maîtrise du noir et du blanc. On y retrouve Sampayo au scénario qui campe un personnage hors norme, à la fois révolté et désabusé, en perpétuel décalage par rapport au système capitaliste mais aussi en lutte contre la corruption des politiciens. Une compilation d'une très grande force. On peut regretter cependant des récits moins dense au niveau de l'action et moins concis que le premier volume.
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Alack Sinner, tome 1 : Viet Blues

Alack Sinner, c'est la poésie noire de la Grosse Pomme, et cette lassitude qui transpire partout.

Alack Sinner, c' est le new-yorkais pur jus témoin de la sauvagerie, de l'inhumanité de la mégalopole nord-américaine.

Ce détective est atypique, brisé et survivant du Viet Nam.

Renégat de chez les flics, il affronte le cancer qui ronge cette société corrompue dans laquelle chacun survit et affronte ses démons.

Une série crépusculaire, servie parle trait âpre et le noir et blanc de l' immense Munoz.

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Alack Sinner, tome 1 : Viet Blues

Dans le monde de la bande dessinée, tout comme dans l’univers du roman noir, le personnage du détective privé possède la particularité de ne pas vieillir. De plus, il s’agit d’un homme solitaire qui n’a que très peu d’attache ce qui lui confère une aura des plus singulières dépourvue d’un certain réalisme alors que paradoxalement, le genre s’attache à dénoncer les travers de notre société. Mais comme toujours, les codes sont fait pour être transgressés et ce sont les deux argentins José Munoz et Carlos Sampayo qui se chargeront de faire voler en éclat le carcan dans lequel on avait enfermé le détective privé en créant Alack Sinner qui donne son nom à la série.



Alack Sinner est né dans un quartier pauvre de la banlieue new yorkaise où il grandit avec sa sœur Toni. Vétéran de la guerre de Corée, Alack Sinner intègre le NYPD en tant qu’agent en uniforme. C’est dans l’épisode Conversation avec Joe qu’il expliquera les raisons de sa démission suite aux excès des violences policières dont il était régulièrement témoin. Mais ce sont ces mêmes flics qu’il dénigrait qui se chargent d’exécuter les auteurs du viol de sa sœur Toni. Ne tolérant pas cette justice sauvage, Alack Sinner va être stigmatisé avant d’être mis à l’écart, ses collègues n’acceptant pas son humanisme moralisateur. Exclu des forces de police, Alack Sinner entretient tout de même une solide amitié avec l’inspecteur Nick Martinez également vétéran de la guerre de Corée. Sa carrière de détective démarre avec L’affaire Webster et L’affaire Filmore. De temps à autre, en manque de fond, Alack Sinner ferme son bureau pour devenir chauffeur de taxi. Mais les affaires dont il a la charge deviennent de plus en plus importantes à l’exemple de Nicaragua qui fustige l’interventionnisme américain en Amérique du Sudet L’affaire USA qui sera la dernière enquête de notre détective vieillissant. Marié à Gloria, Alack Sinner divorcera et aura plusieurs liaisons avec des femmes de caractère comme Loretta, Sophie et Enfer. Sinner qui signifie pêcheur et Enfer auront une fille prénommée Cheryl. Dans Histoires Privées, Cheryl va être impliquée dans une sordide histoire de meurtre qu’Alack Sinner s’emploiera à résoudre afin de lui éviter la prison.



La série Alack Sinner paraît en France en 1975, dans les pages de la revue Charlie Mensuel avant d’être publiée chez Casterman dans la collection Roman (À Suivre). Toujours chez Casterman, l’intégrale de la série fait l’objet d’une publication en deux tomes qui paraissent en 2007 pour L’âge de l’Innocence et en 2008 pour L’âge de la Désillusion.



José Munoz débute sa carrière de dessinateur à Buenos Aires en collaborant avec l’auteur de bande dessinée Alberto Breccia (Mort Cinder / Perramus) et le scénariste Héctor Oesterheld qui travaillait notamment avec Hugo Pratt pour les séries Ernie Pike et Sergent Kirk. D’emblée on détecte l’influence d’Hugo Pratt et d’Alberto Breccia dans toute l’œuvre de Munoz qui rencontre Carlos Sampayo en Espagne, en 1974 alors que l’Argentine subissait les foudres de la dictature. De leur collaboration naîtra les deux séries qui feront leur succès, Alack Sinner et le Bar à Joe. C’est notamment en France que leur travail est salué par la profession qui leur attribue diverses distinctions dont les prestigieux prix du festival d’Angoulême.



