AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Carole Talon-Hugon (10)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
L'art sous contrôle

L'auteur constate l'apparition d'un art militant et de formes intransigeantes de critique qui reflètent selon elle une atmosphère grandissante de moralisation autour du monde de l'art contemporain. Dans cet essai, elle se demande si l'art peut se donner des buts éthiques et s'il peut être jugé sur des critères moraux.



Son point de départ est un état des lieux. Ces 10 dernières années, Un certain art a occupé des terrains sociétaux : le combat LGBT, la cause féministe, la lutte postcoloniale, la question des migrants, l'écologie. Et cet art engagé a reçu le soutien des institutions culturelles. Parallèlement des formes de censure et de protestation radicale, une certaine forme d'intolérance peut-on dire, face à certaines oeuvres ou certains artistes sont devenues plus fréquentes.



Carole Talon-Hugon (CTH) fait alors un détour par l'histoire. Elle rappelle la spécificité de l'art moderne : l'évaluation des oeuvres selon des critères extérieurs à l'art y est devenue illégitime. L'art moderne, devenue une activité autonome, n'avait pas â être jugé selon des critères moraux. Les avant-gardes modernistes ont fait naître différents mouvements essentiellement préoccupés de faire de l'art pour l'art et très éloignés de toute question morale. Pourtant certaines avant-gardes ont cherché la transgression et la subversion en s'attaquant volontairement à la morale, au bon goût et aux conventions sociales. Traditionnellement il était très largement admis que la modernité artistique allait de pair avec l'absence de censure et de critique sur des critères moraux.



Le tournant moralisateur récent semble donc marquer une rupture avec l'ère moderne. Pourtant CTH montre que la période moderne est une exception au regard de l'histoire de l'art. La peinture et la sculpture classiques avaient des ambitions éthiques et elles pouvaient être jugées selon des critères moraux. La situation actuelle renoue-t-elle pour autant avec la situation d'avant le XXème siècle ? Non nous dit l'auteur car dans la plupart des cas ce sont des causes propres à certains groupes humains spécifiques et non propres à l'ensemble de l'humanité que défendent aujourd'hui l'art engagé et la critique morale.



Arrivée à ce point, CTH se demande si l'art du XXIème siècle appelé sociétal est efficace, à savoir s'il peut réellement atteindre les objectifs qu'il se fixe, c'est-à-dire, pour simplifier, rendre l'homme meilleur. Il est aujourd'hui souvent sous-entendu que les artistes ont le pouvoir de changer les choses (dans le sens du bien). La question n'est pas nouvelle. CTH commence par disqualifier certaines théories historiques qui défendent l'efficacité morale de l'art (Schiller et le pouvoir de la beauté sur l'éducation éthique, Adorno et l'autonomie de l'art comme moyen de résister à l'aliénation) car celle-ci y est indirecte et peu liée au contenu des oeuvres. La démonstration s'attaque alors à l'efficacité du contenu. L'efficacité supposée d'une oeuvre peut difficilement jouer sur un plan cognitif car un spectateur qui ne connaît pas déjà le sujet traité a peu de chances d'y comprendre quoi que ce soit. Dans le domaine classique de la peinture, l'impact de l'art est indéniable sur le plan émotionnel mais cela lui confère-t-il un pouvoir de moralisation ? Rien n'est moins sûr.



CTH se penche alors sur l'efficacité des formes contemporaines que sont les installations et l'art documentaire. Les installations qui visent un effet moral mettent en oeuvre un symbole qui a un sens caché. le problème est que ce sens reste indéchiffrable sans un discours de mode d'emploi, contrairement à l'art classique où les signes se référaient à une tradition et avaient une signification pré-établie. Et même dans les oeuvres de ce type les plus réussies, CTH pense que l'usage d'un symbole est moins efficace que l'emploi d'une référence directe au sujet traité comme dans le photojournalisme par exemple. Quant à l'art documentaire, CTH conclut que l'efficacité éventuelle des documents exposés se fait au détriment de l'efficacité artistique. Elle relativise aussi l'impact le pouvoir de l'art contemporain quand on voit le peu de poids qu'il représente face aux medias de masse.



