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Critiques de Catherine Leroux (66)
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Madame Victoria

Catherine Leroux a construit cette dizaine de nouvelles à partir d'un fait divers à savoir la découverte d'un squelette dans un bois au sommet d'une colline, à proximité de l'Hôpital Victoria de Montréal.



Elle a donc opportunément baptisé l'inconnue, dont ne subsistent que quelques ossements, du prénom de Victoria. Et elle a donc imaginé les trajectoires variées de ces Victoria qui les mèneront toujours sur cette colline pour y terminer leur vie.



La qualité des nouvelles est inégale, chaque lecteur peut donc les apprécier selon sa réceptivité et ses perceptions. Le style est là, brillant, alternant courtes phrases et propositions plus étoffées, avec de rares dialogues qui traduisent exactement les sentiments de ceux qui les prononcent.



Victoria est tour à tour faible ou forte, admirée ou ignorée, aimée ou délaissée, elle-même aimante, la couleur de sa peau pouvant elle aussi changer, voire être martyrisée par un urticaire géant provenant du simple fait de côtoyer des humains. En tout cas, elle est toujours puissamment déterminée à accomplir sa destinée et, si elle cherche quelquefois des échappatoires illusoires, elle revient invariablement vers le chemin qui la conduit à l'aboutissement de son enveloppe corporelle.



C'est une oeuvre essentiellement psychologique, avec de très beaux portraits féminins, développés au fil des pages au point que, quelle que soit la Victoria finale, le lecteur ne peut que s'attacher à l'image qu'elles toutes lui renvoient, quitte à construire lui-même celle qu'il veut reconnaître comme sa propre héroïne.



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L'Avenir

Parfois, il faut du temps à un talent pour franchir les océans.

C’est le cas de Catherine Leroux, autrice québécoise qui, après avoir exercé le métier de journaliste, se tourne vers l’écriture et la traduction.

Publiée aux éditions Alto à Québec, elle enchaîne les romans avec La Marche en forêt, Le mur mitoyen ou encore Madame Victoria. Régulièrement récompensée pour ses écrits, c’est seulement avec son cinquième ouvrage sobrement intitulé L’Avenir qu’elle franchit l’Atlantique pour se poser aux éditions Asphalte et rejoindre les rayonnages français.

…Et il était temps !



Dans L’Avenir, les choses sont d’abord incertaines. Étranges pourrait-on dire. Gloria débarque dans une ville du nom de Fort Détroit où tout semble aller à vau-l’eau. Les maisons se meurent, les habitants survivent, les violences sont banales, la décrépitude guette à chaque rue.

L’arrivée de Gloria ne doit pourtant rien au hasard. Vient-on de toute façon par hasard dans cette ville au bord du précipice ? Certainement pas.

Elle emménage ainsi dans la maison abandonnée de sa défunte fille, Judith, dont elle ne connaît plus grand chose. On sait qu’un drame s’est passé, que Judith est morte. Oui mais pourquoi et surtout comment ?

C’est là toute la question au début du roman de Catherine Leroux. Simultanément, un autre drame montre son hideuse face avec ce vieillard fauché en pleine rue par un chauffard et qui passe de vie à trépas sous les yeux médusés de Gloria…et d’Eunice. Cette dernière, impuissante devant la mort de celui qui se révèle être son père, n’a pas d’autre choix que de se résigner et d’encaisser. Ce ne sont pas les flics brutaux et inefficaces de Fort Detroit qui pourront l’aider. En restent-ils d’ailleurs de ces flics ?

Petit à petit, Gloria visite les alentours et fait la connaissance des habitants qui restent envers et contre tout. Comme Salomon, le cultivateur féru d’Histoire ou encore Raquel , la vieille femme qui parle aux fantômes.

Des fantômes, Fort Détroit en semble rempli et chaque nouvel arrivant apporte avec lui son lot de spectres blafards. En essayant de comprendre la mort de sa fille, Gloria tente surtout de retrouver ses petites-filles, Mathilda et Cassandra, disparues toutes les deux juste après le décès de leur mère. Pourraient-elles être dans cette forêt aux abords de la ville ? Et ces vols de légumes et de fruits ont-ils quelque chose à voir avec les ombres d’enfants que l’on aperçoit près des fourrés ? Gloria et Eunice vont mener l’enquête pour découvrir leur propre vérité.

Ainsi, nous voici lecteurs dans une ville que l’on ne connaît pas, à une époque qui semble filer entre nos doigts. On sait que nous sommes quelque part dans le futur, un futur qui semble avoir pris un mauvais tour comme souvent mais cette ville, en vérité, qu’elle est-elle ?

Pourquoi nous est-elle aussi familière qu’étrangère ?



