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Critiques de Christoph Hein (66)
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Désarrois

« [S]on père, celui qui l'avait élevé, façonné pour le meilleur et pour le pire, […] était aussi celui qui l'avait précipité dans les plus grands désarrois de toute sa vie. » ● Pius Ringeling, né en 1901, un vétéran de la Première Guerre mondiale, est professeur d'allemand, anglais et chimie au lycée de Heiligenstadt à l'est de l'Allemagne. Il est marié à Wilhelmine, professeure à l'école d'infirmières et sages-femmes. Ils ont trois enfants, Magdalena, l'aînée, Hartwig et Friedward, né le 1er septembre 1933. Pius Ringeling élève ses enfants à la dure. S'il ne met que quelques claques à sa fille, ses fils reçoivent le fouet à la moindre incartade. Pour échapper à son père, Magdalena se marie au plus vite avec Karl Lehmann qui a déjà une fille, Gundula, et Hartwig s'enfuit à seize ans en s'embarquant sur un cargo frigorifique à destination des Etats-Unis. A quinze ans, Friedward réussit par un dialogue habile à mettre un terme provisoire aux sévices que son père exerçait sur lui. Il se lie d'amitié avec un nouveau venu au lycée, Wolfgang Zernick, le fils du nouveau cantor de l'église. Ils sont tous les deux de brillants élèves et, arrogants, se tiennent à l'écart des autres. ● le titre, Désarrois fait explicitement référence aux Désarrois de l'élève Törless de Musil, qui est cité dans le roman, de même qu'est cité Tonio Kröger de Thomas Mann. ● Christoph Hein est un conteur hors pair. J'avais déjà énormément apprécié L'Ombre d'un père. Dans ce roman-ci on trouve aussi un père dysfonctionnel. Pius est extrêmement sévère et l'éducation qu'il donne à ses enfants, notamment à Friedward, qui est le personnage principal, va avoir des conséquences sur toute leur vie. ● On a toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qui va arriver après, la tension narrative est permanente et pourtant elle est établie sans effet de manche, sans esbroufe, dans un récit qui va son chemin, avec des surprises. ● le roman évite tout manichéisme ; même s'il est clair que la RDA était une dictature, certaines choses étaient peut-être meilleures à l'Est qu'à l'Ouest et les conditions de la réunification, notamment à l'Université, posent problème. ● Pius est un fervent catholique dans un pays communiste sans que cela paraisse être problématique. En revanche, sa foi s'oppose catégoriquement à l'homosexualité de son fils Friedward, ce qui est une des lignes narratives principales du roman. ● Malgré tout, le roman laisse un peu le lecteur sur sa faim. Les années d'adolescence de Friedward sont racontées avec beaucoup de détails, mais ensuite, l'auteur passe beaucoup plus vite sur ses années d'homme adulte et la fin m'a paru très abrupte. Contrairement à beaucoup de romans contemporains, j'ai trouvé que celui-ci aurait facilement pu compter une centaine de pages supplémentaires. ● Je recommande néanmoins ce beau roman qui se lit avec grand plaisir.
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Désarrois

Merci aux éditions Métailié de m’avoir permis de découvrir ce livre, via netgalley.



La couverture n’est pas du genre qui m’attire. Mais je n’ai pas pu résister à un livre qui se passe en RDA, un pays aujourd’hui disparu dont je connais finalement très peu de choses. L’histoire m’a peut-être laissée un peu sur ma faim, car l’on balaye en à peine 200 pages toute une vie, celle de Friedeward Ringeling, depuis son enfance dans les décombres de la Seconde Guerre mondiale dont son père (gazé par erreur de la Première) sort presque indemne jusqu’au lendemain de la réunification. La majeure partie du livre décrit les années d’adolescence et la belle histoire d’amour avec son ami Wolfgang. Mais cette histoire adolescente sera le sommet de la vie amoureuse de Friedeward, qui finalement, passera le reste de sa vie à cacher son homosexualité, bien que la RDA aie aboli les lois la criminalisant. Car ce n’est pas que la loi qui détermine la façon dont une personne vit sa sexualité, c’est aussi sa morale et son éducation, qui, même si on la rejette, laisse des traces indélébiles.

