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Patrick Eris (Traducteur)
EAN : 9782070317073
496 pages
Gallimard (30/09/2004)
3.2/5   82 notes
Résumé :
Teresa Simons, jeune enquêtrice du FBI, a suivi la formation aux sessions ExEx - aussi appelées les " extrêmes " -, ces mondes virtuels violents et ultra-réalistes reconstituant à la perfection des situations de crise ayant réellement existé afin de former les nouveaux agents.
Mais depuis qu'Andy, son mari, est mort dans une intervention qui a mal tourné, Teresa ne parvient plus à s'extraire de la virtualité et s'enfonce peu à peu dans ses souvenirs. Elle déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Teresa Simons, agent du FBI, vient de perdre son mari dans une tuerie aux Etats-Unis. Son deuil, elle vient le faire non pas sur les lieux du crime, mais à Bulverton, dans le sud de l'Angleterre, où un autre détraqué a tiré froidement sur la foule, le même jour et à la même heure que lorsque son mari a perdu la vie. Elle y voit en effet une coïncidence troublante qui la conduit à s'interroger sur la nature des deux évènements. Il faut dire que Teresa a été formé aux sessions ExEx, les extrêmes, qui plongent les acteurs dans des mondes virtuels reconstituant des situations de crise réelles. Si le plus grand nombre n'y voit que des jeux, certains y voient un moyen de montrer qu'une mort violente est une question de destinée, d'autres que seul le hasard est alors en jeu…
Voici donc une intrigue à la mesure de Christopher PRIEST. Entre réalité et virtualité la frontière est ténue et PRIEST aime à y conduire ses lecteurs. Et cette fois-ci il le fait sur la base d'une intrigue tragique et particulièrement dure qui lui permet non pas de faire se succéder des scènes de meurtres, mais de s'intéresser à des sentiments bien plus profonds et humains, ceux du deuil et de son corollaire, la résignation. Pour cela il s'intéresse essentiellement à la personnalité de Teresa Simons qui, en menant une enquête officieuse à Bulverton, s'intéresse aux sentiments des différents protagonistes locaux en même temps qu'elle fait un retour en arrière sur sa propre vie. Mais en se plongeant et se replongeant dans les scenarii ExEx, elle revit aussi les situations de l'intérieur et selon différents points de vue. C'est ainsi qu'elle croit qu'elle pourra comprendre l'objet de tous ces massacres en général, de ceux de Bulverton et de celui qui a été fatal à son mari en particulier.
Mais avec PRIEST, rien n'est définitif et tout reste ouvert, même après le dénouement de son intrigue. C'est aussi sa marque de fabrique, celle qui permet au lecteur qui y adhère de prolonger sa réflexion bien après qu'il ait refermé le roman. En amont, on retrouve dans Les extrêmes une écriture qui allie simplicité et précision, où chaque paragraphe, chaque phrase, et même chaque mot a son importance. C'est en cela, et aussi parce que son récit n'est pas linéaire, que la lecture de PRIEST est complexe. Un simple manque d'attention, et c'est une idée forte à côté de laquelle le lecteur pourrait bien passer. Et si cela se répète trop souvent, c'est l'intégralité du roman qui pourrait lui échapper.
Sachant tout cela, et s'il a envie d'une lecture où la Science-Fiction est au service d'un récit profondément humaniste, le lecteur sera fasciné par ce roman de Christopher PRIEST. Une fois de plus diront les habitués de l'auteur.
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Aux prises avec la virtualité (avec Zaph en ligne)...

"Allô, Zaph ? Comment vas-tu ?
Je t'appelle pour te souhaiter une bonne année. Pour moi, elle commence bien : je viens de découvrir un auteur vraiment sympa, qui s'appelle Christopher Priest. Tu connais ?"

Bonjour Ing. Bonne année à toi !
Si tu commences l'année en découvrant Priest, tu démarres sous de bons auspices ! C'est une vieille connaissance, et figure-toi que par le plus grand des hasards, je viens justement de finir un livre de lui : "Les extrêmes".