L’étrangeté que l’on ressent à la lecture de L’Avenir ne vient pas du fait qu’on lise une sorte de roman post-apocalyptique déguisé. Non. Elle tient à ce que Catherine Leroux brouille les cartes du passé. Son roman, malicieusement, s’essaie à l’uchronie puisque si Fort Détroit nous semble si tangible, c’est que dans notre monde, on l’appelle Détroit tout court.

Une ville américaine. Oui. Mais pas ici, pas cette fois.

Dans le roman de Catherine Leroux, Fort Détroit est tombé aux mains du chef Pontiac et des Amérindiens alliés aux français. Dès lors, tout en est bouleversé et c’est la langue même qui se retrouve profondément affectée.

Voilà pourquoi les habitants de Fort Détroit parlent ce patois québécois qui surprend autant qu’il dépayse. Pour autant, l’uchronie n’est que le socle sur lequel se construit l’histoire. C’est dans le genre imaginaire que s’enfonce le récit par petites touches. Par cette époque où la société est déjà tombée en morceaux, comme une Apocalypse par glissements plutôt que par fracture. Et puis des touches de fantastique envahissent la vie de nos protagonistes. D’abord de façon complètement évanescente puis, dès la seconde partie, de manière plus frontale, à la manière d’un conte.

Arrivé dans la forêt, le lecteur fait la connaissance des orphelins qui y résident, des gamins, des mini, des kids. Pow-Pow, Vlime, Tic-tac, Terreur, Baleine, Adidas, Lego et tant d’autres sobriquets qui renvoient immédiatement aux enfants perdus d’un certain Peter Pan. Qui refuse non seulement de grandir mais aussi les règles du monde adulte d’en face, celui qui tombe en morceaux et vit dans le feu, dans les cendres. C’est Gloria, dans sa quête de vérité qui va prendre contact avec eux, qui va s’inviter dans ce monde qui, pourtant, fonctionne très bien sans elle, sans eux, les grands.

L’Avenir se transforme alors en roman quasi-féérique, doucement mélancolique, où l’on chasse la chape de plomb du présent par les brillants feux follets d’une jeunesse qui fraye où elle veut, comme elle veut et avec qui elle veut.

Catherine Leroux ne souhaite pas esquiver la dureté de son histoire.

Des drames, des morts, des explosions, des larmes, il y en aura.

Mais son message n’est pas celui de la fin ou du pessimisme. Loin de là.



Toute la beauté de L’Avenir réside dans la réconciliation et la renaissance. Catherine Leroux l’avoue d’ailleurs volontiers dans ses remerciements. Malgré les catastrophes et les désastres, derrière les soulèvements, l’armée, les bombes et tous les empoisonnements du réel, la québécoise montre l’espoir. Alors peu à peu, on apprivoise les enfants sauvages et les fantômes rancuniers pour comprendre que le monde continue à tourner. Que l’entente est possible, que la solidarité entre voisins et entre générations, que le respect des aspirations des uns et des autres offrent un monde nouveau. Meilleur pour autant ? Trop tôt pour le dire. Mais il bouillonne ce monde décrit par Catherine Leroux. Le feu détruit autant qu’il purifie, il permet à une nouvelle génération de pousser et de s’épanouir. Qu’une tour branlante soit mise à terre, ce n’est que partie remise. Ce n’est qu’un cycle.

La force immense de L’Avenir, c’est cet optimisme envers et contre tout, sa capacité à pardonner au monde et même à ceux qui tuent. C’est sa capacité à comprendre plutôt qu’à condamner. Pour cela, impossible de faire l’impasse sur le style vraiment sublime de Catherine Leroux, aérien et léger, qui se promène de poésie en métaphores, qui jette des poussières d’étoiles sur un monde pourtant bien noir dans le fond.

Reste alors les mots, qu’il faut comprendre, qu’il faut lire, des mots comme un passage, des mots comme un pardon, des mots comme un espoir.

À Fort Détroit, lentement mais sûrement le monde prend fin et renaît comme il le veut, comme ceux qui le peuplent le veulent.



Uchronie, fin du monde, policier, fantastique, conte, récit familial et initiatique, chemin de croix et d’acceptation, de rédemption, que de mots et que de thématiques pour ce roman aussi élégant que généreux qui brûle les cases pour capter l’humanité incandescente de ses personnages, pour apprivoiser l’autre et donner une nouvelle chance au monde.

Un roman qui aime et qui brille, qui voit le monde et le réenchante pour en faire jaillir un fleuve d’espoir. Catherine Leroux vous offre tout cela en moins de 300 pages et c’est beau, tout simplement.
Lien : https://justaword.fr/lavenir..
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L'Avenir

L’Avenir est un roman uchronique (*) dont l’intrigue se passe dans une version de la ville de Détroit dégradée par une quelconque catastrophe autant économique que climatique: un Fort Détroit que l’auteur imagine sombre et brûlé où on continue de parler français comme à l’époque de sa fondation.

