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Citations de Christian Authier (94)


Les jeunes qui bossaient avec lui étaient malins, curieux, vaillants. Cela roulait et les pages « Air du temps » avaient le bonheur d’être plutôt bien classées dans les audits et les enquêtes que commandait sans cesse le journal sur lui-même. De fait, l’ambiance était au beau fixe dans ses quartiers. Ce n’était pas le cas partout.
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L’histoire, la mémoire, le passé, la culture : tout cela ne valait plus trois sous. La table rase était à la mode. Il fallait avancer, bouger, ne pas prendre de retard. À L’Hebdo, on était de gauche. Enfin non, de droite, depuis que le canard avait raccourci son titre. En fait, on ne savait plus trop. Les esprits étaient déboussolés. La politique, Patrick s’en fichait royalement.
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À son époque, on devenait journaliste grâce à sa bonne mine et en sachant écrire. Au fil des ans, il avait vu L’Hebdo épouser les temps nouveaux. À tous les niveaux. Pas en bien. L’alcool avait été banni de la rédaction par une note de service. Heureusement que le vieux Besnard était mort avant de voir cela. Comment aurait-il pu écrire sa chronique vaguement littéraire qui avait enchanté des lecteurs pendant plus de quinze ans ? La cigarette avait été elle aussi interdite, mais la cigarette électronique était tolérée pour ceux disposant d’un bureau individuel.
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Chaque année, des aînés disparaissaient, des plus jeunes aussi. Lui continuait à dire « carnet d’adresses » même si, comme la plupart de ses contemporains, il n’écrivait plus de lettres depuis longtemps. Quelques cartes postales toutefois complétaient l’usage de mails et de SMS.
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Sa polyvalence, son ironie et son talent sans ostentation étaient appréciés. Puis son statut d’écrivain conforta sa place de journaliste. Certes, il n’avait publié qu’un seul roman, à la rentrée 2000. Cela suffisait en France pour être considéré comme un romancier. Critiques louangeuses, deux prix littéraires, mineurs mais avec leur petit prestige, des salons et des rencontres dans des librairies un peu partout.
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Un bourgeois. Un mari. Ne pas se fier aux apparences. Comme l’on dit avec un ton de reproche : il cachait bien son jeu. Du bourgeois, il n’avait pas l’état d’esprit ni le mode de vie. Tout au plus les revenus. Mari, il ne l’était plus depuis quinze ans, ne sachant pas si son divorce avait été une libération – ce qu’il pensait en général – ou le début d’une errance sans but ni fin. Au final, la séparation avec Claire avait été les deux. Il ne regrettait rien, même pas d’avoir aimé cette femme qui avait nourri tant de rancœur envers lui quand il s’était contenté de la maudire, dans de brefs accès de rage solitaire, puis de tenter de l’oublier avec le succès relatif que garantit l’existence d’un enfant en commun : Sébastien, qui avait eu dix-sept ans l’été passé.
Autour de lui, ces dernières années, tout le monde divorçait. Quarante ans, cinquante ans : c’était l’âge d’or du divorce.
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Dans la vraie vie, il fallait du courage et du talent pour s’adresser à un inconnu sans le faire fuir. Et lui, l’observait-on ? Sans doute, même s’il avait du mal à s’en convaincre. Que pouvait-on voir en le regardant ?
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Il imaginait des sentiments, des destins, des peines et des joies derrière ces visages et ces gestes d’inconnus. Chacun voguait, vaquait. Quelles circonstances, quels lieux fallait-il alors prévoir pour qu’une rencontre ou un échange soit possible entre les humains ? Il rêvait d’un monde où l’on pourrait dire à un inconnu la vérité de ses sentiments et de ses humeurs sans passer pour un fou ou un maniaque.
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Grâce à Dieu, j’ai compris que je n’étais pas meilleur que Lui et que je ne le serais jamais. Les mots des impies sont vides, balles à blanc tirées en l’air. Comment comptez-vous venir à bout de quelque chose dont vous refusez d’admettre l’existence ? Vous ne croyez en rien. Qui vous sauvera alors ? Qui appellerez-vous à votre secours depuis vos téléphones portables dernier cri quand la mort viendra ?

