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Critiques de Christian Chavassieux (186)
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La vie volée de Martin Sourire

Découverte de l'écrivain Christian Chavassieux avec ce livre fort documenté sur un sujet qui est peu diffusé: l'adoption par la reine Marie Antoinette de plusieurs enfants. Le terme d'adoption est un peu excessif car les enfants n'ont pas été appelés Capet mais ils ont soit conservé leur nom lorsqu'il était connu, soit ils ont reçu un autre nom selon la fantaisie de la reine. Ce sont des enfants qui sont devenus des "protégés" de la reine et qui ont eu accès à son entourage intime et au même traitement que les enfants royaux, l'affection profonde en moins peut-être.

Le premier enfant "protégé" par la reine fut François-Michel Gagné vers 1776, qu'elle prénomma Armand, tout comme le fils ainé de sa meilleure amie, la princesse de Polignac.

J'ai l'impression que l'écrivain Chavassieux s'est inspiré beaucoup d'Armand Gagné pour nous servir le personnage de Martin Sourire. Et c'est très bien ainsi puisque l'on sait beaucoup de choses sur cet Armand Gagné.L'affaire gagne en crédibilité.

Armand Sourire, le personnage fictif du roman était un joli poupon blond de 5 ans lorsque Marie Antoinette l'a pris avec elle. Il n'avait pas de nom et elle lui donna celui de Sourire car cet enfant était mutique et arborait en permanence un rictus apparenté à un sourire qui ne laissait pas apparaitre ses états d'âme. Mais c'était un enfant qui comprenait tout en dehors du fait qu'il ne s'exprimait pas.

Lorsque la Révolution Française chassa les souverains de Versailles, Martin Sourire avait depuis longtemps décidé de quitter Versailles et de se mêler à la foule de Paris.

Il est donc parti à pied un jour avec son balluchon et a exercé de petits métiers jusqu'à ce qu'il accède, par recommandation, à une place d'homme à tout faire auprès d'un architecte renommé. Cette situation stable lui permit de se marier, de fonder une famille et de s'instruire.

Très bizarrement Martin Sourire s'est enrôlé dans la garde nationale puis est devenu un sans -culotte effréné. Son ancien "frère" Armand deviendra (ceci est documenté) le "terroriste le plus sanguinaire de Versailles", c'est ainsi qu'il figure sur les documents de l'époque.

Etrange revirement de la part des "protégés" de la reine qui ne reçurent que des bienfaits matériels et spirituels de la part de la souveraine. Ils n'ont pas pu se soustraire à une espèce de revanche amplifiée par leur mal inné .

J'ai bien aimé la première partie du livre, fort bien documentée, employant un style désuet et très XVIIIè avec des mots du temps jadis, mais pas trop, ce qui rendait la lecture charmante. On apprend beaucoup de choses sur la vie courante à cette époque.

Puis, il a fallu aborder le tournage que prenait la vie de Martin Sourire avec son engagement total dans la guerre de Vendée, décrite sous la forme de monologue intérieur (le personnage est toujours mutique) avec un descriptif à vous dresser les cheveux sur la tête et à se demander jusqu'où irait la malveillance et la cruauté de Martin Sourire.

Lecture mitigée mais pas inintéressante du tout. Avec les remerciements chaleureux pour les Editions Phébus et pour Babelio dans le cadre de Masse Critique.
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La vie volée de Martin Sourire

Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Phébus qui, grâce à l’opération Masse critique, m’ont fait découvrir un roman qui mérite vraiment d’être connu.



Comme le titre l’indique, nous suivons Martin. Au début du roman, il a cinq ans et est orphelin. Confié à sa grand-mère, son destin bascule le jour où sa route croise celle de la reine Marie-Antoinette. La reine, mariée depuis plusieurs années, n’a toujours pas d’enfants ; pour combler ce manque, elle en choisit certains, les pouponne, parfois les oublie. Martin est de ceux-là.

Le sourire constant de cet enfant a captivé la reine et elle l’emmène avec elle à Versailles ; cette période sera cependant bien courte et, délaissé par celle qui l’a recueilli et nommé, Martin finit par travailler au hameau de la reine, reconstitution factice d’un village idéal. Le destin de Martin n’est cependant pas limité aux murs de cet endroit isolé de la réalité et, quand la Révolution arrive aux portes de Versailles, le garçon en profite pour quitter cette prison dorée. Je ne vous en dirai pas plus, à vous de découvrir la suite.



Avec La vie volée de Martin Sourire, Christian Chavassieux nous offre un point de vue très particulier sur Versailles et la Révolution française. Il n’y a pas de vue objective, ce n’est pas un historien qui parle ; non, nous découvrons la vie d’un homme, et il s’avère que, par moments, son histoire personnelle croise la grande Histoire. C’est un point à ne pas perdre de vue car il a une grande importance sur le récit lui-même : nous ne savons que ce que Martin sait ou devine, nous ne connaissons que son avis personnel ou ce que d’autres lui disent, rien n’est objectif.

L’atmosphère de cette époque clef de l’Histoire de France est néanmoins très bien recréée et on sent qu’il a fallu un énorme travail de recherche pour aboutir à ce roman. L’impressionnante bibliographie – commentée ! –, les repères historiques, le lexique et les notices bibliographiques présentés à la fin du livre ne font que confirmer cette impression première.