S’il est doté de tous les codes du roman noir, Alack Sinner possède également une chaleur et une poésie toute latine que l’on ressent tout au long des aventures de ce détective atypique. Même si on le qualifie de solitaire, Alack Sinner s’entoure de toute une galerie de personnages pittoresques mis en valeur par le graphisme en noir et blanc d’un dessinateur qui parvient à restituer avec talent l’atmosphère bigarrée d’une ville de New York que l’on a peu l’habitude de voir. L’univers d’Alack Sinner est extrêmement dense et s’imprègne des événements de son époque comme la guerre du Vietnam ou l’embargo américain au Nicaragua. Les histoires deviennent de plus en plus complexes en révélant des pans de la jeunesse du détective, ce qui lui confère d’avantage d’épaisseur et d’humanité. Mais paradoxalement c’est lors des enquêtes plus « classiques » que Sampayo révèle tout son talent de scénariste en déclinant des histoires aussi courtes qu’efficaces. D’une enquête à l’autre on retrouve des protagonistes qui évoluent tout comme le personnage principal, raison pour laquelle il est recommandé de lire la série dans l’ordre afin de comprendre les nombreuses interactions entre les différents personnages.



Imprégnés de musique, les différents épisodes mettant en scène Alack Sinner sont bourrés de références rendant hommage au roman noir et au cinéma. On y découvre une scène de Chinatown, on croise le personnage de Travis Bickle et on distingue le livre de Raymond Chandler, Le Grand Sommeil sur la table de nuit d’Alack Sinner. Ce ne sont là que quelques allusions parmi d’autres dans ce monde foisonnant mis en scène par un dessinateur totalement inspiré. Les deux créateurs vont même jusqu’à mettre lumière leurs activités artistiques dans La Vie N’est Pas Une Bande Dessinée, Baby.



Incontestablement, c’est Vietblues qui illustre tout le talent des deux argentins qui évoquent dans cet épisode les discriminations que subit la communauté afro-américaine que ce soit au Vietnam ou à New York. On y croise deux personnages charismatiques que sont l’activiste Olmo et le pianiste compositeur John Smith III, incarnant toute la complexité des rapports sociaux entre les différentes communautés. Outre la tension narrative, l’histoire baigne dans une aura musicale peu commune imagée par la présence du saxophoniste Gato Barbieri, personnage réel, qui composa, entre autre, la bande originale Du Dernier Tango à Paris.



Dans un autre registre, Constancio et Manolo met en lumière l’intégration difficile de la communauté hispanique à New York. Par l’entremise du grand père Manolo, les auteurs font allusion à la guerre civile en Espagne en évoquant l’épisode tragique de Guernica que Munoz illustre avec une force terrible en intégrant des extraits du célèbre tableau de Picasso. Toujours sombre, toujours tragique l’histoire met en évidence dilemmes complexes auxquels Alack Sinner est souvent confronté.



Une ligne graphique originale, des scénarios intenses et complexes font d’Alack Sinner l’une des meilleures séries que la bande dessinée ait jamais connu. Novatrice pour l’époque en mettant en perspective des clivages sociaux dont on entendait rarement parler aux USA, la série reste toujours d’actualité en illustrant les problèmes d’intégrations et de discriminations qui minent toujours les différentes communautés qui composent le pays.
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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

Publié dans le magazine à suivre, cet album est en fait une compilation de plusieurs histoires indépendantes, mais reliées entre elle via les personnages secondaires. Du privé comme on l'entend tous, un peu minable, avec des affaires qui l'obligent à retrouver ses anciens collègues régulièrement. J'ai été un peu déçu, finalement. Les premières histoires développent une atmosphère tout à fait plaisante, pour qui aime le genre, mais les dernières s'avèrent assez barrées, étranges même, et j'ai été quelque peu dérouté... Suite sur le blog
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

L'album a reçu le Prix du meilleur album en 1983. Casterman vous propose de le redécouvrir pour un prix intéressant et un format permettant de bien apprécier le travail des auteurs dans sa collection éditée à l'occasion du 50ème Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

Ce volume raconte, à travers trois histoires, les raisons de la démission de la police d'Alack Sinner et ses premières enquêtes à son compte.



La première, intitulée "Conversation avec Joe", revient sur les motivations d'Alack Sinner de quitter la police face aux expéditions punitives qu'il ne supportait pas et à l'attitude plus générale des policiers, ses collègues.

