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Sur la laideur et le goût
Liste créée par Alzie le 19/08/2015
27 livres. Thèmes et genres : laideur , dégoût , esthétique , esthétisme , répulsion

Le laid est-il "l'enfer du beau" comme le suggère Umberto Eco (Histoire de la laideur), faisant référence à Karl Rosenkranz et L'esthétique du laid, première étude majeure consacrée à ce sujet écrite en 1853 ?

La perception de la laideur, ce qu'elle inspire, sa représentation et la question du goût, en quelques livres. Tous les dégoûts sont-ils dans la nature ? Sommes-nous simplement régis par nos affects dans ce domaine ? questions dont l'art, la littérature et la philosophie aiment bien s'emparer.

Horreur et fascination mêlées, transfiguration du beau en laid et du laid en beau. Une petite liste multidirectionnelle qui convie l'esthétique et défie un peu le "bon goût".

Et pour conclure une citation de Michel Tournier : “Les femmes devraient militer pour qu'on leur accorde comme aux hommes le droit à la laideur.”

(Mise à jour : 6 novembre 2021)



1. Histoire de la laideur
Umberto Eco
4.23★ (209)

En apparence, beauté et laideur sont deux concepts qui s'impliquent mutuellement, et l'on comprend généralement la laideur comme l'inverse de la beauté, si bien qu'il suffirait de définir l'une pour savoir ce qu'est l'autre. Mais les différentes manifestations du laid au fil des siècles s'avèrent plus riches et plus imprévisibles qu'on ne croit. Or voici que les extraits d'anthologie ainsi que les extraordinaires illustrations de ce livre nous emmènent dans un voyage surprenant entre les cauchemars, les terreurs et les amours de près de trois mille ans d'histoire, où la répulsion va de pair avec de touchants mouvements de compassion, et où le refus de la difformité s'accompagne d'un enthousiasme décadent pour les violations les plus séduisantes des canons classiques. Entre démons, monstres, ennemis terribles et présences dérangeantes, entre abysses répugnants et difformités qui frôlent le sublime, freaks et morts-vivants, on découvre une veine iconographique immense et souvent insoupçonnée. Si bien que, en trouvant côte à côte dans ces pages laideur naturelle, laideur spirituelle, asymétrie, dissonance, défiguration, et mesquin, lâche, vil, banal, fortuit, arbitraire, vulgaire, répugnant, maladroit, hideux, fade, éc?urant, criminel, spectral, sorcier, satanique, repoussant, dégueulasse, dégradant, grotesque, abominable, odieux, indécent, immonde, sale, obscène, épouvantable, terrible, terrifiant, révoltant, repoussant, dégoûtant, nauséabond, fétide, ignoble, disgracieux et déplaisant, le premier éditeur étranger qui a vu cette ?uvre s'est exclamé : " Que la laideur est belle ! "
2. Archipel de la laideur : essai sur l'art et la laideur
Michel Ribon
4.50★ (5)

Le poids de la tradition classique a longtemps verrouillé la réflexion sur la laideur. Par delà les trois sphères de sensibilité qu'elle affecte (celle du corps, de l'intelligence, et de la moralité), la proximité du laid est ressentie, dans une sorte d'angoisse métaphysique, comme une sorte d'atteinte à la dignité et à l'identité de notre être. Dans sa présence agressive, la laideur ne serait-elle pas la figure hideuse de ce tout-Autre qui menace d'ébranler notre être ? Mais, par sa fascination même, la laideur se propose à l'artiste comme un défi à relever : il ne se borne pas à la dénoncer ; il entend la domestiquer, la transfigurer. En nous offrant de » belles laideurs « , l'art nous révèle sa vocation rédemptrice, dont la stratégie et les dispositifs méritent d'être explorés. La question de la laideur dans ses rapports à l'art est double : c'est celle de la laideur dans l'oeuvre et celle de la laideur de l'oeuvre. Mais peut-on déterminer avec assurance les critères du jugement de goût ou de dégoût porté sur une ?uvre ?
3. Fascination de la laideur. L'en-deçà psychanalythique du laid
Murielle Gagnebin
4.38★ (9)