En conclusion, ce roman possède un style intéressant et propose une perspective originale sur Versailles, ainsi que sur la Révolution française et ses conséquences. Je ne me suis pas ennuyée ne seule seconde en le lisant et je ne peux que le recommander à tous ceux qui apprécient cette époque.
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La vie volée de Martin Sourire

Après Mausolées, avec La vie volée de Martin Sourire, c'est le deuxième titre de Christian Chavassieux que j'ai le plaisir de lire. Dans ces deux titres, j'y ai retrouvé les mêmes ingrédients : une intrigue forte qui vous happe dès les premiers mots, une écriture vive et soignée et, surtout, des descriptions à couper le souffle qui, pour certaines, à force de réalisme, peuvent être dérangeantes et vous poursuivre bien longtemps après avoir refermé l'ouvrage.



"Le sourire de Martin était une particularité de sa physionomie et ne trahissait rien de ses passions intimes."



Martin, c'est un garçonnet à la bouille souriante qui charme la reine Marie-Antoinette alors qu'elle traverse la campagne parisienne. Quelques pièces glissées dans les mains de la grand-mère et voici l'enfant emporté à Versailles. Rebaptisé Martin par la souveraine en manque d'enfant à choyer, il déçoit rapidement : malgré les efforts déployés, il reste silencieux et sauvage. Confié de main en main, il finit par se retrouver vacher dans la ferme pédagogique du château. Son mutisme ne l'empêche pas d'observer tout ce qui l'entoure et de pressentir les changements qui sont en marche. Osera-t-il franchir les grilles du domaine, naître à sa propre vie et s'affranchir de cette étiquette d'"enfant de la reine" qui lui colle à la peau ?



"Il y aura un jour, après. C'est aussi inconfortable que de se trouver au milieu d'un gué, mais enfin, c'est essentiel d'avoir compris que les phases de la vie connaissent des fins et sont annonciatrices de changements."



Dans ce roman découpé en trois parties, l'auteur nous fait vivre de l'intérieur, par l'intermédiaire de ce gamin du peuple "adopté" par la reine, les années révolutionnaires. L'histoire s'ouvre avec l'enlèvement de Martin, en 1777, et s'achève en 1794 alors qu'il revient de la meurtrière campagne de Vendée. Entre les deux, on découvre sa vie à Versailles, moins dans le château qu'il fréquente très peu de temps finalement que dans ce petit village miniature construit de toutes pièces pour le plaisir de la reine et de sa cour. On le suit dans ses premiers pas de jeune homme à Paris, des rues sordides à l'appartement d'un grand architecte qui le prend sous son aile en passant par les cuisines du meilleur restaurant de la ville. Pour finir, dans un flashback terrible, on revit par bribes les exactions commises sous le régime de la Terreur.



"Il y avait bien une noble mission, à l'origine, là-bas, au premier de nos pas, il y avait une idée de grandeur et d'élévation quelque part à la source, mais la confier aux loups et aux corbeaux... ils font tout salement, dévorent les proies toutes vies, se foutent des plaintes des corps qu'ils déchirent (...)"



C'est sans conteste cette troisième partie qui marque les esprits. Bien évidemment, elle ne serait rien sans les deux précédentes. Dès le départ, on s'attache à ce gamin qui manque cruellement d'amour mais qui grandit bien. On se félicite de le voir s'instruire progressivement, de le voir se tenir éloigné autant que possible des manipulations des uns et des autres. On pressent toutefois qu'il ne pourra en être ainsi jusqu'au bout, qu'il lui faudra à un moment ou à un autre épouser une cause. Le prix à payer en est cependant bien cruel et nous renvoie à des questionnements bien actuels sur ce que les causes "justes" peuvent, lorsqu'elles s'aveuglent elles-mêmes, engendrer de violence et de morts.



"Tout nouvel arbre est né d'un ancêtre disparu, réduit à une souche corrompue."



Avec notre regard actuel, nos tripes se tordent en voyant notre héros - homme comme les autres qui vit le moment présent sans avoir le recul nécessaire pour en juger l'impact - se débattre avec ses démons. Aujourd'hui, on parlerait de stress post-traumatique. Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, il serait suivi. En 1794, il ne peut compter que sur son intelligence, sa force de caractère et l'amour des siens...



Pour prolonger le plaisir de cette lecture des plus prenantes, le lecteur découvrira en fin d'ouvrage différentes annexes avec notamment quelques repères chronologiques bien utiles. A travers ces ultimes pages, l'auteur nous explique en outre quel a été son parti pris lorsqu'il a écrit cet ouvrage. Il ne se prétend ni historien, ni pédagogue mais tout au plus "historien savamment imprudent".



J'ai aimé cette "imprudence" qui nous donne à lire la Vie plutôt que l'Histoire !
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La vie volée de Martin Sourire

Du point de vue d'un gamin ramassé sur une route pour ces beaux yeux, nous voilà embarqués dans un monde clos auquel lui seul a accès : celui imaginé par la reine et aussi vu par ses yeux d'enfant qui grandit sans rien avoir vu, vécu, d'autre.

Fascinant et jamais ennuyant, puisque celle qui nous attire ici , #marieantoinette , il faut l'admettre, apparait pour s'évanouir bien vite de la vie du petit, mais fait des apparitions toujours, physique ou en pensées.



En découvrant les pavés d'écriture, sans ponctuations du moindre dialogue, j'ai craint d'être mangée par la densité. Mais les chapitres ne sont pas très longs et le style reste accessible, l'histoire calme certes, accroche bien l'attention, avec assez de descriptions pour illustrer de manière riche aussi bien le milieu où vit Martin que la société de courtisans qui gravitent autour, dans et au delà de Versailles.
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La vie volée de Martin Sourire

malgré tout l'intérêt que je porte à Marie-Antoinette et son histoire fastidieuse, je n'ai pas réussi à accrocher à l'écriture de l'auteur. Peut-être le mauvais moment pour lire ? Tout de même, un bon point pour ma part : la couverture que je trouve exquise
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La vie volée de Martin Sourire

Ce livre me tentait beaucoup de par le fait de ne pas savoir que Marie-Antoinette avait adopté des enfants. Autant j'ai apprécié l'enfance de Martin une fois adopté autant la troisième partie ne m'a pas convaincue au point de ne pas arriver à terminer ce récit. Lecture inachevée et donc mitigée pour moi. Je remercie Babelio et les éditions J'ai Lu de m'avoir permis de découvrir un pan de cette histoire méconnue à travers la Masse-Critique de septembre.



