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Critiques de Colm Toibin (328)
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Maison des rumeurs

+++Lu en VO - House of Names +++



Comme j'aime Colm Toibin ! Il se renouvelle dans chacun de ses romans avec la même force, le même talent.



Ici il nous offre une réécriture romanesque de l'Orestie d'Eschyle, ou du moins des deux premières pièces. En préambule nous sommes dans le palais d'Agamemnon où Clytemnestre prépare le mariage de sa fille Iphigénie avec Achille. Agamemnon a demandé à son épouse de le rejoindre sur les rives d'Aulis, vers les côtes de Troie, afin d'unir Iphigénie et Achille. Une fois arrivée, Clytemnestre s'aperçoit du piège que lui a tendu son mari afin de pouvoir sacrifier Iphigénie aux dieux et ainsi d'obtenir des vents plus favorables pour pousser sa flotte jusqu'aux rives de Troie.

Rentrée au palais Clytemnestre rumine sa vengeance et se jure de tuer son mari dès le retour de celui-ci de Troie. Afin d'assouvir sa vengeance, elle prend pour amant Egisthe qui l'aidera dans son dessein. Mais Oreste, fils évincé, d'Agamemnon sera celui qui vengera son père en revenant d'exil. L'histoire est connue et a été maintes fois reprise, sous des formes diverses depuis l'antiquité.



Colm Toibin parvient à la réinventer, en développant des aspects divers de cette histoire, les préparatifs du pseudo-mariage d'Iphigénie, la vengeance lentement mûrie de Clytemnestre (9 ans quand même !) avec un amant qui prend petit à petit le pouvoir et éloigne Oreste. Il raconte l'exil d'Oreste tenu emprisonné au loin avec d'autres enfants nobles de la cité, sa fuite et son long chemin de retour vers le palais en compagnie de Léandre. Toibin a choisi un style sobre,et écrit avec un détachement calme qui convient à merveille à ces temps antiques si éloignés de nous sans pour autant nous tenir trop à distance des tourments et de l'agitation intérieure des personnages.



Comme d'habitude, c'est magnifique dans un registre et un style complètement différents de ce que j'ai pu lire de lui jusqu'à présent.

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Le magicien

« Le Magicien » de Colm TOIBIN est un remarquable livre. Il constitue une véritable biographie romancée de la vie de Thomas MANN et des membres de sa famille.

J’ai été impressionné par le style, la précision et la puissance de l’écriture de l’auteur (Colm TOIBIN) mais également par la vie du Grand Homme qu’était Thomas MANN. Je n’avais pas pris conscience auparavant qu’il avait été l’un des plus grands intellectuels de son temps et un homme dont la parole comptait tant au niveau mondial.

On suit bien entendu la montée en puissance du nazisme mais aussi la fuite dans plusieurs pays successifs des membres de la famille. On comprend comment se sont faits les choix pour aller dans telle ou telle direction et quels étaient les écueils qu’il fallait éviter à chaque fois.

J’ai beaucoup apprécié aussi la personnalité de la femme de Thomas MANN. Elle illustre une fois de plus le dicton qui dit que « derrière chaque grand Homme, il y a une Femme ».

On découvre aussi tout le côté très personnel du personnage et notamment ses attirances homosexuelles.

L’ensemble est un peu long mais on ressort de la lecture de ce livre enrichi et conscient d’avoir partagé pendant un moment la vie d’un homme exceptionnel au destin lui-même exceptionnel.

Je recommande donc chaudement la lecture de cet ouvrage qui a déjà reçu plusieurs prix littéraires et qui devraient en recevoir d’autres dans les mois à venir.

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Le magicien

J’avoue avoir flanché dans l’ascension de la Montagne magique. Cet Everest de la littérature devenu un classique a eu raison de ma capacité à entretenir mon attention. Son style élaboré qui ne craint ni les digressions ni les longues phrases aux multiples subordonnées est venu à bout de mon opiniâtreté.