Le livre est construit de façon assez étrange, avec une première partie très détaillée et une autre beaucoup plus rapide, avec même des thématiques qui sont lancés mais n’aboutissent pas vraiment (comme par exemple ). Il y a comme quelque chose d’inachevé dans ce livre, un peu comme la vie du héros, qui a quelque chose d’incomplet, empêché qu’il est de se réaliser, bridé qu’il est par le système moral dont il a hérité et par le système politique dans lequel il est contraint d’évoluer. En conclusion, voici un livre qui se lit facilement et qui dit, par petites touches et beaucoup d’allusions, ce qu’ont pu être la seconde moitié du XXème siècle lorsque l’on appartenait à une minorité, avec probablement finalement beaucoup de similitudes de part et d’autre du Mur.
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L’ombre d’un père

En lisant les avis sur Babelio, j’ai vu que Aifelle avait beaucoup apprécié ce roman, et je suis d’accord avec ce qu’elle en dit.



La filiation et le poids des crimes d’un père sont les thèmes de ce roman. Konstantin et Gunthard Boggosch, sont tous les deux les fils de Gerhard Müller et de Érika Boggosch. Si les deux enfants portent le nom de leur mère c’est que celle-ci découvre horrifiée, que pendant la guerre 39/45, non seulement son mari était un Nazi convaincu mais, de plus, a commis des crimes si monstrueux qu’il a été jugé et pendu en Pologne à la fin de guerre. Le destin des deux frères va totalement diverger, et cela permet à l’auteur d’analyser les différentes façons de se construire avec le poids du passé quand on est allemand. L’ainé, veut absolument croire au passé glorieux d’un père militaire et il refuse de le voir en criminel, quelques soient les preuves à charge. C’est d’autant plus facile pour lui, que ses preuves sont fournies par les Russes qui sont détestés par tous les Allemands. Il y a aussi un oncle à l’ouest qui a entrepris de réhabiliter son frère. Cet aspect est très intéressant car on comprend, alors, combien les Allemands de l’ouest ont été plus enclins à oublier le nazisme que ceux de l’est.

le personnage principal du livre, Konstantin, sera comme sa mère hanté, par le passé de son père. Et surtout ce passé se dressera sur sa route dès qu’il voudra réaliser quelque chose de sa vie. Parce que son père était un criminel de guerre, il ne pourra pas aller au Lycée. Commence alors pour lui, un parcours incroyable, fait de coïncidences trop exceptionnelles, pour moi. Il va fuir en France, car son premier projet est de s’engager dans la légion étrangère. Il rencontre à Marseille un groupe d’anciens résistants pour lesquels il va travailler comme traducteur car grâce à sa mère il parle français, russe, italien, anglais. Un jour, il reconnaîtra son propre père dans une photo prise dans le camp de travail forcé où son employeur et ami a failli mourir.

Trop honteux de cette filiation, il repart en Allemagne et, le jour où, le mur empêchera à jamais les gens de se réfugier à l’ouest, lui, il va à l’est pour retrouver sa mère.

Il sera refusé à l’école de cinéma, toujours à cause de son père. C’est certainement l’aspect le plus intéressant du livre : cette ombre qui empêche à jamais cet homme de faire des choix librement. La description du régime de l’est et des éternelles suspicions entre collègues dans le milieu enseignant est aussi tragique que, hélas, véridique.

En lisant ce livre, j’ai pensé à « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon , il est évident que les Français ont laissé plus de liberté aux enfants d’anciens collaborateurs. En Allemagne de l’Est qui est passé du Nazisme au communisme, les traditions d’espionnage individuel et de dénonciations n’ont pas permis aux enfants de Nazi de pouvoir oublier le passé de leur père. Mais on peut aussi se scandaliser de la façon dont à l’ouest on a si vite tourné la page qu’il suffisait de devenir anticommuniste pour faire oublier son passé nazi et antisémite.



J’ai lu avec grand intérêt ce roman, mais j’ai eu du mal à croire aux aventures de Konstantin. Il y a trop de hasards dans ce récit, en revanche la partie où il raconte ses difficultés pour mener une vie « normale » d’enseignant en RDA m’a semblé très proche de la réalité.

Il y a un aspect que je comprends pas, il revient en RDA pour revoir sa mère mais il ne la verra que peu souvent. Il s’offusque que son frère la fasse vivre dans la cave de sa maison, enfin dans un sous-sol, mais il ne la prend pas chez lui.