"C'est une histoire pas propre.", c'est ainsi qu'Alack Sinner débute son récit à son ami barman, et cette histoire n'est effectivement pas propre, tout comme les deux suivantes.

Il faut entrer dans la bande dessinée et dans l'histoire, car pendant plusieurs planches il n'y a aucun dialogue, juste un décor qui est planté, et les graphismes deviennent rapidement violents.

Le fait que les dessins soient en noir et blanc accentuent également ce côté sombre, violent, voire oppressant.

L'univers d'Alack Sinner est loin d'être le New-York glamour des beaux quartiers, c'est au contraire l'envers du décor : des ruelles sombres, des affrontements entre bandes, et une violence présente partout.

Cette première histoire ne comporte pas d'intrigue mais permet d'enchaîner directement sur la deuxième.



Il s'agit de la première enquête d'Alack Sinner : "L'affaire Webster".

Même si la violence de la police n'est plus présente, l'histoire commençant par la remise en liberté d'Alack Sinner : "Merci, Nick. Par moment, tu as presque l'air humain.", le fond de l'histoire est extrêmement sanglant, avec un double meurtre horrible et dont aucun détail n'est épargné au lecteur.

Là encore, j'ai été frappée par le côté plutôt cru de la part des auteurs, les meurtres sont d'une violence extrême, et la fin l'est tout autant, dans un registre plus psychologique avec un personnage qui sombre définitivement dans la folie.

Je reprocherai une enquête un peu lente au début et qui s'accélère trop à la fin, il n'empêche il y a des rebondissements et la narration d'Alack Sinner que je perçois comme monotone prend en fait le lecteur au jeu : plus il avance dans son récit plus le lecteur a envie de connaître la suite.

Du point de vue graphique, j'ai plus apprécié que la première histoire, les personnages masculins ont des traits moins arrondis donnant une impression de chair flasque, par contre les personnages féminins m'ont déçue lorsqu'ils sont dessinés de profil, je n'ai pas aimé le coup de crayon.

Même si l'intrigue se passe dans une famille riche et donc dans les quartiers chics, le New-York présenté par les auteurs est encore celui des quartiers pauvres, notamment avec les premières images montrant des enfants près de poubelles débordant de déchets.



La troisième enquête, intitulée "Fillmore" est à mon sens la plus réussie, sur tous les plans.

Katty Fillmore, nouvelle cliente d'Alack Sinner, lui demande d'enquêter car elle soupçonne ses parents de séquestrer son grand-mère dans une clinique d'internement : "Je devais la voir le soir même, chez elle ... mais pas de la façon la plus orthodoxe : au cours d'une soirée, en faisant semblant d'être un de ses invités. Je me dis que le bon whisky me faciliterait l'interprétation. Erreur. Je n'ai pas la dégaine d'un ami de Katty. Et pas l'âge non plus."

L'histoire ne connaît aucun temps mort, j'ai même trouvé qu'elle avait un véritable côté "enquêteur privé" que les autres n'avaient pas.

Cela est peut-être lié au fait que le lecteur s'est habitué à Alack Sinner et connaît de mieux en mieux le personnage.

Cette fois-ci je n'ai rien à dire sur les dessins, ils sont réussis et j'ai trouvé qu'Alack Sinner prenait plus corps que dans les précédents, d'autant plus que le personnage de Katty est réussi et ne connaît pas les défauts de la précédente histoire.

Le côté glauque de New-York est moins présent, l'histoire se passe plus dans des lieux glamours, par contre la violence est toujours présente, cette fois-ci à l'encontre d'une personne âgée.

L'histoire se conclue d'une façon intéressante et clôt les mémoires d'Alack Sinner pour cet opus.



Alack Sinner est un personnage en décalé : "Je suis d'une génération qui a du mal à surmonter les choses.", il n'était pas à l'aise dans la police, il l'est un peu moins en étant détective privé, mais il reste toujours en marge du monde, évoluant dans sa sphère, arpentant les rues d'un New-York pauvre, violent, parfois glauque.

Loin du glamour, des strass et des paillettes, José Muñoz et Carlos Sampayo ont créé un personnage ressemblant fort à un anti-héros mais auquel le lecteur finit par s'attacher.

Privilégiant le noir et blanc à la couleur, et n'omettant aucun détail des crimes ou de la violence physique, ils ont choisi de s'attacher à un personnage solitaire, sarcastique et lucide et le font évoluer dans les sphères plus ou moins reluisantes de New-York, le confrontant à des enquêtes dont il est difficile d'arrêter la lecture avant la fin.

