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Critiques de Christian Rossi (153)
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La ballade du soldat Odawaa

Intéressant



Un sniper d’élite amérindien issu d’un bataillon canadien au cours de la première guerre mondiale en France. Une chasse au trésor sanglante opposant les Allemands et les alliés.



En dehors du fait que c’est historiquement plausible, nous avons un album visuellement réussi. L’immersion se fait. Je pourrais reprocher une image un peu sombre, mais je soupçonne fortement que c’est fait exprès et que cela contribue à l’atmosphère de l’oeuvre.

L’histoire est intéressante et ce mélange guerre des tranchées – Western réaliste est abouti.
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La ballade du soldat Odawaa

Mais quel con fais-je !

Confondre le soldat Odawaa avec le mythique groupe Ottawan, y en a des, j'vous jure.

Ceci dit, à la lecture dudit récit, je pourrais facilement chantonner "t'es ok, t'es bath, t'es in !" en l'honneur de ce fringant et téméraire amérindien devenu, l'espace d'une sale guerre, une véritable légende.



14-18.

Il pleut des balles, des obus, des corps, sur le champ de bataille.

C'est en février 1915 qu'un contingent d'amérindiens prendra part au conflit face aux allemands.

Joseph Odawaa, de la nation Cree, sèmera l'effroi et le chaos dans les lignes ennemies, inscrivant, dans l'histoire, son nom en lettres de sang.



À la lecture de la quatrième de couv', tiens, comme un p'tit air du mémorable chemin des âmes de Boyden, que je me suis dit.

Finalement, pas de quoi se lancer dans un jeu des 7 erreurs tant les similitudes se comptent sur un doigt de whisky.



La sublime couv' annonce la couleur et l'ambiance générale du récit.

Violent, sombre, temps maussade et crachineux avec des températures en baisse sur le nord-est du pays, ça fout le bourdon d'entrée de jeu.



L'intro est d'une violence homérique.

Action directe, pas le groupe, le personnage, est posé, le ton donné. Ça va chier grave pour les teutons !

Et puis non, car ce récit, plutôt que de focaliser sur un chasseur sachant chasser... va se démultiplier, le perfide coquinou.

Faire dans la poupée gigogne tout en maintenant une certaine homogénéité au final.

Où il y est question d'honneur bafoué, de trésor caché, de pédagogie indienne, de références ciné (Stalingrad, Le Bon la Brute et le Truand) l'histoire n'en finit pas de rebondir (trop, peut-être), portée par un graphisme précis aux couleurs ténébreuses.

De plus, l'emploi systématique de l'allemand sous-titré accentue le phénomène d'immersion.



Dans un autre style, j'avais adoré la ballade de Jim.

La petite musique d'Odawaa est un hymne sanguinaire, véritable hommage aux moult ancêtres de la nation Cree. Et j'aime autant vous dire qu'en matière de témoignage, Odawaa ne fait pas dans la dentelle de Calais.



Merci à Babelio et aux éditions Casterman pour la ballade sur le chemin des drames...
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La ballade du soldat Odawaa

Lors de la Première Guerre Mondiale en France, il y a eu également des guerriers natifs indiens venant des plaines du Nord-Canada pour prêter main forte aux armées françaises contre les allemands. L'un d'eux dénommé Odawaa était particulièrement cruel avec ses adversaires. Il a entretenu une certaine légende sur le terrain militaire des combats.



Cette balade du soldat Odawaa ne sera pas forcément bucolique entre les tranchées mais plutôt assez sanglante. On se passerait bien même d'une telle ballade ou je dirais d'un tel carnage. Mais bon, il s'agit de montrer qu'après avoir massacré les indiens en Amérique du Nord, les blancs les ont utilisé pour leur sale guerre. Encore une fois, c'est basé sur des faits historiques plutôt méconnus.



Le dessin est très austère et les couleurs sont sombres et ternes pour souligner un côté désespérant dans ce théâtre macabre des opérations.



Une trouvaille est d'associer le fameux olifant de Roland de Roncevaux qui aurait été retrouvé et qui est convoité par les allemands. La dernière case réservera d'ailleurs une surprise de taille à ce sujet.