Le Magicien est alors l’ouvrage qu’il me fallait pour aborder l’œuvre sous un autre angle. Confus que j’aie été de ne pouvoir supporter l’exaltation rêveuse d’un Hans Castorp lequel, ainsi que l’écrit Thomas Mann lui-même, « pouvait rester des heures sans occupations ». Et donc sans en souffrir puisque de trois semaines son séjour en sanatorium s’étira sur sept années. Sept trop longues années pour le lecteur assoiffé de péripéties et d’émotion que je suis.



Il me fallait donc aborder l’œuvre, et plus largement l’ensemble de l’œuvre de l’auteur nobelisé, par un autre biais : faire connaissance avec ce dernier au travers de sa biographie. Et tenter de comprendre comment ce style est inhérent à la complexion de la personne. Colm Tóibín nous le fait appréhender avec le plus grand talent. Sa biographie est tout sauf une chronologie. Il n’y évoque d’ailleurs ni sa naissance ni sa mort. Son ouvrage a quelque peu compensé ma défaillance de ne pas avoir savouré l’œuvre phare de Thomas Mann à la hauteur de sa renommée dans le monde littéraire.



L’ouvrage de Colm Tóibín s’attache à nous faire comprendre la personnalité de son sujet, le caractère de cet auteur pétri de sensibilité, non dénué d’humour, mais manquant peut-être de force pour s’imposer aux autres autrement que par ses écrits. Evoquant, ce n’est pas sans importance, sa condition de juif, certes non pratiquant, en une époque et un pays contaminés par la peste noire du nazisme.



Sa célébrité fut pour lui à la fois bénédiction et malédiction. Bénédiction bien sûr que la consécration suprême en son art. Malédiction d’être devenu un personnage important dans le monde intellectuel de la part de qui la société attendait des prises de position plus fermes et spontanées vis-à-vis du contexte politique, alors qu’il était réfugié aux Etats-Unis. Il aurait voulu être apolitique en une période et avec une condition que ne le lui autorisaient pas.



Le contexte familial l’a aussi quelque peu desservi et affecté. Certains de ses enfants s’engageaient plus que lui n’a pu le faire, quand d’autres partaient à la dérive. Reste qu’heureusement pour lui, son épouse est restée à son endroit un soutien indéfectible. Elle lui donna à son corps défendant l’occasion de faire connaissance avec le milieu médical du sanatorium, dont elle sortit guérie, milieu qui servit de cadre à La Montagne Magique.



S’ouvrant au personnage par le biais de cette biographie, on comprend à quel point ce style correspond au caractère d’un être dont le dynamisme de la pensée a quelque peu été contraint par les contingences funestes de son époque, ses codes moraux aussi qui ont, à n’en pas douter, tempéré ses pulsions, sa sensualité inavouée. On comprend avec cet ouvrage que son œuvre fut pour lui une façon de prendre ses distances avec les grands thèmes d’une époque honnie. Faculté qui avec le recul de l’histoire prouvent la force d’abstraction du personnage.



L’ouvrage de Colm Tóibín est un superbe travail de documentation, fort bien écrit. Un ouvrage qui ne me donnera pas forcément le goût de repartir à l’assaut de la Montagne magique mais qui a compensé quelque peu ma frustration d’avoir renoncé en chemin.





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Le magicien

Il n'y a guère que le titre qui ne soit pas convaincant dans ce livre. Pour le reste, on avale les 608 pages de ce roman avec délectation. Thomas Mann n'est pas un écrivain qui inspire la franche rigolade et La Montagne magique et Mort à Venise ne sont pas à mettre dans les mains d'un neurasthénique ! Les tragédies n'épargnent pas Thomas Mann et sa famille, contraints leur vie durant à des déracinements successifs. Et pourtant, il y a dans dans le récit de leur épopée quelque chose de vibrionnant, d'intensément stimulant, qui rend la lecture de ce livre joyeuse. Pour écrire ce livre, qui est à mi-chemin entre le roman et la biographie, Toibin a puisé dans le Journal du prix Nobel de littérature. C'est à lui que l'auteur a confié les fantasmes qu'il a magnifiés et transposés dans ses romans, échappant à une censure qui finira par le rattraper une fois les nazis arrivés au pouvoir. La figure un peu austère de Thomas Mann est contrebalancée par les personnalités exubérantes de sa belle-famille les Pringsheim, de sa femme Katia et de leurs six enfants. A la différence de Thomas Mann qui n'a pas véritablement de culture politique, son frère Heinrich et ses enfants Klaus et Erika s'engagent résolument en politique. Et prennent des risques. Ce n'est que poussé par la nécessité du Temps et par son aura mondiale que Thomas Mann prononcera des conférences pour soutenir l'effort de guerre contre le nazisme. Pour le reste, il reste un artisan solitaire attaché à ses habitudes, un bourgeois qui jouit sans honte de son confort en des temps de misère et sacrifie sans doute sa progéniture à son art.