La force de fascination qu'exerce le laid a été jusqu'ici passée sous silence : c'est toujours du beau ou du sublime qu'il est question ! Pour Murielle Gagnebin, le laid n'est ni l'horreur, ni la douleur ou encore l'abject. L'auteur propose une définition en analysant conjointement l'oeuvre de Goya et celle de Platon, l'esthétique et la philosophie donc, puis elle confronte ses résultats à l'histoire reconstituée du concept de laideur qui, la plupart du temps, apparaît comme le simple négatif du Beau. Version bien minimaliste pour une réalité si inquiétante !Une fois son interprétation toisée à l'histoire des idées, Murielle Gagnebin la vérifie en interrogeant l'art du XXe siècle, étonnamment riche en difformités et en hideurs. L'expressionnisme, la peinture informelle, le Body-Art, l'art abstrait comme les nombreuses figures du monstrueux sont, tour à tour, envisagés et traqués dans leurs a priori les plus solidement établis.Enfin, en une postface à l'édition de 1978, l'auteur donne un tour délibérément plus psychanalytique que philosophique à sa réflexion. Au nombre de sept, les propriétés du laid surgissent, expliquant, à la fois, sa force de captation et sa fonction profondément régressive. Celle-ci permet à l'homme d'échapper au destin de la sublimation, pour accéder au plus trouble de l'humain.Docteur d'Etat ès lettres et sciences humaines (Genève et Paris), Murielle Gagnebin est maître de Conférences à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Depuis de nombreuses années, elle situe ses recherches à l'interface de l'esthétique, de la philosophie et de la psychanalyse.
4. Esthétique du laid
Karl Rosenkranz
2.00★ (5)

La réputation de Karl Rosenkranz (1805-1879), sévère philosophe, élève de Hegel (dont il est l'auteur de sa fameuse biographie qui vient de paraître chez Gallimard) est liée surtout à cette monumentale Esthétique du laid (1853) qui est devenue un texte capital de la culture contemporaine. L'intention de Rosenkranz est de combler une grave lacune dans la réflexion esthétique, qui n'a jamais été affrontée ? thématiquement ? la "touche d'ombre de la figure lumineuse du Beau", c'est-à-dire le laid. Si, hégeliennement, le Beau est la manifestation sensible de la liberté, le Laid est la limitation et la négation sensible de cette liberté, comme le manque de forme de l'assymétrie, la disharmonie dans toutes les espèces de la déformation. La rédemption du Laid réside alors dans la déformation extrême, la Caricature, qui donne la possibilité de son dépassement dans le comique et dans le rire, et atteint une liberté renouvelée de l'esprit. En donnant pour la première fois le droit de cité à l'idée du Laid, Rosenkranz pose ainsi une pierre milliaire dans la culture de l'Occident. Et son Esthétique du Laid maintient encore aujourd'hui une grande force de provocation par le fait d'interpréter le Laid comme chiffre particulier de l'art moderne, de la question de la modernité, des conditions d'aliénation propres au capitalisme moderne industriel ; elle prend les allures d'un sismographe de la pathologie sociale : une optique d'une surprenante actualité.
5. Éloge de la laideur
Francis de Miomandre
Oh ! oui, cher lecteur, je sais bien que vous me prenez pour un mauvais plaisant, un amateur de paradoxes. Entreprendre l'éloge de la laideur !... c'est une folie, n'est-ce pas ? Il faut vraiment avoir l'esprit mal fait pour prendre ainsi le contre-pied de l'opinion courante, universelle. Et vous êtes déjà curieux de savoir comment je vais m'en tirer. Ainsi, une foule cruelle guette les évolutions par trop aériennes d'un équilibriste. Si j'allais me casser les reins !... Eh bien ! mais croyez-vous que déjà cette curiosité si flatteuse ne me suffise point ? Le fait est acquis que vous me lirez... pour voir jusqu'où je suis capable d'aller dans ce sentier sans issue où je me suis absurdement engagé. Bien des écrivains qui ont choisi des sujets de tout repos (et peut-être un peu pour ça) n'obtiennent point pareil succès. «C'est par trop bête !» direz-vous, en refermant le livre... sur la dernière page. Merci ! oh ! merci d'avance pour cette bonne parole ! Je ne vous cache pas que j'éprouve certaines appréhensions. C'est sans doute la première fois, songez-y, qu'un auteur se charge d'une telle tâche. Mais si le chemin que je me trace dans cette forêt vierge me coûte à chaque pas l'effort d'un coup de machette dans la brousse des préjugés, du moins j'aurai la compensation de mainte découverte intéressante. Tout le monde prétend aimer la beauté. C'est là une chose acquise, sous-entendue, qui ne fait même plus question. Il serait injurieux d'avoir seulement l'air d'en douter. Pourtant, vous seriez bien embarrassé de me dire ce que vous entendez par la beauté... Rassurez-vous : vous n'êtes pas le premier. Les esthéticiens, qui se sont spécialisés dans cette étude, ont proposé des définitions si creuses, si niaises, si vagues dans leur pédantisme, qu'elles font sourire jusqu'aux élèves des classes de philosophie, jeunes gens bien peu entraînés cependant aux exercices du scepticisme.
6. Le (dé)goût de la laideur
Gwenaëlle Aubry
3.00★ (10)