Ce ne sont là que des détails par rapport à tout ce que j’ai appris sur l’ex-RDA.
Lien : https://luocine.fr/?p=16135
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Willenbrock

En Allemagne, peu après la chute du mur de Berlin, Willenbrock, un homme qui a su saisir l’opportunité quand elle se présentait, a le vent en poupe. Ingénieur au chômage il se reconvertit en vendeur de voitures, un métier qui paye somme doute assez bien. Marié, il aime draguer les femmes qu’il rencontre. Après un cambriolage qui les effraie, il cherche des méthodes pour se protéger…

Un livre que j’ai choisi pour sa couverture en noir et blanc que je trouvais jolie. Malheureusement dans ce cas, elle n’est pas représentative de l’histoire. Pas d’aviation seulement la vie banale d’un homme. Oui, il se fait cambrioler et violenter mais sa vie n’est pas très palpitante. L’écriture est agréable et se lit facilement mais il manque singulièrement d’intérêt et de peps. Dommage, à oublier.
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Dès le tout début

Dans un récit en grande partie autobiographique, l'auteur narre ses années d'adolescence, entre révolte, questionnement et éveil à la sexualité. En somme, l'image d'une adolescence qui ressemble à des milliers d'autres, à ceci près qu'elle se déroule en RDA où les autorités peuvent l'empêcher de poursuivre sa scolarité à cause de l'attitude de sa famille, anti-communiste. Plus qu'un roman, ce texte est le témoignage littéraire d'un des grands intellectuels allemands contemporains.
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L’ombre d’un père

Echappe-t-on réellement jamais à son héritage familial, et à son influence, bonne ou néfaste ? Konstantin a beau renier de tout son être ce père, criminel nazi, qu'il n'a jamais connu, l'ombre de ce dernier ne cessera jamais de s'étendre sur sa vie, dans une société où il est habituel de faire aussi porter le poids de la responsabilité aux proches du coupable. On revisite dans ce roman un demi-siècle d'histoire allemande, non pas celle, factuelle, de nos manuels, mais une histoire incarnée par des personnages touchants. Dans les heures où la frontière entre les deux Allemagne va se fermer définitivement, Konstantin, passé à l'ouest, revient à l'est où est restée sa mère. Devenu adulte, Konstantin devra-t-il transmettre le fardeau à ses enfants ? Malgré quelques hasards romanesques très peu probables, ce roman m'a beaucoup plu, il nous amène dans un style extrêmement retenu à repenser l'idée de culpabilité, ressentie ou imposée.
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L’ombre d’un père

Un adolescent quitte son foyer et son pays. Il souhaite se libérer d'un lourd héritage : la culpabilité et la honte, car son père, décédé de manière peu glorieuse, a été officier nazi. Je n'ai pas été séduite – sans doute à cause de la proximité avec le genre picaresque (qui n'est pas ma tasse de thé).



A signaler un élément autobiographique : comme son héros, dans un premier temps, C Hein a été interdit d'accès au lycée : son père n'a pas été SS, mais pasteur - ce qui ne plaisait pas au régime !

Il a dû reprendre ses études en cours du soir ; il a passé son bac à l'âge de 20 ans.

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L’ombre d’un père

J'ai toujours été très intéressée et marquée par la seconde guerre mondiale. Quand j'ai découvert l'existence des camps de la mort, je me suis alors posé deux questions fondamentales, à mon sens.

Comment pouvait-on vivre et accepter sa filiation et son appartenance quand on naissait juif ou allemand.

Les premiers persécutés, exterminés en masse, comment assumer un tel héritage ?

Les seconds, les Allemands, comment être ? Comment vivre avec la culpabilité chevillée au corps.

C'est pourquoi, j'ai voulu lire l'ombre d'un père qui correspond exactement à cette problématique.

Konstantin, un jeune Allemand nait à la fin de la guerre, en 1945.Son père était un nazi, un criminel de guerre qui a été pendu au lendemain de la guerre.