Dans ce monde un peu gris, Gloria s’installe dans la maison désertée de sa fille à la recherche de ses deux petites filles qui ont disparu après la mort de leur mère. Elles vivent sans doute dans la forêt avec les autres enfants à l’écart des adultes, se protégeant de leurs excès. Dans la ville, malgré le chaos et la violence, une communauté tente de s’organiser pour survivre, ensemble. Comme Salomon qui laisse volontiers les enfants de la forêt chiper ses légumes, elle tente de les approcher, de créer un pont.

Petit à petit, elle prend la mesure de la désolation et de la violence qui l’entourent, mais aussi de la beauté d’une nature qui reprend ses droits et de la résilience des humains qui tiennent bon. Au sein d’une communauté têtue et généreuse, elle s’éprend de la complexité de ce lieu où les rivières guérissent et empoisonnent, où les enfants fondent des royaumes dans les arbres, où les maisons brûlent pour mieux repousser, où la jeunesse arrache sa vie à l’ancien monde, et où passé et futur sont confondus dans un même mouvement libérateur.

C’est un roman empreint de résilience, de complicité et même de tendresse malgré la dureté, la désolation et la violence.

C’est aussi un roman d’espoir et de renouveau porté par la beauté de la nature qui reprend ses droits et de la forêt où les enfants fondent des royaumes dans ses arbres.

Une histoire qui prouve que la beauté peut renaître à tout moment même au milieu des cendres d’une maison carbonisée. Un roman à l’écriture juste et audacieuse qui nous rappelle à l’ordre sur notre impact face à la nature et qui nous assure que l’amour et l’entraide sont à la source même des grands changements.

Un roman porté par une écriture riche, troublante et évocatrice.

Les maisons qui sont habitées sont des « mortes ressuscitées »



(*)Dans la fiction, l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification du passé.

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Le mur mitoyen

Roman choral qui entremêle 4 histoires différentes en se jouant de la chronologie et demande effort, patience et attention pour découvrir les liens disséminés pour trouver les pièces d'un puzzle finement agencé. L'écriture est magnifique et sert la profondeur des sujets traités. On y trouve la quête de ses origines, la filiation, la parentalité, l'amour fou et le désamour, le deuil et la résilience. Tous les murs, toutes les frontières entre les humains sont explorées, et reliées aux tremblements de terre qui les font s'effondrer. C'est un projet ambitieux, j'ai eu l'impression d'un trop plein parfois même si je reste admirative de cette jeune auteure québéquoise talentueuse à suivre.
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L'Avenir

Gloria cherche ses deux petites-filles disparues après le meurtre de leur mère dans Fort Détroit, un double inventé de la ville de Détroit, ayant subi on ne sait quelle catastrophe. C’est une uchronie sur la famille, les erreurs des adultes, le retour à la vie sauvage, à la nature.



C’est un roman dense qui use de beaucoup de phrases descriptives. Trop peut-être. C’est parfois contemplatif, parfois historique, et ses réflexions ralentissent le récit. Certain.e.s aimeront, personnellement je préfère quand c’est par petites touches. Sinon ça me lasse. Et j’ai bien failli arrêter ma lecture tant la première partie m’a paru longue. Mais, à partir de la deuxième partie, on entre dans le vif du sujet et je n’ai plus lâché ce livre.



L’histoire de Gloria et de sa famille est assez addictive. On a envie de connaître le fin mot de l’histoire. Qui a tué sa fille ? Où sont ses petites-filles ? Pourquoi cette femme a-t-elle perdu le contact avec sa famille ? Etc. Bon, il y a des choses qu'on soupçonne progressivement mais c'est assez intrigant quand même...

J’ai également trouvé les personnages de ce roman lumineux, particulièrement Salomon, Eunice et les enfants sauvages. Il y a une jolie fin aussi, sur le passage de l’enfance au monde des adultes, sur le fait de s’apprivoiser ou de retourner à une liberté plus primitive. C’est bien amené et c’est une lecture qui pousse à s’interroger sur pas mal de choses : la place de la nature, la place de l’enfant dans la société, la gestion des violences et le fait de laisser chacun.e être soi-même dans la société. Intéressant.
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L'Avenir

L’Avenir est un très beau roman dont la plume poétique nous emporte dans ce Détroit parallèle plein de drames mais aussi, entre les larmes, de beauté. C’est un récit de renaissance, un récit pour un futur plus doux. Lent, déstabilisant, il peut désarçonner mais son final de toute beauté mérite de poursuivre jusqu’au bout.



Critique complète sur yuyine.be!
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L'Avenir

Fort Détroit. Une ancienne ville industrielle s’enfonçant peu à peu dans la pauvreté. De sa maison, Gloria voit son voisin se faire renverser dans la rue et mourir. Tout autour d’elle semble sur le point de s’éteindre. La sexagénaire n’est en effet pas originaire d’ici. Elle est venue dans cette maison, cette rue, cette ville car sa fille, toxicomane, y est morte et ses petites-filles adolescentes ont disparu.

