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Critiques de Christophe Tison (135)
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Journal de L. (1947-1952)

Il faut oublier la Lolita de Nabokov et appendre à connaitre Dolorès. Le journal de L est le journal intime fictif de la lolita du célèbre roman de Nabokov. On va suivre les réflexions, le cheminement de Dolorès quelque peu perturbant et dérangeant à certain moment.



C'est un roman que je n'oublierai certainement pas tant il est touchant et poignant. J'ai été fasciné par la force de caractère que peux avoir cette jeune fille, par la manipulation qu'elle maitrise envers les hommes et par son déterminisme malgré les choses cruelles qui lui arrivent.



J'ai adoré ce roman. Je vous le conseil vraiment !

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Journal de L. (1947-1952)

Tout d'abord, un grand merci à Babelio et aux Editions Goutte d'Or de m'avoir offert ce roman que je lis dans le cadre du challenge Masse Critique !



Ainsi, pour avoir toutes les clés en main, je me suis replongée dans l'oeuvre initiale de Nabokov.



A tort ou à raison ?



Eh bien, je dirais que l'enchaînement des deux romans est difficile, voire inopportun, même maladroit. "Lolita" est un immense chef d'oeuvre, dont la forme transcende merveilleusement et sublime parfaitement le fond. Je n'hésite pas à l'affirmer, Nabokov est un génie littéraire à la prose stupéfiante, au récit dense et d'une précision chirurgicale.



En relisant l'oeuvre originale, j'ai donc prêté une plus grande attention au personnage de Lolita, me la figurant espiègle et d'une intelligence supérieure, extrêmement clairvoyante, voire même manipulatrice en dépit de ou à cause de ses blessures, les trahisons dont elle fut l'objet, son annihilation et sa réification orchestrées par son doux beau-père.



En lisant "Journal de L.", je m'attendais donc à découvrir l'image que je m'étais faite de Dolores Haze ; je fus surprise et par le fond et par la forme de ce roman, qui sont pour moi en inéquation totale avec le roman initial.



Sous forme de fragments de journal intime, Tison explore la vie de Lolita en la segmentant en cinq périodes, symbolisées par les hommes qui l'ont marquée, choisissant une analyse sous le prisme masculin, ne faisant de Lolita que ce qu'on voudrait qu'elle soit, c’est-à-dire l'ombre des hommes qu'elle a connus. N'aurait-il pas fallu gratter plus profond sous la coquille ?



Bien que tout à fait enthousiaste à la découverte de ce roman, dont je trouve l'idée tout à fait ingénieuse et inédite, mon verdict est en demi-teinte : je ne trouve pas de réel intérêt littéraire à ce roman. Il n'apporte pas grand chose au personnage de Lolita, ni ne permet de comprendre ses sentiments, ses tourments, sa vie, ses choix, les choix qu'on lui a imposés, bref, j'aurais aimé que Tison sonde son âme de petite fille perdue, innocente et machiavélique, sauvage et résignée, révoltée et vaincue. Journal de L. ,n'égale malheureusement pas Lolita !



Dommage !

Dommage,
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Journal de L. (1947-1952)

La « Lolita » de Nabokov, c'est un souvenir de lecture troublante et sulfureuse, à une époque où je pouvais encore considérer les quadras comme des curiosités du monde animal. Autant dire que c'était il y a longtemps. Aujourd'hui, ce seraient plutôt les ados que je peux considérer comme des curiosités. Ça tombe bien, « Le journal de L. » est celui de Dolorès Haze, la Lolita de Nabokov, imaginé par l'auteur.

Et il n'a rien de drôle, la charge du journal de la préadolescente concerne le viol et la pédophilie. La Lolita d'Humbert Humbert n'est plus, voici Dolorès. Avec sûrement en toile de fond le propre vécu de l'auteur.

A peine présentée, à peine enlevée par Humbert Humbert son beau-père (appelé Hum, comme un doute persistant), à peine séquestrée dans ce road-trip aux fausses allures de liberté, la jeune Dolorès se soumet, complice de la course-poursuite d'Hum après sa propre folie. Une Dolorès incapable par exemple d'alerter les policiers qui les arrêteront, « Comment expliquer tout ça en une fraction de seconde, en deux mots, sans m'embrouiller ? Il ne m'aurait pas crue. Parce que c'est incroyable. » Le processus psychologique de la victime complice est en route, on erre aux États-Unis mais on pense déjà à Stockholm et son syndrome. Dolorès rit des blagues de son ravisseur, Dolorès s'amuse aussi à conduire à gauche pour vérifier qu'elle existe, Dolorès joue à être Lolita et le sait. Mais Dolorès se demande pourquoi les autres trouvent tout ce manège normal, alors qu'elle rêve en secret de sa maman, qu'elle veut s'évader de nouveau dans son monde de poupées.

La psyché de la victime est ainsi révélée dans sa dualité consciente et dans son évolution le long des cinq parties, passant de la peur au défi ou à la manipulation, tentant la fugue sans être capable de se débarrasser de l'indicible, nouant une vie sociale à côté d'elle-même et donc des autres, ou une vie amoureuse cahotante.



Le récit d'origine peignait des personnages hors normes : le Humbert Humbert de Nabokov à la dérive hallucinée n'était pas un narrateur comme tout-le-monde, la Lolita provocante qu'il dessinait n'était pas une adolescente commune. Le journal de L. va à l'encontre des confessions de son beau-père, il devient le journal d'une enfance violée comme les autres, ou presque. Fini le romanesque diabolique et flamboyant du récit de Nabokov, les intentions ne sont plus les mêmes. En démystifiant Lolita et Humbert Humbert, Christophe Tison montre le viol et ses conséquences en trouvant la voix de sa victime. Et en cela le livre me semble réussi, d'autant que la Lolita qu'il figure m'a beaucoup touché. Mais il ne m'a pas paru transcendant pour autant, enlevez la célébrité de Lolita sur laquelle il s'appuie, et il devient presque banal.