Le récit devient un peu alambiqué à un moment donné dans une sorte de surenchère au retournement de situation. Je n'ai pas plus apprécié que cela mais c'est un travail tout à fait honnête et satisfaisant qui pourra sans doute plaire.
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Le coeur des Amazones

Non loin de Troie où la guerre fait rage, celles qui sont devenues les Amazones en se révoltant contre leur statut d’esclaves des hommes vivent maintenant cachées dans une grande forêt. Régulièrement elles mènent des raids contre des groupes d’hommes, peu importe qu’ils soient Troyens ou Achéens, pour en faire leurs esclaves.

Partant d’un tel argument, il aurait été facile de céder à la facilité d’un récit manichéen glorifiant les fières Amazones. Cela aurait pu être amusant traité comme une série B aux allures de défouloir mais ça aurait aussi pu sombrer dans un propos nauséabond. Ce n’est pas le cas ici, Rossi et Bindi proposent sur ce thème une œuvre très subtile.



Si le scénario de Géraldine Bindi ne glorifie pas les actes des Amazones et dénonce ce matriarcat tout aussi cruel que le patriarcat qu’il a remplacé, il ne les condamne pas totalement non plus. Il y a un regard pétri de compassion envers elles. Il faut dire que la souffrance de ces femmes est palpable. Souffrance du souvenir de l’esclavage. Souffrance d’être privées d’amour. Et que dire de la souffrance de celles à qui on arrache leurs enfants masculins pour les tuer ? On ne combat pas la haine par la haine. On ne combat pas le rejet en lui opposant un autre rejet. Voilà un propos que je partage entièrement et qu’il est bon de rappeler en ces temps où fleurissent les réunions en non-mixité et autres illustrations de communautarisme qui ne font qu’exacerber les problèmes en divisant la communauté humaine.



Ce joli scénario est superbement mis en valeur par le dessin de Rossi. Quel boulot époustouflant ! Ce n’est pas un style d’illustration qui plaira à tout le monde. Moi j’ai adoré ce graphisme tantôt réaliste, tantôt épuré et teinté d’un bel onirisme. Il y a une lumière très particulière, presque cotonneuse, qui nimbe les images. J’ai trouvé ça envoûtant.



« Le cœur des Amazones » est une très belle B.D très réussie à la fois visuellement et narrativement.



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Le coeur des Amazones

Dans cette bande dessinée de 160 pages flirtant avec le roman graphique, un très bel livre-objet réalisé par Casterman, Christian Rossi et Géraldine Bindi insère le mythe des Amazones à celui de la Guerre de Troie pour dénoncer la haine et la violence, le mépris et l'indifférence...

Dans une grande forêt qu'elles jugent protégée par leur déesse tutélaire Artémis, les Amazones en guerre contre la terre entière s'en prennent autant aux Achéens qu'aux Troyens. Car dans un monde où les hommes considèrent les femmes comme les objets, elles considèrent les hommes comme des objets eux aussi, et dans un monde où les hommes ne sont que viols, violences et rapines elles le sont elles aussi... le cycle infernal de la haine et du rejet de l'autre se perpétue ainsi dans la guerre des sexes !

Rescapées d'une opération de nettoyage ethnique, les ancêtres des Amazones ont tué leurs maîtres machistes pour rejeter à jamais les mâles : en se donnant à la déesse vierge Artémis, elles ont juré d'asservir les hommes, d'user d'eux, de les exploiter puis de les massacrer, mais aussi d'infanticider tout rejeton de sexe masculin sortant de leur matrice... Mais la situation devient de plus en plus insupportable, car rejeter l'autre c'est se rejeter soi-même ! Quel sera l'agent du changement ? La jeune et naïve Isia qui ne comprend rien à toute cette haine contre l'autre moitié de l'humanité ? La rude guerrière Astérie qui n'en peut plus de la haine et qui recherche l'amour ? La prêtresse pacifiste Protoé qui finit par avoir des hallucination du centaure Chiron ? La Reine Penthésilée qui à 16 ans se perd dans les substances psychotropes, puisque d'après leurs lois elle ne peut que se perdre que dans les bras d'un prince avant d'elle aussi le tuer... L'entrée sur le champ de bataille du demi-dieu Achille précipite les événements, car la Chute de Troie est aussi pour tout le monde la fin d'une ère ! Les débats sont enflammés : faut-il être enchaîné au passé de sa communauté ou tous ensemble marcher sereinement vers l'avenir ? (donc j'ai retrouvé les thématiques, la beauté et la dureté du poème en prose "Les Centaures" d'André Lichtenberger)