À lire ce résumé, vous pensiez que L’Avenir de Catherine Leroux est un polar ? Perdu. C’est une uchronie frôlant parfois le fantastique et emplie d’une bonne dose de réalisme magique. Elle nous plonge dans un monde où Détroit a gardé ses racines françaises et québécoises, mais où la récession et la pollution tuent la ville à petit feu. Ne laissant derrière eux que des « enfants sauvages » et des adultes déclassés perdus dans leurs souvenirs et leurs rêves. Et pourtant… Malgré la dureté de l’univers et des situations qu’elle décrit, Catherine Leroux signe avec ce texte un roman plein d’espoir. Le temps des quelques mois de la saison chaude, Gloria va découvrir Fort Détroit, ses habitants, sa faune et ses multiples tendances à l’embrasement. Elle s’enfoncera dans ses tréfonds allant de déconvenues en abandons avant que, tel un coup de foudre annonciateur de pluie, elle ne se réveille, que l’ensemble du quartier ne se réinvente une fois de plus et que tous ses habitants ne fassent leurs mues. Certains tourneront le dos à leur ancienne vie, d’autres se réconcilieront avec leur passé. Certains y laisseront la vie, d’autres continueront leur bonhomme de chemin quasi-intacts.

L’histoire nous est racontée tour à tout en se plaçant aux côtés de Gloria, des différents « enfants sauvages » du parc de la Rouge, de Solomon l’ancien musicien devenu agriculteur urbain, ou encore de Priscilla, pitbull de son état. Et plus que les différentes péripéties des protagonistes, c’est la langue de l’autrice qui nous entraîne au long des 304 pages de son récit. Québécoise, son vocabulaire n’est pas édulcoré, filtré ou traduit pour être immédiatement lisible par les Français d’Europe. Il faudra jouer aux devinettes pour comprendre les personnages, quitte parfois à accepter que certains termes nous échappent. La syntaxe et le rythme des phrases ne doivent en revanche rien aux origines de l’écrivaine et lui appartiennent en propre. Grâce à eux, L’Avenir oscille souvent entre le roman et la poésie en prose pour le plus grand plaisir des lecteurs. Et pour une fois, je vous conseille d’aller d’abord à la fin vous reporter à la playliste fournie par l’autrice pour profiter de votre lecture en musique.
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L'Avenir

Extrait de ma chronique :



"L'univers de L'Avenir se partage donc, à première vue, entre deux mondes irréconciliables :



– celui des adultes, tentant de survivre dans une ville abandonnée par les autorités (les forces de l'ordre n'interviendront guère que quand le sort d'une usine sera en jeu, et sans efficacité aucune, voir page 264 : "ils ont intimidé une population déjà accablée sans élucider quoi que ce soit") ;



– celui des "gamins perdus", des "enfants sans famille" (page 112), "des kids de familles rough qui ont fait des fugues ou que les services sociaux ont échappé. Des orphelins d'overdose, des filles de parents incarcérés" (page 172), tentant eux de survivre dans la forêt (d'où leur vulnérabilité à la fois aux conditions climatiques et à la pollution humaine), mais aussi de "stopper l'avancée de la ville et réussir l'exploit de ne pas grandir" (page 117).





Cette opposition reflète évidemment celle entre monde réel et Neverland, car le modèle assumé de L'Avenir (voir le même entretien), c'est évidemment le Peter Pan de James Matthew Barrie (même si d'autres références peuvent venir en tête, comme Quinzinzinzili de Régis Messac, Toxoplasma de Sabrina Calvo, ou les films Lost River de Ryan Gosling et Ame et Yuki de Mamoru Hosoda)"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Le mur mitoyen

Un roman choral qui met en scène divers personnages plus ou moins inspirés de faits divers réels. Les thèmes abordés concernent les liens familiaux, plus particulièrement les relations fraternelles et l'adoption. Il y est aussi question de politique, de voyages et de chats!



Les liens qui unissent les différents arcs narratifs sont ténus mais solides, comme un filet de sécurité invisible qui soutiendrait l'ensemble du roman et dont les mailles subtiles ne se révéleraient qu'à la toute fin. J'ai aimé les personnages et les sujets abordés, mais j'ai surtout été impressionnée par la qualité de l'écriture. À chaque page se trouve une belle métaphore ou une pensée délicate donnant envie de s'attarder entre les lignes du texte.



Je replongerai certainement dans l'univers de cette autrice dans un avenir proche...
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L'Avenir

L'avenir. Si fragile. Si incertain. Et cette peur qui tenaille. L'avenir qui peu être lumineux, chantant. Et cette confiance en demain qu'il faut chérir, malgré tout.