Merci aux Éditions Goutte d'Or et masse critique pour cette lecture intéressante.
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Journal de L. (1947-1952)

Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d’Or, pour ce livre dans le cadre de la Masse Critique.

Voici le journal de Dolorès Haze tour à tour Lolita, Lola ou Lo… (Le livre original de Nabokov est très loin dans ma mémoire et je ne suis pas certaine d’avoir tout compris à l’âge où je l’ai lu !)

Écrire le journal de Lolita, qui plus est, par un homme, paraît une gageure et un pari risqué ! mais c’est réussi… on fait totalement abstraction de l’auteur qui s’efface complètement derrière Lolita ! le style est simple, celui d’une gamine, sans expression compliquée et dans un langage parfois cru, à la limite de la vulgarité !

Ce récit dérange, aujourd’hui, mais à l’époque où il se situe, 1947-1952, tout le monde ferme les yeux, ne veut rien voir, dans certains microcosmes, c’est, à la limite, normal… c’est l’époque où l’on formate les gamines à être de parfaites maîtresses de maison, de parfaites épouses entièrement dévouées au bien-être du « mâle »… limite décérébrées ! et en parallèle, il y a Lolita, avilie, violée, qui du haut de ses 12 ans, apprend à manipuler d’abord Hum, puis les autres, elle apprend vite, très vite… un passage de ce journal « je suis la pauvre Dolorès Haze, pas un cent, pas un dollar. Tout est dans son pantalon où je ferais mieux de mettre mes petits doigts dorés » ! que dire ?

C’est poignant de simplicité, de naturel, de résignation aussi et pourtant Lolita a des rêves de bonheur simple !

Christophe Tison, un auteur à découvrir…



Françoise Busson alias coati râleuse
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Journal de L. (1947-1952)

Les écrivains sont-ils devenus des fans comme les autres? Reouven a retrouvé les enquêtes perdues de Sherlock Holmes, Kamel Daoud a réhabilité l’Arabe anonyme tué par Meursault, et maintenant Christophe Tison nous offre le journal de Lolita.

Mais il s’agit moins ici d’une déclaration d’amour à une œuvre essentielle de la littérature qu’une entreprise de démystification. Humbert Humbert, le narrateur de Lolita, a beau être un prédateur sexuel, il présente ses désirs -et passages à l’acte- répugnants comme une œuvre d’art: « il faut être un artiste doublé d’un fou, un de ces êtres infiniment mélancoliques, aux reins ruisselants d’un poison subtil, à la moelle perpétuellement embrasée par une flamme supra-voluptueuse (oh, cette torture sous le masque !), pour discerner aussitôt, à des signes ineffables – la courbe féline d’une pommette, la finesse d’une jambe duveteuse, et cent autres indices que le désespoir et la honte et des larmes de tendresse me retiennent d’énumérer... » Sa prose vaporeuse et poétique n’utilise jamais les mots crus d’une sexualité en l’occurrence perverse et quand le cinéma s’empare du livre de Nabokov, c’est pour mettre des images sur les mots du pédophile victimisé. Sue Lyon en bikini nous regarde par-dessus ses lunettes de soleil en croquant sa sucette à l’anis, garce de 13 ans à haut potentiel érotique.

Dans le journal intime écrit par Tison, le lecteur se détache du récit humbertien et Lolita perd ses attributs de nymphette. « J’ai dû baisser mes lunettes de soleil pour mieux le voir et dire bonjour poliment. Un type avec un drôle d’accent, en costume gris, d’une trentaine ou quarantaine d’années, je ne sais pas, mais vieux en tout cas. Grand et un peu flasque. Il a eu un mouvement de recul en me voyant (faut dire que j’étais presque nue!) puis a fait le tour du jardin en complimentant maman... Je savais qu’elle cherchait un locataire... Il en était déjà venu un, un ancien militaire, qui avait trouvé ça trop cher mais à qui maman avait fait le même cirque, sauf qu’il pleuvait ce jour-là et que j’étais sur le canapé... Quand ils se sont enfin décidés à partir, il m’a dit « à bientôt » et m’a regardé comme s’il n’osait pas me regarder. J’ai mis ma main devant ma culotte et eu un peu honte, mais bon, j’étais chez moi quand même. »

Voilà. Elle est chez elle, en maillot de bain dans son jardin. Les messieurs de l’âge de sa mère lui sont indifférents. C’est Humbert Humbert qui lui arrache son enfance, lui apprend la solitude et le mensonge, et le sexe comme seul moyen d’échange.

Le livre des éditions Goutte d’or est un très bel objet. Les premiers mots du roman y sont inscrits en creux tandis que le titre resplendit en rouge safrané. Et d’une certaine façon, Tison admet son incapacité à briser le mythe. La couverture de son livre est éclaboussée de cette couleur de « l’orifice sanglant » et « dégoûtant » auquel Humbert Humbert assimile Lolita, et son prénom de Dolorès ne lui est pas rendu. C’est bien là tout le problème. Le roman de Nabokov symbolise peut-être la littérature la plus pure, créatrice d’un supramonde tellement plus intéressant que le vrai, au risque de laisser croire à ses lecteurs que le mythe est le réel. Alors comment ne pas vouloir rappeler parfois le monde des livres à plus de sincérité et d’humilité? Comment ne pas avoir envie de dézinguer ce professeur immoral et de rappeler aux lecteurs qu’il a bousillé Lolita, ce qu’il est parfois si facile d’oublier? Oui mais Dolorès Haze a-t-elle de quoi passer à la postérité dès lors qu’elle n’est plus l’objet fantasmatique de son beau-père ?