C'est fou, c'est justement celui que j'ai lu !
J'ai tendance à me méfier des romans de SF, que je trouve parfois bâclés, mais là, de ce point de vue en tout cas, je n'ai pas été déçue.
C'est en effet un récit que j'ai trouvé très dense, avec une multitude de thèmes abordés, qui vont par exemple de l'omniprésence de la violence dans nos sociétés modernes, à l'étude du processus de deuil (individuel et collectif) et bien sûr celui, central, de l'intrusion de la virtualité dans la réalité.

Oui, je ne sais même pas si je dirais que Priest fait de la SF. Je crois même qu'il s'en défie lui-même.
Je pense qu'il utilise des thèmes fantastiques ou de SF s'ils peuvent servir son histoire, et pas pour le plaisir de décrire des mondes ou des technologies étranges. Pour moi, peu importe l'étiquette : ce que je cherche, c'est avant tout une bonne histoire, bien racontée, et avec des personnages intéressants. Et ça, je suis sûr de le trouver chez Priest.
Je suis aussi d'accord avec ton analyse des thèmes abordés ; j'y ajouterais celui du voyeurisme malsain des média et du public : ce n'est plus suffisant de voir des images d'un carnage à la télé, il faudrait en plus pénétrer dans la conscience du meurtrier quand il commet ses crimes, et en faire l'ultime jeu vidéo de simulation !

C'est le problème avec la SF : il s'agit d'une catégorie aux contours imprécis dans laquelle il est parfois difficile de savoir quels romans on peut y inclure. Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant ici, c'est que la partie « fictive » s'appuie sur des faits crédibles et ancrés dans des problématiques complètement actuelles, comme la fascination pour les armes à feu, liée au sentiment d'insécurité croissant et le besoin souvent irraisonné d'être hyper protégé, et l'importance de plus en grande que prennent les technologies du virtuel dans notre quotidien. On imagine le scénario décrit par l'auteur comme quelque chose de possible, du coup.

C'est vrai que tout cela est crédible.
Un autre aspect relativement inhabituel en SF, c'est le style de récit relativement statique, et presque contemplatif par moments. Enfin, je trouve. Finalement, il ne se passe pas grand chose dans ce gros bouquin, comparé à la SF classique qui a tendance à pétarader dans tous les sens !
J'ai vraiment eu l'impression que ce n'est pas l'histoire en elle-même qui est importante aux yeux de Priest, mais tout son contexte, l'ambiance, le non-dit.

Ta réflexion sur le non-dit est intéressante, car j'ai effectivement eu l'impression pendant une bonne partie du récit d'une espèce de tension implicite, comme si la situation pouvait dégénérer à tout moment. Cette tension est je crois induite par les éléments que Christopher Priest met en relation les uns avec les autres : des personnages psychologiquement fragilisés, qui ont tendance à boire plus que de raison, l'apparition de mystérieux individus au comportement étrange, voire inquiétant, et ces immersions répétées dans les mondes virtuels. Je trouve notamment plutôt flippant ces injections de "nano puces" dans l'organisme, qui permettent d'accéder auxdits mondes : cela donne le sentiment d'une perte de contrôle de soi qui sous-entend une terrible vulnérabilité !

Oui, effectivement, de plus les événements les plus dramatiques se sont passés en dehors du cadre du récit, même si on y accède via les "réalités virtuelles". Ça donne un peu l'impression dérangeante que tout se passe "ailleurs", et que le monde réel est plus vide que le monde virtuel.
Mais si tu permets, j'aimerais bien avoir ton opinion sur la fin du livre. Comment trouves-tu cette fin ? Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. C'est comme si Teresa était définitivement passée de l'autre côté du miroir. Je suppose qu'il faut mettre la fin en relation avec le premier chapitre où on voit la Teresa enfant jouer avec son double ?