Mais pour comprendre l'avenir, il faut se retourner sur le passé. Et si Detroit était encore une ville francophone ? Si cette ville avait gardé le français comme langue première, aurait-elle connue un autre destin ? A Fort Detroit, on parle français, on vit dans quelques quartiers plus ou moins préservés, la nature reprend peu à peu ses droits. Et une petite communauté d'humains s'organise. Encore plus petite autour de Gloria qui cherche ses petites-filles disparues. Dans cette quête, elle pourra compter sur Eunice et Salomon, deux rocs, force tranquille et énergie de vie. Ceux dont on sait qu'ils sont faits d'un bois solide, qu'ils font toujours face aux épreuves et se nourrissent des contraintes. Eunice, qui épaule et guide Gloria, en sœur. Salomon, qui cultive et nourrit, en grand-père.



Et puis une autre communauté, celle des enfants perdus, plus proche du pays imaginaire. Une autre langue aussi. Un français où les verbes se conjuguent différemment, plus enfantin, plus direct. D'autres rites, une autre appréhension de la nature, du monde qui les entoure. Ces enfants vivent selon leur propres codes (pas moins violents), en marge, mais on ne peut plus présents au monde. Ils se tiennent éloignés des adultes, apeurés. Ils les défient aussi. Et se laissent parfois apprivoiser.



L'avenir c'est un roman dystopique qui regarde du côté de l'utopie. Et si les enfants avaient le pouvoir de ressentir plus fort, de rêver plus ? De s'adapter à ce monde qui brûle en se raccrochant aux racines plus qu'aux branches ? Et si les adultes, dans l'urgence de vivre, prenaient malgré tout le temps de regarder au loin ? Et de se dire que les lignes peuvent bouger, si on est ensemble, solidaires, soudés. Des langues différentes mais une compréhension mutuelle. Ce qui fait que nous sommes vivant au monde.



Encore une fois, la littérature québécoise apporte une autre voix. Comme dans Indices des feux, la crise écologique est abordée avec subtilité. C'est intelligent. Différent. Et c'est un pas de côté qui fait du bien.
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L'Avenir

Découvrir une autrice québécoise et tomber en pâmoison devant son écriture est encore possible. Rares sont les romans aussi singuliers que L’avenir, qui, à travers la forme et le fond permet de s’émerveiller des lignes que l’on a sous les yeux. À travers Gloria, la soixantaine qui souhaite, après l’assassinat de sa fille, découvrir pourquoi ses deux petites filles ont disparu, nous allons à Fort Détroit. Avec le sens de l’uchronie, la ville de Détroit respire l’abandon, la désertion de l’humanité, là où chaque parcelle ne peut plus humer l’odeur du monde. En créant un lieu historique et en offrant la nationalité française à cette ville, Catherine Leroux s’insère dans les affres de l’âme humaine. Pour résoudre cette enquête, Gloria s’entoure de personnages secondaires qui la réveilleront de sa torpeur ambiante. Sa voisine Eunice, bourrue et généreuse dont le père vient d'être mortellement touché par un automobiliste, viendra inonder le roman de son coté dynamiteur. Puis il y a Salomon, l’agriculteur féru d’histoire qui aura besoin de contradicteurs dans les débats qu’il entreprendra. L’intrigue tissant son fil, nous en apprenons davantage sur le passé de cette famille en désuétude. Sa fille qui mangeait de la terre comme pour se ressourcer dès son plus âge, ne laisser rien apparaitre de bon. Sachez cependant que dans une seconde partie, les enfants qui se retranchent du monde pour cohabiter, à l’instar de Peter Pan, ouvrent une nouvelle perspective à cette écriture si virevoltante.



C’est un roman sombre totalement éclipsé par la lumière et la reprise des droits de la nature avec une verve évidente. Catherine Leroux ne s’arrête pas là et crée ainsi son propre langage où chaque dialogue entre français, anglais, québécois prend tout son sens dans un monde brisé. Vous cumulerez avec l’autrice une ode à la nature, du réalisme magique, une métaphore à échelle romanesque de cette société qui ne demande qu’à aller mieux. Un langage protéiforme en fonction des personnages qui m’a totalement conquis dans son approche linguistique et littéraire. Si la cause environnementale est devenue une priorité, Catherine Leroux envisage aussi le prisme social par lequel nos jeunes et futures générations risquent d’être heurtées de plein fouet. Eux qui se radicalisent et n’ont plus de temps à perdre pour tenter de sauver leur avenir, deviennent des étendards que l’on ne souhaite plus quitter. Écrire que ce livre est brillant devient une évidence. Alors direction le parc de la Rouge pour ne pas tomber dans le Ravin.