Un oeuvre crue, rude, clivante et exigeante, sans doute à ne pas mettre entre toutes les mains. Car si va au-delà du sexe et de la violence, les graphismes de qualité mélangent intimement tons sépias et noir & blanc pour nous amener dans un univers entre rêve et réalité avant d'accéder à la vérité : pardonner autrui pour se pardonner soi-même, accepter autrui pour s'accepter soi-même... Dans notre civilisation moderne qui prône le chacun pour soi et la guerre de tous contre tous, pas sûr que tout le monde possède la sagesse nécessaire pour y parvenir !
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La ballade du soldat Odawaa

"La ballade du soldat Odawaa" est une BD de Cédric Apikian et Christian Rossi parue aux éditions Casterman. C'est un western impitoyable sur fond de Première guerre mondiale, au croisement de Sergio Leone et Sam Peckinpah. C'est violent, addictif car le scénario de Cédric Apikian nous tient en haleine, les illustrations de Christian Rossi (dessins) et de Walter (couleurs) sont pleines de sauvagerie et décrivent parfaitement ce no man's land de février 1915. On y suit la chasse à l'homme menée par le fameux soldat Odawaa, matricule Tomahawk, de père indien Cree et de mère française, il sert dans les troupes canadiennes et sème la mort par le biais de son fusil à lunette car il est l'élément central d'une unité de tireurs d'élite amérindiens. Il va devoir retrouver le commandant allemand von Schaffner, un criminel de guerre de la pire espèce. Difficile de s'ennuyer lorsque l'on est à pareil fête. Là, on est très clairement face à une BD majeure à l'univers sombre et déchirant s'inspirant librement des faits d'arme des héros de guerre canadiens, notamment Francis Pegahmagabow et Henry Norwest. Crépusculaire, ensorcelante "La ballade du soldat Odawaa" est indispensable dans toute bonne BD-thèque.


Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Golden West

Club N°55 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Le dessin est magnifique, mais le récit n'est pas fluide et nous perd un peu.



La chute est un peu ratée.



Dommage, nous n'étions pas loin du chef d'oeuvre.



André

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Difficile de chroniquer une BD de Rossi tant l'ambition de chacun de ses livres développe une recherche de perfection palpable à chaque page.



Le bon point de ce long récit consiste à aborder l'époque de Géronimo par la marge à travers le vécu d'un protagoniste qui n'est pas Géronimo justement (mais que l'on croise souvent car il ponctue la chronologie).



Ensuite, la pagination est si importante que l'on se demande si l'on arrivera au terme de l'histoire en raison de séquences souvent longues qui reflètent peut-être l'immensité du territoire.



Et, en regard de ces séquences, la fin me semble bien elliptique (je n'ai pas dit "précipitée").



Enfin, il est de bon ton de toujours rester impressionné par son dessin, soit, mais souvent plusieurs pages me laissent un sentiment très curieux (je n'ai pas dit perplexe) où j'ai l'impression que plusieurs vignettes ne "correspondent " pas à la planche (en raison d'un changement d'esthétique ou de technique choisie...) et qui me font sortir de ma lecture.



Bref, un grand livre (je n'ai pas dit "long") qui marquera la BD comme chacune des BD de Rossi et qui deviendra vite un "classique".



Benoit

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Très belle histoire sur la lente agonie du peuple amérindien au profit de l'homme blanc.



Graphisme toujours impeccable de Christian Rossi.



David

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Très bel album à avoir dans sa bibliothèque.



Quel beau travail !



On suit le jeune Woan et à travers ses pérégrinations, on découvre Géronimo et l'immensité du territoire qui les entoure.



Les couleurs sont magnifiques et les dessins très beaux.



Virginie

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Un sublime album tant dans le dessin que dans les couleurs.



Une sorte de perfection.



Les planches originales doivent être des oeuvres graphiques à part entière !



Wild57

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Fan de Rossi mais un peu noyée dans ce certes très beau mais très (trop ? ) long opus...