Konstantin n'apprend son histoire familiale qu'à l'âge de dix ans, un soir de Noël, où sa mère lui révèle "ce douloureux secret". Elle a bien essayé d'effacer l'ombre de ce père maudit notamment en faisant reprendre à ses fils car Konstantin a un frère son nom de jeune fille. Mais rien n'y fait, de sucroit, ils vivent dans une petite ville. Le père de Konstantin possédait une usine Vulcano qui embauchait la moitié de la ville.

Alors, Konstantin comprend mieux toutes ces paroles fieleuses qui l'entouraient jusqu'à lors. Il décide de fuir, de partir dans un lieu, un pays où personne ne connaîtra l'histoire de son père qui axphixie sa vie.

Sa fuite le mène à Marseille, et il est à noter, en tout cas, ça m'a beaucoup touché, que ce sont le monde des livres qui le sauvent. Se réfugiant dans une librairie, au milieu d'un monde rassurant, il fait la connaissance d'un libraire qui va lui offrir de quoi vivre et son amitié.

Mais l'ombre de son père est omniprésente, il découvre que celui-ci a voulu tuer le libraire pendant la guerre.

Son honneté, son esprit libre et pur l' empêchent de révéler cette nouvelle découverte.

Il rentre en Allemagne, en RdA, au plus mauvais moment, lors de la construction du mur. Et, là, encore, il découvre l'amitié et l'aide en travaillant dans une librairie.

L'époque, pour lui est funeste, la seule évocation de son nom, celui de son père que les autorités est-allemandes ont fichés pour l'éternité l'empêchent d'accéder à ce que sa formidable intelligence et culture devraient lui permettre.

Toute sa vie, il ne sera aux yeux des autres que le fils de son père, un criminel de guerre.

Un livre bouleversant, fort, qui ne nous laisse pas indemne.

Je dédié cette lecture à mon amie allemande : Doris, que j'ai connue à vingt ans et qui est toujours dans mon cœur.
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L’ombre d’un père

Konstantin n'a jamais connu son père nazi notoire et criminel de guerre. Toute sa vie, il n'a de cesse de fuir ce lourd héritage. Sa mère change son nom. Ensuite il quitte son pays pour Marseille avant de revenir en ex RDA.

Formidable roman d'apprentissage qui nous fait traverser 60 ans d'histoire européenne et décrit une bouleversante réflexion sur la mémoire historique.

Quelques lignes de ce roman très bien écrit sur les souvenirs :

"Ne vous fiez pas aux souvenirs des hommes âgés . Avec nos souvenirs, nous essayons de corriger les échecs de notre vie, c'est pour cette seul reaison que nous nous souvenons"





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L’ombre d’un père

Ou comment abandonner ses idéaux de jeunesse.

Ou comment l'héritage du passé de criminel de guerre d'un père nazi vous fait renoncer à la vie dans un pays libre, à l'horizon qu'ouvrait en grand une fugue à Marseille à l'âge de 14 ans seulement, alors que vous êtes né en Allemagne de l'est en 1945. Voilà un livre qu'il ne faut pas donner à lire ou conseiller à un jeune lecteur, car c'est le livre du renoncement et du lourd fardeau du déterminisme. Interdit aux moins de…..enfin…interdit à tous ceux qui ont foi en l'avenir, quelque soit leur âge. Dans ce livre il fait froid, il fait sombre, la mort frappe scandaleusement, l'horizon géographique et social est bouché. Et grises sont les eaux du fleuve qui ont guidé le souhait professionnel du héros pour une mutation dans un lycée comme simple professeur à condition que ce fut dans une ville traversée par un cours d'eau, puisque sa filiation ne pouvait pas lui faire espérer mieux. On peut penser que la motivation de ce choix eut été d'avoir toujours la possibilité de se jeter dans ces eaux s'il ne pouvait plus composer avec le syndrôme de sa culpabilité de fils de nazi.

C'est beau mais c'est noir.