Ce livre accorde avec talent et justesse les trois cercles de l'intime, du familial et de l'épopée.
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Brooklyn

Lu après avoir vu le film il y a des années, film que j’ai adoré.

Je suis contente d’avoir lu le livre des années plus tard en étant adulte, il m’aurait dévasté plus jeune ! J’aime l’écriture simple , on ressent que l’auteur traite ses lecteurs comme des personnes intelligentes, sans en dire trop, en nous laissant nous faire notre propre avis .

Au début Eilis semble si lisse et si parfaite, c’est presque jubilatoire de la voir faire des erreurs comme tout le monde et surtout expérimenter et faire des choix sans savoir s’ils sont les bons.

Mrs Kehoe et Mrs Kelly sont si détestables, elles sont ancrées dans les années 50 mais ce récit est intemporel et c’est ce que j’ai préféré.
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Le magicien

Colm Toibin, romancier irlandais, a écrit une formidable biographie romancée du monument de la littérature que fut Thomas Mann.



De Lübeck, sa ville de naissance au nord de l’Allemagne, en passant par Munich, la Suisse puis enfin les Etats-Unis, nous suivons Thomas Mann au gré de ses lieux de résidence et d’exil.



Né au sein d’une riche famille industrielle, respectée et très en vue, son père était d’ailleurs sénateur, sa condition va changer à la mort de son père. Celui-ci estimant que ses deux fils aînés n’étaient pas capables de reprendre l’entreprise, il ne la leur lèguera pas.



Le jeune homme, qui écrivait déjà de la poésie, décide alors d’écrire un roman racontant la vie de sa famille : ce sera » Les Buddenbrook ». Bien sûr, Thomas a du talent et ce livre aura du succès, le premier d’une longue carrière d’écrivain couronnée en 1929 du Prix Nobel de Littérature.



Colm Toibin, au long des six cents pages du roman, dresse un portrait fascinant de cet intellectuel qui, confronté à la montée du nazisme, s’exile dès 1933 en Suisse, puis aux Etats Unis en 1938.



La vie de sa famille d’origine, de celle qu’il a construite avec son épouse qui lui a donné six enfants, le refoulement de son attirance pour les jeunes hommes, les évènements nationaux et internationaux, tout cela sera le terreau de son oeuvre littéraire.



J’ai aimé découvrir la genèse de chacun de ses romans ainsi que le contexte politique du début du vingtième siècle jusqu’en 1955, année de son décès.



» Le magicien » (c’était ainsi que ses enfants le surnommaient) m’a conquise et passionnée de la première à la dernière ligne.
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Le magicien

Je n'ai pas pour habitude de laisser un commentaire en décrivant le déroulement d'un livre, puis savoir partager mon sentiment, je n'en ai ni l'envie ni le talent, je ne sais que rester sobre dans mes commentaires.

Pour cet ouvrage, je le qualifierai simplement de chef d'oeuvre, celui qui a lu l'oeuvre de Thomas mann saura reconnaître l'immense talent de Toibin pour nous plonger dans l'atmosphère autour de la vie de l'écrivain.

