Citations de Chitra Banerjee Divakaruni (175)
Rare est l'homme — et plus encore le monarque — capable de rester vierge de toute jalousie face à la prospérité soudaine d'un de ses pairs.
Je crache sur cette société qui trouve convenable de tuer une petite fille dans le ventre de sa mère, mais condamne la mère qui s’enfuit pour sauver son enfant.
Il s'interrompt pour me regarder avec une brève lueur d'espoir dans les yeux. Mais je ne sais pas comment pénétrer dans le royaume des occasions perdues et dois à regret secouer la tête
"Tu pourrais utiliser un préservatif." Jagdish se raidit de honte et d'embarras. Quelle femme était-elle donc ? Le sexe, c'était une activité à laquelle se livraient un homme et une femme sous la protection de l'obscurité et d'un drap. Pas un sujet de conversation. S'imaginait-elle qu'il allait s'asseoir et en discuter ? Pour la énième fois, il regretta de l'avoir emmenée avec lui à l'étranger. Depuis son retour, elle était méconnaissable.
Les filles-bougainvillées entrent en foule, comme des libellules à midi. Leurs éclats de rire carillonnants ricochent autour de moi. Vagues chaudes et salées qui coupent le souffle et submergent. Elles flottent dans l'obscurité à l'odeur de renfermé de l'épicerie, atomes de poussière dansant sur un rai de lumière. Et pour la première fois, j'ai honte et regrette que tout ne soit pas flambant neuf.
Ah, cette bière, sa mousse si douce et lisse laisse dans la gorge une amertume, comme un rêve d’autrefois interrompu. Personne nous avait dit que ce serait si dur ici en Amérique, toute la journée récurer des planchers graisseux, se coucher sous des machines qui pissent leur huile noire, conduire ces monstres de camions vomissants qui encrassent nos poumons. Rester debout derrière des comptoirs d’hôtels sordides où il faut sourire en tendant les clefs des chambres à des putes. Oui, toujours sourire, même quand les gens disent « Salauds d’étrangers qui nous envahissent et nous volent nos boulots », même quand les flics nous malmènent parce qu’on se trouve dans l’autre partie de la ville, les quartiers riches.
Femme riche, je te remercie de me rappeler à l'ordre. Sous l'armure la plus brillante, sous le plaqué or et le diamant, la pulsation de la chair, vulnérable.
Mais ce que j'aime, moi, ce sont les épices. Je connais leur histoire, la signification de leurs couleurs et leurs odeurs. Je peux les appeler par leurs véritables noms, ceux qu'elles ont reçus à l'origine quand la terre creva comme une écorce et qu'elles jaillirent pour la première fois à la lumière. Leur feu court dans mes veines. De l'amchûr au safran, elles se plient à ma volonté. Sur un murmure de moi, elles me livrent leurs propriétés cachées, leurs pouvoirs magiques. Oui, elles recèlent toutes de la magie, même les épices qu'on verse d'une main distraite tous les jours dans sa marmite.
Au fond de leurs poches, des liasses avec le portrait de présidents morts -de quoi t'as besoin, petit malin – épluchant des billets de cent dollars, même deux ou trois billets de mille – pas de problème, vieux , y en a plein d'autres là-bas.
Je comprends tout à coup pourquoi ces gens - et beaucoup de leurs semblables - peuvent préférer Java à la Chaï House. Java ne leur demande que leur argent. Il leur permet de rester incognito. Pas de conversation, pas de contact, rien à regarder ou à discuter, rien d'eux-mêmes à échanger ou à donner. Et pourtant ils y trouvent un sens du groupe aussi : le réconfort d'une pièce emplie de gens sans visages et sans noms tout comme eux, heureux qu'on les laisse tranquilles, le regard vague, sans remarquer personne. [...]
Alors que nous, avec notre choix de cafés et nos cookies maison, notre mobilier décoré à la main et nos marionnettes de soie, notre panneau d'affichage relatant la vie de nos clients, nous avons tout fait pour que la Chaï House soit un lieu unique. Que nos clients nous laissent entrer dans leurs vies comme les avons invités dans les nôtres. Qu'ils emportent un peu de notre salon en partant.
Il frappa dans ses mains et les esprits se mirent à tourner de plus en plus vite. Des murmures teintés de jaune se frayaient un chemin jusqu'à moi à travers l’épaisse fumée.
"Tu épouseras les cinq plus grands héros de ton époque. Tu seras la reine des reines, jalousée par les déesses elles-mêmes. Tu seras une domestique. Tu seras maîtresse du plus magique des palais et tu le perdras.
On se souviendra de toi comme celle qui a déclenché la plus grande guerre de ton époque.
Tu causeras la mort de rois malveillants, mais aussi celle de tes enfants et de ton frère. Un million de femmes seront veuves à cause de toi. Oui, tu laisseras une trace dans l’histoire.
Tu seras aimée, mais sans savoir toujours reconnaître ceux qui t'aiment. Malgré tes cinq maris, tu mourras seule, abandonnée dans tes derniers instants -- mais pas tout à fait."
Les vois se turent et je m'assis, abasourdie.
On dédaigne ce qui nous tombe tout cuit et on désire l'impossible.
Il est impossible que vous n’ayez pas vécu, au moins une fois dans votre vie, quelque chose d’incroyable.
Elle aurait voulu leur dire quel pouvoir avaient les histoires.
Toutes ces choses contre lesquels vous m'avez mis en garde, Première Mère, je les désirais. Ses lèvres reconnaissantes, innocentes et ardentes au creux de ma paume, ses chagrins miroitant comme des lucioles posées dans mes cheveux.
- Jusqu'à mon dernier souffle, je t'appartiens, dit-il à la conque.
Il est naturel de désirer ce que nous ne sommes pas supposés désirer. Mais si nous n'apprenons pas à contrôler nos désirs, ces désirs peuvent nous détruire.
Dans le monde de la magie, on comprend la nécessité des secrets et on les respecte.
Cacher un secret à un ami est une trahison, une sorte de mensonge.
Cet homme était l’exemple parfait du mauvais Indien. Il suffisait qu’un étranger apparaisse, même un Afro-Américain, et voilà qu’il faisait des courbettes et se soumettait.