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Citations de Chantal Delsol (196)


[…] Mircea Cǎrtǎrescu, auteur de romans et nouvelles, qui cultive un fantastique hyperréaliste, un symbolisme sophistiqué, une atmosphère onirique nourrie de visions cosmiques.
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Chantal Delsol
L'invasion de l'Ukraine par la Russie ressemble bien à un énième épisode de la lutte biséculaire entre les slavophiles et les occidentalistes
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Ce n’est donc pas sa surpuissance qui rend problématique une intégration éventuelle à l’Europe et donc une extension des frontières de celle-ci, non pas jusqu’à l’Oural, qui n’a jamais été une frontière, mais jusqu’à la Chine et au pacifique. Mais c’est plutôt la volonté russe elle-même. Son régime est ce qu’il est, et les Russes sincèrement occidentalistes, car il y en a beaucoup, sont partagés entre le rire et les larmes quand la presse étrangère le décrit comme une « émergent democracy ». Quant à l’Église orthodoxe, elle est mise à profit par ce pouvoir pour nourrir le nationalisme le plus extrême et le plus hostile à tout rapprochement avec la latinité.
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Mais il y a un autre facteur décisif, qui différencie la rupture que nous vivons de celles connues auparavant et spécialement de celle de l’Antiquité tardive. Les Romains du IVe siècle chérissaient leur culture et la défendaient, comme nous en avons la preuve par les écrits de ce temps. La culture « païenne » n’allait pas s’effondrer par négligence ou désaffection de ses adeptes, mais éclipsée par les convictions chrétiennes qui envahissaient tout l’espace. Aujourd’hui, il se produit autre chose : la chute des principes chrétiens est accompagnée, et en partie causée, par une crise de conscience, une mise en cause de soi en forme de procès général. Autrement dit, l’inversion normative est menée sous l’égide de la culpabilité, ce qui la rend violente et pleine d’amertume.
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On peut se demander pourquoi la réaction contre l'idéologie des Lumières, contre la conceptualisation émancipatrice, surgit précisément dans les milieux populaires. Il faut dire tout d'abord que cette réaction surgit, en réalité, partout, y compris chez nombre d'intellectuels dont on pourrait citer une longue liste. Mais ceux-ci se heurtent immédiatement à la force irrépressible de la pensée émancipatrice qui, à la manière d'un torrent, fustige tout ce qui la renie d'un iota, et traite d'idiots ses détracteurs. Le courage ne caractérise pas généralement les intellectuels qui ne possèdent comme patrimoine que leur réputation, et le regard porté sur eux par leurs concitoyens. Aussi, si quelques voix s'élèvent dans ce sens, elles demeurent solitaires et vite marginalisées, donc bien incapables de fonder de véritables courants de pensée, encore moins de créer des écoles de pensée. Tandis que les milieux populaires ont la verve plus facile quand il s'agit de s'indigner contre les puissants, et ne payent guère tribut à la mode de la pensée. C'est pourquoi ils craignent moins de dire ouvertement ce qu'ils ressentent, et apparaissent vite comme les seuls trublions dans un monde dominé par l'hégémonie sans faille d'une seule certitude.
Mais derrière se cache une explication plus profonde. Jamais un peuple ne se soulève au nom d'un concept. Il est trop lié à la vie et ne comprend que la vie. Il ne peut défendre des idées que si celles-ci répondent aux exigences de la quotidienneté. Les concepts ne l'intéressent pas, ni les grands récits, et c'est seulement par tromperie qu'on peut les lui faire adopter. Les idéologues de l'universel ont dû constamment, pour se rallier les peuples, avancer des arguments particuliers derrière lesquels se dissimulait leur doctrine. Staline lui-même a usé et abusé de l'argument nationaliste, et Mao en a fait autant. Dans les pays où il n'était pas au pouvoir, et où par conséquent il lui fallait convaincre, faute de pouvoir terroriser, le communisme, pour s'attirer les peuples, a toujours fait mine de défendre les exigences quotidiennes, au prix de mensonges parfois extravagants.