Un pur bonheur, je suis déjà orphelin de ce livre, en attendant le prochain, ils se font rares....
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Le magicien

J'ai été très déçu à la lecture de ce livre qui m'enthousiasmait pourtant à l'idée de le lire. J'ai trouvé l'écriture très plate, sans poésie, sans musique. L'impression de lire un long fait divers dans un quelconque journal. Quand aux personnages, j'ai l'impression que l'auteur a voulu parler d'un peu tout le monde mais n'a approfondi personne : même Thomas Mann, le sujet du livre quand même, est survolé, n'est pas plus mis en valeur que ses nombreux frères/sœurs/ beaux frères et autres cousins, parmi lesquels on se perd finalement, on passe de l'un à l'autre en quelques lignes sans aller au bout d'une idée, au bout d'une introspection psychologique. Les périodes historiques sont bâclées (1914-1918 en un chapitre où l'on apprend pas grand chose).

Le thème de l'homosexualité - central dans l’œuvre de Mann et important pour Toibin lui-même - est effleuré avec une légèreté déconcertante.

Bref, j'ai arrêté au bout de 300 pages et je vais aller lire Thomas Mann directement, j'en apprendrai sûrement davantage sur lui-même st sur l'époque !

PS : En revanche je pense que la traduction est vraiment bonne, et on ne sent pas la langue anglaise affleurer au détour d'une phrase comme c'est malheureusement parfois le cas.
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Brooklyn

Eilis est attachante, et j'ai adoré voyager à ses côtés.

J'ai adoré frissonner avec elle face aux multiples possibilités de cette nouvelle vie en Amérique.

J'ai adoré danser avec elle au bal.



Néanmoins, certains passages m'ont frustrée tant j'aurais aimé les voir développer. Et certains autres m'ont ennuyée quand j'aurais voulu les raccourcir.



Et je trouve que la fin me laisse sur ma faim, si bien que je vais regarder le film pour me sustenter
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Le magicien

« Le Magicien » de Colm Tóibín... quelle surprise que cette lecture et quelle belle découverte ! C’est complètement par hasard que j’ai lu ce livre, en le tirant au sort dans ma liste d'envies. Je ne sais cependant pas par quel miracle il s’y était retrouvé étant donné que… Je n’avais jamais entendu parler de Thomas Mann !



Ce livre nous plonge dans l'univers de Thomas Mann donc, un écrivain allemand du XXe siècle (1875 – 1955) que je ne connaissais pas du tout. Mais cette biographie romancée nous offre bien plus qu'un simple portrait d'homme. Elle nous transporte à une époque charnière de l'histoire allemande, avant, entre les deux guerres mondiales, et après celles-ci. Et nous fait découvrir les tourments et les secrets d'un homme fascinant.



Thomas Mann a vécu une période tumultueuse, marquée par la montée en puissance du nazisme en Allemagne. Ce qui m'a particulièrement captivée, c'est le point de vue détaché avec lequel il traverse ces événements. Tóibín nous montre un homme qui finalement observe ça de façon lointaine, sans vraiment prendre de partie, ne se rendant pas compte des proportions que prend le mouvement. En principe, dans les romans, c’est tout blanc ou tout noir concernant cette période, ou nazi, ou résistant. Et j’ai trouvé ici que c’était une façon d’aborder l’histoire que l'on ne voit pas souvent, celle des Allemands "normaux", témoins silencieux de leur époque.



« Jusque-là, il s’était vu comme quelqu’un d’exceptionnel, raison pour laquelle il n’avait pas voulu se joindre à la cohorte des dissidents. La raison principale, cependant, était qu’il avait peur. »



Quant au style d'écriture de Tóibín, il est tout simplement envoûtant. Sa plume délicate et émouvante nous offre un répit bienvenu dans un monde souvent brutal. Les personnages, quant à eux, sont d'une profondeur et d'une nuance remarquables. Même sans connaître les Mann originaux, j'ai pu apprécier la manière dont l'auteur les a dépeints.



Ce livre, c'est bien plus qu'une simple biographie. C'est une plongée au cœur de l'Allemagne, de son histoire, de sa culture, de ses paysages. Une histoire qui révèle les bons comme les mauvais côtés de ce pays, au-delà des clichés et des préjugés. D'ailleurs, j'ai ajouté quelques titres de Thomas Mann à ma liste d'envies, histoire de prolonger cette immersion dans son univers.