La si belle couverture de ce livre me semble exprimer un aveu d’impuissance. Si Dolorès avait existé, son journal aurait été orné de fleurs ou de têtes de mort, il aurait été moins classieux. Le liseré mordoré du livre de Tison est là pour signaler la littérature. Alors qu’il suffit de lire les premières lignes du roman de Nabokov pour savoir qu’elle est effectivement là.
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Journal de L. (1947-1952)

Le roman de Christophe Tison donne envie de relire Nabokov. Pour l'avoir lu il y a pas mal d'années, j'en garde le souvenir d'un Humbert pathétique presque attendrissant. Le Journal de L. est en effet le pendant de Lolita. Il nous livre la même histoire du point de vue de Dolorès Haze. Il s'agit de son écriture, de sa voix, pleine d'émotion, de colère, et de révolte rentrée. C'est le côté monstrueux d'Humbert que donne à voir ce récit. L'écriture est sincère, crue, poétique aussi - la description de Morro Bay, Californie, par exemple, évoque la peinture de David Hockney. Christophe Tison exprime avec force la souffrance d'une enfant envahie par les déviances d'un adulte tout puissant. Il relate bien le mécanisme qui permet à la perversité du personnage de Humbert de perdurer sans que son entourage ne le soupçonne. Et pour cause! Christophe Tison sait de quoi il parle puisqu'il a lui-même subit dans son enfance les assauts d'un pédophile. Journal de L. est une fiction qui sonne vrai, authentique, car elle est alimentée de vécu. Si Lolita de Nabokov est un roman dérangeant, Journal de L. est plus bouleversant encore.
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Journal de L. (1947-1952)

Avant de commencer, je tiens à remercier Masse Critique pour l'envoi de Journal de L. de Christophe Tison.



Je vais tout d'abord vous raconter ma rencontre avec Lolita. C'était durant l'été, j'avais 15 ans et je voulais absolument lire ce livre interdit. Celui qui fut sur toutes les lèvres, dans tous les esprits. " Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins." Je peux les réciter de tête, les écrire à l'envers tellement j'ai été frappée par ces quelques phrases écrites au dos du bouquin, en guise de synopsis. J'avais 15 ans, Lolita en avait 12 et je pouvais facilement me mettre à sa place, car au final elle et moi, aurions peut être pu être copines.

Quelle claque, quel choc. J'ai parlé de ce livre des semaines durant. Il est toujours à la même place dans ma bibliothèque. Au milieu de mon étagère principale.



J'ai reçu Journal de L. mardi matin. J'avais un rendez-vous, j'étais pressée et comme à mon habitude j'étais en retard. Mais, il m'était impossible de partir sans ouvrir le paquet. Livre simple, épuré, comme un journal intime. Une phrase à l'arrière : "La parole est à Lolita". " Lolita et son mètre quarante-six et son unique chaussette."

Ici, c'est elle qui parle. Ou plutôt c'est elle qui écrit. Parce que c'est vrai, dans l’œuvre de Nabokov c'était Humbert Humbert ( " Hummy chéri ), qui racontait l'histoire. Et quelle histoire.



Mais cette fois-ci, c'est au tour de la victime de s'exprimer. Elle est jeune, elle est jolie et la seule chose qu'elle souhaite, c'est d'être aimée. D'être aimée pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représente.

Les mots sont ceux d'une enfant. Une enfant qui est forcée de grandir bien trop vite. Ils sont parfois crus, parfois enfantins, mais toujours vrais. Et, ils viennent souvent vous crever le cœur.

Lo, elle rêve, elle découvre le monde avec sa beauté mais aussi ses horreurs et ses absurdités.



J'ai été happée par la fragilité et la force de cette petite héroïne. Par ses amours, qu'elle décrit dans les pages de son journal. Elle se confie sur les turpitudes des hommes. Il n'y eut pas seulement H.H, ils traversèrent sa vie, marquèrent de leur empreinte la peau de Lo.



Hier après-midi, j'étais installée dans mon jardin, couchée nonchalamment sur mon vieux transat vert, en train de lire les dernières pages de ce livre magistral. Et j'ai pensé que j'avais de la chance. Car, il y a près d'un demi siècle, la jolie Lolita rencontrait dans son jardin de Ramsdale, dans la même posture que moi, le vil Humbert Humbert.



D'ailleurs, aujourd'hui, je cesse de l'appeler Lolita. Car, avant toutes les appellations que tous ces hommes ont pu lui attribuer, elle était juste Dolorès. Une jeune fille " qui est passée dans notre ciel comme un météore et qui s'est consumée au contact de notre dure atmosphère, laissant derrière elle un feu encore visible aujourd'hui."



Lolita est sans conteste l'une des plus grandes œuvres du XX siècle. Et ce n'est jamais chose simple que d'écrire en intertextualité avec un tel livre. L'auteur se glisse avec brio dans la peau de cette jeune adolescente pour qu'enfin, elle se livre. Je lui tire mon chapeau et le remercie. Si j'avais un conseil à vous donner, replongez vous dans les confessions scandaleuses de H.H et découvrez celle de sa victime. Mettez en parallèle les mots, immiscez vous dans la vie si particulière de ces deux êtres et oubliez tout.