A découvrir pour le personnage d'Alack Sinner, l'ambiance et les graphismes des auteurs, et une autre vision de New-York.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

Une BD monstrueuse



Alack Sinner est un ancien flic devenu détective privé. Plongé dans les bas-fonds de New York, il promène son regard désabusé, sensible à l'injustice et à la misère humaine, protégeant les paumés et les perdants du système.



Ce recueil comporte 6 histoires, pas forcément liées les unes aux autres.

1. Conversation avec Joe.

Alack Sinner, raconte à Joe, le patron du bar où il écluse consciencieusement quelques verres, pourquoi il a quitté la police.

2. L'affaire Webster.

Le riche M Webster embauche Sinner pour découvrir qui cherche à lui nuire.

3. L'Affaire Filmore.

Sinner est chargé par Katty Filmore, une fille de bonne famille, de faire sortir son grand-père de la clinique où il est interné.

4. Città oscura.

Devenu chauffeur de taxi, Sinner cherche aide un docker menacé par son syndicat. Il trouve aussi l'amour. Et le perd.

5. Constancio y Manolo.

Sinner découvre que la tragédie de Guernica se vit toujours près de chez lui.

6. Souvenir.

Sinner se souvient, de sa soeur, de sa femme…



Attention, chef d'oeuvre.

(Mais qui pourra ne pas plaire.)



D'ailleurs, maintenant qu'il y a prescription, je peux bien l'avouer, j'ai allègrement ignoré cette BD du temps où je lisais Charlie Mensuel où elle paraissait.

Il y a une rédemption possible pour les foies jaunes puisque Casterman a la bonne idée de ressortir en édition économique en format A4, certains grands prix d'Angoulême, dont ce « Flic ou Privé », consacré en 1983.



Il faut dire à ma décharge que l'album ne joue pas spontanément sur le registre de la tentation. En dehors de la couverture, en couleurs, nous sommes dans le pur noir et blanc. Et le trait de Munoz est l'antichambre de l'Enfer.

Le style graphique est parfois épuré, parfois surchargé et ne facilite pas toujours le travail du lecteur. Il serait dommage de s'arrêter à ça, tant le parti-pris semble adapté.

Si on reconnait chez lui l'influence évidente d'un Pratt, qu'on pense forcément à Breccia, le dessinateur argentin se démarque de ses influences par un traitement unique : les personnages sont parfois grotesques, déformés, fantasques...Il faut s'accrocher ! Pour tout dire, je me demande si ce n'est pas White Jazz, le récit kaléidoscopique de James Ellroy qui se rapproche le plus de ce qu'est cette BD.



Le récit pourrait pourtant sembler caricatural avec un anti-héros taciturne, soignant son spleen entre alcool et jazz, le tout rythmé fréquemment par une voix off. Mais c'est sans compter sur la volonté de Sampayo et Munoz de transfigurer une narration qui pourrait être relativement classique, en quelque chose de monstrueux, greffant à la trame du Privé, des images qui sont autant de portes vers des récits comme dotés d'une vie propre, qui viennent perdre le lecteur.



Rarement le fond, c'est-à-dire une critique virulente d'une société profondément injuste et inégalitaire qui laisse sur le bord du chemin des êtres déchus, aura rencontré une forme pareille, proche de l'expressionnisme.



Une expérience.

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Alack Sinner, tome 6 : Histoires privées

J'ai une grosse faiblesse pour les auteurs italo-argentins (Breccia, Battaglia et tout le catalogue des éditions Mosquito) car ils ont une démarche esthétique très avant-gardiste. D'un trait simple, en jouant sur les contrastes, les choix des encres ils en arrivent à une grande richesse expressive. Alack Sinner en est un représentant typique, en particulier les "détournements extérieurs".

Alack Sinner c'est très sombre, désespérant, sans être violent. On est dans un univers très riche, mouvant.
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Billie Holiday

Billie Holiday est un sublime roman graphique consacrée à cette grande dame du blues née en 1915 et disparue en 1959.



Disparue, pratiquement depuis six décennies, Billie Holiday fait vibrer l'âme des plus jeunes encore aujourd'hui.

Pour célébrer le centenaire de la naissance de Billie Holiday (2015) une édition inédite de l'album de José Muñoz et Carlos Sampayo a été rééditée l'an passé.



Le célèbre duo argentin signe un album très poignant sur cette magnifique étoile du blues.