En conclusion, « Le Magicien » est un véritable coup de cœur pour moi. Une lecture captivante, émouvante et enrichissante, qui mérite largement un 5/5. Une recommandation à toutes celles et ceux qui veulent découvrir un homme, sa famille et un pays dans toute leur complexité.
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Le maître

Le maître Colm Toibin



Dans une langue magnifique et formelle, les événements marquants de la vie d'Henry James sont évoqués dans "Le maître". La relation particulière entre Henry et sa sœur Alice est presque magique sous la prose de Colm Toibin. Le combat entre la vie et la mort de son frère Wilky, grièvement blessé comme lors de l'assaut du fort Sumner au début de la guerre civile, est également très poignant. La courte vie de Minny Temple, sa cousine, qui a inspiré plusieurs héroïnes d'Henry James (Dasy Miller, Isabel Archer) est également bien réalisée. Moins réussie est sa tentative d'évoquer sa sexualité ambiguë qui peut être vraie ou non. La relation entre Henry James et l'écrivain Constance Woolson est également longuement évoquée mais semble presque vide. Il y a des scènes entières qui ne mènent absolument nulle part, un manque qui est amplifié par le ton formel utilisé par l'auteur tout au long du livre.



L'auteur fait un effort intéressant pour relier certains des personnages d'Henry James à la personne avec laquelle il a vécu et à son expérience d'enfance. Sinon, cela ne correspond que partiellement à l’image que j’avais de ce merveilleux auteur. Par ailleurs, Henry James avait de nombreux amis parmi ses écrivains contemporains (Hawthorne, Stevenson, Tourgueniev, Zola, Flaubert, Maupassant, Daudet, le Goncourt. Ils ne sont même pas ici. Même si deux des onze chapitres se déroulent en Italie, ils ne sont pas les Le plus réussi. Cependant, la vie d'Henry James en Angleterre est joliment recréée.



Au final, "Le maître" n'est pas un livre très passionnant même pour un fan club d'Henry James.



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Le magicien

Ouf, terminé: 16h d'écoute, c'est trop quand on n'est pas passionné par le sujet; ce titre fait partie des propositions pour le Prix LDLN, c'est pourquoi je l'ai lu mais j'avoue que je n'étais pas curieuse de la vie publique et privée de cet auteur dont j'avais lu péniblement la Montagne magique, il y a plus de 50 ans.

Pas si facile de s'y retrouver dans les membres de cette famille, le couple a six enfants au destin parfois tragique. C'est étrange pour un homme qui a des désirs pour les hommes.



Le prix Nobel de Thomas Mann est brandi (surtout par son épouse Katia) comme un sésame alors que la situation en Allemagne oblige à fuir.

Le Magicien me paraît bien tiède par rapport aux événements; lui et Katia se déclarent citoyens des US et non plus allemands. Les propos de Katia semblent dire que tous les allemands étaient nazis; elle oublie que sans leur richesse, ils auraient été contraints de subir le sort de bien des allemands qui n'ont pas pu fuir.

En résumé un livre qui ne m'a pas vraiment plu.
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Nora Webster

Une immersion intéressante dans la société irlandaise des années 60 malheureusement portée par une écriture trop simple pour moi.



Nora vient de perdre son mari et se retrouve seule avec deux fils adolescents et deux filles étudiantes. Nora assume, elle avance, prend des décisions seule alors que les règles implicites supposeraient qu'elle s'en remette aux hommes de son entourage.

L'écriture de Colm tóibín n'a rien de lyrique et il ne décrit absolument pas de paysage donc pour le côté voyage ce livre a un intérêt limité.

Par contre c'est une vraie immersion dans la société Irlandaise des années 60. Les rancunes entre catholiques et protestants encore bien vives, le début de libération des mœurs qui va de pair avec l'importation de la culture américaine par la télévision, les courants politiques, les événements du nord vus depuis le sud et surtout, à travers Nora, l'émancipation des femmes.

Nora sort, s'accorde des loisirs, prend part aux discussions politiques, reprend un travail aussi. Elle devient ainsi une femme moderne, accomplie mais également surmenée.
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Brooklyn

Cette histoire est un récit de choix et de déchirements (parce que choisir c'est aussi renoncer), et (diantre, comment ne pas spoiler !) j'ai vécu chacun difficilement. Est-ce que chaque décision est vraiment un sacrifice, et comment ne pas le regretter ?