Lolita ou Dolorès, qui que tu fus, j'ai été heureuse de te connaître aux travers de tes mots, je ne suis pas bien plus âgée que toi, et si j'avais pu, j'aurais aimé te donner toute l'affection dont tu avais besoin.





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Journal de L. (1947-1952)

Sous la plume de Vladimir Nabokov, Humbert Humbert nous avait livré ses troublantes confessions, effaçant l'image du bourreau pédophile, du monstre incestueux, pour s'afficher comme la victime de ses incontrôlables pulsions, le jouet d'une petite madone perverse et manipulatrice, Lolita.



Il y a toujours deux versions à ce genre d'histoire, et maintenant c'est à Lolita de parler.



Quand j'ai découvert Lolita en cours de littérature comparée, je suis instantanément tombée sous le charme de la poérotique de Nabokov, le talent avec lequel il dépeignait la complexité psychologique de son personnage, un bourreau tout en nuance dont le discours ne pouvait susciter que pitié et compassion... c'est incontestablement l'un de mes romans préférés. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vivement le livre écrit par mon prof de l'époque : Lolitas et petites madones perverses Émergence d’un mythe littéraire de Sébastien Hubier



Christophe Tison rétablit une injustice. Après toutes ses années passés dans l'ombre, c'est à Lolita de raconter sa version de l'histoire. Christophe Tison donne littéralement vie à l'héroïne en publiant ses journaux intimes qu'il a réussi à dénicher. C'est la voix d'une toute jeune fille qui se fait entendre, celle d'une victime dont l'enfance a été volé par un beau-père égoïste.

Certains éléments sont semblables au roman de Nabokov, d'autres diffèrent légérement, et l'on vient à remettre en doute l'objectivité des confessions d'Humbert. Où se trouve la vérité ? Surement quelque part entre ces deux histoires.



A l'exact opposé de la poérotique de Nabokov où le sexe devient une métaphore filée incroyablement poétique, les mots de Lolita sont crus. Je m'attendais à un style bien plus maladroits et pourtant ses textes sont aussi pleins de poésie.





Mon seul regret tient sans doute à la brièveté des épisodes qu'elle raconte, surtout la période avec Humbert, j'aurai tellement aimé revivre chaque scènes en détails, mais le format choisi est sans doute plus cohérent avec le jeune âge du personnage.



L'auteur a puisé dans son expérience et ses propres traumatismes pour donner à Lolita, une vraie richesse psychologique et une personnalité qui reste cohérente avec le portrait qu'en dresse Humbert dans le roman. Beaucoup auraient été tentés de faire de Lolita une douce et tendre enfant. Mais Christophe Tison ne tombe pas dans le piège et nous dépeint un personnage tout en nuances. Une jeune orpheline brisée, sous la coupe d'un "gentil et généreux" beau-père, qui ne tarde pas à percer à jour les faiblesses de ce dernier. La grande faiblesse d'Humbert, c'est elle. Lolita le sait, elle prend conscience du pouvoir qu'elle a sur lui et sur les hommes, pour passer maitresse dans l'art de la manipulation. Le journal s'organise en 5 chapitres, 5 hommes qui ont marqués sa vie. Les hommes plus âgés comme Humbert et Quilty qui ont abusés de son innocence et de sa naïveté, mais aussi des amours sincères qui lui ont fait connaitre quelques revers, jusqu'à la fin qu'on connait déjà. Ce n'est pas une victime brisée, mais une jeune femme incroyablement résiliente qui a su se construire en tant que femme malgré les drames qu'elle a vécu et tirer force de son expérience passée pour avancer.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Goutte d'Or.


Lien : https://wereallmadaboutbooks..
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Journal de L. (1947-1952)

Quelle belle découverte que ce journal de L , et là je remercie vraiment Babelio et les éditions de la goutte d'or pour cette masse critique pour m'avoir fait découvrir ce roman vers lequel je n'aurais probablement pas été de moi-même.

On donne la parole à Dolores/Lolita, héroïne iconique du Lolita de Nabokov, et elle apporte un complément très intéressant à ce grand classique.

Il y a très longtemps j'avais adoré le livre de Nabokov, et j'ai retrouvé un peu la même ambiance dans ce journal.

Cette image de l'Amérique de cette époque, mais avec un point de vue plus douloureux, un point de vue de victime tout en gardant le côté ambigu de cette toute jeune fille.

Au fur et à mesure de ce récit on se rend compte que Dolores disparait de plus en plus au profit de Lolita, et que sa perception de la vie, et de ce qui devrait être les rêves et la vie de cette jeune adolescente se transforment suivant les désirs de ses abuseurs et de l'humiliation subie.

Elle se perd totalement jusqu'à l'autodestruction la plus complète.

J'ai aimé aussi cette écriture qui rend parfaitement les pensées et le parler de Dolores, en gardant l'impulsivité et l'immaturité de la jeunesse, sans en faire trop.

Pour moi, une vrai belle découverte, qui m'a donné envie de relire le Lolita de Nabokov.
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Journal de L. (1947-1952)

Tres bon livre....

C’est instructif d’avoir le point de vue de Lolita sur ce qui lui est arrivé et son rapport aux hommes qu’elle a cotoyé ...

On s’attache á cette ado rebelle et c’est douloureux de la quitter de façon tragique...

A lire pour ceux qui ont aimé Lolita de Nabokov.

