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Citations de Constance Debré (290)


J'aime les premières fois parce que j'aime le sexe sans rien, rien qui rassure, rien qui oblige, sans amour, sans discours, sans précédent, sans habitude. J'aime les premières fois parce qu'elles changent la vie sans changer la vie. Pour l'évènement pur. Pour l'innocence.
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 Je me suis débarrassée de presque tout. De la famille, du mariage, du travail, des appartements, des choses, des êtres. C’est ce que j’ai fait ces dernières années, me débarrasser. D’un coup et calmement, c’est à la fois rapide et lent, c’est matériel et intérieur, c’est comme creuser, comme descendre dans les galeries, comme aller de sous-sols en sous-sols, comme nager aussi, c’est des longueurs et des longueurs. On ne peut plus revenir en arrière, ce qui était n’existe plus, ce qu’on était avant n’existe plus, d’ailleurs c’est exactement cette impossibilité qu’il voulait. (…) il faut en finir avec l’origine, je ne garde pas les cadavres.
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On devient fou à Montlouis. C’est quelque chose dans l’air.
Comme dans le sirocco de Mort à Venise. Ce n’est ni Venise ni Dirk
Bogarde, c’est cette Touraine pourrie et c’est mon père. Une sorte
d’antimatière, mon père, une puissance négative qui absorbe tout, tout élan
vital, tout désir même négatif, toute la joie, toute la colère. Trente ans que
les médecins disent que ce n’est pas normal qu’il soit vivant, que personne
ne peut vivre avec tout le poison qu’il a dans le corps, avec tout ce qu’il a
pris et qu’il continue plus ou moins de prendre. Mais c’est un détail cette
histoire de came, c’est la surface, la vérité derrière c’est la fixité, le rien, le
mou, le non qu’il oppose à tout. Si on ne se parle pas, lui et moi, si je ne lui
dis rien, c’est qu’avec lui il n’y a rien à dire. Vanitas vanitatum, dit son
regard gris dès qu’on commence une phrase, dès qu’on tente un geste.
Trente ans que ça les étonne qu’il ne meure pas. Que j’entends qu’il est hors
statistiques. Comme si c’était un concours. Comme s’il n’y avait que ça à
dire. Tic-tac tic-tac. Ils n’ont rien compris. C’est de ça qu’il vit. De faire
s’effondrer les volontés. Celles des autres. C’est sa force puisqu’il en faut
toujours une pour vivre. Plus fort qu’un ninja, papa. Trente ans, quarante
ans, combien de temps ? à faire mourir les choses, à jamais mourir, sans
qu’on puisse même le haïr puisqu’il est tellement charmant mon père. Il est
l’innocence, toute la saloperie de l’innocence. Même depuis l’autre bout de
la maison, il me contamine. Si je restais une heure de trop, je finirais par
penser que je suis comme lui. Incapable de m’arracher à rien. Je finirais par
croire au sang, par y voir une loi. Je finirais par croire qu’on est tous pareils
dans cette famille. Qu’on est des gens sur qui on ne peut jamais compter. Ça
n’a rien à voir avec l’amour. Il y a beaucoup d’amour. Mais un amour les
bras ballants. Un amour désolé. Tous là à se regarder les uns les autres
s’enfoncer dans les sables mouvants. Incapables d’un geste. D’un simple
geste. Ou bien c’est lui, seulement lui, qui nous tue tous lentement. Ma
mère d’abord. Les autres ensuite. Je ne me sens jamais coupable de ne pas
m’occuper de lui. On s’aime de loin. Trop près j’y laisserais ma peau. Peut-
être que mon fils fait la même chose. Peut-être qu’il sauve sa peau lui aussi.
Il s’en faudrait d’un fil quand je vois mon père pour que je croie à ces
saloperies. Du poison, je vous dis. Je sais bien que c’est la terreur de ma
sœur aussi, cette loi. C’est pour ça qu’elle ne me voit jamais, qu’elle ne
m’appelle pas, que je n’ai aucune nouvelle d’elle depuis que j’ai des
emmerdes. Une famille où le geste est impossible.