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L'Avenir

« Je remonterai sur mon cerf-volant

Et vous laisserai vos cent mille enfants

Chargés d'eux-mêmes

Pour jeter les dés dans la main du temps »

Gilles Vigneault

Poignant, la pierre angulaire d'une littérature hors pair.

« L'avenir » et ses enfants, horde sauvage battue par le vent.

Détroit, le mythe des résistances, des Amérindiens. Ici, la contemporanéité d'un texte de renom, sombre et tendre, rude et olympien.

« On croyait que Fort Détroit était un lieu protégé par une alliance de démons. le Satan des catholiques, le Wendigo des Outaouais, le Nain rouge du détroit.Les Américains ont rien voulu savoir. »

Gloria c'est elle le portrait de ce grand livre. Une fille unique Judith qui s'est éloignée peu à peu, distance et marginalité. Cette dernière vivait à Fort- Détroit avec ses deux filles Cassandra et Mathilda dans un antre délabré comme la région rude et intestine dont la communauté oeuvre à la résistance, aux veilles solidaires. Judith vient de mourir, Gloria est effondrée en proie au vertige et aux vérités qui vont éclater immanquablement. Les lignes bleu-nuit, soudées et magnifiques empreintes d'humanité soufflent sur « L'avenir ». Les deux petites filles ont disparu. Qu'importe ! La police est indifférente, le drame est ordinaire. La communauté rejetée dans ses malheurs, assignée à l'entraide entre amis et voisins. Gloria est en quête, retrouver ses petites-filles et renouer avec l'austérité d'un lieu dont le fantôme de sa fille hante les chemins gorgés de poussière et de rudesse.

« La maison tremble toutes les nuits. Et toutes les nuits,Gloria se répète que c'est le vent, que c'est un avion qui passe au-dessus de Fort-Détroit. »

Gloria ressent les menaces d'un lieu qui trace les messages. Des bruits sourds, la nuit, des pas chapardeurs, le nécessaire aux survies disparaît. Qui et pourquoi ?

Gloria va remonter le fil du temps, rassembler l'épars et enquêter. Où sont ses deux petites-filles ? Litanie, matrice et rédemption. Gloria erre dans les lieux sombres, peuplades d'enfants abandonnés, autarcie aux ailes brisées , « Sa majesté des mouches » bandes de gosses, anges-démons, la forêt matrice. Elle pressent les fillettes dans les tréfonds épais, faim aux abois, la fuite tenaille. Gloria est d'une empathie stupéfiante pour ces enfants poulbots. La tristesse douce, l'obsession des retrouvailles est son coeur qui bat en diapason, « elle n'est plus que flair », d'ombre et de lumière, d'instinct et de mémoire.

« L'avenir » est profondément vivant, tenace et sensible. Dans une double lecture, excelle l'infinie douleur d'une communauté rejetée comme du pain moisi.

Ce roman de Catherine Leroux, intranquille, d'une force inouïe, magnifique est un chef-d'oeuvre fascinant.

Gloria le point d'appui d'un périple rédempteur et initiatique.

Un roman piédestal, un monument !

Publié par les majeures éditions Asphalte.
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Madame Victoria

Le point de départ de ce roman est très émouvant : c’est une histoire vraie que celle de ce squelette de femme retrouvé à proximité de l’Hôpital Royal Victoria à Montréal et la manière dont Catherine Leroux met en scène la découverte des restes par un soignant de l’hôpital et l’appel à témoins entendus au téléphone et triés par une écoutante rend cette personne inconnue très proche, cela lui rend déjà de l’humanité et de la dignité qui ne lui ont sans doute pas été suffisamment accordés de son vivant.



Ensuite, Catherine Leroux s’exerce au jeu des hypothèses, elle invente des vies à cette « Victoria » et sa palette de couleurs est très riche, très vaste dans la variété des genres : du bas au haut de l’échelle sociale, du personnage historique à celui venu du futur, de l’enfant icône à la femme fourbue sous le poids des enfants en passant par la jeune mère célibataire , de l’hypersensible à l’égocentrique sans oublier l’amoureuse, Victoria revêt toutes les personnalités, elle épouse sans aucun doute l’histoire de Montréal et de la création de son Hôpital royal (mais je ne connais pas assez l’histoire de la ville), « entité éternelle et abstraite » (la définition de ce motif récurrent d’ Eon) aux yeux vairons.



Ce qui frappe, comme dans Le mur mitoyen, c’est l’écriture de Catherine Leroux, sa profondeur, sa force, la finesse, l’empathie de sa psychologie, son art de nouer des liens, de relier toutes ces facettes kaléidoscopiques pour donner de la chair, à cette femme perdue, oubliée. L’auteure sait dire comme personne la douleur, le désir, la solitude, l’addiction, la fatigue, la folie, et l’amour aussi. C’est certainement une des voix incontournables de la littérature québécoise d’aujourd’hui.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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L'Avenir

Fort Detroit est dans ce roman la ville jumelle, imaginaire et francophone de Detroit.