Sur un caprice, Marie-Antoinette adopte celui que l'on appellera Martin Sourire le sauvant de la misère. Sept ans que les rumeurs vont bon train sur celle qui n'a pas encore enfanté. Son désir d'enfant est tel qu'elle en adopte et Martin est l'un d'eux, vite oublié par l'envie de la reine qui se lasse vite d'où une jalousie féroce pour rester dans ses bonnes grâces. 



Enceinte, la reine délaisse Martin pour s'occuper de son enfant à naître. Trimballé de main en main, Martin devient de plus en plus sauvage et assiste à la mort par pendaison d'un père braconnier et ce devant son fils.



Devenue vacher du hameau de la reine, Martin mène une vie paisible et routinière. L'hiver 1788 hantera longtemps les mémoires, le froid touche tout le monde sans distinction, augmentant le nombre d'indigents, le pain vient à manquer, les émeutes sont de plus en plus nombreuses jusqu'à ce jour où le couple royal et leurs enfants sont arrêtés et emprisonnés. L'occasion pour Martin de reprendre sa liberté et de voir au-delà des murs de Versailles. 



Paris et sa Révolution, ses crève-la-faim, la misère de tout un peuple voilà ce qui attend Martin même s'il travaille pour un grand restaurant. Amoureux de Marianne, vendeuse de café dans la rue, Martin se pose des questions sur sa vie auprès de la reine, sur ce qu'elle aurait pu être si la reine ne la lui avait pas volée. Il s'engage et revient de la guerre de Vendée traumatisé. 



L'histoire d'un orphelin adopté par Marie-Antoinette, son parcours de Versailles à la Révolution Française !



Un roman historique très documenté (annexes, chronologie des événements historiques, glossaire, biographie des personnages et bibliographie...), malheureusement je n'ai apprécié que la partie de l'enfance de Martin, la troisième partie axée sur la guerre ne m'a pas attirée. Il n'en reste pas moins que ce livre amène à connaître un pan de notre histoire méconnu et mis en lumière.
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La vie volée de Martin Sourire

Un jeune orphelin et sa grand-mère sont venus sur le bord de la route pour voir passer le cortège royal. La reine Marie-Antoinette aperçoit ce bambin à la tête d'ange et au sourire perpétuel. Elle l'enlève à sa grand-mère et le prend à Versailles où elle va l'élever comme un prince et lui donner une bonne éducation. Elle décide de l'appeler Martin. Il va être choyé comme s'il était son fils, d'autant plus que depuis son mariage, elle est en mal d'enfant. Mais devant le mutisme et le silence de l'enfant, la reine se lasse très vite...



Le roman est découpé en trois parties. Les deux premiers sont consacrés à la vie de Martin à Versailles et à Trianon. On s'attache tout de suite à ce gamin qui s'élève tout seul qui n'a aucune attache, qui vit, tout simplement sans soucis.



La troisième partie va bouger un peu plus. C'est la vie de Martin adulte. Il participe à la Révolution mais il ne va jamais chercher à savoir d'où il vient et s'il a quelque part une famille. Peu lui importe.



L'auteur nous explique la vie de Martin dans un style d'écriture simple et facile à lire. Un seul bémol : j'aurais aimé avoir un peu plus de détails sur la vie de la reine. On n'aborde presque pas la vie à la cour et l'auteur insiste beaucoup plus sur les guerres et le contexte historique.



Pour prolonger la lecture de ce roman, vous trouverez en fin d'ouvrage des repères chronologiques ainsi que des biographies de personnages importants, ce qui prouve que l'auteur a fait d'énormes recherches et c'est très appréciable.



Je pense que c'est un bon roman pour des lecteurs qui aiment cette période de l'histoire, mais moins pour ceux qui attendent un roman d'aventure.







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La vie volée de Martin Sourire

Une belle découverte...



Bien entendu, pour commencer, je remercie Babelio et les éditions Phébus (le format et la mise en plage sont très agréables à la lecture) pour cette découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique.



C'est là ma 1ère participation à une opération Masse Critique, et J'ai débuté la lecture de ce roman avec un a priori : celui de devoir fournir une critique juste et responsable d'un auteur a priori peu connu. Je savais seulement qu'il s'agissant d'un roman historique sous la révolution française, et d'un roman d'apprentissage autour de Martin, garçon étrange (voir 4ème de couverture).

Là était bien sûr l'intention première de l'auteur, je suppose, mais j'y ai trouvé bien plus, qui justifie une note, pour moi, plus qu'honorable, et de conseiller la lecture de cet ouvrage.



Ma critique sera, de prime abord, sévère en ce qui concerne le procédé narratif : classique, et efficace, tout au plus.

C'est à dire que, sur 340 pages, la "vie volée" de Martin prend progressivement corps, se construit, s'étoffe, assez lentement, en trois parties chronologiques bien nettes, une quasi unicité de temps, de lieu, d'action : du théâtre classique en somme.