J'ai adoré découvrir les différences culturelles, et vivre dans la peau d'une Irlandaise qui découvre le café italien (et trouve cela infect, evidemment)
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Le maître

Dans mon défi des 1001 livres qu'il faut avoir lu dans sa vie, Le maître de Colm Tóibín m'attendait... Plus édité, j'ai eu la chance de le trouver chez un bouquiniste... A ce stade là, j'avoue que je ne savais pas ce qu'il m'attendait... C'est avec la parution de son Le Magicien sur Thomas Mann que j'ai pris toute la mesure du monument que le livre représentait pour nombre de critiques littéraires et amateurs de littérature... Beaucoup continuent de trouver Le maître supérieur à son dernier opus...



N'ayant aucun point de comparaison, je ne peux que partager ma découverte des cinq années de la vie d'Henri James de 1895 à 1899. Cinq années cruciales dans la vie de l'auteur, puisque se sont celles qui verront éclore ses chefs d'oeuvre les plus importants. Le tout débute par l'échec de sa pièce Guy Domville, alors que triomphe au même moment Un mari idéal d'Oscar Wilde. Une gifle!



Pousser à s'éloigner un certains temps de Londres pour se réfugier chez des proches en Irlande, nous allons au travers de la découpe des chapitres voulu par Colm Tóibín, rentrer petit à petit dans l'intime de cette immense écrivain. Même si les chapitres se veulent chronologiques et discontinus, ces bien toutes la vie de Henry James qui va nous être offert de sa vie de famille à ses nombreuses rencontres, en passant par ses figures féminines qui l'ont marqué, nourrit, inspiré, sans peut être toujours leur rendre ce qu'il leur doit.... Parmi elles, sa sœur Alice, sa cousine Minny et aussi l'écrivaine Constance Fenimore...



Je rejoins la critique qu'on en fait dans les 1001 livres et dont j'ai pu me rendre compte qu'elle était validé ailleurs. Celle que bien qu'il ait opté pour l'angle littéraire, Colm Tóibín nous offre une véritable biographie de l'auteur Henry James. Rien n'y est omis... Toutes les facettes de la vie sont abordées avec une certaine unité alors que chaque chapitre aborde un thème precis. C'est d'autant plus renforcée, qu'en parallèle ces 5 années dans la vie d'Henry James correspondent au fait que cet homme, qui fut souvent entre deux pays que ce soit dans son enfance avec les nombreux déménagements dû à la carrière de son père ou dans sa jeune ville d'adultes où il profita de nombreux séjours en pays méditerranéens pour se former, s'inspirer; il trouva enfin son lieu de vie... Celui où il se voyait terminer ses jours! Cette maison de Lamb House à Rye en Angleterre, qui lui permit enfin de se poser et pour Colm Tóibín, d'accompagner Henry James dans son introspection.... Un dialogue entre deux espaces, celui du temps qui se dilate et celui du lieu qui se stabilise, qui s'unifie pour mieux se centraliser...



Peut être mon seul bémol et qui dès lors m'empêche de rejoindre les partisans de ceux qui considèrent Le maître comme un monument, c'est le style.... Pour ma part, il a manqué d'un cheveux, d'une certaine humanité qui m'aurait rendu, Henry James plus proche. Il est en effet resté très à distance pour moi alors qu'on explorait son intime... Par contre, le pari est réussi pour moi, étant donné que cette belle lecture m'a donné l'envie de découvrir à mon tour ses écrits !

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Nora Webster

Le magicien, le dernier roman de Colm Toibin,m'avait émerveillée et c'est pour cette raison que j'ai choisi Nora Webster mais je suis assez déçue. En effet autant le portrait de Thomas Mann était fouillé, analysé autant ici l'histoire de cette femme pendant les années 1960, venant de perdre son mari et devant se reconstruire avec ses 4 enfants est effleuré ans jamais l'approfondir.