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L’ombre d’un père

Une superbe immersion dans ce que fut la vie de toute une génération allemande de RDA, ballotée entre l'héritage du nazisme, le communisme puis la réunification. Le sort de Konstantin Boggosch qui l'illustre est passionnant et suscite une empathie qui met le lecteur au coeur de cette époque déconcertante et oppressante. L'écriture, sans excès, est efficace et contribue à cette immersion, incitant à se demander ce que l'on aurait soit même fait dans cet environnement. Une belle réflexion sur notre histoire proche.
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La Fin de Horn

La fin de Horn est un roman choral qui donne la parole à cinq personnages, cinq habitants d’une commune de RDA : le maire, le médecin, l’épicière, un adolescent et une jeune femme ayant un handicap intellectuel. À travers leurs témoignages et leurs souvenirs subjectifs et parfois contradictoires, ils racontent les événements qui ont marqué leurs vies, surtout pendant cet été où Horn, un homme muté dans leur village par mesure disciplinaire du parti, a été retrouvé pendu à un arbre.



Un roman très intéressant pour qui s’intéresse à l’histoire allemande du XXe siècle, mais dont ma lecture a été assez ardue. J’ai mis une dizaine de jours à le lire malgré ses 250 pages. Sans être compliqué, le style est particulièrement dense et le récit très noir, avec en toile de fond les stigmates du nazisme et du communisme.
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L’ombre d’un père

Un jeune allemand de l'est va vivre toute sa vie sous les contraintes et les interdictions liées au passé criminel nazi de son père qu'il n'a pas connu et dont il va découvrir

la sordide réalité au fur et à mesure de ses rencontres.
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L'ami étranger

Début des années 80 à Berlin-Est, en RDA donc. Claudia, la narratrice, est à l’aube de la quarantaine. Elle vit seule. Elle travaille dans une clinique, comme médecin, mais elle n’a aucune ambition. Elle a un amant, un voisin qui habite le même immeuble, mais elle n’aspire pas à l’amour. Elle garde ses distances avec tout le monde, tout particulièrement avec sa famille. Elle préfère les paysages abandonnés qu’elle photographie compulsivement pendant ses temps libres. L’ami étranger est une plongée dans la psyché d’une femme qui s’est construit une carapace. Rien ne semble la toucher, et pourtant... J’ai adoré ce roman.
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L'ami étranger

Claudia ... Une femme qui ne veut pas appartenir à un homme, qui ne veut pas qu'un homme lui appartienne ... une femme qui ne voulait se sentir responsable que d'elle même ... une femme cuirassée contre elle même, volontairement exiler dans sa propre vie, n'acceptant d'en partager que d'insignifiants sur petits morceaux .... et pourtant malheureuse, immensément vexée quand elle apprend que l'homme avec lequel elle accepte de passer de temps en temps de courts moments intimes est marié ... un malaise insoutenable qui la ramène à se souvenir d'autres trahisons.



Claudia ... Une femme qui n'a pas pu supporter d'être a un moment de sa vie dépossédée d'elle même, d'être devenue "une couveuse qui doit porter à terme, la nourrice pour son embryon" ... une femme à laquelle on n'avait rien demandé, qui n'avais pas pris part à une quelconque décision ... une femme devenue objet porteur d'une autre vie qu'elle n'avait pas désirée ... un moment de sa vie qui allait décider pour elle de son avenir en aliénant sa liberté.



Claudia ... une femme qui s'est baignée dans le sang du dragon et qu'une feuille de tilleul s'est toutefois, comme dans le mythe fondateur germanique des Nibelungen, posée sur son esprit pour laisser passer un brin d'humanité, pour qu'elle puisse "sortir de l'épaisse cuirasse de mes angoisses et de mes méfiances" pour retrouver le simple sentiment de l'amitié.



Un texte profondément humain, sensible, ambitieux pour essayer de nous faire comprendre la profonde déchirure d'une génération est allemande sacrifiée malgré la chute du mur et la réunification de l'Allemagne.
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Le noyau blanc

Leipzig, ex-RDA. Rüdiger Stolzenburg est assistant à mi-temps à l'université. Arrivé à l'âge de la retraite, il n'a jamais réussi ni à être nommé sur une chaire d'enseignement, ni même à avoir un contrat à plein temps. Nous entrons dans le monde difficile et décevant de l'enseignement universitaire le plus mal reconnu, celui des sciences humaines. Rüdiger enseigne la linguistique critique, se nourrit de penseurs et de chercheurs, contribue lui-même à l'organisation de colloques et de séminaires. Tout cela pour un salaire médiocre, dans une ambiance délétère . Car malgré les efforts de Schlösser, son directeur, le département court à sa perte. Il serait tellement plus lucratif et reconnu de travailler dans le domaine des sciences exactes !



