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Citations de Clara Arnaud (263)


Elle se gara enfin sur la place, l'église lui parut encore plus massive qu'à l'accoutumée. Romane, puissante, elle portait la mémoire d'une époque où les hommes priaient Dieu et craignaient les montagnes. Où les vallées étaient surpeuplées et ne nourrissaient plus. D'une époque où l'Eglise avait fait de l'ours, déifié par les peuples païens des montagnes, un ennemi majuscule.
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Pourquoi est-il si difficile de dire ce qui compte à ceux qui comptent ?
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 Et pour lui, il ne s’agissait pas juste de noms qui s’effaçaient, de Roquette, Blanche, Tâche, Vaillante, d’une affaire sentimentale, c’était un monde pastoral qui périclitait sous ses yeux, avec sa poésie, ses légendes, la gnole à la goulée, les fêtes de village et son patois. C’était toute sa vie, qui se dissolvait avec ces noms oubliés, une vie de frugalité, de pluie, de soleil et de vent. 
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Depuis qu’elle s’était installée là-haut dix jours plus tôt, coupant les ponts, refusant d’obtempérer, pour une fois dans sa vie, elle s’était sentie légère, soudain débarrassée de la pression des résultats à fournir, des conclusions à tirer en hâte - la hâte n’avait rien à faire, d’ailleurs, dans l’observation du vivant.
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L'ours, c'est l'enfant de la montagne, un enfant encombrant, mais sans lui, elle est incomplète. Alors bien sûr, parfois il nous fatigue, ce gosse turbulent, mais on a le devoir de vivre avec.
(p.224)
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En contrebas de la ville, on voyait le rio Lindo, serpent d'or ondulant parmi les forêts et les prairies, dessinant d'amples courbes, animé par ce mouvement continu, qu'il s'agirait de juguler avec le barrage. Chaque rivière avait sa personnalité, Guilherm en connaissait des dizaines intimement, dont il pouvait dessiner de mémoire les atermoiements à travers les topographies accidentées. Et comme les passionnés d'oiseaux qui en font des captifs, il trouvait un plaisir paradoxal à contrôler ces cours d'eau dont la sauvagerie le fascinait.
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Avec Florence, c’est autre chose. À nos âges, c’est la tendresse. Et nous, on est comme de vieilles branches ! Comme le vieux hêtre, là-haut, auprès duquel je resterai. Il penche, il est tordu, noueux, il est magnifique. 
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Jean savait tout des baies, fleurs, oiseaux, il pouvait disserter sur les propriétés d’un champignon, connaissait chaque arbre, chaque source, chaque roche de sa montagne. Et tout le monde s’accordait à le dire : il ne gardait pas les brebis, il était brebis.
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N'aie pas peur,la montagne rêve,se répéta-t-il encore, comme une formule magique venue de cette civilisation perdue qu'est l'enfance.
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L'automne avait commencé à déshabiller les arbres, annonçant la fin du temps de l'estive.
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En côtoyant le plantigrade elle devenait elle-même objet de fantasme, éveillant les vieilles légendes. Fais attention à pas finir comme la folle de Vicdessos, lui avait un jour lancé un paysan au bar. On lui avait souvent parlé de cette femme, retrouvée nue dans la montagne au début du XIXe siècle. Elle y aurait vécu parmi les ours, fuyant le règne des hommes, alimentant les racontars. Son existence était avérée, elle était morte après avoir été internée en hôpital psychiatrique. Alma avait souvent songé que, loin d'être folle, elle avait dû être extraordinairement puissante. Et si cela ne valait plus l'internement, elle constatait que, deux siècles après sa mort, les choses n'avaient pas tout à fait changé. Les hommes du coin chassaient, s'adonnaient à la battue, plongeant dans la forêt des jours durant, se confrontant avec l'animal sans éveiller de méfiance, mais une femme seule, hors des sentiers de randonnée, une femme frayant avec le sauvage, dérangeait. Sa connaissance des ours ne faisait qu'aggraver son cas. Car même ceux qui prétendaient vouloir leur faire péter la cervelle en parlaient avec fascination. L'ours était l'ennemi majuscule, après avoir été le trophée suprême. L'éleveur avait poursuivi, si l'ours il te chope, faudra pas pleurer... Il avait haussé le ton. C'est pas des peluches, crois moi ! Moi si je le croise, je le descends !
(p.139)
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Puis il fallut encore traverser des forêts anciennes, de denses hêtraies, la lumière pénétrait les sous-bois par des trouées dans la futaie, éclairant soudain d'or le sol tapissé de feuilles mortes, le vert hypnotique d’une pelouse jeune. Autour, des hêtres bicentenaires, nombreux, quelques frênes, ormes, bouleaux, au pied desquels proliféraient jacinthes, jonquilles, orchidées un déferlement de printemps. Et ce vieux chêne noueux, omnipotent, captant soudain tout l'espace et marquant la moitié de l'ascension. Partout les arbres débourraient, exposés au risque de gelées. Le long des rus jaillissaient des buissons mauves, des touffes de lathrées clandestines qui apparaissaient d'un jour sur l'autre.
(p.25)
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En estive, il était aux avant-postes des réalités climatiques, et il songeait souvent que même sa montagne deviendrait bientôt invivable. On était entré dans cette ère où l'on crèverait de chaud.
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Et au fil des ans, des mondes qui se superposaient dans ses souvenirs, des gens aimés, perdus de vue, il lui semblait que sa colonne vertébrale, son ancrage, reposait ailleurs qu'en un lieu, dans une manière de se mouvoir dans le monde, l'observer, s'y fondre.
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Il a le souffle court, et il pleure,il marche, il renifle, il se demande : les vivants sont-ils condamnés à devenir les fantômes des morts ?
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Gaspard respectait sa manière d’habiter la montagne. C’était un être du silence.
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Sans doute l'apreté de ces territoires l'agressait-elle moins que le monde des humains ?
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 Pourquoi était-il si difficile de dire ce qui compte à ceux qui comptent ?
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l’ours est discret, mais il laisse des traces. Le plus dur ce n’est pas de les repérer mais de les lire
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Alertée par les voisins de ma présence - les Chinois sont éduqués à la délation qui constitue un fabuleux moyen de contrôle - une cohorte de policiers se présente à la porte. La région, disent-ils, n'est pas recommandée pour les étrangers. Peut-être aussi me soupçonnent-ils d'être ici en qualité de journaliste. Le fait que je puisse témoigner au monde d'une quelconque manière de la situation de certaines minorités ne semble pas du tout satisfaire cette armada de policiers venus troubler mon repos...
L'un des policiers passe la nuit au pied de la porte de ma chambre.
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