Une lecture jazzy de la vie de la Diva américaine que je recommande.



Une pépite ‘blues' à ne pas rater!!

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Billie Holiday

Une bande dessinée sympa à lire sur la grande Billie Holiday.



Des dessins simples mais bien réalisés qui rendent la lecture agréable. Si j'ai apprécié cette lecture, j'ai par contre eu un peu de mal à me plonger dedans. L'histoire est rapide, sans vraiment rentrer dans la vie de Billie Holiday, ce qui est un peu dommage je trouve.
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Billie Holiday

🎤 BILLIE HOLIDAY de José Munoz et Carlos Sampayo🎤



✨ Billie Holiday, surnommée Lady Day, a connu une vie et une carrière brève mais fulgurante. De "Strange fruit" à "God bless thé chile", elle connait de nombreux succès et change en compagnie des plus grands de Benny Goodman à Lester Young en passant par Count Basie. Elle filtre aussi avec les excès : alcool, drogue, bagages, prison et hommes toxiques... Elle meurt dans un hôpital en 1959 à l'âge de 44 ans .✨



Cette bande-dessinée aux éditions Casterman en noir et blanc retrace la vie de Billie Holiday à travers les yeux d'un journaliste qui écrit un papier 30 ans après sa mort et du policier qui la surveillait le soir de sa mort alors qu'elle était soupçonnée de détenir de l'héroïne.



Les dessins sont très beaux et le choix du noir et blanc accentue l'ambiance des clubs des années 50.



La narration est peut-être un peu décousue à mon goût, j'aurais aimé que la vie de Billie Holiday soit plutôt décrite de son enfance à sa mort et non par le biais de clichés et de moments choisis.



Ca reste une belle lecture que j'ai eu la joie de trouver dans une sonnerie à moindre prix.



Toutefois, ça m'a donné envie de lire son autobiographie LADY SINGS THE BLUES.
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Billie Holiday

Si j'étais vache, je dirais que Billie Holiday n'a certainement pas mérité de subir un tel traitement, et pourtant elle en a subi dans sa chienne de vie.



En étant un peu plus serein et respectueux, je dirai simplement que je suis tout à fait passé à côté de cet album. Je suis un grand fan de Lady Day et de Lester Young. Je m'attendais à ressentir la musique, à vibrer sur une bande-son déchirante. A m'envoler sur des mélodies enivrantes. Et rien de tout cela.



Les auteurs (bien intentionnés) alignent les faits divers sur Billie Holiday. Les arrestations, les coups et les viols, etc. Et je ne pense pas que cela soit intéressant. Je ne suis pas convaincu que cela rende hommage à cette grande dame. Je suis même convaincu que toute personne ne connaissant pas la chanteuse ressort de la BD avec une image perturbée et erronée de cette artiste majeure.



Le choix d'un récit non linéaire, où le lecteur suit un journaliste à qui on a commandé un article sur la chanteuse pour le 30è anniversaire de sa mort et qui ne connaît rien de l'artiste... bof. Puis les événements se suivent, se bousculent dans le désordre et donnent principalement dans le glauque. Toxico alcoolo, victime du racisme de l'époque. La BD raconte la longue descente aux enfers d'une grande dame. Je pense qu'il y avait mieux à dire.



Je n'ai pas non plus accroché à ce trait difforme par moment. Et cet ancrage très noir, pesant, envahissant. Non, je n'ai vraiment pas accroché. Mais je reste fan de Billie Holiday et je vibre au son du saxo de Young. Mais quels sont ces étranges fruits qui pendent aux branches des peupliers...
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Billie Holiday

(IK971) Album graphiquement somptueux, le travail sur les contrastes et les ombres est impressionnant! Je n'ai malgré tout pas été convaincue par le récit assez confus ! La restitution de la vie de Lady Day, par cette narration un peu dynamitée ne lui rend pas hommage. Dommage, l'avant propos était fort prometteur...Non pour le Prix.

(SC971) Quel dommage en effet, cette grande dame aurait méritée d'être découverte par notre public mais le scénario confus et décousu n'est pas de nature à captiver les élèves. Non pour le Prix.

(AFL971) Pas du tout accroché ni à l'histoire très confuse ni au graphisme ...nous en apprenons bien plus avec la préface de Francis MARMANDE qui aide à suivre le contenu. Bref, déçue par l'album qui semble être un chef-d'oeuvre aux vues des auteurs mais je ne le propose pour aucune des sélections.
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