Les dialogues, assez rares, alternent avec des descriptions qui, au début, m'ont semblé fastidieuses, et la petite histoire de Martin, progressivement, se mêle à la Grande Histoire qui se déroule sous ses yeux. Christian Chavassieux en profite alors pour développer de longues anecdotes sur Versailles, Paris, puis les guerres de Vendée. On a alors le sentiment que la "petite histoire" de Martin n'avance pas, et ne sert que de prétexte à un travail d'érudition sur cette époque. Le rythme ne semble s'accélérer, et raviver un peu de suspens, dans les 2ème et 3ème parties, que parce que Martin, poussé par sa Marianne, s'en mêle de plus en plus.

Ce parti pris de l'auteur "refroidit" au début, et rend aussi les personnages un peu froids : ils semblent distants, simples observateurs des événements qu'ils traversent.

La langue assez précieuse, peu spontanée, adoptée dans la 1ère partie, participe aussi de cette prise de distance, qui n'aide pas à rentrer dans le roman...



Et pourtant... il m'aura fallu dépasser les 110 premières pages pour réaliser que tout cela est savamment calculé (ce que confirme la lecture des notes en fin de volume) et fait -aussi- toute l'originalité de ce roman !

Ainsi, le Martin mutique, qu'on pourrait croire autiste dans la 1ère partie, et qui me faisait penser au Grenouille de Suskind, se révèle un formidable témoin de son temps, sur lequel chaque événement s'imprègne comme sur une page blanche : ce Martin n'a pas de passé -ou si peu-, et est -presque-vierge, lorsqu'il "naît" à la fin du 1er chapitre en quittant son jardin. Nul autre que lui, symboliquement, n'aurait pu former si beau couple complémentaire avec la Marianne parisienne de la seconde partie, qui l'accompagne dans son apprentissage citoyen, avant de participer activement à la grande sauvagerie des guerres vendéennes.

De même, les ruptures de langage, travaillées et voulues par Christian Chavassieux, se révèlent être un excellent vecteur pour nous immerger -comme il s'immerge visiblement lui-même- dans ces 3 environnements successifs : Versailles, le Paris de 1790, la Vendée. On passe de Sade ou Cazotte à Léo Malet en passant par Balzac. On apprend moult vocabulaire mais il ne s'agit pas, comme on pourrait le penser de premier abord, d'un étalage de l'auteur, mais d'un vrai enrichissement de l'ouvrage.

On sent également que l'auteur aime les mots, partant parfois dans des diatribes qui font peu avancer l'histoire mais sont belles et poétiques en elles-mêmes.

Enfin, la lecture (aussi passionnante que le roman lui-même) des annexes finira de convaincre le lecteur que, finalement, derrière le sourire figé de Martin, et la distance prise par rapport à des personnages -réels ou pas- et des événements -petits ou grands, mais souvent richement documentés- , l'effacement relatif du scénario, Christian Chavassieux donne au lecteur une place plus grande, une confrontation plus directe avec l'événement historique. Nos consciences du XXIème siècle se trouvent transportées, par ces véhicules sensibles que sont les personnages, dans un siècle qui s'osait politique, et interrogea avec force la citoyenneté, le vivre ensemble, la liberté d'expression, dans les actes et pas seulement dans les mots... en est-on encore capable aujourd'hui, avec autant de force et de candeur ?...



En conclusion, donc, une belle découverte : un roman qu'il ne faut pas lire comme simple fiction dans un cadre convenu, mais au contraire comme mettant en vedette, avec force détails et par tous les sens, par nombre d'astuces qui embellissent le récit, trois environnements, et une page de notre Histoire.

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La vie volée de Martin Sourire

Si l'Histoire a bien retenu la longue stérilité du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette, elle connait beaucoup moins bien les assez nombreux enfants que la reine adopta avant de concevoir - enfants inconnus, orphelins de ses anciens serviteurs... évidemment pas destinés à un quelconque avenir politique mais dont elle assura la subsistance jusqu'au bout.

Par la fantaisie du romancier, le cas de Martin Sourire est quelque peu différent. Un gamin sans nom ni parents attrapé au hasard d'un chemin, coup de foudre ou caprise devant une bouille aux beaux yeux noirs, au sourire étrange, un sourire comme gravé dans la chair, que les malheurs peuvent tordre et troubler mais jamais effacer. Voilà alors le petit paysan propulsé sous les ors de Versailles, nommé, lavé, habillé, poudré, instruit. Mais il ne parle presque pas, sa sauvagerie détone, rebute, la reine commencerait-elle à regretter son élan irréfléchi ? Il n'a clairement pas sa place dans les décors éblouissants du palais, en tout cas - à la rigueur, plutôt dans le parc, là-bas, où la nature reprend un peu ses droits malgré les mises en scène, où l'on peut se cacher à loisir ou engager une vie qui ressemble assez au bonheur, loin de la faim et de la misère, bien à l'abri du reste du monde.

Sauf que le reste du monde, on le sait, ne va pas tarder à cogner à la porte. Et Martin, devenu adolescent, peut-il résister à ce qui l'appelle au-dehors ?



Après l'excellent l'Affaire des vivants, je retrouve avec beaucoup de plaisir la belle plume de Christian Chavassieux. Les personnages, ici, sont peut-être moins puissants, moins complexes que dans son précédent roman - mais avec son éternel sourire figé, ses manières sauvages, taiseuses, qui dissimulent une intelligence bien réelle, Martin n'en est pas moins un personnage attachant, moins simple qu'il n'y paraît d'abord et porteur, qui plus est, d'une valeur symbolique intéressante.

Martin, au fond, c'est un peu le peuple français, entraîné d'abord dans les bras d'une royauté à la fois maternelle et égoïste, protectrice et décevante, enthousiasmé ensuite par les idéaux de 1789 puis cruellement trahi par cette révolution qui l'avait révélé à lui-même, en laquelle il plaçait tant d'espoirs, cette révolution qui tourne au combat de bêtes fauves, finit par éveiller le pire en l'homme au nom d'un idéal déjà perdu en route.