Xel

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Très beau dessin bien sur mais on se perd dans l'histoire trop longue... dommage.



Je l'ai pas fini du coup.



Nicolas

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La ballade du soldat Odawaa

Magnifique !

Cet ouvrage signé Rossi (dessin) Apikian (scénario) sans oublier Walter (couleur) est tout simplement sublime.

France. 1915.

Au coeur des tranchées et des combats.

Un commando de snipers amérindiens est formé au sein du contingent canadien. Parmi eux, un héros,  une légende ? Le soldat Odawaa dont on ne cesse de vanter les exploits.

On ne compte plus les scalpes à son palmarès.

Véritable fantôme, il traque et il tue l'ennemi.

On lui octroie une nouvelle mission, mettre fin aux pillages auxquels se livre un groupe de soldats allemand.

Tout est dans le dessin, les dialogues sont réduits, intelligemment, au strict nécessaire.

Peut-on reprocher à ce soldat Odawaa de garder tout son mystère ?

Après tout, même dans les BD les fantômes peuvent être invisibles...





 

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Le coeur des Amazones

Un coup de coeur pour cet album sur les amazones.

Pendant la guerre de Troie, troyens et achéens se déchirant, les Amazones, elles, s'étant séparés des hommes et, à titre de revanche, s'en prennent à ces derniers, les considérant comme des objets de reproduction, pour en suite les larguer, voire les tuer tout en ne s'amourachant et en supprimant les enfants mâles.

Penthésilée, la reine, toujours vierge, ne peut s'accoupler qu'avec un noble. Le grand héros grec Achille fera l'affaire, mais gare cela ne sera pas si simple.

Le scénario tient la route et, de toute façon, pourquoi pas cette histoire relative à cette guerre plus ou moins qu'une autre.

En revanche le dessin est une pure merveille qui vaut, absolument le détour.

Un lavis de grande qualité, le trait d'une expressivité remarquable, personnage, animaux, arbres...tout est remarquable et à remarquer en en oubliant presque l'histoire tant on se croirait dans une exposition.

Les personnages sont dessinés avec finesse et grand talent, visages, corps, mouvements, expressions, j'ai beau chercher la petite bête, je ne la trouve pas.

A regarder, lire et regarder encore.

L'album est abondant en page, 160, donc un régal.

A consommer sans modération.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Golden West

Golden West est un western plein de grands espaces, de naturalisme, de vie sauvage et de révolte. Woan est un apache, de l’époque de Géronimo. Le récit raconte son histoire personnelle en parallèle avec le destin du peuple Apache. Le dessin de Rossi est réaliste, toujours dans les tons d’ocres et de terres, clair et très lumineux, comme le soleil brûlant et sec de cette région du Sud-Ouest des Etats-Unis.

Woan, encore très jeune, a provoqué la colère d’un ours, ce dernier a tué son camarade, par sa faute, les hommes de la tribu ont dû tuer cet animal sacré, pour éviter la malédiction sur la tribu, Woan est alors banni. À travers le destin d’un homme, l’histoire raconte le dernier sursaut des Apaches, le cruel destin d’un peuple condamné à s’adapter ou à mourir. C’est une belle saga épique et romanesque, chargée d’émotions. Le récit est frontal, hollywoodien, il n’a pas la modernité de Hoka Hey, auquel on pourrait comparer l’histoire, le ton est beaucoup plus classique, moins original, j’ai aimé mais vers la fin, le temps s’accélère et il m’est arrivé de me perdre, les personnages se ressemblant beaucoup, et l’histoire évolue trop vite, on est un peu poussé vers la sortie, dommage.

C’est une belle lecture, qui nous apprend beaucoup de choses sur ce peuple à travers une belle saga romanesque, mais un peu trop classique pour être un coup de cœur en ce qui me concerne.
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Le coeur des Amazones

Chouette, une nouvelle oeuvre inspirée par le cycle troyen ! Si le peuple des Amazones est à peine mentionné dans l'Iliade, après Homère plusieurs auteurs antiques ont fait d'elles des protagonistes à part entière de la Guerre de Troie. Mais la relative obscurité dans laquelle elles sont demeurées permet aujourd'hui de leur inventer une histoire : voilà la tâche à laquelle se sont attelés Géraldine Bindi, qui signe là son premier scénario, et Christian Rossi, vieux briscard de la BD.