Dans sa dernière partie, CTH examine la critique éthique d'aujourd'hui et analyse le moralisme radical qui la sous-tend. Elle rappelle que le caractère immoral de certaines oeuvres est incontestable (les pamphlets antisémites de Céline ou Naissance d'une nation, le film raciste de Griffith de 1915). Un oeuvre peut être dite qualifiée d'immorale pour cinq raisons : son contenu, ses effets ‘performatifs' (les actes qu'elle va déclencher), ses effets psychologiques ou émotionnels, son esthétisation inappropriée et le contexte de sa production. Mais cette immoralité n'est pas simple à établir. La critique éthique affirme qu'une oeuvre moralement mauvaise est un oeuvre artistiquement mauvaise. C'est par exemple la position que défendait Tolstoï. CTH s'efforce alors de montrer les impasses où mène le moralisme radical : relecture sans limite de l'histoire de l'art, vision très restrictive, jugement sur des bases subjectives…



Elle conclut en prônant un moralisme modéré, à visée universelle, qui ne soit pas une somme d'éthiques catégorielles qui aboutiraient à une balkanisation de l'art et de la culture.

Commenter  J’apprécie          72
Moyen Âge et Renaissance

Deuxième de cinq tomes dont la concision ne retire rien à l'intelligence. Il ne manque qu'un peu d'histoire au sens commun du terme, qui fait que les non initiés n'en sortiront pas toujours très à l'aise. Mais pour ce qui est de nous faire comprendre la construction de l'Art avec un grand "a" par ses enjeux sociaux et philosophiques : c'est excellent.
Commenter  J’apprécie          60
L'art sous contrôle

Un livre assez bref mais convaincant sur la censure qui menace le monde de l'art (sous toutes ses formes) lorsque la morale se mèle de juger l'artiste. Appels au boycott des films de Polanski (pédophilie) ou retrait de l'affiche d'Autant en emporte le vent (racisme), les exemples sont nombreux qui, sur des considérations éthiques, souhaite censurer le travail de l'artiste, parfois sans rapport avec les oeuvres visées. L'auteure montre bien que l'effet escompté de la censure n'est pas établi et que les combats sociétaux, quand ils se reportent sur l'oeuvre d'art, sont contre-productifs.

Sa conclusion "La conscience identitaire tend à remplacer la conscience politique", si je trouve qu'elle est parfaitement exacte, reste malgré tout ambigue dans le contexte car nombre de ses exemples ne me paraissent pas vraiment liés à une minorité identitaire (la pédophilie est-elle un crime seulement pour les membres d'un groupe identitaire? et la racisme?)

Un livre intéressant (et rapide...) à lire, qui fait réfléchir; pas vraiment édifiant non plus.
Commenter  J’apprécie          40
Les arts du XXe siècle

Dernier de cinq tomes dont la concision ne retire rien à l'intelligence. Il ne manque qu'un peu d'histoire au sens commun du terme, qui fait que les non initiés n'en sortiront pas toujours très à l'aise. Mais pour ce qui est de nous faire comprendre la construction de l'Art avec un grand "a" par ses enjeux sociaux et philosophiques : c'est excellent.
Commenter  J’apprécie          20
L'antiquité grecque

Premier de cinq tomes dont la concision ne retire rien à l'intelligence. Il ne manque qu'un peu d'histoire au sens commun du terme, qui fait que les non initiés n'en sortiront pas très à l'aise. Mais pour ce qui est de nous faire comprendre la construction de l'Art avec un grand "a" par ses enjeux sociaux et philosophiques : c'est excellent.
Commenter  J’apprécie          20
Les théoriciens de l'art

On s’intéresse généralement à l’art en tant que récepteur et parfois en tant que producteur mais en vérité l’idée de l’art travaille non seulement les artistes et les destinataires de leurs oeuvres, mais tous les acteurs des mondes de l’art : professeurs, directeurs d’écoles ou d’académies, responsables d’institutions, galeristes marchands, commissaires d’exposition, conservateurs, scénographes, critiques, médiateurs, responsables des politiques culturelles. Reste que la question de l’oeuvre d’art est toujours associée à celle des critères qui permettront d’évaluer sa valeur.