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Bien des penseurs de l’Europe du Centre-Est, peu connus en Occident il est vrai, peuvent participer au dialogue ouvert sur l’avenir de l’Europe. Du point de vue politique, dans l’Europe du Centre-Est a commencé depuis quelques années un mouvement qui conteste la suprématie arrogante d’un Occident atrophié par son histoire récente. S’agit-il d’un mouvement contestataire qui fait partie de la chute générale de l’Europe par la réapparition de régimes autoritaires (comme en Hongrie et en Pologne) ? Ou, au contraire, de l’apparition de la « question juste », d’un nouveau kairos d’une Europe nouvelle qui n’exclue pas cette fois le dialogue avec une Russie forte mais européenne dans son héritage spirituel et politiquement ouverte vers une ère post-Poutine ? Projet ? Utopie ?
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La synthèse finale sur le conditionnement dramatique de l’individu devant l’histoire et du temps, sur les illusions nées de la défense de la vérité de la vie et des valeurs morales occupe le dernier roman de [Marin Preda], Le plus aimé des terriens (1980), considéré par la critique du temps comme un roman total et une satire violente à l’adresse d’une société de type dogmatique et totalitaire (l’ère des salauds). La phrase finale de celui-ci – Si l’amour n’existe pas, rien n’existe – est une réécriture du précepte du Saint Paul dans sa Première Épître aux Corinthiens qui impose précisément l’idée de l’échec existentiel de l’individu vaincu sur tous les plans, devant une histoire invasive et dont les valeurs ont été faussées ou même anéanties.
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Le textualiste Gheorghe Crǎciun écrit une prose riche, pleine d’images et d’impressions.
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Marin Sorescu a été aussi un poète original qui a créé une formule poétique personnelle. Sa poéticité est orale, comme celle de Queneau et Prévert dans la poésie française.
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Entre 1965 et 1971, Ceaușescu a libéralisé partiellement le régime politique. Au mois d’août 1968 a eu lieu l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. Ceaușescu l’a critiquée, ce qui a augmenté à l’étranger son prestige. Mais, lors des programmes de juillet 1971, le nationalisme est devenu isolationnisme. Les écrivains interdits après 1948 ont été publiés à nouveau. Ont été traduits aussi les écrivains occidentaux interdits jusqu’alors. Les victimes avaient été les poètes modernes, car la poésie moderne était considérée comme décadente par l’idéologie du réalisme socialiste.
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À partir du 1962, [Monica Lovinescu] travaille à la Radio Free Europe, où elle réalisera plus de mille cinq cents chroniques et commentaires.
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Il faut, je crois, comprendre le moment que nous vivons comme une révolution, au sens strict de retour de cycle, dans les deux domaines fondateurs de l’existence humaine : la morale et l’ontologie. Nous sommes à la fois les sujets et les acteurs d’une inversion normative ; et d’une inversion ontologique. C’est dire que nos principes moraux aussi bien que notre vision du monde – avec notre place au sein de ce monde – sont en train de se renverser. Non pas que l’ancien fasse place à des nouveautés inédites - il n’y a pas beaucoup de nouveau sous le soleil. Mais on assiste plutôt à une sorte de retour aux sources – à quelles sources ?, mais à celles qui précédaient la Chrétienté, et même la judéo-chrétienté.
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Notre élite gouvernante décrète la morale, promeut les lois pour la faire appliquer, et éventuellement la faire appliquer par injures et ostracisme. Notre morale est post-évangélique, mais elle n’est plus rattachée à une religion. Elle domine les plateaux de télévision. Elle habite toute la cinématographie de ce temps. Elle gouverne dans les écoles et dans les préaux, dans les familles. Quand il faut la redresser ou lui assigner une bonne direction, c’est l’élite gouvernante qui s’en charge. Les gouvernements européens représentent à cet égard le tabernacle de la cléricature. Bref, nous sommes revenus à une situation typique de paganisme : nous avons une morale d’État.
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Nous nous trouvons sans aucun doute, encore aujourd’hui et plus que jamais, au cœur de ce débat qui concerne le déploiement des Lumières, et leur teneur. Jusqu’où faut-il aller dans l’émancipation et la liberté des individus ? Dans le cosmopolitisme et le matérialisme ? Cette question vielle de deux siècles engendre un clivage mondial qui déstabilise et sape l’universalisme occidental.