Ce qui frappe en premier lieu quand on feuillette "Le coeur des Amazones", c'est le style graphique. J'avais déjà apprécié le travail du dessinateur sur "Tirésias", autre BD inspirée de la mythologie grecque, sans aller jusqu'à être ébloui... mais cette fois je l'ai été. On a ici une alternance de dessins très épurés, parfois de simples silhouettes, avec des cases très détaillées, notamment dans la représentation de la forêt qui sert de refuge aux Amazones, ainsi que dans les scènes de combats, assez courtes et peu nombreuses mais parfaitement réalisées. Cela donne lieu à des planches magnifiques, de petites oeuvres d'art tout en nuances de sépia. Les personnages sont eux aussi très réussis, tous sont aisément identifiables, chacun a ses propres caractéristiques ; mention spéciale à la reine Penthésilée, qui ressemble beaucoup à Sandahl Bergman dans "Conan le Barbare" (est-ce un hasard, ou une influence assumée par le dessinateur ?) et Achille, qui avec sa crinière bouclée pourrait être une rock-star des années 80... un peu déstabilisant au départ, mais pourquoi pas ? J'imagine que le style de Christian Rossi aura ses détracteurs, mais je trouve pour ma part qu'il contribue grandement à la franche réussite qu'est "Le coeur des Amazones".



Un bon graphisme ne suffit pas à faire une bonne BD, il faut que le scénario soit à la hauteur. J'avoue avoir eu deux craintes. La première, en voyant tous ces personnages nus, hommes comme femmes, était que l'ensemble flirte avec la pornographie, ou du moins avec l'érotisme racoleur. En fait ce n'est pas du tout le cas : oui, il y a dans ces pages beaucoup de paires de fesses et de seins, de pénis plus ou moins dressés et de parties de jambes en l'air, mais à la lecture tout cela paraît justifié, rien n'est gratuit. Bien sûr, il faudra tout de même éviter de laisser traîner "Le coeur des Amazones" à portée des plus jeunes ! Autre crainte, là encore vite dissipée : au vu du sujet principal (l'opposition entre les sexes, la vie d'un groupe de femmes débarrassées de "l'oppression patriarcale"), le scénario aurait pu tomber dans les clichés du féminisme bas du front qui nous submerge depuis quelque temps. Au contraire, le propos est intelligent et sensé. La société matriarcale des Amazones est loin d'être idyllique, elle est aussi cruelle et tyrannique que celle des hommes, sinon davantage ; la prétendue libération acquise par ces femmes débouche moins sur le bonheur et l'épanouissement personnel que sur la frustration et le chagrin. L'album est dédié par ses auteurs "À la réconciliation, à l'amour, au pardon" et, sans trop en révéler, c'est en effet dans ce sens que se développe l'intrigue : la guerre des sexes est bel et bien une absurdité, rien de positif ne peut sortir de relations basées sur la défiance et la rancœur, n'en déplaise à certain·e·s...



Il y aura sans doute des cuistres pour parler de "roman graphique" du simple fait que "Le coeur des Amazones" soit destiné à un public mature et que ses auteurs aient fait preuve d'une certaine ambition, graphique comme scénaristique... Pour ma part je me contenterais de parler d'une BD de très grande qualité, que je recommande chaudement à tous les amateurs. Je remercie les éditions Casterman, qui m'ont permis de la lire dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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W.E.S.T, tome 2 : Century Club

Ce second volet est bourré d'action et va à 100 à l'heure, c'est indéniable. Impossible de s'ennuyer, il se passe beaucoup, beaucoup de choses, trop même. Les 54 pages de ce 2ème tome sont pleines comme un oeuf, si touffues qu'on s'y perd parfois un peu. Cette histoire qui est racontée en 2 tomes aurait mérité de faire l'objet de 3 tomes, d'être un peu délayée. On ne pourra pas accuser Dorison et Nury de tirer sur la corde.

Malgré ce petit bémol, je ne boude pas mon plaisir. W.E.S.T 2 permet de passer un très bon moment. C'est dynamique, pêchu et très divertissant. L'aspect fantastique du récit est bien amené et le dessin de Rossi colle parfaitement à ce mélange d'ingrédients.