Ce livre clôt le chapitre...
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Journal de L. (1947-1952)

Lolita est un livre qu'on porte en soit longtemps après sa lecture. Dix ans après avoir refermé ce roman, cette histoire résonne encore en moi. J'étais donc enchantée à l'idée de retrouver Dolores (alias Lolita) et d'entendre une nouvelle version de cette histoire.

Ou plutôt, enchantée sur le papier. Car plus on multiplie les témoignages d'une même histoire, plus on met en lumière les incohérences entre les récits. Il faut accepter que la vérité soit souvent perdue, quelque part entre les différentes versions.

Au début du récit, Christophe Tison nous raconte une Lolita différente de celle de Nabokov (caractères différents + plusieurs faits passés sous silence voire modifiés). Ces différences m'ont déroutée de prime abord. Je me suis demandée si ce n'était pas sa propre histoire que l'auteur nous racontait, plutôt que celle de Dolores (cf biographie de l'auteur).

Finalement, j'ai récupéré le fil en cours de lecture et j'ai retrouvé la Lolita de Nabokov au fur et à mesure où elle mûrissait.

Pour ma part, j'ai notamment apprécié les parties inédites, peu voire pas évoquées dans Lolita. La dernière partie m'a laissée un peu sur ma faim dans le sens où la vitesse s'accélère par rapport au reste du récit. Elle aurait gagné à être un peu plus détaillée.

A mon sens, les codes du journal intime ne sont pas tous respectés ; je l'ai plutôt lu comme un récit. Mais le style est fluide et plaisant et c'est une lecture que vous conseille. A noter que Journal de L. peut parfaitement être lu indépendamment de Lolita.

Petit aparté, je remercie Babelio et les éditions de la Goutte d'Or pour m'avoir permis de découvrir gracieusement le Journal de L. au décours d'une opération masse critique. Je souligne d'ailleurs un très joli travail d'édition avec un clin d'oeil à l'oeuvre initiale sur les rabats intérieurs du livre.

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Journal de L. (1947-1952)

Nous lisons enfin, à travers son journal (fictif), l'histoire du point de vue de Lolita. Si Humbert Humbert restait un peu pudique et parlait d'amour, Lolita n'a pas de filtre, elle ne masque pas les violences et les abus qu'on lui fait souffrir. Elle devient peu à peu un brin perverse pour se défendre et toujours anticiper, car elle sait que dans sa vie rien n'est gratuit... Le portrait d'une jeune femme qui n'a eu aucune chance et aucun répit dans sa courte vie.

Ce livre est un pari audacieux, en effet Lolita est devenu un classique même s'il reste controversé, et c'est une réussite ! J'avais tellement d'attente parce que c'est un roman qui m'a gênée, marquée mais que j'ai aimé et je ne suis pas déçue !
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Journal de L. (1947-1952)

La Lolita qui a défrayé la chronique dans la célèbre œuvre de Vladimir Nabokov paru en 1955 fait son come-back dans un livre-confession où l'adolescente se livre sans filtre. Le romancier signe un texte fort, aux mots crus et d'une rare sincérité.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Journal de L. (1947-1952)

Il se passe un truc assez étrange autour de ce livre en ce qui me concerne.



Lu deux fois. Un post-it par page, quasiment, pour marquer les passages, les mots, les phrases que je souhaite conserver. Mon exemplaire (au passage un livre-objet magnifique), ressemble à un véritable hérisson!

Et puis, une chronique, que je n'arrivais pas à écrire, retardée, retardée encore...peut-être, par peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas trouver les mots justes, pertinents, accrocheurs, pour parler de ce brillant récit.

Je me lance aujourd'hui, pour ne pas être trop en retard sur mon engagement avec Babelio et les éditions Goutte d'Or. Et parce que à un moment donné, ben, il faut bien se lancer, jeter par dessus-bord ses petites angoisses, et s'en remettre à l'inspiration du moment et oublier que l'on marche sur un fil.



J'ai adoré, j'ai été soufflée par ce vent de liberté qui existe bel et bien sur ces pages, mais j'ai été aussi oppressée par l'enchaînement très rapide des événements, des moments, de la courte vie de Lolita, qui se déroulent à un rythme à vous couper le souffle, à vous enlever les mots, à vous donner la chair de poule, à vous meurtrir à tout petit feu... Les pages sont devenues lourdes, à porter, par moment, à l'instar des actes de sexe qui ont été lourds, à porter, eux aussi, indubitablement, pour cette jeune fleur à peine éclose.

Et il vient de là le rythme de ce roman. C'est Lolita qui raconte. Ce n'est pas Humbert Humbert. Elle l'a eu elle aussi le souffle coupé, alors Christophe Tison ne nous l'épargne pas non plus. Dans le déroulé commun, ordinaire, normal d'une vie, l'épanouissement d'une fleur (à mon sens) doit bénéficier de douceur, de petits butinages tendres et délicats, d'attentions particulières par respect pour ce corps, fragile encore. Lolita, elle, bien jolie petite fleur a éclos. Mais pour elle, pas le temps pour les beaux discours, les tendres caresses, les doux baisers volés...le passage à l'acte s'est fait sans détour, à coups de bite dans son con, avec pour seul préliminaire un jet de sperme dans la gueule. Pas une seule fois. Non. Tous les jours, ou presque, alors que son beau-père et elle se déplaçaient, de motels en motels, de chambres en chambres, de lits en lits...Peu importe le décor, elle n'échappait que rarement aux gâteries physiques de ce pervers dégueulasse, mais pas con du tout.