A vrai dire –et c'est mon seul bémol-, cette fin m'a un peu agacée, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, comme toi, j'ai eu l'impression de ne pas avoir tout compris. Je me suis demandée s'il fallait revoir l'intégralité de l'histoire sous un nouvel éclairage, ou considérer que l'héroïne avait complètement pété les plombs, ou… je ne sais plus. Par contre, je n'ai pas pensé à relier cette fin au tout début du roman, mais cela peut être la base d'une autre hypothèse, c'est vrai (ne ma demande pas laquelle !). L'autre chose qui m'a énervée, c'est que l'auteur introduit plusieurs éléments au cours du roman (notamment l'apparition de ces quatre américains patibulaires qui réservent dans le même hôtel que Teresa) qui cessent brutalement d'être exploités. En fonction de ces éléments, j'avais échafaudé toute une série d'hypothèses qui sont tombées à l'eau…

Ah, zut ! moi qui espérais que tu allais pouvoir m'éclairer !
Bon, moi, ça ne m'a pas vraiment énervé, parce que j'ai pas l'habitude d'échafauder des hypothèses en cours de lecture. Je prends les choses comme elles viennent. Mais je suis d'accord que ce roman présente quelques faiblesses narratives qui m'ont un peu surpris de la part de Priest. Par contre je trouve que le personnage de Teresa est une vraie réussite. Globalement, je ne trouve pas que ce soit le meilleur de Priest. Pas mon préféré, en tout cas. Je pense simplement qu'il aurait pu fignoler un peu plus et réaliser un vrai grand roman, il en aurait été capable. Donc, j'éprouve une légère déception, mais c'était un très bon moment de lecture quand-même, et je n'hésiterais pas à recommander ce livre.
Et toi, est-ce que ça t'a donné envie de lire d'autres livres de lui ?

Oui, car hormis l'agacement évoqué plus haut, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. J'ai déjà inscrit "Le prestige" sur ma LAL il y a un moment, mais je n'ai jusqu'à présent pas pu le trouver en librairie.
Quel(s) autre(s) titre(s) me conseillerais-tu ?

"Le prestige", je ne l'ai pas lu, parce que j'ai vu le film (que j'ai bien aimé), et je veux l'avoir suffisamment oublié avant de lire le livre.
J'aurais envie de te conseiller le deuxième Priest que j'ai lu (il y a longtemps) : "Futur intérieur". C'était un grand coup de coeur à l'époque, mais maintenant j'aurais du mal à le situer dans l'oeuvre. En fait, j'ai l'intention de le relire dans un futur pas trop éloigné (notion toute relative en ce qui me concerne).
Sinon, j'ai relu il n'y a pas longtemps "La fontaine pétrifiante", que je trouve personnellement plus achevé que "Les extrêmes", sur un thème un peu parallèle.
Ok, je note !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Teresa est un agent du FBI ayant suivi une formation très poussée à l'intervention en situation dangereuse : prises d'otages, tueurs fous, ...
Sa formation a été faite au moyen d'un simulateur extrêmement perfectionné, l'ExEx. L'agent est plongé dans une situation complètement immersive, basée sur des faits réels, et lui permettant de se mettre dans la peau d'un des protagonistes : policier, témoin, otage ou même tueur psychopathe.
Ces séances sont particulièrement éprouvantes sur le plan émotionnel (on se fait "tuer" régulièrement, on est à la limite de l'éthique quand on endosse la personnalité du psychopathe, on ressent les blessures, la panique etc.) A cela s'ajoute le fait que pour maîtriser un scénario, il faut le refaire de nombreuses fois, ad nauseam.

Les ExEx sont également à la disposition du grand public qui peut y vivre toutes les aventures imaginables, y compris sexuelles ou violentes.

Quand son époux, agent FBI lui-aussi, se fait abattre par un tueur fou, elle part lentement à la dérive.

Prenant une "pause carrière", elle part en Angleterre pour suivre la trace d'un autre tueur , ayant commis au massacre similaire à celui qui a emporté son mari. Ces deux évènements ayant de plus eu lieu le même jour!

Sombrant dans l'alcoolisme, émotionnellement brisée, elle s'accroche à retracer chaque minute de la trajectoire mortelle du meurtrier anglais.

