Citations de Claudine Glot (41)
Si mon esprit vous échappe, vous connaissez mon cœur et il n'est que justice et amitié pour vous.
Qui croyait avoir semé la panique récoltait ainsi la terreur !
La vérité est une belle chose surtout quand elle est nue
Il y eut d'abord le roc, l'arbre et la source. C'était aux temps merveilleux des commencements, dans le scintillement des eaux qui cascadent sur les dalles de schiste et s'épuisent parmi les mousses. Les premières bribes de notre histoire naquirent, dit-on, du murmure des feuilles quand le vent se leva, susurrant des formules étranges. Il se répandit une rumeur, sourde d'abord, qui pressentait des présences furtives et transparentes, là, tout près. Élisant les matins de brume, elles peuplèrent bientôt les lisières des bois, les rives des eaux dormantes. Elles habitèrent nos crépuscules et nos ténèbres. On en parlait beaucoup, on les voyait peu (très peu !), mais nul ne doutait de leur existence. On les craignait avec affection. On les nomma fées.
Qu'il rôtisse dans sa chair vive comme son âme le fera en Enfer
Je vois la paix amollir le cœur des hommes et aucun lien ne se tisse pour les rapprocher, afin qu'ils restent soudés si une menace se dessinait. Et l'horizon est fait de maints périls, crois-moi. Rallier tous les barons de Bretagne était une belle prouesse, mais maintenir la bonne entente et éviter durablement la félonie en est une autre. La paix est plus difficile à dompter que la guerre.
Sur les terres de petite et grande Bretagne vont et viennent bardes et jongleurs. Ils traversent les forêts et les essarts, les champs et les pâtures ; ils empruntent les sentiers qui longent les ruisseaux, au fond de vallées où l'ombre des chênes s'unit aux dalles de granit adoucies par la mousse ; ils rejoignent les crêtes où le maigre sol des landes se déchire sur l'ossature du vieux monde. Par jour de vent, ils poursuivent leur errance de hameau en village, les pluies d'orage les confinant parfois sur les marches des cités, jamais longtemps, car dans leurs veines coulent la poudre des chemins, l'eau des ornières et le bleu-gris du ciel qui en est captif. Ils sont porteurs de nouvelles, ils sont porteurs de légendes. Ils mêlent les deux pourvu que leur auditoire consente à les honorer d'une oreille attentive et de quelques étoiles dans les yeux, ces petites lumières qui prouvent que leurs récits ont bien fait germe au creux des âmes.
À leur passage, le monde est tout bruissant de nouvelles et de dits, bruissant comme le feuillage argenté du saule qu'un vent invisible ébroue.
"La paix est plus difficile à dompter que la guerre."
Lorsque le chevalier part à l’aventure, bien souvent il ne sait rient du chemin à suivre, ou des embûches qui l’attendent. Une mission lui est confiée, par son roi, par sa dame, par sa foi, et il doit l’accomplir. Même cette obligation cède devant celle, plus impérieuse encore, qui le force à affronter toute épreuve qu’il rencontre.
Le thème du chevalier errant s’installe si fortement dans l’imaginaire occidental qu’il perdure jusque dans les héros solitaires des westerns, ceux des fuites intergalactiques, et ceux des grandes suites chères à l’heroic fantasy.
Il me semble, que des deux côtés de l'Atlantique, la fantasy soit résolument repoussée hors des frontières de la littérature. Pourtant il ne lui manque ni le souffle, ni le sens de l'épopée, ni la construction du récit, et plusieurs générations d'auteurs y ont créé des univers et des héros emblématiques. Si toute la littérature est d'abord une machine à rêver, le fantastique, parce qu'il se désamarre du réel, du quotidien, et qu'il fait appel à de solides structures mythiques, assume brillamment cette fonction vitale pour l'esprit humain. Peut-être alors est-il préférable que cette veine se maintienne à l'écart de l'establishment intellectuel pour rester vivante, foisonnante et prolifique ?
[Préface de Claudine Glot de Thomas le rimeur d'Ellen Kushner]
On se gardera bien au passage d'enfourcher la vieille haridelle qui prétend opposer une «tradition réellement issue du peuple» à une «imagerie conçue par les intellectuels». Dans ce recueil, les contes traditionnels, qu'ils soient issus de la littérature médiévale ou du fonds populaire oral, ont été traités de la même façon. Nous nous refusons à dresser un mur entre les deux modes de transmission du matériau d'origine celtique qui les composent. Savoir qui prime l'autre, dans la qualité ou dans l'ancienneté, et s'il en est un plus authentique - un conte que l'on conte n'est-il pas toujours authentique - relève plus de l'idéologie que de la culture bretonne.
[Extrait de l'introduction de Claudine Glot]
pour lui, une demi-victoire n’était jamais qu’une défaite qui ne dit pas son nom.
Couards, mécréants, impotents sont ceux qui ne partent pas à la recherche du Graal...
– Celui-là seul qui retirera cette épée sera, par la grâce du Roi des rois, maître et souverain de ce royaume.
Et si le Graal n'était qu'un espoir, une aspiration, une apparition lumineuse dans la nuit où l'homme cherche et se cherche ? Quand l'ermite dit à Parzival, au sanctuaire du Graal : «Tu vois mon fils : ici, l'espace et le temps se confondent», peut-être révèle-t-il le mystère du Graal dans l'infini vertige du monde.
A Carnac, la brume a envahi les alignements : miséricordieuse, elle masque les grilles, les barrières, les panneaux. Froissements d'herbe, soupirs dans les feuilles, nous entrons en rêverie. Brouillard ou voiles blancs parmi les troncs, une silhouette semble se mouvoir à la lisière des bois. Je ne sais pas si cette forme furtive est féérique, mais je suis sûre que, même épuisés par les hordes touristiques, les vénérables sanctuaires peuvent retrouver leur force. C'est ce que Carnac nous murmure ce soir.
"_Dans notre infortune, nous n'avons d'espérance que si nous restons solidaires."
-Existe-il, Merlin plus bel endroit au monde que la cour du roi Arthur ?
-Assurément, il en existe et nous y sommes ; rien ne peut rivaliser avec la forêt, surtout quand il s'agit de Brocéliande.
En face de nous, des ombres blanches dansaient parmi les arbres et les pierres. Il ne pousse guère d'asphodèles en ces parages, et aucune vapeur ne s'élevait de l'eau. Les évolutions silencieuses ont duré plusieurs minutes. Puis, comme trop souvent, un battement de paupières a tout dissipé. Jusqu'à la fin de la journée, une poussière irisée a poudré les mousses de l'escalier saint.
Qui croyait avoir semé la panique récoltait ainsi la terreur !