La laideur résiste au témoignage comme à la réflexion. A travers elle se révèle l'envers du corps et du décor, la face obscure du réel. Dans cette expérience, l'effroi se mêle à la fascination. De grandes figures, philosophiques, légendaires, littéraires, de laids et de laides témoignent de cette étrange inversion : le pouvoir de séduction de la Vellini de Barbey, de la Bérénice d'Aragon, des laides stendhaliennes tient au jeu, en elles, de la vie, du mouvement, du souvenir et de la passion, plus gracieux que l'immobile perfection de la forme. C'est peut-être ce jeu aussi qui, de la laideur, fait pour l'art un défi. A la faveur de regards nouveaux, le laid devient le ferment d'une beauté nouvelle... Balade esthétique en compagnie de Roger Caillois, Yves Bonnefoy, Francis Bacon, Pascal Quignard, Henri Michaux, Georges Bataille, Socrate, Rilke et bien d'autres.
8. Qu'est-ce que l'esthétique ?
Marc Jimenez
3.43★ (67)

L'esthétique est une fois encore à l'ordre du jour philosophique. Notre époque, pressée d'en découdre avec la fin proclamée de l'Art, tient pour évident l'objet de cette discipline. Or l'esthétique est relativement récente : la réflexion sur l'art est une histoire parallèle à celle de la rationalité. Marc Jimenez en retrace ici le développement. C'est au siècle des Lumières que l'esthétique s'autonomise, qu'elle conquiert ses lettres de noblesse, quand devient primordiale la question du Beau comme accès au sens, à la vérité. Alors s'ouvrent des voies diverses : la science du beau (Kunst-wissenschaft) n'est pas la faculté de juger kantienne ni la philosophie de l'Art, entre tradition et modernité, imaginée par Hegel. D'où les grands changements de perspective opérés au XXème siècle : le tournant esthétique de la philosophie, inauguré par Nietzsche ; le tournant politique de l'esthétique (Lukâcs, Heidegger, Benjamin, Adorno notamment) ; le tournant culturel de l'esthétique (Goodman, Danto, etc.). Rarement un ouvrage aura dressé un panorama aussi exact qu'utile de l'esthétique d'hier à aujourd'hui, alors que l'art demeure, pour la philosophie, une question essentielle. 
9. Cet obscur objet du dégoût
Julia Peker
Spectacles sanguinolents, puanteur de l'immondice, grouillement des cafards, pourquoi ces évocations sont-elles bannies par le dégoût, vouées au bain sombre des égouts et des ellipses ? Pourquoi nos restes organiques sont-ils vécus comme de répugnants déchets ? Serrements de gorge et nausée escortent la montée d'un puissant signal de rejet, détournant l'esprit d'un champ tour à tour purulent, visqueux, puant. Pourtant comme le goût le dégoût s'éduque, l'insupportable varie et se déplace, mais pour désigner au coeur de la réalité la plus familière une part maudite, dévalorisée et teintée d'une obscure fascination, que nous apprivoisons par l'ignorance. A travers la sensation de l'immonde le dégoût affecte donc insidieusement les contours du monde, traçant le seuil d'arrière-cours sans fonds, exclues de l'ordonnancement des apparences.
10. Histoire de la laideur féminine
Claudine Sagaert
4.12★ (32)