L'habileté de l'auteur est là : ignorer l'histoire, déjà tant évoquée, de ceux qui ont fait la Révolution, pesé sur ses grands retournements, pour mettre en scène le quotidien de ceux qui l'ont vécue au jour le jour, informés par les gazettes, les rumeurs, les faits évidents, convaincus, entraînés sans doute par un élan général, mais sans influence aucune sur le cours des choses, perplexes, au fond, sur le sens exact à donner à tout ça. Il en tire une belle chronique de ces années de bouleversements, qui restitue avec beaucoup de vie, de précision et de charme, le petit monde à part de Trianon puis le Paris de la Révolution. Et puis... et puis le récit, jusqu'alors relativement souriant malgré ses ombres, bascule : la guerre entre en scène, et la pire de toutes, la guerre civile, qui prétend écraser, nettoyer, se nourrit d'idéologies tendues jusqu'à la haine, de discours maladroits mal compris, ou trop bien, exacerbés jusqu'à la pure folie. Ce sont les colonnes infernales de Vendée, au sein desquelles Martin découvre bien malgré lui quel monstre sommeille en chaque humain, prêt à bondir pourvu qu'on sache le réveiller. L'évocation en est admirable, d'une cruauté terrible, hallucinée. Plus dérangeante, plus trouble, l'histoire devient alors bien plus puissante, et le personnage de Martin avec elle, jamais plus touchant que lorsque son impérissable sourire s'est figé en rictus.



Un excellent roman historique, en somme, que je recommande chaudement ! La langue, de plus, en est belle, sait emprunter au passé juste ce qu'il faut pour prendre un ton d'époque sans paraître jamais artificielle. Petit plus appréciable : le livre se termine par une très intéressante annexe historique, bien mieux qu'une simple bibliographie, où l'auteur détaille ses recherches, explique ses choix, approfondit quelques éléments de vocabulaire et offre quelques éléments biographiques aux nombreux personnages méconnus mais bien réels qu'on a croisé dans le roman. J'ai d'ailleurs été ravie de découvrir parmi eux l'architecte utopiste Etienne Louis Boullée, dont je trouve les projets assez fascinants
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La vie volée de Martin Sourire

J' ai beaucoup aimé ce roman.

Je trouve que la plume y est magistrale. Le héros est tout à tour touchant et repoussant, terriblement humain. Ma galerie des personnages qui gravite autour de lui est intéressante et sonne juste, ce sont des humains, pas des clichés.

Ce roman dresse un portrait sans concession d'une époque très mouvementée souvent présentée sans trop de nuances. Ici, j' en ai trouvé.

C'est aussi un roman plein de tendresse, de délicatesse, puis d' horreurs, de terreur, le tout dépeint avec justesse et finesse.
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La vie volée de Martin Sourire

Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Phébus et le site Babelio pour m'avoir permis de lire ce superbe roman grâce à une opération Masse critique spéciale.

En 2014, j'avais lu et adoré L'affaire des vivants , le précédent roman historique de Christian Chavassieux paru aux éditions Phébus. J'étais donc impatiente de découvrir La vie volée de Martin Sourire dont l'action se déroule à une période clé de notre histoire, la période révolutionnaire. Cette lecture m'a vraiment enthousiasmée, je l'ai trouvée vivante, passionnante et instructive, bref je me suis régalée.



La vie volée de Martin Sourire couvre une période relativement courte entre les dernières années du règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette et la Terreur (soit un peu plus d'une quinzaine d'années) ; période courte donc, mais extrêmement riche en bouleversements en tous genres, en particulier sociologiques et politiques. Nous y suivons Martin, jeune garçon discret adopté par caprice par une reine en mal d'enfants et rapidement abandonné à son sort par manque d'intérêt. Livré à lui-même, sa vie sera une succession de rencontres qui le feront grandir et évoluer, à Versailles tout d'abord, dans le cadre enchanteur (mais factice) du Hameau de la reine, puis à Paris et en province, des premières heures de la Révolution aux ultimes soubresauts de la Terreur. L'apprentissage de la vie par Martin sera également une sorte d'apprentissage pour le lecteur qui, comme le héros du roman, va découvrir la vie quotidienne des humbles et des riches en cette fin de XVIIIème siècle et va prendre conscience des bouleversements politiques qui s'engagent.

Je n'ai pas trouvé le personnage de Martin particulièrement attachant, peut-être à cause de son tempérament solitaire, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le suivre et à le voir évoluer tout au long du roman. J'ai partagé ses espoirs et son insouciance, ses doutes et ses déceptions face à un monde changeant où il est difficile de trouver sa place. L'auteur a donné vie à toute une galerie de personnages sympathiques et intéressants, qu'ils soient réels ou fictifs, qui vont permettre à Martin de grandir et de traverser cette période difficile, mais également permettre au lecteur de plonger dans l'Histoire de manière vivante et réaliste. Le texte oscille entre douceur de vivre et extrême violence, entre anecdotes et faits historiques. J'ai beaucoup aimé le style de Christian Chavassieux, mélange harmonieux de phrases courtes et de longues tirades, de dialogues réduits au minimum et de descriptions détaillées sans jamais être ennuyeuses. Les chapitres sont courts, les pages s'enchainent rapidement, il n'y a ni temps mort ni baisse de régime. J'ai été un peu déstabilisée par le début de la dernière partie, qui correspond à la période de la guerre de Vendée et de la Terreur, mais les dernières pages m'ont totalement convaincue, les mots de Martin m'ont bouleversée jusqu'au final, formidable.