Elle ressemble à la vraie ville de Detroit sur bien des plans : après une période de prospérité économique liée à l'industrie automobile, y règnent désormais la misère, l'abandon, l'insécurité, la drogue.

Quand Gloria arrive à Fort Détroit après la mort de sa fille, elle s'installe dans la maison de cette dernière et se met en quête de retrouver ses deux petites filles disparues à la mort de leur mère. Il faudra le soutien de ses voisins, rares mais précieux, habitués à survivre en ce lieu, pour lui donner la force de les chercher. Et de découvrir que de nombreux enfants vivent sans parents, sans adultes référents, en bandes plutôt organisées dans un parc abandonné de la ville.

Ce livre, au premier abord douloureux, est lumineux.

La langue tout d'abord est magnifique, musicale : mélange de français du Quebec, d'anglais, de mots et expressions d'enfants qui n'ont pas connu les bancs de l'école. C'est un régal.

Et puis, et comme le dit le titre, on n'a pas le temps dans cette communauté de s'attarder sur le passé. Seul compte le jour présent, l'urgence est celle de la survie, et l'avenir. Celui à court terme d'un potager qui voit le jour au milieu des ruines, celui de ces enfants sauvages, malins, résilients et celui de la famille que Gloria se choisit.

De beaux personnages et une belle histoire, à découvrir vite .

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L'Avenir

Dans un Fort Détroit abandonné des puissants, où les enfants perdus retournent aux forêts des parcs municipaux, de nouvelles solidarités s’inventent dans la tourmente, en une vraie fête du langage.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/04/01/note-de-lecture-lavenir-catherine-leroux/



Je ne peux que vous inviter à vous précipiter dès que possible sur cet excellent roman de la Québécoise Catherine Leroux, publié chez Asphalte en janvier 2022 (après une première publication au Canada chez Alto en 2020).



Pas de véritable note de lecture pour l’instant, car ce pas de côté légèrement science-fictif ou uchronique (qui a pour cadre déliquescent un Fort Détroit qui ressemble au Detroit d’aujourd’hui mais qui ne l’est pourtant pas tout à fait, très malicieusement) fait l’objet d’un petit article de ma part dans Le Monde des Livres, numéro du jeudi 31 mars daté du vendredi 1er avril 2022 (et non, ce n’est absolument pas un poisson), à lire ici.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'Avenir

Catherine Leroux, dont j’avais apprécié les histoires anonymes de solitudes regroupées autour de la mort d’une mystérieuse https://rivesderives.blogspot.com/2017/10/madame-victoria-catherine-leroux.html ou encore le style assumé dans la traduction réussie du magnifique https://rivesderives.blogspot.com/2019/11/nous-qui-netions-rien-madeleine-thien.html de Madeleine Thien, nous transporte ici dans un Fort Détroit imaginé, un Fort Détroit survivant et demeuré francophone, un Fort Détroit abandonné où les quelques habitants tentent de faire revivre des lieux à la dérive. C’est donc à l’intérieur de cette surprenante uchronie que Gloria, en deuil de sa fille, est à la recherche de ses petites-filles depuis disparues. Dans ce milieu violent, dur et a priori inhospitalier, Gloria va trouver une étonnante solidarité faite de bienveillance et de liberté. C’est cet équilibre parfois précaire entre la rudesse du lieu et la coopération de certains de ses occupants qui apporte à cette histoire du futur l’espace nécessaire pour qu’une subtile lumière puisse s’insérer. L’avenir, c’est aussi un regard sur le temps, sur notre rapport ambigu avec demain, sur notre perception de l’enfance et les relations intergénérationnelles. L’avenir, c’est aussi une lueur d’espoir.
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Madame Victoria

À la fois recueil de nouvelles et exercice de style, cet ouvrage rassemble des fictions qui sont toutes basées sur un fait divers réel : la découverte des ossements d'une inconnue dans un parc de Montréal. Dans chacune de ces histoires, l'autrice réinvente la vie de cette femme anonyme, dont l'identité demeure encore un mystère à ce jour.



Un florilège de portraits de femmes s'enchaînent, d'abord plausibles et réalistes puis de plus en plus créatifs et fantaisistes. Très variés, un thème commun les unit cependant : la solitude. En effet, il faut probablement être bien seul pour mourir dans un buisson de la métropole sans que personne s'en inquiète. Quelles malchances, quels choix de vie peuvent conduire à un tel isolement? C'est la question difficile que pose ce livre. Et la réponse est limpide et terrifiante : cela pourrait tous nous arriver.