« Toute femme devrait être accablée de honte à la pensée qu'elle est femme. » (Clément d'Alexandrie). Déjà chez Aristote, et bien avant les Pères de l'Église, la femme est matière sans qualité aucune, la qualité restant à l'évidence le propre de l'homme. Tel est le paradoxe du « beau sexe » : source du péché, sa plaisante apparence ne peut que dissimuler un être répugnant. Plus tard, sa beauté enfin reconnue, la femme se voit sommée de s'épanouir dans le mariage et dans la maternité. Haro donc sur les célibataires, les bas-bleus, les féministes, les inverties et autres déviantes de la société, qui ne sont que disgrâce et souvent même monstruosité ! De nos jours, enfin, disposant d'un vaste attirail cosmétique, la voici inexorablement soumise à la tyrannie de la séduction permanente. Inexcusable, insupportable, véritable aberration sociale, la laideur féminine révèle crûment négligence, manque de volonté, pire, secrète pathologie. S'appuyant tout à la fois sur l'histoire, l'anthropologie, la littérature et la peinture, Claudine Sagaert, par cette contribution essentielle à l'histoire des genres, nous permet de mieux comprendre dans quel carcan le corps de la femme a été enfermé durant des siècles, carcan dont elle doit, aujourd'hui comme hier, toujours se libérer...
11. Le goût des femmes laides
Richard Millet
2.96★ (174)

" On m'avait assez répété que j'étais laid : il me fallait le devenir, et j'avais, à quinze ans, assez de jugeote pour deviner que tout se jouerait dans le domaine amoureux, à tout le moins sexuel, puisque, je le savais déjà, j'étais de ceux à qui l'amour est refusé, et qui, par conséquent, doivent séparer ce sentiment du désir qui en est la dimension incendiaire, et consolatrice." À travers la confession déroutante d'un homme qui, dès l'enfance, a grandi persuadé que sa mère le trouvait laid, Richard Millet cerne au plus près les tourments de la dissonance et de la solitude, et livre, dans une langue superbe, une singulière éducation sentimentale.
12. Alouette
Dezsö Kosztolányi
3.96★ (106)

Alouette doit partir une semaine à la campagne ! Ses vieux parents achèvent amoureusement la valise. Comment vont-ils survivre à une si longue absence ? Quand Alouette paraît, le sourire se fige. Elle a trente-cinq ans. Elle est laide. Très laide. Cette semaine sera la semaine de tous les possibles. Mais Alouette revient. Grossie, encore plus laide, encore plus grotesque. Tout rentre dans l’ordre. Et les parents, émus, soupireront : « À tire-d’aile notre petit oiseau nous est revenu. » Alouette est un des classiques incontestés de la littérature hongroise, et Kosztolányi le considérait comme son plus grand roman.
13. La vie à côté
Mariapia Veladiano
3.47★ (130)

Rebecca est laide. Extrêmement laide. Elle vit, avec prudence et en silence, dans une magnifique maison au bord d'un fleuve, aux côtés d?un père, médecin trop absent, et d'une mère qui « a pris le deuil à sa naissance ». Rebecca se tient elle aussi hors du monde, enfermée pour ne pas être blessée, élevée par la sainte et tragique servante Maddalena qui la protège. C'est sans compter sur l'impétueuse tante Erminia, qui décide de l'initier au piano, et qui cache pourtant des sentiments moins nobles. Mais Rebecca est douée et va concentrer sa vie entière dans ses mains, parfaites. La rencontre avec la Signora De Lellis, musicienne réputée et détentrice d'un secret de famille, le confirme : une autre vie est possible, un autre langage, une vie à côté. Avec la légèreté et la férocité d'une fable, La vie à côté brosse le portrait d'une famille corrompue par le mensonge et les tabous. Mariapia Veladiano comble le silence et les bruits étouffés en donnant voix à la différence.
14. Quasimodo
John Alfred Rowe
3.00★ (3)

Paris à vol d'oiseau... Du haut des tours de Notre-Dame, un corbeau se souvient et nous raconte l'histoire qui s'est passée ici même, il y a bien longtemps. Une histoire d'amour entre Quasimodo et Esméralda. Elle, belle comme le jour. Lui, noir comme la nuit et plus laid que le plus laid des chiens qu'on n'ait jamais vu sur terre... Le monde fascinant de Notre-Dame de Paris, revisité avec humour par un John A. Rowe plus mordant que jamais.
15. L'encyclopédie du mauvais goût
Hervé Depoil
4.50★ (5)