Une vie terrestre peut se résumer à quelques minutes capitales qui, au final, ne doivent pas dépasser une heure ou deux lors de notre dernier souffle. Comme la prière, ces moments décisifs nous rapprochent de Dieu, de son jugement. J’ai déjà eu mon lot de ces instants. J’ai fait la guerre, échappé à la mort tant de fois que celle-ci ne m’effraie plus. Puis, Il veille sur moi, décide de tout. Il m’accueillera.

Vous pourriez me haïr, mais êtes-vous encore capables de cela ? Ne me plaignez pas. Je suis plus vivant que vous.
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Après le 11 Septembre, Olivier Berthet redoubla de prudence. Nombre de personnes avec lesquelles il était en contact se retrouvaient dans la ligne de mire à la fois des services de leurs pays respectifs et de ceux des pays occidentaux. Tout le monde ou presque voulait donner des gages aux Etats-Unis, quitte à livrer des prisonniers n’ayant que de très lointains rapports, voire aucun, avec les organisations islamistes armées ou les cellules clandestines du djihad. L’intervention militaire en Afghanistan focalisa l’attention quelques mois, mais une fois les talibans chassés du pouvoir, la traque des « terroristes » se poursuivit, partout. On éliminait, on arrêtait, on raflait, on « interrogeait », on expatriait, on détenait des « suspects ». La filiation à Al-Qaida était accordée généreusement. L’Occident avait identifié le Mal : l’islam. En dépit des dénégations officielles, tous les musulmans devenaient des cibles destinées à assouvir la soif de vengeance.

Des innocents étaient morts lors des attentats contre les tours jumelles et dans les deux autres avions détournés, il en convenait tout en enrageant que les vies américaines vaillent toujours plus que celles des autres. Qui se souciait des civils bosniaques pendant la guerre ? Des enfants palestiniens qui tombaient sous les balles depuis des années ? Des Irakiens soumis à un embargo qui avait causé des centaines de milliers de morts par la famine et les maladies ? Combien de morts à Hiroshima et Nagasaki ? Au Vietnam ? Dans toutes les dictatures soutenues par l’Amérique et ses alliés ? Pendant la guerre du Golfe ? Cela, les « démocraties » s’en accommodaient sans gêne. Et elles donnaient des leçons de morale, s’étonnant que, pour une fois, la mort qu’elles infligeaient en toute bonne conscience vienne les frapper en retour ? Hypocrisie.
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Et puis, la France, l’Occident n’étaient qu’une vieille pute racoleuse recourant à la chirurgie esthétique, aux hormones de croissance, à tous les artifices censés lui donner un semblant de force, de jeunesse, de maintien. « On a tué bien trop de choses que j’aimais », se répétait Faubert envisageant la vie comme une salle d’attente pour voyageurs de troisième classe. Les rêves étaient morts dans les grandes cités, du moins sous ces latitudes. Ils étaient morts quand la politique n’avait plus voulu rendre le monde meilleur, plus juste, quand l’argent avait supplanté ce qui élève : la culture, la foi… Dieu, les nobles espérances, les idéaux avaient laissé place à des pantins interchangeables, des sportifs, des acteurs, des célébrités de la télévision. Les foules ne voulaient plus prendre de risques et préféraient jouir de leurs plaisirs minuscules. Pourquoi travailler à la survie d’un monde sans avenir ?
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Il rapporte de son périple [la guerre d’Espagne] la trame de son œuvre à venir: le constat que le "dieu des ténèbres", adoré par les clercs, prétend effacer jusqu'au souvenir de l'hérésie. La certitude que fascisme et communisme sont les deux faces du même enfer. Les laboratoires monstrueux du futur État policier mondial. La conviction aussi que le seul salut possible est dans le discret altruisme des quidams qui renâclent au décervelage universel. (p.13, Eric Dior).