Ce "Century club" clôturait un 1er cycle de W.E.S.T. Je dois avouer que même si j'ai passé un bon moment de lecture avec ce diptyque aux qualités indéniables, je ne vais pas me jeter sur le cycle suivant. Je ne dis pas que je ne les lirai pas mais ça ne sera pas ma priorité.

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Le coeur des Amazones

Au temps de la guerre de Troie, dans la forêt bordant la cité, se cache un peuple de femmes. Les amazones. Elles viennent parfois sur le champ de bataille, massacrent quelques hommes et en capturent d'autres...



Cette bande dessinée nous offre le récit du peuple amazone. Nous n'avons pas d'héroïnes même si certaines personnalités se détachent du groupe comme la reine Penthé, Astérie la guerrière, Isia petite fille voulant grandir trop vite où encore Protoé qui connait les plantes. C'est vraiment plus la communauté, leur façon de vivre, leur rites, leur croyance... qui est mis en avant.

Ce que j'ai bien c'est surtout la seconde moitié de l'album quand petit à petit on découvre les failles dans l'organisation matriarcale des amazones. Leur désir farouche de rester libres et non soumises aux mâles leur font emprunter une voie extrême qui entraine bien des souffrances. J'ai aimé voir naitre ce désir de changement, ce renouvellement des vieilles traditions qui font souffrir, ce renouveau apportant paix et espoir...



Bien sur l'autre plus ce sont les dessins. Le très beau encrage sépia monochrome donne un ton de récit à cette histoire de la mythologie grecque. Le trait est très beau, fin et sensuel. Erotique mais sans vulgarité.

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Golden West

Cette bédé western, c’est 170 pages de pur bonheur, de plaisir pour les yeux, notamment grâce aux dessins et aux couleurs, sans oublier du plaisir tout court grâce au scénario qui ne manque pas de profondeur.



La construction n’est pas linéaire, l’auteur faisant des bons sur la ligne du temps et en passant d’un personnage bien connu qui est Go Khla Yeh, connu ensuite sous le nom de Geronimo.



Après avoir expliqué pourquoi cet apache Bedonkohe a changé de nom, l’auteur passera à l’autre personnage de cette bédé, Woan.



Woan est un gamin Apache qui aime chasser avec son ami Chatto, jusqu’au jour où ils chasseront ce qu’ils ne pouvaient chasser et que Woan est puni par le bannissement, puisqu’il portera la poisse à partir de ce jour, puisque les esprits le suivront.



Ce western n’est pas que le récit d’une vie d’errance d’un jeune gamin qui deviendra adulte. C’est bien plus que cela. C’est un récit de résistance, celle des Amérindiens face aux visages pâles, à la langue fourchue, c’est une histoire de guerre, de spoliation des terres, sur l’amitié qui pouvait naître entre un Natif et un visage pâle quand le respect était là.



C’est aussi le récit d’une assimilation forcée, puisque les Amérindiens n’ont pas su résister à la vague de Blancs qui est arrivée sur le continent. Les Blancs arrivaient comme des volées de sauterelles, comment auraient-ils pu résister ? Pas le choix, certains se sont inclinés, d’autres ont continué de résister, jusqu’à ce qu’ils baissent les armes aussi et se laissent enfermer dans des réserves qui avaient tout de camps…



Une superbe bédé, à découvrir, si vous aimez les récits qui parlent de résistance, de lutte, d’injustices, d’Amérindiens, de courage, d’héroïsme, mais aussi de tueries… Une bédé avec de la profondeur et des dessins superbes.



C’était mon dernier coup de cœur bédés de l’année 2023. Ou comment terminer avec des émotions "tout plein" et des yeux qui brillent…


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Golden West

Christian Rossi nous invite à suivre les péripéties de Woan, guerrier Apache contemporain du grand chef Geronimo.



Nous apprendrons comment celui-ci pris ce nom après avoir attaqué un village mexicain fêtant Saint Jérôme, Jeronimo ou Geronimo en espagnol. Woan, enfant, verra le retour des guerriers vainqueurs et l'arrivée de la jeune Inès, enlevée par le grand Chef.