Le dictionnaire “Les théoriciens de l’art” dirigé par Carole Talon-Hugon nous permettra justement de pouvoir approcher l’histoire de l’art à travers le monde des idées avec lequel elle est intimement liée. Certains penseurs ont apporté des contributions considérables dans ce domaine et ce dictionnaire nous présente l’essentiel de leur pensée sur l’art. Ce sont des philosophe, des historiens de l’art, des sociologues, des psychanalistes, des critiques, des artistes-théoriciens. Où l’on retrouve Freud, Simmel, Bourdieu, Brecht, Tolstoï, Kant, Artaud, Aristote ou encore Pline. Près de 300 entrées qui permettront de découvrir ou redécouvrir que l’idée de l’art nécessite un large point de vue.

Chaque notice débute par une courte biographie de l’auteur qui permet de le placer dans le contexte de son époque. Elle se poursuit par l’analyse synthétique de sa contribution théorique sur l’art. Elle se termine par une bibliographie organisée et un corpus primaire recensant le textes de l’auteur qui intéressent la question traitée, et un corpus secondaire permettant d’en poursuivre l’étude. C’est une manière tout à fait commode de se passionner pour cette question car la dimension synthétique du dictionnaire permet de circuler d’une notice à l’autre et d’apprendre énormément.

“Les théoriciens de l’art” est un ouvrage important et passionnant pour tous ceux qui souhaiteront identifier les paradigmes artistiques qui ont scandé l’histoire de l’art depuis des siècles.

Archibald PLOOM
Lien : http://www.culture-chronique..
Commenter  J’apprécie          20
L'artiste en habits de chercheur

« L’artiste en habits de chercheur » est un essai de Carole Talon-Hugon, professeure de philosophie, spécialiste des sujets ayant trait à l’art. Le point de départ de cet essai est la vie de Ferran Adria qui a évolué dans trois mondes différents. D’abord cuisinier, initiateur de la cuisine moléculaire, puis galeriste et enfin chercheur en sciences sociales à l’université de Barcelone L’auteure développe en quatre chapitres clairement construits un argumentaire dénonçant les dérives de la « désartification » de l’art qui prétend faire de la « recherche ». L’intérêt de la problématique posé est certain puisqu’il est question d’art, de science et de politique. Un tel essai intéressera toute personne, curieuse et motivée, soucieuse d’acquérir un regard critique et une culture sur le dialogue « art-science »



Lire la suite en suivant le lien
Lien : http://www.scienceenlivre.or..
Commenter  J’apprécie          10
La modernité

Quatrième de cinq tomes dont la concision ne retire rien à l'intelligence. Il ne manque qu'un peu d'histoire au sens commun du terme, qui fait que les non initiés n'en sortiront pas toujours très à l'aise. Mais pour ce qui est de nous faire comprendre la construction de l'Art avec un grand "a" par ses enjeux sociaux et philosophiques : c'est excellent.
Commenter  J’apprécie          10
Classicisme et Lumières

Troisème de cinq tomes dont la concision ne retire rien à l'intelligence. Il ne manque qu'un peu d'histoire au sens commun du terme, qui fait que les non initiés n'en sortiront pas toujours très à l'aise. Mais pour ce qui est de nous faire comprendre la construction de l'Art avec un grand "a" par ses enjeux sociaux et philosophiques : c'est excellent.
Commenter  J’apprécie          10
L'esthétique

L'auteur passe d'abord en revue l'histoire de l'esthétique à travers les diverses théories philosophiques qui ont marqué un tournant (Platon, Kant, etc.). Puis, il évoque les différentes problématiques sur lesquelles on peut s'interroger concernant l'esthétique (le critère de l'art, sa valeur, etc.). Une mise au point très intéressante et qui permet de mettre les choses au clair au sujet d'un domaine parfois très controversé.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Carole Talon-Hugon (46)Voir plus

Quiz Voir plus

Le comte de Monte Cristo

Où se déroule l'action au début du livre?

A Marseille
A Paris
En Espagne
A Toulon
A Nice

22 questions
228 lecteurs ont répondu
Thème : Le Comte de Monte-Cristo : Intégrale de Alexandre DumasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}