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Le drame est une histoire malheureuse dans laquelle la direction du bien est connue quoique difficile à atteindre. L’intérêt du drame, son angoisse, réside dans la difficulté à atteindre un bien repéré et d’essence évidente. Tandis que la caractéristique de la tragédie réside dans la lutte entre des valeurs également essentielles, c’est une guerre des dieux. (...) Aussi le héros de la tragédie s’avoue, non pas forcément vaincu, mais toujours livré à cette tension sans merci entre deux valeurs hégémoniques.
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Nichita Stănescu (1933-1983) est devenu un des mythes de la littérature des années soixante, qui, pendant la période de dégel à la fin du stalinisme, a été investi par l’imaginaire collectif comme symbole de la renaissance de la spiritualité roumaine. Par un processus de transfert, sur le noyau axiologique réel de sa poésie s’est greffée une révolte sociale qui ne pouvait s’exprimer ouvertement, à cause de la censure et de la répression politique. Se rendant compte de l’importance du phénomène, le régime de Ceauşescu a pensé utile de s’approprier le charisme du poète, en lui proposant tacitement un pacte de non-agression : la liberté de création en échange de la passivité politique et morale. L’autonomie de l’esthétique était ainsi transformée, par une manœuvre méphistophélique, en une sorte de prison : le pont-levis du château d’ivoire où s’était réfugié l’artiste était levé, lui interdisant le retour dans la cité. Stănescu a accepté le pacte et il a été promu au rang de poète de la nation, en bénéficiant de tout l’appui des médias (manuels de classe, radio, télévision etc.). Sa passivité lui a été reprochée comme une trahison, comme s’il avait vendu au système le mythe du résistant.
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La volonté de Ceaușescu de développer une industrie consommatrice d’énergie, a créé de nombreux déséquilibres structuraux. L’augmentation de la dette extérieure de 1,2 milliards de dollars en 1971 à 9,5 milliards de dollars en 1981 a imposé l’élaboration de nouveaux programmes de rationalisation, suscitant une baisse considérable du niveau de vie de la population. Les tensions se sont intensifiées et en novembre 1987 le régime a dû faire face à la révolte des ouvriers des usines de Brașov, mécontents des conditions de vie, de travail et de la politique salariale. En avril 1989, le règlement de la dette extérieure cachait une réalité économique différente de celle que présentait la propagande officielle : une industrie exsangue qui consommait beaucoup d’énergie et n’était pas connectée aux technologies modernes de l’époque.
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Des affaires éclatent en France, venant condamner l’identité promue par les auteurs eux-mêmes. Ces dénonciations portent sur un possible fascisme des auteurs (V. Gheorghiu, V. Horia, E. Cioran…) ou sur des liens avec le régime soviétique (P. Dumitriu, M. Kundera).
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[…] la résurgence de la mémoire juive n’a été possible que parce qu’elle ne s’était jamais totalement éteinte. Cette présence ténue a été assurée par la littérature, dans les diasporas, avec, par exemple, Paul Celan ou Friedrich Gorenstein, une voix de l’Ukraine juive ; ou dans des espaces officiels, avec Danilo Kiš et Alexandre Tišma en Yougoslavie, avec Mária Elsner (Virage en épingle à cheveux, 1974) et Imre Kertész en Hongrie, etc. Des artistes juifs et non juifs continuent de la prendre en charge et de la diffuser, et ce en dépit des replis identitaires que connaissent aujourd’hui plusieurs pays d’Europe médiane.
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Après 1990, Alexandru Paleologu a soutenu les valeurs du libéralisme classique, mais aussi le monarchisme, comme variante idéale pour une Roumanie qui voulait se rapprocher du modèle de la période pré-communiste. Dans le livre L’Occident est à l’Est (2001) il attire l’attention sur la condition de l’Europe de l’Est qu’il considère la vraie dépositaire de l’héritage et de l’essence de l’Europe que l’Occident a déjà perdu. Il représente aussi, pour les passéistes, la figure du « dernier aristocrate roumain ».
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