A côté de ses horaires d'enseignant, RS se livre à des recherches qui le passionnent sur Weiskern, librettiste et topographe qui a écrit pour Mozart. Comme on sait, tout passionné est une proie potentielle pour les arnaqueurs en tous genres. En l'occurrence, un certain Aberte prend RS pour cible en lui proposant des manuscrits « authentiques » de Weiskern, dûment expertisés et cotés selon lui par une salle des ventes connue. Arnaque, plainte de l'expert ainsi utilisé malgré lui, police, traquenard pour confondre l'escroc : on se dit que tout va rentrer dans l'ordre.



Par ailleurs, notre distingué universitaire se trouve sacrément emberlificoté dans des histoires de cœur qui vont lui faire manquer la seule vraie histoire d'amour de sa vie avec Henriette. Il est également bouleversé par un imbroglio avec le fisc qui lui réclame une fortune pour retards de paiement, par un étudiant culotté mais nul en linguistique qui vient le harceler et par des minettes de treize - quatorze ans qui l'agressent, le ridiculisent et le blessent : on a rarement vu paisible enseignant à la fac autant enquiquiné par le contexte alors qu'il n'aspire qu'à faire, inlassablement, ses recherches sur certain librettiste du XVIIIème siècle !



Je dois être particulièrement sensible au sujet et en apprécier toute l'ironie, mais aussi l'approche douce-amère du monde de la recherche. Il faut dire que, partageant depuis plusieurs décennies la vie d'un distingué linguiste, je perçois bien tout ce que peut analyser et ressentir notre personnage. Tout de même, je rassure qui s'inquiéterait à mon sujet : je n'ai jamais ressenti de tels tracas dans la vie de mon chercheur préféré !



L'auteur porte un regard plein d'humour mais incisif aussi sur cette société où on gagne facilement beaucoup d'argent en tapotant sur un ordinateur dans le monde de la bourse, alors que des intellectuels érudits et passionnés travaillent pour trois francs six sous. Il dénonce aussi une société où des ados à peine pubères peuvent se montrer de vrais gangsters en herbe tandis qu'un respectable universitaire s'égare auprès de toutes jeunes conquêtes. Tentative de corruption, escroquerie, floueur floué : il semble que Christoph Hein renvoie dos à dos les protagonistes de son roman. Aucune morale n'est à tirer d'une telle démonstration. Un certain désenchantement peut-être...



Ce faisant, il fait sienne cette théorie de l'Aufklärung défendue, entre autres, par Emmanuel Kant en 1784 :



« L'Aufklärung, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de minorité dont il est lui-même responsable. L'état de minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de minorité quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise de l'Aufklärung.. »



C'est un livre que j'ai eu plaisir à découvrir, bien que l'ayant lu par trop petits morceaux - ambiance actuelle oblige- ce qui en a sans doute un peu altéré l'intérêt.



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Paula T. une femme allemande

Quand j'ai vu que Christoph Hein avait reçu le prix du meilleur livre étranger pour son dernier roman traduit en français, je me suis dit que je lirais bien celui qui traîne dans ma PAL depuis quelque temps. Bien m'en a pris, c'est un très bon roman. Hein nous raconte la vie de Paula Trousseau, son enfance et sa vie de femme peintre en RDA, ses rapports très difficiles avec les hommes qu'elle a rencontrés, sans doute marquée par la figure tyrannique de son père. Paula T. est un personnage complexe, enfermé dans une société carcérale et patriarcale sans en avoir vraiment l'air. Le personnage n'est pas sympathique en soi et pourtant je me suis prise au jeu des passions et de la volonté de cette femme très déterminée à vivre pour la peinture, quoi que cela lui en coûte. Elle est fascinante. Je lirai sûrement d'autres livres de cet auteur.
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L’ombre d’un père

Konstantin Boggosch né en 45 n'a jamais connu son père ss fusillé par les polonais.

Sa mère reprends son nom de jeune fille ainsi que ses 2 enfants.

Suite à l'entrevue avec une journaliste qui veut faire un article sur les directeur d'école de la ville Konstantin va se revoir le cours de sa vie riche et incroyable.