Pour résumer, j'ai adoré La vie volée de Martin Sourire, roman historique vivant et réaliste qui nous plonge dans une période passionnante de notre histoire. C'est très bien écrit, intelligent et instructif, et pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, l'auteur a inséré des notes chronologiques, bibliographiques, biographiques et lexicales en fin de volume.
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La vie volée de Martin Sourire

Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus: c'est une jolie perle de roman que je viens d'avoir l'occasion de découvrir grâce à Masse Critique.

De cet auteur, j'avais déjà dévoré L'affaire des vivants mais j'avais tellement aimé celui-ci que je n'osais pas attaquer le reste. C'est toujours ainsi après un roman fantastique, la question "Et si le reste de son oeuvre me décevait?"

Rien de cela ici: La vie volée de Martin Sourire est un très bon roman, qui pourtant traverse deux sujets, deux périodes, la vie à Versailles sous l'Ancien Régime et la Révolution, qui ont déjà été tellement traités et par les historiens et par les écrivains et se révèlent souvent bourrées pour eux d'embûches et de clichés. Et ne parlons même pas du sujet de la Vendée qui crispe encore tellement de passions après tout ce temps que la plupart des écrits qui lui sont consacrées sont plus partisans qu'autre chose, la qualité s'en ressentant. (A part peut être chez La Varende, mais aussi magnifique soit sa plume, nul ne peut dire de lui qu'il est impartial, loin de là même)

Christian Chavassieux est un écrivain d'une autre trempe: il a déjà la bonne idée d'aborder cela par un angle original. Voici Martin Sourire, orphelin, une petite bouille ronde avec justement,un sourire inextinguible, pour lequel une Reine, encore en mal de maternité, a le coup de foudre au détour d'un voyage.... Le destin de Martin en est bouleversé et c'est à travers lui que l'auteur nous offre une plongée dans l'histoire et dans l'âme humaine.

Une excellente découverte, que je recommande, et un roman qui m'a décidée à partir à la découverte du reste de l'oeuvre de cet auteur!



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La vie volée de Martin Sourire



«  Enle vé «  par caprice par Marie-Antoinette, puis délaissé, Martin finit par franchir le mur-prison de Versailles. Il découvre Paris, ses rues, ses quartiers, ses petits métiers. Il entend les murmures puis les grondements de la Révolution. La guerre de Vendée lui révèle un autre visage de la Révolution et de lui même.

La vie volée de Martin, c'est la vie confisquée, emportée par le flot de l'Histoire. Pour s'en sortir, Martin doit franchir des murs, ceux de Versailles et ceux des horreurs des massacres de Vendée.

Ch.Chavassieux fait revivre avec précision la vie du petit peuple, des oubliés de l'Histoire. Il nous fait aussi découvrir des personnages tels que les architectes Jean Louis Boullée, Richard Mique, des cuisiniers comme Beauvilliers. Le style lyrique, l'utilisation du vocabulaire de l'époque , une documentation remarquable rendent haletant et palpitant l'atmosphère du récit . A la fois roman d'initiation et roman historique ,c'est essentiellement la Révolution vu d'en bas. A découvrir.



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La vie volée de Martin Sourire

Je suis assez désappointée par ce roman.

D’un côté, j’ai apprécié les descriptions de la vie au Trianon de Marie-Antoinette, puis les détails de la vie parisienne pendant la révolution. On sent que l’auteur a fait des recherches historiques concernant la vie des citoyens de cette époque. J’ai beaucoup apprécié ce côté, d’autant plus qu’il y a de nombreuses annexes nous donnant des informations complémentaires concernant le vocabulaire de l’époque et les personnalités historiques présentes dans le roman.

J’ai aimé découvrir la révolution du point de vue des citoyens, du peuple, car je ne connais cette période quasiment que du côté de Marie-Antoinette. Dans cette histoire, la reine ne sert qu’à introduire le personnage de Martin en début de roman, puis n’apparait plus par la suite.

Ce qui m’a gêné dans ma lecture c’est le personnage principal de Martin. Je n’ai pas réussi à le comprendre et à avoir de l’empathie pour lui. Je l’ai trouvé plat, il se laisse porter sans avoir d’avis sur les évènements, et ne parle que très rarement. Je pensais vibrer du côté des révolutionnaires, mais j’en suis venue à tous les détester et à pleurer la chute de Marie-Antoinette, cette reine que j’admire.

La dernière partie du roman m’a complètement dégouté, les scènes de guerre de Vendée sont ignobles, et m’ont fait perdre le peu d’empathie pour Martin que j’avais.

En résumé, une belle fresque historique de la révolution française vue du côté des citoyens, mais un personnage trop plat et peu attachant.
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La vie volée de Martin Sourire

Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir ce roman.



Pour cette chronique, il me semble que je vais manquer d'objectivité, pour la simple raison que cette lecture ne fut pas bonne. En effet, je me suis lancée dans ce roman après avoir lu deux recueils de poésies qui m'ont tout simplement bouleversée. Ils furent tous les deux remarquablement bien écris et traitant d‘un sujet qui pour l'un comme pour l'autre m'a touchée profondément. Autant vous dire que la lecture qui allait passer après cela, allait malheureusement avoir du mal à rester au niveau.



D'autant plus que j'avais accepté ce roman car je pensais qu'il traitait plus sur la vie de Marie Antoinette qu'il le fait en réalité. En résumé, le timing ainsi que mon appréhension de ce roman n'a fait que renforcer ma déception envers cette lecture. Pour en revenir au texte lui-même, je vais essayer de vous en donner un aperçu qui vous permettra peut être de vous familiariser avec ce roman et de vous donner envie de le découvrir.