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Outre Camus, c'est à la philosophe Simone Weil que cet anglican athée nous fait constamment penser. Même révolte dans l'écrasement de l'âme engendré par la condition ouvrière. Même passion de l'ascèse poussée jusqu'à la mortification pour expier ses origines sociales. Même certitude enfin, que la justice - si on veille au grain - déserte le camp des vainqueurs. (p.12, Eric Dior).
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Stéphane expliquait à sa filleule les plats parfois compliqués qu'elle mangeait. Elle trouvait cela bon et souriait comme un enfant qui ne sait pas qu'il est heureux et qui pourtant s'en souviendra plus tard.
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Il sait que la forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel, mais il a le don avec sa placidité d’homme , qui a vu d’autres de chasser la complainte du nevermore en me rappelant que la mémoire se conjugue d’abord au présent, que les adieux font partie de la vie et qu’il suffirait d’un rien pour que des gens à peine croisés ne nous oublient pas, que les communications soient rétablies entre les êtres… Les disparus s’invitent dans les rêves des survivants et la tristesse, que pourraient distiller les ombres et les deuils qui ne nous quittent pas, se métamorphose en une sorte de philosophie joyeuse où l’on apprend à calmer son calme en trinquant avec un ami.
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Des Poneys sauvages au Taxi mauve, Michel Déon (1919-2016) a laissé bien des livres dans nos bibliothèques idéales. Son style, fait de grâce et de gravité, son sens du rythme et son regard sur l’Histoire assurent à son œuvre un éclat à jamais intact. Dans les années 1950, il fait partie, aux côtés de Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin, de l’aventure des Hussards, sous le regard bienveillant d’aînés comme Jacques Chardonne et Paul Morand. Mais Michel Déon incarne une façon d’être et d’écrire irréductible aux clichés dont on l’a parfois affublé. Son œuvre, riche d’une cinquantaine de titres, constitue un univers empli d’affinités électives, d’attitudes, de sentiments, de réflexes façonnant un art de vivre où l’enchantement le dispute à la mélancolie.
À travers cet ouvrage, Christian Authier nous invite à visiter les « mondes » de Michel Déon, lui qui vécut comme un héros de roman, entre France, Grèce et Irlande à travers le XXe siècle. De L’Action française à l’Académie française, dans tous les milieux qu’il côtoya, il demeura un homme singulièrement libre.
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L'amoureux éconduit ressentit une immense et étrange peine, de celles qui vous transpercent et peuvent vous laisser pantelant bien des années après. Trois autres filles succédèrent à Sophie jusqu'à l'entrée en fac, mais le jeune homme se jugeait déjà plus doué pour l'amitié que pour les relations compliquées avec le sexe opposé. Surtout, il pressentait que ces filles à la beauté aussi fragile que furtive gâcheraient bientôt leurs vies en poussant des caddies et des poussettes, désirés mollement, acceptés par faiblesse autant que par facilité. Lui avait la modestie de ne pas rêver d'un destin grandiose tout en sachant qu'il s'efforcerait d'échapper à la médiocrité, au morne défilé des jours qui se ressemblent dans leur grisaille peuplée de vaines habitudes. Bien sûr, comme la plupart des êtres, en particulier ceux de son âge, il espérait que le grand amour viendrait un jour, qu'il occuperait tout, le présent et l'avenir, qu'il montrerait un chemin escarpé que n'encombre pas le commun des mortels.
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À quoi servent les mots et les gestes si l’on est incapable de sauver les innocents ?
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Des marchands de bonheur prospéraient sur le malheur des contemporains. La grande dépression attirait les vautours. Psychiatres, médecins, neuropsychiatres : les morticoles occupaient l’espace. Pareils à ces parfums d’intérieur que l’on avait mis dans les toilettes, puis dans tous les coins des maisons. Ils nous donnaient des recettes pour vivre « heureux », « contents », pour guérir du stress.
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On n’aime qu’une fois. L’amour, c’est une fois pour toutes tout l’amour du monde. Ça ne brûle qu’une fois, ça ne se recharge pas.
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