Une succession d'événements, de situations qui s'amoncellent, une écriture énumérative (Nora fait, Nora dit etc...) retracent trois ans la vie de cette femme irlandaise mais laissent la lectrice que je suis indifférente à son destin et devenir.

Pourtant le parallèle entre un pays en pleine mutation et l'avenir d'une femme qui doit envisager sa vie future aurait pu être passionnant...
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Nora Webster

Dans l'Irlande rurale de la fin des années 1960, une jeune veuve tente peu à peu de se reconstruire. Elle doit s'occuper de ses deux fils qui vivent avec elle, mais elle a également deux filles qui vivent en ville. Elle reprend le travail, se découvre un goût pour la musique classique...

Ce joli roman sans esbroufe m'a semblé refléter le tempo lent de la vie de cette époque. Une conversation avec un voisin avec lequel on n'avait jusque là peu discuté est un événement, l'arrivée d'un nouvel album chez le disquaire constitue un événement...

L'essentiel se situe peut-être ailleurs dans le malaise ressenti par l'un des fils qui s'est subitement mis à bégayer, le départ des filles et leur envol...

Le roman restitue joliment cette époque : l'homme marche sur la lune, on va écouter des disques chez ceux qui possèdent une chaîne, un voyage en Espagne est un incroyable événement.

Et puis la fin du roman, très belle, donne un joli sens à tout ce que l'on vient de lire, à l'émancipation progressive, mais difficile de Nora. Heureusement que la 4ème de couverture évoque les années 1960 sans quoi cela aurait peut-être été difficile à deviner tant l'Irlande de cette époque semble peut différente de celle des années 1930 ou 1940 par exemple.

On pourra peut-être un peu reprocher au livre de ne pas donner plus de renseignements sur les partis politiques cités dans le livre ou sur Charles Haughey homme politique fréquemment cité dans le livre.

Si un allemand lisait un livre dans lequel Jean Lecanuet ou Pierre Messmer jouait un rôle important cela pourrait être bien de les situer. Nous ne possédons pas le même bagage qu'un lecteur irlandais et l'éditeur aurait pu y songer.

Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé que c'était un joli livre, subtil, mais en mode mineur toutefois.
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Le magicien

Passionnant même si parfois, sur les six cents pages, je me suis essoufflée un peu. La tribu Mann, les parents et grands-parents entraînent une abondance de portraits sans lesquels, il serait difficile de cerner le contexte familial avec discernement comme il eut été difficile de ne pas évoquer les Roosevelt, Alma Malher et Christopher Isherwood.



L'écriture de Colm Toibin, traduit de l'irlandais par Anna Gibson, est agréable, fluide, visuelle, sans artifice. Elle permet d'entrer facilement dans l'intimité de la famille Mann et d'aborder avec une acuité accrue, la complexité de ce génie littéraire, nobélisé en 1929, Thomas Mann, celui que ses enfants appelaient « le Magicien ».



Malgré les excellents billets qui ont déjà été rédigés sur cette biographie romancée de Colm Toibin, il m'a semblé utile d'apporter ma modeste contribution afin d'inciter les indécis à se plonger dans ce roman qui bénéficie d'une recherche approfondie mais surtout, qui ouvre des portes sur la création littéraire, ses motivations et l'ambivalence d'un des plus grands auteurs allemands du vingtième siècle.



Colm Toibin se glisse, s'immisce, dans la tête de Thomas Mann qu'il accompagne depuis sa naissance, à Lubeck en 1875, jusqu'à son décès à Zurich, en 1955, en passant par Sanary-sur-mer dans le Var et les Etats-Unis, l'auteur chemine à ses côtés. La famille, l'époque, les évènements, tout est passé à la lumière d'un travail de documentation rigoureux et, il me semble, aussi d'une certaine proximité avec son modèle.



Connaissant certains ouvrages de Thomas Mann, ayant lu les mémoires de son fils Klaus, il m'est apparu intéressant, à la fois, de découvrir l'origine de certains ouvrages du Magicien comme de procéder à une approche plus large des ressentis de chacun en comparant avec les mémoires de Klaus.