Le mauvais goût est universel et envahissant. Il fait pousser des " Aaaarggh ! " et des " Beurk ! ". Il nous horrifie, nous pollue la vie ou nous met en joie; en un mot, il titille notre quotidien. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, avec autant d'humour que de mauvaise foi, des auteurs français s'attaquent ce vaste sujet en publiant une Encyclopédie du mauvais goût. De A comme Art contemporain à z comme Zombies en passant par les bondieuseries, le prout, les champions de la gonflette, la téléréalité, le Grand Concours de, l'Eurovision, le tuning, la famille royale en Grande-Bretagne, les supporters de foot, les nains de jardin, les ratés de la chirurgie esthétique, les zizis sauteurs, les concours de bouffe et les films de John Waters (sans oublier les pékinois), Hervé Depoil et François Quenouille recensent tout ce qui défie notre sens de l'esthétique. Ce livre va vous étonner, vous faire hurler de rire, peut-être même vous choquer. Mais comme le disait Charles Baudelaire : " Ce qu'il y a d'enivrant dans le mauvais goût, c'est le plaisir aristocratique de déplaire. " Ce livre, je suis fier de l'avoir dirigé. Nul doute qu'il fera date dans les annales de la civilisation occidentale. Nous avons tout fait pour !
16. Petit musée des horreurs : Nouvelles fantastiques, cruelles et macabres
Nathalie Prince
3.59★ (45)

Voici un bien étrange musée, consacré à des curiosités littéraires comme seul l'esprit fin-de-siècle a pu en produire, exposant une galerie des horreurs dont le but, avoué et pensé, consiste à inquiéter, terrifier, révulser. Plus d'une centaine de nouvelles fantastiques, écrites entre 1880 et 1900, période dite " décadente ", nous dévoilent une littérature empoisonnée où l'homme se confronte à sa propre monstruosité. D'illustres talents tels Maupassant, Villiers de l'Isle-Adam, Lorrain, Richepin ou Schwob voisinent avec des auteurs moins connus, dont la maîtrise et l'audace combleront les amateurs de sensations fortes. Ces récits donnent le ton d'un fantastique en quête de perpétuel renouvellement : aux oubliettes les peurs ordinaires, place à des angoisses neuves ! Névroses et monomanies suspectes, fantômes fétides, charognes exquises, fantasmes sexuels dégénérés paradent. On se perd corps et âme : têtes décapitées, mains coupées, peaux tannées. Le corps fait l'objet d'un savant démembrement propre à satisfaire les fétichistes et les esthètes avides de luxures inédites. Il est peu de dire qu'à certains moments l'esprit s'effraie de ses propres hantises ! Ce recueil ouvre sur un abîme. Il exhale les arômes mêlés du plaisir et de la souffrance, de l'angélisme et de la perversité, de l'humain et peut-être du trop-humain. Au c?ur des effrois corrompus et des amours pathologiques, le fantastique, dans un constant élan poétique, met à mort les grands mythes du désir, parodie sa propre tradition et, à chaque page, nous glace le sang.
17. Images du Corps Monstrueux
Aurélie Martinez
Qu'il soit double, bisexué ou hybride, celui que l'on nomme monstre, n'est plus seulement considéré comme un sujet d'étude dédié aux anatomistes. Il est maintenant courtisé, représenté, mis en jeu par la science et par l'art. Cette exhibition est-elle comparable à celle des phénomènes de foire ? Le monstre ne vient-il pas à point nommé pour exacerber les peurs et les fantasmes sur les diverses mutations identitaires ?
18. La beauté à outrance
Jean Galard
3.17★ (4)

Parmi les images de violence, de ruine et de mort dont le photojournalisme est l'inlassable pourvoyeur, certaines sont belles. Quelques-unes semblent trop belles : on leur reproche d'utiliser la misère du monde au bénéfice de l'art, de tirer parti de la souffrance, de miser sur l'effet esthétique du malheur et sur la beauté du désastre. Les reporters, de leur côté, se disculpent en assurant qu'ils n'ont pas cherché à faire de l'art, qu'ils ont simplement voulu témoigner de ce qu'ils ont vu. Dans cette justification, comme dans cette critique, il se peut que les uns et les autres n'aient pas de l'art une idée très juste.Cet essai ravive des questions esthétiques qu'on pourrait croire éteintes, l'abstraction les ayant exténuées. Il les aborde en se référant à des aspects paradoxaux de l'art contemporain aussi bien qu'à des ?uvres anciennes, au théâtre autant qu'au cinéma documentaire. Il choisit d'affronter des cas aigus, notamment celui de certaines photographies troublantes et controversées, qu'on trouve dérangeantes parce que leur beauté, sans doute, paraît elle-même déplacée. 
19. Essai sur le goût
Montesquieu
3.15★ (39)

Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : mouvement littéraire : Les Lumières et la naissance de l'esthétique. Genre et registre : Un essai chez les Encyclopédistes. L'écrivain à sa table de travail : Les voyages de l'écriture. Groupement de textes : Jardins et paysages peints aux XVIIIe et XIXe siècles. Chronologie : Montesquieu et son temps. Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture
20. Essais sur l'art et le goût
David Hume
3.00★ (6)

Nous ne cessons d'apprécier des objets, nous leur donnons de la valeur, nous les disons beaux ou laids. La beauté ou la laideur ne sont donc pas des qualités réelles des choses. Mais ce sentiment qui est le nôtre est causé par des qualités qui sont bien réelles dans les choses. De sorte que, la nature humaine étant assez ordinaire parmi les hommes, Il n'est pas vain de rechercher dans les matières du goût, et plus particulièrement dans les matières littéraires, des lois générales qu'on peut figurer dans des modèles choisis ou représenter, sur un mode critique, dans une règle du goût. L'argument de Hume est simple, mais prête à des analyses fort subtiles. On en suit la progression avec bonheur dans ces essais magnifiquement écrits par leur auteur.
21. La Règle du goût
David Hume
3.50★ (16)

« Tous les goûts, dit-on, sont dans la nature » et « des goûts et des couleurs on ne dispute pas ». S?ensuit-il pour autant que la beauté se réduise à ce que chacun en perçoit ? Si tel est le cas, le barbouillage le plus grossier vaut la toile du maître? Devant une telle inconséquence, le philosophe écossais David Hume (1711-1776) montre qu?il est légitime de rechercher une règle du goût, une manière commune de juger du beau et du laid. Car avoir du goût, ce n?est pas seulement sentir, c?est savoir sentir. Et pour comprendre la genèse de ce savoir pratique, le philosophe nous invite, à la lumière du double rapport de la sensibilité et de l?éducation, à reconsidérer sans préjugés notre expérience de la beauté.
22. Goût et dégoût : L'art peut-il tout montrer ?
Carole Talon-Hugon
L'art du XXe siècle a transfiguré le banal. Mais qu'en est-il de ce qui inspire le dégoût et soulève le coeur ? Jusqu'à quel point l'horreur peut-elle devenir sujet de l'art ? Pour répondre à cette question, Carole Talon-Hugon remonte à la théorie classique des passions et de la représentation artistique des sentiments déplaisants. Elle étudie les rapports de l'art et de l'affectivité, le rôle de la fiction dans la modification des affects. Elle examine les interdits classiques de la représentations de l'abject ainsi que les approches contemporaines du dégoût. Elle montre jusqu'à quel point la représentation de l'abject est possible - mais quelles limites impose le réalisme de la représentation. Son livre montre qu'une réflexion complète sur l'art ne peut faire l'économie d'une théorie des passions et des affects
23. Eloge du mauvais goût
Frédéric Roux
3.50★ (7)

« Tous les goûts sont dans la nature » est l'une des idées reçues les plus ressassées à propos de ce qui nous préoccupe et, sûrement, l'une de celles qui nous égarent en nous désignant la plus mauvaise direction possible. La meute aux trousses de la connaissance n'est pas seulement désorientée, elle fonce dans le mauvais sens, celui où tous pataugent à l'envi, jusqu'à disparaître sur le versant opposé de l'intelligence.
24. La transfiguration du banal
Arthur C. Danto
4.30★ (26)