Le très grand point positif de ce roman est à mes yeux son écriture. On va rentrer dans ce texte avec beaucoup de simplicité, amené par une écriture fluide et sans fioriture. Ce point est certainement le plus grand avantage de notre lecture. Un style simple qui permet au lecteur de rentrer immédiatement dans le récit.



Le problème que j'ai rencontré est avant tout le manque de relief à l'intrigue et au texte en général. Tout au long de ma lecture, je me suis ennuyée. J'avais besoin que l'histoire décolle et cela ne fut pas le cas. Mais encore une fois, n'est-ce pas dû à la brutalité de mes lectures précédentes ? Il en reste que le texte ne m'a pas touchée, et en suivant le parcours de notre jeune héros, je réalisais que je n'avais plus d'intérêt pour sa vie et ses choix.



C'est dommage car la réflexion sur la vie à cette époque est complète. L'auteur nous présente ce besoin d'appartenance chez ce jeune orphelin, enlevé, sans famille et à la recherche de son identité. le tout complété par la période de la révolution qui fut un besoin du peuple de « devenir » quelqu'un a part entière : un citoyen pour son pays. Malgré ce point qui est amené de manière intelligente, on n'arrive pas à garder son intérêt et l'ennui monte de page en page.



Le texte parvient tout de même en troisième et dernière partie à s'affirmer. L'auteur nous dresse des passages pendant la guerre et surtout sur la manière dont les soldats doivent redevenir des hommes en rentrant. Avec cette dernière partie on se dit que le roman a mûri avec les pages, mais on regrette que cela ai pris tant de temps.



Pour cette lecture j'aimerais beaucoup avoir des avis complémentaires, pour comprendre si mon ressenti est justifié ou juste lié à mes lectures précédentes ?!
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La vie volée de Martin Sourire

Quel destin que celui de Martin arraché encore enfant à sa famille par une Marie-Antoinette en mal d'enfant puis peu à peu oublié et livré à lui-même dans le parc de Versailles lorsqu'il devient inintéressant à ses yeux. L'auteur le suit dans sa vie, la vie d'un enfant taiseux qui restera à jamais un déraciné.

Le hasard des rencontres lui permettra de faire son chemin en pleine révolution, de fonder une famille avec Marianne. Il s'engage dans l'armée révolutionnaire pour défendre des idées et se retrouve en Vendée dans les escadrons qui vont semer la mort. Une fois de plus son destin lui échappe.

Christian Chavassieux fait de cet inconnu un héros fragile. On se surprend à penser que, malgré tout, son passage à la Cour lui a ouvert les portes d'une instruction qu'il n'aurait peut-être pas eue sans cela et pourtant on sait bien que cette vie-là, loin des siens, n'est pas une vie.

La construction du livre est impeccable, conformes au caractère taciturne du héros les chapitres sont courts sauf lorsque, étouffé par les souvenirs de Vendée, sa pensée s'épanche sur les atrocités vécues et perpétrées. Un roman qui mérite d'être découvert.
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La vie volée de Martin Sourire

J'ai dévoré ce roman, pourtant dense et parfois ardu. Il exige du lecteur la capacité à accepter de longues pages de descriptifs et une langue très soutenue (que pour ma part j'ai trouvée flamboyante).



À partir du personnage de Martin, fictif, l'auteur recrée avec un réalisme saisissant la fin du 18e siècle. Tout d'abord avec les dernières années du règne de Louis XVI, puis avec les prémisses de la Révolution, enfin avec les heures les plus sombres qui suivirent.



Martin est un peu le mélange de Grenouille, le personnage de Suskind, et de Forrest Gump. Il traverse les lieux et les évènements avec une candeur désarmante, rencontre des personnages clés sans avoir conscience de leur importance. Perdu dans un monde dont il ne comprend pas les enjeux, solitaire, en manque de repères affectifs, l'enfant - puis l'homme - fait du mieux qu'il peut pour survivre. En quête de son identité, Martin se laisse porter par les vents de l'Histoire.



Divisé en trois parties distinctes : Versailles, Paris, la Terreur, La vie volée de Martin Sourire nous entraîne dans cette période charnière. On s'y croirait, tant Christian Chavassieux a soigné son récit. Qu'il s'agisse des faits relatés, du vocabulaire employé par les personnages, de l'ambiance, tout est incroyablement retranscrit. L'immersion dans l'époque est immédiate et totale.



Malgré la langue très travaillée qui aurait pu être rebutante, la lecture glisse toute seule, passionnante et envoutante. Même les longues descriptions sont captivantes (celle de Paris ou celle du restaurant par exemple), car elles participent de l'atmosphère générale et ancrent le récit dans la réalité des gens de l'époque.



Martin touche un peu à tout, comme nombre de ses concitoyens, change de métier au gré des opportunités, et finit par se laisser gagner par le miroir aux alouettes d'une révolution que le peuple appelle de ses voeux. Mais bien vite, la réalité atroce le rattrape. L'auteur livre alors un très long chapitre uppercut sur la guerre de Vendée, qu'on lit avec les tripes et qui pourrait être transposé à n'importe quel conflit présent ou passé.



Finalement, au bout de son chemin initiatique, Martin devient le symbole d'une République toute neuve, débarrassée des horreurs et des douleurs de sa conception. Ce personnage porte tout le poids des errements humains.