A travers l'histoire de la famille Mann, c'est une vision en accéléré du vingtième siècle qui nous est proposée et qui tout comme « Mémoires d'un européen de Zweig » et les mémoires d'Ernst Toller sur la République des conseils de Bavière, nous permet de mesurer avec force, la fureur qui a traversé l'Europe tout au long de ce 20ème siècle sans oublier ces années d'entre deux-guerres où, même dans les milieux réputés « intellectuels », régnait une certaine incrédulité devant les élucubrations d'Hitler.



Cette biographie romancée s'alimente des tourments du 20ème siècle, des drames auxquels la famille Mann a été confrontée. Rien ne sera épargné à Thomas Mann. de la judéité de son épouse, Katia, dont cette dernière ne faisait pas cas jusqu'à ce que les nazis le lui rappellent, de la vie tumultueuse et des prises de positions de ses enfants terribles qu'étaient Erika et Klaus, des épreuves douloureuses d'Heinrich, des deuils, des déménagements successifs, sans compter la période du maccarthysme qui est l'épisode qui m'a le plus interpelé, le mauvais sort s'est vraiment acharné sur cette famille malgré un Prix Nobel, un auteur acclamé dans le monde entier, un couple très uni – ce que leurs enfants leur reprocheront d'ailleurs et un univers d'une grande culture tant littéraire que musicale.



De cette lecture, le lecteur peut méditer sur la versatilité du destin tout comme sur l'opportunisme de certains pays d'accueil. Ce livre est riche d'enseignements. Il démontre aussi qu'il fut très difficile à Heinrich et Klaus d'être le frère et le fils de cette célébrité écrasante et étouffante qu'était le Magicien.





Colm Toibin décrit avec délicatesse l'homosexualité refoulée de notre Prix Nobel. L'auteur, lui-même homosexuel, sait décrire avec beaucoup de doigté, les pensées de Thomas Mann à la vue d'un beau garçon,- il y a de très beaux passages sensuels - comme toute biographie romancée, il joue à l'équilibriste entre le chercheur érudit et le romancier.



Au fur et à mesure des évènements, l'auteur dépeint l'évolution des opinions politiques de Thomas Mann. Enfermé tous les matins dans la tour d'ivoire de l'écrivain – son bureau – il vit au rythme de sa création littéraire. On ressent parfois à quel point Thomas Mann est désorienté par rapport à la réalité qui lui échappe. Mais sa personnalité littéraire, spirituelle, évolue, elle touchera à la perfection tant ses oeuvres sont profondes et multiples, toujours à chercher le juste milieu entre l'humanisme et la politique. Ses récits resteront un témoignage des plus éloquents de cette période du 20ème siècle. Je suis ressortie enchantée de cette lecture. Après une telle lecture, je ne lirai plus Thomas Mann avec le même regard, c'est, à mes yeux, tout l'intérêt de ce roman. Je vais, de ce pas, ressortir les Buddenbrook de ma bibliothèque !

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Le magicien

Un long roman qui plonge le lecteur dans la vie de Thomas Mann, de sa naissance à ses dernières jours. Son enfance dans une famille excentrique, ses débuts littéraires, ses amours ( et en particulier son inclinaison pour les hommes) dans période de la grande Histoire qui le mènera à quitter son pays natal et à vivre entre autres aux Etats-Unis et à subir la chasse aux sorcières. Rien ne lui sera épargné. L'auteur parvient grâce à une écriture à la fois fluide et exigeante à mêler l'histoire personnelle de ce grand écrivain à sa création littéraire : "Les Buddenbrook", La Mort à Venise" et "La Montagne magique". Magique!
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Le magicien

Si le style du roman de Colm Tóibin est très sobre, l'Histoire du magicien n'en est pas moins très agréablement narrée. Quand on découvre comment Thomas Mann écrivait ses fictions, avec moult détails du réel — ce qui ne manquait pas de provoquer du remous lorsque leurs actions, fictives, empiétaient sur la vie des femmes et des hommes avec lesquels ils se confondaient parfois — on s'amuse ici de ne pas réussir à distinguer ce qui relève de la vie réelle de l'auteur, ou de l'imagination de l'écrivain irlandais.
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