Woan aime chasser avec son ami Chatto. Sa vie va basculer lors d'une de ces chasses où il essaiera de tuer un ours poursuivant Chatto. L'ours sera tué par les guerriers mais il a tué Chatto avant. Les règles de la tribu seront appliquées et Woan sera banni de son groupe, devra vivre en solitaire.



Nous suivons son évolution, sa construction d'homme et de guerrier dans le respect de la tradition apache. Grâce à elle, il accepte sa condition de paria car la punition est juste, même si la solitude lui pèse. Sa vie sera jalonnée de rencontres : Lozen, l'indomptable guerrière chihenne, Geronimo, des mexicains ayant peu de scrupules, des trappeurs blancs capables de comprendre et respecter les indiens.



À travers le vie de Woan, Christina Rossi évoque celle de Geronimo, sa lutte pour préserver un territoire aux siens et pour que la culture indienne continue d'exister. Il nous plonge dans la vie quotidienne du peuple apache et dans ses relations avec les hommes blancs, les apaches étant les ennemis des mexicains qui eux sont des tueurs d'indiens car ils ne les considèrent pas comme des hommes.



Christian Rossi insiste sur les valeurs des indiens comme la fidélité en amitié ou une cause. Les indiens renégats passés à la solde des blancs seront pourchassés et tués sans autre forme de justice. Ils peuvent même tuer un membre de la famille s'il a trahi, la notion d'honneur et de clan primant. Christian Rossi parle aussi du chamanisme qui a une grande importance pour ces peuples proches de la nature et à l'écoute de celle-ci.



Christian Rossi montre aussi comment les indiens ont finalement été vaincus. N'ayant pas réussi à les réduire par les batailles, les blancs les intégrèrent dans la société et les occidentalisèrent. On retrouve ainsi Woan en costume et l'un de ses amis comme jockey.



Ce roman graphique propose des planches magnifiques. Les paysages sont grandioses. Les visages des personnages sont plus que réalistes, les visages d'indiens dégageant une majesté, une dignité, une grandeur. Les jeux de lumière sont somptueux, les jeux d'ombre et lumière sur les visages sont sublimes. Les détails dans les paysages sont impressionnants : dans les canyons, dans la végétation. J'ai repris la lecture de certaines pages pour mieux m'imprégner de l'atmosphère dégagée et pour mieux observer chaque détail. J'avais adoré "Hoka Hey !", j'ai adoré Golden West. Les deux rendent hommage à la culture indienne. Et en plus le terme Hoka Hey (en avant) est utilisé plusieurs fois par les apaches.



Si vous avez aimé "Hoka Hey ! ", vous aimerez Golden West.



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La ballade du soldat Odawaa

Le dessin réaliste de Christian Rossi s’accorde à merveille au scénario de Cédric Apikian. Le noir et blanc ne présente que les contrastes des images, la couleur vient créer une ambiance terreuse et grise de guerre, de boue et de brouillard. De brouillard, il en est fortement question d’ailleurs, parce qu’on va y rester un bon moment, le propos est volontairement brumeux, pour mieux nous surprendre. Première guerre mondiale, un contingent canadien avec dans ses rangs, quelques indiens, têtes brûlées. Et parmi eux, Odawaa, le plus mystérieux, le plus secret et le plus redoutable, c’est un héros vis à vis de ses compatriotes, et sa réputation dépasse largement le cadre de l’armée canadienne. On est entre western spaghetti et le roman de guerre, j’ai pensé très fortement à “Inglourious basterds”, mais alors que cette histoire de héros de guerre, de bons contre méchants, de règlements de comptes semble cousue de fil blanc, l’auteur parvient à nous retourner comme une crêpe, et ça, c’est jouissif.

PS. J’ai lu dans certaines critiques que quelques lecteurs n’avaient pas compris l’astuce finale, c’est trop dommage, il faut le relire !

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W.E.S.T, tome 2 : Century Club

Le club centaure poursuit sur la lancée de La chute de Babylone et propose une sorte de fin à ce qui peut constituer un dytique, bien qu’il y ait ici de la matière pour faire bien davantage qu’une histoire en deux parties.



Les quelques petits défauts qui ont pu être notés dans l’album précédent sont ici oubliés. L’heure est à l’action et les dessins sont plus maîtrisés que précédemment. C’est un vrai plaisir de suivre les séquences mouvementés, notamment celle qui se déroule peu de temps avant le dénouement. En revanche, il ne faudra pas compter sur les grands poncifs du western qui sont ici absents.