Dans une fable illustre, Borges a montré que deux textes littéralement indiscernables pouvaient constituer deux oeuvres différentes, voire antithétiques. Arthur Danto étend ici à l'ensemble des pratiques artistiques l'interrogation soulevée par une telle "expérience de pensée" : le même objet peut être ici une vulgaire roue de bicyclette, là une oeuvre (Roue de bicyclette, par Marcel Duchamp) fort cotée à cette Bourse des valeurs esthétiques qu'on appelle le "monde de l'art". Une telle transfiguration montre que la spécificité de l'oeuvre d'art ne tient pas à des propriétés matérielles ou perceptuelles, mais catégorielles : l'oeuvre possède une structure intentionnelle parce que, figurative ou non, elle est toujours à propos de quelque chose. La démarche de Danto surprendra: vive et amusante, souvent provocante (dans la ligne des pratiques dada ou pop qu'elle prend pour paradigme), elle procède volontiers par hypothèses, paradoxes et variations imaginaires. Mais on vérifiera qu'elle ébranle d'autant plus efficacement les habitudes les mieux assises de la pensée esthétique qu'elle s'appuie sur une connaissance intime de l'art classique et contemporain. 
25. Adorno et la modernité
Marc Jimenez
Elaborée dès le début des années 20, riche de l'expérience de l'art moderne et des avant-gardes, la Théorie esthétique de T.W. Adorno représente un moment décisif dans l'histoire récente des théories sur l'art : celui de la dissolution des systèmes esthétiques et des discours traditionnels. Le texte lui-même est fragmenté en aphorismes ; ces ruptures traduisent aussi bien l'éclatement de l'art moderne en ses tendances multiples que le malaise d'une culture contrainte, bon gré mal gré, de cautionner le système qui la produit et qui la gère. Si certaines catégories de l'esthétique adornienne semblent avoir perdu de leur pertinence, si l'art et la culture de la fin du XXe siècle ? refusant l'austérité moderniste ?intègrent désormais des éléments hédonistes, tels l'humour, le ludique ou la séduction, il n'empêche que la Théorie esthétique dépasse l'expérience historique qu'elle circonscrit et que le concept de modernité auquel elle se réfère est loin d'être périmé au regard de l'éclectisme culturel actuel. L'esthétique qualifiée ici de « négative » entend conserver à l'art et aux oeuvres d'art leur potentiel de négation vis-à-vis de la réalité. Refusant l'idée d'une sphère artistique qui servirait de refuge aux existences à la fois massifiées et atomisées de la société post-industrielle, cette esthétique demeure une esthétique du risque et de l'expérimentation, hostile aux tendances régressives de l'historicisme post-moderne, et persuadée que le détournement esthétique des plus récentes technologies constitue encore une réponse appropriée à l'industrie de la culture et à l'emprise croissante d'une rationalité instrumentale.
26. Attentat
Amélie Nothomb
3.44★ (4291)

"La première fois que je me vis dans un miroir, je ris : je ne croyais pas que c’était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c’est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle." Epiphane Otos serait-il condamné par sa laideur à vivre exclu de la société des hommes et interdit d’amour ? Devenu la star – paradoxale – d’une agence de top models, Epiphane sera tour à tour martyr et bourreau, ambassadeur de la monstruosité internationale… et amoureux de la divine Ethel, une jeune comédienne émue par sa laideur. Sur un thème éternel, la romancière d’Hygiène de l’assassin et des Catilinaires nous offre un conte cruel et drôle, à la fois distancié et tendre.
27. Mercure
Amélie Nothomb
3.75★ (5798)

Une monstrueuse jeune fille, Hazel, atrocement défigurée par un bombardement ; un vieillard, le Capitaine O. Loncours, à quai depuis longtemps ; une maison biscornue d'où tous les objets réfléchissants, des miroirs jusqu'aux petites cuillères, ont disparu : décidément, l'île de Mortes-Frontières la bien-nommée abrite de bien étranges secrets, jalousement gardés par les sbires du capitaine, qui fouillent sans pitié tous ceux qui s'y aventurent... Françoise, la jeune infirmière appelée au chevet d'Hazel, en fait l'expérience, mais le plus mystérieux l'attend à l'intérieur : il lui faudra soigner Hazel, mais sans jamais poser la moindre question, sous peine de mort. Drôles de conversations, alors, que celles des deux jeunes femmes... Comme à chaque fois depuis "Hygiène de l'assassin," Amélie Nothomb prend un malin plaisir à jouer de notre curiosité malsaine pour les histoires un peu sordides, sans hésiter à nous brutaliser de sa plume acérée. "J'adore votre façon de raconter de jolies histoires pour ensuite en poignarder la poésie" : ces quelques mots de Françoise pour Hazel désignent certainement Amélie ! Karla Manuele
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