à 14 ans il par à Marseilles pour s'engager dans les paras ?

comme il parle 4 langues il est embauché par un libraire et 3 de ses amis à temps partiel dans chaque socièté ?

il devient amis avec ses patrons qui ont 30 ans de plus ?

Lorsque le mur de Berlin est construit il décide de rentrer en RDA pour s'occuper de sa mère (qu'il délaissera par la suite) alors que tous les allemands vont le trajet inverse ?

Personnellement j'y est pas cru une vie bien remplie avec des décisions incroyables.

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L’ombre d’un père

Très beau livre sur l'histoire de la culpabilité de ne pas être bien né. Konstantin Boggosch est l'enfant d'un bourreau nazi qui le poursuivra toute sa vie. J'ai beaucoup aimé ce livre et appris des faits historiques que je ne connaissais pas.

Je le recommande
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L’ombre d’un père

D'abord , ce livre , pour le comprendre , il faut en regarder la couverture , oui , oui ....Ça y est , vous y êtes ? Une silhouette ....Vous la voyez bien ? Un fond bleu , gris , noir , sombre ,nu ...Et puis , une ombre ...Un homme...bien campé , jambes légèrement écartées , parapluie servant de canne ? de face , de dos ? Une ombre....personnage principal de ce superbe roman ...Une ombre , un criminel de guerre nazi , marié, deux enfants ....Un criminel de guerre dont l'ombre va planer sur sa famille , une ombre obsédante, permanente , menaçante , une ombre qui va " coller à la peau " des siens jusqu'au bout du bout , jusqu'à en faire des victimes....Un roman extraordinaire , d'une force absolue , destructrice .Et au coeur de l'histoire , un jeune homme formidable , Konstantin ....Un jeune homme qui va porter un héritage d'autant plus lourd qu'il n'a rien à voir avec lui ...Son père , il ne l'a pas connu et pourtant , il va lui falloir sans cesse " vivre avec lui " , assumer , payer pour lui un prix bien trop lourd . Konstantin Boggosch , Konstantin Mulher ? L'un est intelligent , brillant , aimant , l'autre voit les portes se fermer devant lui ....Heures douloureuses de l'après- guerre , de la RDA et du " mur " , heures sombres d'une époque.....C'est avec une incroyable force que nous allons accompagner ce personnage , que nous allons traverser une période historique forte ....Nous sommes Konstantin , nous essayons de le " pousser " vers ce bonheur qui le fuit , chassé par une " ombre menaçante " , l'ombre du père.....Il y a peu de gaité dans ce livre , peu d'insouciance , peu de joie ou de sourire , encore moins le moindre fou - rire , des gestes d'amour pudiques ..Et pourtant , quelle addiction , quelle admiration pour ce jeune homme d'abord naïf puis parfaitement lucide face aux " vents contraires " de l'histoire ...Quel amour de la vie , pour sa mère, pour sa femme et son bébé, quel amour donné....sans retour sinon celui de ...l'ombre ....toujours là , jusque dans l'irrationnel . C'est une histoire dure , remarquablement rendue jusque dans un style lourd , pesant , où les dialogues échappent aux conventions littéraires pour " faire bloc " avec le reste du récit. Lourd pâté indigeste ? Oh que non , ça coule , ça se déroule, ça s'insinue en vous , c'est d'une force incroyable , un " tsunami " de mots , de phrases qui vous charment avant de vous " avaler " , du grand art ... Désespérant ? Noir ? Non , il y a tant et tant de si beaux personnages dans ce roman que les citer serait prendre le risque d'en oublier... Triste, non , quand on ne voit que les autres ?.....Un livre que l'on quitte avec regret , un peu de frustration mais , surtout , beaucoup d'interrogations et de réflexion, un livre intelligent dans lequel l'esthétique livre un extraordinaire combat à l'obscurantisme et permettra à bon nombre d'entre nous de mieux comprendre - pas forcément accepter - leur passé même si , évidemment , celui de Konstantin n'appartiendra , à tout jamais , qu'à lui même.....

Je ne remercierai jamais assez ma chère épouse de si bien me connaître pour m'offrir "de telles beautés". Evidemment , mon avis n'est que le mien , mon histoire n'est que la mienne et ....vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire ...Il y a tant de nous dans ce que nous lisons ....Pour moi , ce roman est un bijou ....et cela suffit à mon bonheur du jour .
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