Je pourrais écrire encore et encore sur ce livre, mais, d'autres avis, de chroniques, toutes (me semble-t-il) très élogieuses, me rassurent sur le fait, que si vous avez besoin de plus de matière, il y a de quoi faire sur la toile ou dans les journaux/magazines littéraires.

Allez, peut-être, un dernier élément à ajouter, au cas où : LISEZ-LE !



Christophe Tison, merci.

Les éditions Goutte d'or, également merci. D'avoir publié ce brillant récit. D'avoir permis/organisé ce savoureux moment, lundi soir dernier, à La Scala de Paris...un grand moment, d'émotions, superbe. Un de ces moments qui vous font, davantage encore, aimer la littérature. J'en suis ressortie, le coeur tatoué de sublimes mots, les abdominaux renforcés par les rires suscités lors de l'échange entre Christophe et Marie-Rose...et, les yeux un peu mouillés... beaucoup, en fait. Ces petites gouttes salées se sont pointées assez vite, je dirais. Elles se sont franchement distinguées pendant la lecture, (waouh, quelle lecture, quel moment !) de deux passages du roman, par la sublime comédienne Marianne Denicourt. Elles ont de nouveau manifestées leur présence alors que le documentaire littéraire, réalisé par Pierre-Marie Croquet et Basile Lemaire, était diffusé sur le grand écran de la salle et happait les spectateurs.

Babelio, je ne vous oublie pas, bien entendu. Merci à vous. J'avais reçu le livre lors d'un masse critique privilégié, et par un heureux, et absolument chouette hasard, vous m'avez permis d'assister à cet événement. MERCI !



PS : Charlotte et les éditions Goutte d'Or, toutes mes excuses pour le retard.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Journal de L. (1947-1952)

Dolorès quitte son camp de vacances emmenée par "Hum" son beau -père pour retrouver sa mère hospitalisée. Celle-ci est décédée et commence la fuite de Lolita et son beau -père abusif. Ainsi débute les pages de ce journal intime et ce roman nous narre les cinq années qui suivront.

Mes souvenirs de roman originel de Nabokov sont très lointains et flous et j'ai pu m'immerger dans cette histoire sans qu'aucun élément ne trouble ma lecture.

C'est l'histoire de l'enfance abusée, violée qui se lit comme un témoignage; les mots sont crus décrivant la violence des actes. La lecture est néanmoins fluide

Le seul bémol que je mets , c'est cette impression que ce n'était pas une enfant des années 50 mais plutôt une jeune fille contemporaine qui rédigeait ce journal mais peut être est-ce dû au fait que la maltraitance soit universelle et que peut importe que le vocabulaire soit d'une époque ou l'autre.

Je remercie les éditions Goutte d'or et Babelio pour cet envoi
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Journal de L. (1947-1952)

"Wanted, wanted : Dolores Haze.

Hair : brown. Lips : scarlet.

Age : five thousand three hundred days.

Profession : none, or "starlet."

(V. Nabokov, "Lolita")



Règle n.1 pour apprécier "Journal de L." : quoi qu'il arrive, n'essayez pas de le comparer avec le roman de Nabokov !

Durant ma lecture, je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai perdu à ce jeu de doubles, je me suis perdue, et je suis désolée. Désolée parce que n'ai pas pu l'apprécier comme j'aurais voulu, désolée pour ce livre assez bien écrit qui se lit d'une traite et qui va sans doute enchanter plus d'un lecteur, désolée pour tous ces enfants abusés qui parcourent le monde sans pouvoir se livrer comme cette Dolores, qui est le cri du coeur de l'auteur. Son journal est une confession glaçante et crue, mais malheureusement, ce "jeu de miroirs" est aussi un jeu de dupes, et j'ai désespérément perdu l'image de la Lolita originelle qu'elle était censée être. C'est quelque chose que je ne peux pas pardonner.



J'ai lu quelque part qu'un lecteur idéal de Nabokov ne pourrait être qu'un autre Nabokov, ce qui explique les réactions virulentes à la sortie de "Lolita". Ah, ce thème sulfureux de la pédophilie ! Les lecteurs en quête de détails croustillants vont se jeter dessus (pour en ressortir déçus), les ménagères américaines vont s'évanouir dans leur apple pie à la moindre évocation de Humbert Humbert, mais certains y verront, fort heureusement, autre chose.

"J'ai l'impression de succomber trop facilement au charme des jeux", dit Humbert en regardant Lo jouer au tennis. Et l'auteur, Nabokov, a succombé de la même façon au charme du jeu avec une langue qui n'était pas la sienne. L'éducation et le cynisme de la vieille Europe incarnés par Humbert qui s'emparent de l'innocente (vraiment ?) Amérique de la pop-culture incarnée par Lolita dans un ballet verbal composé par un virtuose des mots, plein de pirouettes amusantes et cabrioles métaphoriques.

Cette dimension supplémentaire manque forcément dans "Journal de L.", ce qui fait que le livre de C. Tison devrait plaire à tout lecteur en quête d'une histoire remplie d'émotions, mais cela s'arrête là.



"Lolita" est une histoire d'obsession, de passion fatale, qui, sans être mesurée par les mètres de la moralité, se dirige vers l'accomplissement du Destin, comme une tragédie antique. McFatum à l'oeuvre, dirait Humbert...

A côté, la confession de Dolores de Tison paraît tristement conventionnelle, sachant que le lecteur attentionné de Nabokov a du mal à passer sur le fait que dans le roman original c'est Lolita qui séduit Humbert. Certes, ce n'est que par jeu, mais quand elle réalise que H. désire bien plus que le boutonneux Charlie de la Colo Q, il est déjà trop tard pour tous les deux...