L’histoire demeure complexe et le lecteur en apprendra davantage sur la mystérieuse personne qui dirige le club ainsi que les sombres individus contre lesquels l’équipe a dû batailler par le passé. Pour ne rien arranger, le politique s’en mêle ce qui complique d’autant la tâche nos héros.



Le texte tient ici un peu moins de place. Cela entraîne un prix un payer. En dehors de deux personnages, l’aspect psychologique est mis de côté au profit d’un scénario intéressant qui emprunte à l’histoire et à l’occultisme. Comme quelques questions demeurent en suspens, il est fort probable que le dénouement n’en est pas vraiment un.



Ce deuxième volume confirme, en mieux, le diagnostic posé avec le premier album. Nous voici entés de plein pied dans une série qui offre un sacré potentiel !
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La ballade du soldat Odawaa

au coeur de la Première Guerre Mondiale, les alliés canadiens et français affrontent les allemands. les dialogues germanophones sont d'ailleurs bullés en version originale puis sous-titrés en français.

vous le voyez, la couverture est sublime. de belles bulles, des couleurs sombres, peut-être même trop sombres. la guerre n'est jamais rose, c'est sûr. mais quand même, parfois les couleurs sont si sombres qu'il faut se pencher pour bien voir, bien lire.

dans les villages, la désertion et les pillages, dans les tranchées, la démotivation, l'espoir, les soldats Amérindiens et surtout les faits d'arme d'un légendaire Odawaa. voilà ce que Cédric Apikian raconte et que Christian Rossi met en lumière.

trop court, trop condensé.
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W.E.S.T, tome 3 : El Santero

Après les événements de l’exposition Panaméricaine, mis en scène de manière bien particulière, l’équipe WEST va devoir changer d’horizon pour partir à Cuba !



Les premières planches ont disent déjà long sur ce qui va suivre. Une nouvelle fois il va être question de politique et d’ésotérisme avec une bonne dose de dépaysement en plus. L’ensemble est bien mené, original, bien composé. L’histoire semble aller dans une certaine direction, malgré quelques rebondissements, placés ici ou là, avant de prendre une orientation totalement imprévue en fin de volume, qui offre une montée en puissance d’une belle intensité. Quelques raccourcis ou passages attendus peuvent apparaître ici ou là, mais ils ne sont pas bien gênants.



Contrairement à l’album précédent, l’équipe débute ici sa mission et les personnages en savent plus que le lecteur. Le résultat est assez intéressant car nous en apprenons davantage sur la mission au fil des planches, mais également sur les failles de chaque personnage et celles-ci sont aussi nombreuses qu’impressionnantes…



Le style des dessins est assez particulier, mais il est parfaitement adapté à l’ambiance générale de l’album. Assurément, nous voici embarqués pour une autre contrée, régie par d’autres règles, dans un temps ancien et pourtant dont les enjeux ne sont pas si différents de ceux de nôtre époque…



Voici donc un volume réussi, impossible à lâcher et qui donnera envie de découvrir la suite dans les plus brefs délais.
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XIII Mystery, tome 9 : Felicity Brown

Dans ce tome, nous retrouvons la vénale Félicity à peu près où nous l'avions laissée dans 'Là où va l'Indien' pour la quitter à peu près où XIII l'a retrouvée au Costa Verde. Entre les deux, nous avons une histoire rythmée et prenante, avec ce qu'il faut de sang et de fuite effrénée. Toutefois, je ne peux masquer une certaine déception. Avec un personnage aussi sulfureux et manipulateur que Félicity, je dois avouer que j'attendais quelque chose de plus riche, de plus original. Nous n'avons finalement qu'un road movie classique avec un passage trop bref au Costa Verde.

Mais ça reste une BD agréable et efficace.

Je reste peu convaincue par cette manie de créer absolument des liens entre les personnages divers d'une série et la rencontre entre Armand et notre croqueuse de diamants n'y déroge pas...mais bon, on a vu pire!

Côté dessin, j'ai bien aimé le trait et les couleurs. De ce côté là, pour moi, c'est du très bon travail.
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