Magnifique roman historique, La vie volée de Martin Sourire se termine sur des annexes intéressantes : lexique d'époque et explications de l'auteur.
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La vie volée de Martin Sourire

Ce roman est dense mais ça vaut le coup. Récit de la vie d'un orphelin "recueilli" par Marie-Antoinette, qui se désintéresse de lui aussitôt qu'elle a ses "vrais" enfants. Dans une première période il vit à Versailles d'abord au palais puis dans le petit hameau de la Reine, simulacre de campagne construit pour sa distraction. Vient la Révolution, et il part pour Paris afin de découvrir le monde réel. Engagé volontaire dans l'armée républicaine, il participe ensuite à la guerre contre la Prusse et à la répression de la révolte Vendéenne. C'est à ce moment que ce récit bascule dans le drame, avec force détails sur les colonnes infernales et la barbarie exercée contre les Vendéens par la jeune République. Martin en revient avec un syndrome de stress post-traumatique typique, mais forcément pas diagnostiqué et encore moins traité à l'époque.

Vie volée d'abord par la Reine, puis par la Révolution et la Guerre.
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La vie volée de Martin Sourire

Merci à Babélio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir Christian Chavassieux dans le cadre de cette Masse Critique.



1777-1794



Marie-Antoinette, mariée depuis sept ans au roi Louis XVI se languit d'enfant. Elle en adopte plusieurs qu'elle mignote avec amour. Elle leur donne un nouveau prénom, des vêtements princiers, une éducation de choix et des manières de cour. C'est ce qui arrive à un petit garçon de cinq ans, orphelin, qui devient la coqueluche des proches de la reine tant son visage aux commissures relevées semble constamment sourire. La reine l'appelle Martin Sourire. Adoration de part et d'autre. de courte durée pour Martin car en 1778, la reine devient mère et elle confie Martin à une domestique sans plus trop se soucier de lui. de main en main, le garçonnet finit vacher dans le ravissant hameau rousseauiste que Marie-Antoinette fait construire à deux pas du petit Trianon.



Lorsque la famille royale est emmenée à Paris en 1789, Martin la suit mais dans une autre direction. Il trouve un emploi dans le plus grand restaurant de l'époque, le Beauvilliers, et fait connaissance avec le peuple, brutal, miséreux et grondant, que la prise de la Bastille a conforté dans ses revendications. Plus tard, Martin devient l'homme de confiance de l'architecte Etienne-Louis Boullée. En 1790, empli de l'idéologie révolutionnaire, il entre dans la Garde nationale, puis devient volontaire et participe à la guerre de Vendée. Dans les rangs des colonnes infernales, le sang appelle le sang et l'idéalisme se transforme en assassinats répétés. Son retour au foyer sera compliqué.



Pas d'intrigues, pas de héros, pas d'identification. le personnage principal a été glissé dans cette partie de l'histoire de France pour permettre à l'auteur de s'épancher sur certains épisodes et personnages moins connus de cette époque troublée. L'idée est sympathique et plaide en faveur d'une recherche documentaire approfondie au détriment du roman.



La construction du hameau de la reine et l'ambiance active qui règne dans ce village miniature n'ont plus de secret pour le lecteur. La vie dans les cuisines du Beauvilliers fait immanquablement penser au Ratatouille de Pixar, tandis que l'oeuvre visionnaire et fascinante de l'architecte Boullée se lit passionnément à travers ses projets et dessins soigneusement conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Le chapitre consacré à l'action sanglante des colonnes infernales du général Huché à La Gaubretière, les paragraphes relatifs aux protagonistes de la Terreur ainsi que les pages commentant les supplices librement consentis des convulsionnaires, mettent du piment dans cette lecture agréable qui, faute de consistance dans les caractères des personnages, ne laissera cependant pas de souvenir durable.



Puisque Martin est un enfant volé, il semblerait logique qu'il cherche à retrouver ses origines, ses frères et soeurs mais il se contente d'une consultation chez un tarologue véreux. Dommage.



L'écriture est extrêmement soignée et renforcée par l'utilisation de vocabulaire de l'époque. Mention spéciale pour les annexes fort intéressantes qui témoignent de cet esprit de recherche et d'analyse de l'auteur : une chronologie simple mais efficace, un glossaire des mots anciens, une biographie significative de tous les personnages mis en scène et, surtout, une bibliographie annotée et commentée que, pour ma part, je ne me souviens pas avoir vue chez un autre auteur.



Nul doute que je me donnerai une autre chance de mieux connaître Christian Chavassieux.



2,5/5

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La vie volée de Martin Sourire

Il est le garçon au sourire figé, à l'indéfectible rictus de bonheur aux joues...

Adopté sur un coup de coeur de Marie Antoinette, qui se lasse bien vite de son caprice, le petit Martin grandit à Versailles, quittant rapidement les salons dorés pour travailler comme garçon-vacher au Hameau de la Reine.



Une première partie pour l'enfance dans les décors somptueux du domaine royal,

Une seconde pour l'émancipation dans Paris, l'apprentissage du métier, de l'amour, des idées dans la frénésie des premiers temps joyeux de la Révolution,

Une troisième partie pour la perte des illusions et la fragilité d'un homme dans le chaos des guerres et les débordements sanguinaires de la Terreur.



Par une écriture travaillée et dans un style touffu, par des descriptions d'anthologie*, l'auteur nous fait vivre l'histoire politique et sociale de la France, à hauteur du petit peuple et par l'oeil de son garçon à la face étrange.



Il ne faut pas s'attendre à des rebondissements et une intrigue narrative. Tout le roman se justifie par la reconstitution d'une époque. On change de siècle, on s'immerge dans le Paris grouillant et populaire. L'annexe de vocabulaire en fin d'ouvrage contribue au dépaysement temporel, comme les personnages réels qui traversent le roman.



Une documentation haut de gamme fait de ce roman historique un modèle du genre.

Ce fut une lecture épatante! J'en remercie Masse Critique et les éditions Phébus.



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*telle celle du Paris de 1789, ou du gargantuesque dîner à la française. Quant aux guerres de Vendée, c'est oppressant de réalisme.

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