Voilà ce qui m'a gênée aussi dans "Journal de L.". Ce manque d'ambiguïté. Un ravisseur et sa victime, simplicité même ! Qui est le chasseur, et qui est la proie, chez Nabokov ? Nous avons deux "chasseurs enchantés", et on ne peut qu'aimer et détester les deux à la fois. On a de la peine pour cette Lo effrontée et vache qui pleure la nuit, et pour ce Humbert obsédé et jaloux qui pardonne tout, et qui vit dans la terreur que toutes les nymphettes grandiront un jour. Cercle vicieux, ballet mortel, pour ces deux marginaux de la société bien pensante. Toujours sur la route, car ils n'ont "absolument nulle part où aller", l'un comme l'autre. Ici, c'est bien plus simple : la seule à plaindre, c'est Dolores.

Parfois je retrouvais vaguement cette "vraie" Lolita et la lecture s'est mise à couler de source, mais je la perdais aussitôt : ces métaphores poétiques un peu enfantines ? Lo détestait le romantisme dégoulinant ! Ces discours délibérément provocants ? Elle n'en avait pas besoin ! Cet amour pour les "classiques" ? Tous les livres de "Ball Zak" offerts par Humbert qu'elle n'a jamais ouverts, en rêvant au dessus de ses comics et ses illustrés... quel gâchis ! Mais voilà que je me "humbertise"...

J'étais curieuse de passages que l'on ne trouve pas chez Nabokov, mais ils ne rajoutent pas grand-chose de plus que d'autres malheurs, et cette démystification ne fait que dénaturer encore plus la Lolita d'origine.



Et la fin ? C'est presque un happy-end. Dolores a enfin trouvé sa place, et nous sommes soulagés. Ce n'est pas exactement ce à quoi elle a rêvé, mais elle a réussi à se reconstruire, comme on dit. On se fiche éperdument de ce qui va arriver au méchant Humbert, qui est mis dans le même sac que le méchant Clare Quilty.

Ah, diabolique Nabokov, qu'aurais-tu pensé de ça ? Cette séparation tiède n'a absolument rien à voir avec le moment insoutenable dans la courette sale des Schiller, où Hum et la véritable Lo se font leurs derniers adieux, tous les deux condamnés par le Destin. Lo, sans qu'elle le sache, et Humbert délibérément, parce qu'il n'a plus rien à perdre, seulement une vengeance à accomplir... "and the rest is rust and stardust".



Donc, si vous cherchez un livre sympa pour la rentrée, n'hésitez pas ! Mais si vous êtes des inconditionnels de Nabokov, passez votre chemin, ou lisez "Journal de L." comme une petite curiosité; fiction contre fiction. Ne faites pas la même erreur que moi, car la règle n.2 pour apprécier le journal de Dolores est la même que la règle n. 1.



Un grand merci à la masse critique, et aux éditions Goutte d'Or.
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Journal de L. (1947-1952)

Vous connaissez certainement le chef-d’oeuvre de Nabokov, le sulfureux Lolita. Vous savez, si vous l’avez lu, qu’il s’agit de l’enlèvement d’une fillette et de l’escapade entreprise avec son beau-père, le dénommé Humbert Humbert. Vous le savez peut-être moins mais cette histoire est inspirée d’un fait réel mais là n’est pas l’objet de ma critique.



Ici, et c’est là tout l’intérêt, le point de vue adopté est celui de Lolita. Car si elle est victime dans le classique de Nabokov, elle n’a pas voix au chapitre et c’est son ravisseur pédophile qui s’exprime tout du long. Pendant les six ans qu’a duré l’échappée du duo, Christophe Tison se met dans la peau de Dolores (car c’est en fait son prénom) alors qu’elle entre dans l’adolescence. Elle n’a pas connu son père et sa mère est morte mystérieusement quelque temps avant. Humbert Humbert a-t-il quelque chose à voir avec sa disparition ? Il nous est permis d’avoir un doute…



Le roman est rythmé par les hommes qui ont traversé l’existence de Dolores. Du premier, Humbert Humbert, qui a été son beau-père à l’initiative de la fuite, à Noé son nouveau compagnon qui sème en elle de nouveaux espoirs. Cinq hommes, cinq étapes dans la construction d’une féminité bafouée et Lolita tient les rênes, pervertie avant l’âge.



Le ton est parfois cru et c’est choquant que cela sorte de la bouche d’une toute jeune fille. Que personne ne remarque l’innommable, qu’on laisse un tuteur déviant librement abuser de son autorité, ça dérange et révolte. Mais on ne peut s’empêcher de suivre les pérégrinations à travers cette Amérique des années 40 où tout le monde se regarde mais où personne ne se voit.



Voici selon moi une pièce du puzzle qui manquait à la complétude du roman "Lolita". Christophe Tison fait entendre une nouvelle voix et l’innocence n’est plus !



Merci à Babelio et aux éditions Goutte d'or pour l'envoi, dans le cadre de l'opération Masse critique !
Lien : https://chezmelopee.wordpres..
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Journal de L. (1947-1952)

C'est quoi une Lolita pour vous ? Une jeune nymphette sexy ? Une prépubère aguicheuse et provocante ? Ce qui sûr, c'est que vous avez une image qui vous vient du célèbre roman de Nabokov sans même avoir eu besoin de le lire. Lolita, c'est la jeune fille objet et victime de tous les fantasmes sexuels de Humbert Humert, un homme de 37 ans qui va enlever sa proie de 12 ans et demi et l'entraîner dans un périple de deux ans à travers les bourgades du Midwest avant qu'elle n'arrive à lui échapper pour tomber dans les filets d'un autre pervers. Pauvre Lolita qu'on ne perçoit qu'à travers le regard des hommes...