Tout dérape quand elle se rend compte que ce dernier a interrompu son parcours pendant un certain temps pour une session ExEx. Elle cherche alors le secret de l'âme du Psychopathe au travers de scénarios ExEx.

C'est un livre troublant où l'auteur nous emmène au frontières de la réalité, ou virtuel et réel se fondent de plus en plus. La personnalité de l'héroïne se fragmente, se disloque. Elle ne gère plus, elle ne se gère plus.

Le lecteur est pris dans cet engrenage et l'empathie ressentie pour Teresa crée un ressenti assez fort.

Du bon boulot, dont on se souviendra pour cette ambiance très particulière.

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Le thème principal des Extrêmes c'est la réalité virtuelle. Pourtant, réduire ce roman à ce sujet serait un peu trop simple et le début du livre m'a d'ailleurs laissé un peu perplexe. Était-ce bien de la science-fiction que je lisais ? Une station balnéaire anglaise passée de mode, une jeune Américaine employée au FBI qui essaie de fuir un drame personnel et surtout, une ville traumatisée par le coup de folie meurtrière d'un pauvre garçon qui, il y a quelque temps, a semé la mort parmi la population. Voilà pour le décor. Avouez que c'est une approche un peu étrange pour nous parler de nouvelles technologies. Mais voilà, Priest est un conteur hors pair. Ces personnages sont très travaillés et l'ambiance générale est assez intrigante. On se prend à apprécier les héros, à se demander comment ils surmonteront des évènements aussi tragiques et accessoirement, à s'interroger sur cette étrange technologie qu'est la réalité virtuelle. Comme souvent, l'auteur brouille les pistes et nous surprend avec ces histoires pas comme les autres.
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Teresa Simons est une jeune agent du FBI qui a perdu son mari dans des conditions dramatiques. Celui-ci a été assassiné lors d'une tuerie de masse aux États-Unis. Pour comprendre ce meurtre et ainsi faire son deuil, Teresa décide d'aller dans un petit village de l'Angleterre, où un autre terrible massacre a été perpétré, exactement le même jour : à Bulverton, Gerry Grove a tué vingt-trois personnes. Parce qu'elle a été formée aux ExEx, ce monde virtuel ultra-violent et réaliste, aussi appelé les extrêmes, l'agent Simons veut comprendre ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là, savoir s'il s'agit vraiment d'une coïncidence...

Les thèmes de prédilection de Christopher Priest sont nombreux : des personnages doubles, des perceptions troublées, voire décalées de la réalité. Et si l'écrivain anglais peut s'amuser à plonger ses personnages dans des situations qui leur fera douter de ce qu'ils ressentent, de ce qu'ils appréhendent du monde extérieur, il pousse le vice jusqu'à interroger son lecteur sur sa propre perception de ce qu'il est en train de lire, jouant avec lui de manière assez troublante et souvent très réussie, notamment grâce à une écriture magnifique, très immersive.

Pour une chronique plus complète, suivre ce lien :
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les premières fois que Teresa avait suivi les séances d'exercices aux situations extrêmes, elle interprétait un témoin. C'était ainsi que fonctionnait le Bureau. Une fois que vous étiez embauché, ils vous faisaient passer des tests, et vous ne tardiez pas à vous retrouver dans une situation qui, invariablement, finissait par dégénérer.
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Puis Teresa fit un pas en arrière et regarda autour d'elle, ce décor statique luisant à la chaleur du soleil.
Elle Localisa, Identifia, Vérifia, Examina, Revint.
LIVER
Copyright (c) GunHo corporation, pour tous pays.
Ces mots restèrent visibles durant quelques secondes, puis disparurent lentement et progressivement. Sans musique.
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[postface de l'auteur] Après avoir terminé mon conte pour enfants, je me remis à ce roman. [...] Libéré de cette notion de choix, de ces meurtres et de l'obligation de devoir expliquer la cause de ces explosions de violence, je préférai imaginer l'univers intérieur d'un psychopathe, réfléchir aux bordures de la réalité, à la fragilité des souvenirs. Les Extrêmes devint un roman que je pouvais écrire.
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