J'ai trouvé l'idée derrière l'écriture de ce recueil très originale et le traitement, franchement réussi. L'écriture est très agréable, parfois poétique. Je ne connaissais pas Catherine Leroux avant, mais je lirai assurément ses autres publications.
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Le Guide des âmes perdues

Fermez les yeux, installez-vous confortablement et laissez-vous transporter par le murmure d’une écriture intimiste autour de tranches de vies, de quatre duos dont le destin se mêle et s’entremêle de près ou de loin. Bienvenue, dans Le guide des âmes perdues qui vous touchera au plus profond de votre être.

Dénué de superflus, à travers un style d’écriture très elliptique qui prend sens au fil de votre lecture, Catherine Leroux réussit à nous offrir un excellent texte dont chaque histoire vous marque et vous émeut.

Ce roman est un véritable bijou, j’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteure nous raconte toutes ces histoires, j’avais l’impression de voir un métier à tisser confectionnant sous mes yeux tout un monde romanesque et je dois dire que le résultat final m’a éblouie.

A travers ses personnages, Catherine Leroux décortique la notion de liens qu’ils soient familiaux, amicaux ou amoureux. Ils naissent, se tissent, parfois se perdent, d’autres fois se retrouvent mais ils convergent tous vers ce besoin de l’Autre, décrit comme étant vital.

Monette et Angie, Madeleine et Edouard, Ariel et Marie, Simon et sa sœur Carmen, tous voient leurs vies basculer à cause d’un secret qui éclate au grand jour ou un incident auquel ils ne s’attendaient pas. Des personnages comme vous et moi affrontant le destin. Leurs amours, leurs amitiés, c’est ce qui leur permettra de faire face ensemble à la vie.

Je vous recommande donc Le guide des âmes perdues si vous avez envie de savourer une belle écriture narrant des histoire inspirées d’histoires vraies portée par le talent d’une écrivaine, Catherine Leroux.
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Madame Victoria

A partir d’un fait divers qui a beaucoup fait jaser à l’époque, Catherine Leroux extrapole sur ce que aurait pu être la vie, les vies, de Victoria, ce corps sans vie retrouvé dans le boisé attenant a l’hôpital Royal Victoria (d’ou le nom de cette inconnue) à Montréal.

Cette suite de nouvelles, de vraisemblante à incongrue, est entré-coupées de la vie de l’enquêtrice qui tente de découvrir qui est cette morte que personne ne semble connaître.

J’ai beaucoup aimée ce petit roman, je trouve que toutes les histoires imaginées dans Madame Victoria sont empreintes de respect et d’amour pour cette femme, morte sans bruit. Et chacunes des nouvelles ont des points en communs, des personnages récurrents, ce qui lient chacunes d’entres elles de belle manière.
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Le mur mitoyen

Je n’en dirai pas long sur ce roman dont j’attendais beaucoup (l’enthousiasme de Billy et de Nadège à l’occasion de la dernière Foire du livre…) et depuis dimanche soir, je lis en trouvant cela vraiment bien mais en ayant l’impression de rester un peu en dehors, et puis là ce soir, dans les cinquante dernières pages, l’émotion est venue me cueillir et j’en ressors émue, touchée, émerveillée…



Et pourtant ce n’est pas un livre facile, les histoires qui s’y entremêlent le sont très subtilement, on se demande souvent dans quel espace temps l’auteur nous a emmenés, et de fait les personnages vivent les choses à des moments différents, des choses pas des plus banales à vivre. Il est question de deuils, de séparations, de quête des origines, d’identité et surtout, surtout il est question d’amour : des histoires d’amour maternel, de couple, d’amour fraternel, des histoires d’amitié aussi, qui est « un autre nom de l’amour ». Ces histoires sont parcourues par l’image récurrente du mur, du mur mitoyen comme l’indique le titre : un mur qui peut être fin comme la membrane qui enveloppe des jumeaux dans le ventre de leur mère, comme la frontière ténue entre le bien et le mal, un mur qui peut être source de divisions, de séparations traumatisantes, un mur qui peut s’épaissir irrémédiablement mais dans lequel on peut aussi creuser une petite faille qui va s’épanouir et renouer le lien, laisser passer la lumière.



C’est drôlement bien mené, Catherine Leroux révèle un sens de la construction tout en subtilité et bien sûr, ces personnages qu’on croyait si éloignés les uns des autres, on comprend les liens subtils qui les unissent au-delà des murs que d’autres ont parfois dressés contre eux.



Et puis il y a la langue, l’écriture, la finesse, la sensibilité extrême, la poésie qui imprègne le récit… et des tas de références à d’autres romans qui me sont venues à l’esprit et n’enlèvent rien à l’originalité de celui-ci… et il y a des chats aussi… et des personnages attachants, blessés, fragiles mais résilients, que je ne suis pas près d’oublier… Un roman lumineux, à l’image de sa couverture où se détachent des silhouettes légères et diaphanes sur un fond sombre. Une merveille que je vous conseille vraiment de découvrir !
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