Christophe Tison, dans "Journal de L.", lui redonne vie. Je dirais même lui donne vie. Cette fois-ci, c'est Lolita qui parle à travers un journal intime brillamment imaginé par l'auteur. Chaque partie du journal est consacrée à chaque homme qui a traversé chronologiquement sa vie, les bourreaux comme les aimés. Cinq périodes charnières qui marquent le changement qui se produit en en Lolita. Au fil de son road trip dans les motels, dans les palaces, dans la rue, Lolita grandit. de la petite-fille tétanisée par la peur et la sidération, nous passons à une jeune ado qui se durcit - bien obligée -, qui subit en attendant que ça passe, qui apprend à manipuler et même à se rire de cette vie que personne ne mérite. Mais derrière ces "Aaaahh" qui ponctuent parfois ses remarques ironiques - mais toujours réalistes - se cache une petite fille qui a terriblement besoin d'amour. Sa mère décédée reste chérie dans son coeur malgré des défauts qu'elle lui reconnait, ses premiers amours de jeunesse lui font ressentir de véritables sentiments de jeune fille qui aime pour la première fois. Elle rêve Lolita, comme toutes les ados de son âge. Mais elle rêve surtout d'une vie normale. Maladroite, Lolita aime sincèrement mais pour cette enfant devenue trop vite femme, les codes sont souvent faussés dans ses relations avec les jeunes de son âge. Et Lolita, à nouveau, ne trouve plus sa place.



Emouvante, touchante et parfois agaçante, Christophe Tison a réussi à donner vie à un personnage de fiction tel que je me l'imaginais. le récit est dur et perturbant, cru avec les mots d'une gamine qui subit l'horreur, mais il faut en passer par là pour faire connaissance avec Dolorès Haze. Car si l'auteur en introduction nous présente ce journal comme " des extraits qui racontent comment Dolorès est devenue Lolita", j'ai surtout le sentiment en refermant ce livre d'avoir fait connaissance avec Dolorès justement, petite fille perdue qui ne doit son malheur qu'à la violence et à la perversité des prédateurs. Oublions Lolita, gardons dans nos coeurs Dolorès. Ce prénom est bien plus joli, comme aurait dû l'être sa vie.



Merci à Babelio et aux éditions Goutte d'or pour l'envoi de ce roman.
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Journal de L. (1947-1952)

À lire après " Lolita". Très intéressant de se mettre à la place de la jeune fille violée. On ressent le fait qu'elle se sente piégée, qu'elle n'ose rien dire, que l'homme est un très fort manipulateur. L'écrivain à su très bien transcrire les émotions.
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Journal de L. (1947-1952)

Un grand merci à Babelio et aux éditions de la Goutte d'Or pour cet envoi !

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S'emparer d'une oeuvre aussi majeure que le Lolita de Nabokov pour lui adjoindre un roman jumeau, c'est audacieux.

C'est même une gageure.

C'est pourtant le pari de Christophe Tison, qui livre ici un journal intime tenu avec application par l'adolescente, du début de son périple avec Humbert Humbert jusqu'à la résolution tragique de son histoire.



Mais bien loin d'un simple jeu de miroir, c'est un véritable basculement que l'écrivain opère ici. C'est en effet une nouvelle Lolita que l'on découvre, loin de la manipulatrice arrogante de Nabokov, de ses stratégies naïves et de ses postures provocantes. Lolita devient ici victime, brisée par un homme qui l'utilise et déchire toutes ses loyautés une par une pour en faire son pantin. Inutile de dire que le roman est dur, bouleversant, avec la plume froide et démunie d'une jeune fille agressée de la pire des façons qui soit, et qui sait pertinemment que toutes ses tentatives de rébellion sont vouées à l'échec. Il l'est aussi car Lolita n'est pas seule : se dessine derrière elle l'ombre de Christophe Tison, dont l'enfance fut elle aussi traumatisée par le spectre d'un adulte malveillant. On a donc un objet étrange entre les mains, à la fois confession intime et déchirante - d'autant plus qu'elle ne verse jamais dans la surenchère -, mais aussi expérience littéraire, roman fluide et prenant, quoique un peu maladroit par endroits - avec une Lolita qui paraît curieusement mature à certaines pages et carrément naïve à d'autres, ce qui pourrait cela dit relever du choix conscient de l'auteur - et enfin clair intermédiaire d'une indignation qui ne peut que susciter l'adhésion.



Le Journal de L. offre à ce classique de la littérature un nouveau visage, une nouvelle possibilité, celle de l'enfance volée, d'une justice à rétablir. La valeur de cette proposition dépendra de la volonté du lecteur d'accepter une version de l'intrigue aux antipodes de celle de Nabokov. Refusera-t-il ce retournement complet du personnage de Lolita, n'y voyant qu'un récit conventionnel trop éloigné de l’ambiguïté qui faisait tout l'intérêt du texte original ? Se réjouira-t-il au contraire cette réécriture à la fois personnelle et politique, y voyant une mise à jour bienvenue d'une histoire qui doit s'adapter à la sensibilité sociale actuelle ? Deux postures tout aussi valides l'une que l'autre, deux façons de juger la fiction, mais dans tout les cas, le début d'un débat crucial à nourrir constamment, aussi bien au sein des livres qu'au-delà.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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