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Je me réveille souvent à cette heure immobile de la nuit où le temps s’écoule si lentement qu’il paraît hésiter à s’arrêter tout à fait . Comme si le souffle du néant, au lieu de m’enfoncer comme les autres dans cet étrange sommeil qui n’a peut-être d’autre but que de nous éloigner du monde inhabitable de la nuit, venait au contraire me tirer par la manche pour m’obliger à assister jusqu’à l’aube au spectacle sidérant de l’absence.
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Ayons peur.Non seulement parce qu'il y a de quoi, mais surtout parce que la peur, la vraie grande peur qui va du ventre à la gorge, est le signe, toujours, de la chose la plus importante qui soit, celle qui justifie tout, notre présence, l'absurde de notre présence, qui justifie les grandes peines et tout le médiocre ordinaire, je veux dire la liberté.Oui, peut-être que la peur c'est cela : la sensation physique de la liberté.
Ayons peur, chaque jour, chaque seconde,as y arriver, de n'avoir rien compris, d'avoir tout raté, de ne pas exister, à chaque mot, à chaque geste, à chaque phrase, ayons peur."
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Il y a la grande famille de ceux qui se sont barrés et qui ont perdu leurs enfants. Ceux-là ne me disent pas que ça va s’arranger. Ils savent.
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On me dit de ne pas publier le livre, on me dit de ne pas parler de cul, on me dit qu’il ne faut pas blesser Laurent, on me dit qu’il ne faut pas choquer les juges, on me dit de prendre un pseudo, on me dit de me laisser pousser les cheveux, on me dit de redevenir avocat, on me dit d’arrêter avec les tatouages, on me dit de me maquiller, on me demande si les mecs plus jamais, on me dit d’essayer de lui parler, on me dit qu’il exagère mais que ça doit pas être facile, on me dit que c’est normal que mon fils me rejette, on me dit qu’un enfant ça a besoin d’une mère, on me dit qu’une mère n’existe pas sans son fils, on me dit que je dois beaucoup souffrir, on me dit Je ne sais pas comment tu fais, on me dit, on me dit, on me dit.
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J'ai été voir le pédo-psy. Une petite blonde au fin fond du seizième. Elle m'a demandé si j'aimais mon fils. J'ai regardé son sac Lancel rouge et sa montre Hermès à double bracelet et je me suis dit que ce n'était pas la peine de lui répondre.
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[...] nous sommes des gens qui allons très mal. Voilà, on est nés comme ça. Du coup, on est forcés d'essayer des trucs pour essayer d'aller mieux. D'être juif ou homo ou camé par exemple. Parfois ça marche un peu. Parfois pas. De toute façon, il faut bien faire quelque chose avec le manque et l'absence.
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Je ne veux rien savoir du chagrin, de l’amour, de l’ennui, je ne veux rien savoir de ces choses-là, de tout ce fatras ordinaire et abscons. Je ne veux croire qu’aux gestes, qu’aux messages que m’envoie Agnès et au silence d’Albert. Je prends ce qui est là. Je n’ai plus de pitié.
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C’est la base de la vie de couple de s’emmerder. La vie de couple ou la vie tout court. On était compatibles sur ce point, Laurent et moi. Il fume. C’était son activité principale. Son rapport au monde le plus fondamental. C’est pas si bête. C’est avant la naissance de notre fils qu’on a pu profiter vraiment à fond de cet ennui à deux, de cette vie où on portait les mêmes jeans et où je lui piquais ses chemises. Il y avait ça, un truc comme ça entre nous. On faisait la même taille, on s’habillait pareil et on se faisait chier pareil. Bonne base. Quinze ans comme ça. Ni bien ni mal. Tranquille. À l’abri des bombes. La baise et l’amour c’est accessoire dans ces histoires-là.
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Il faut se souvenir de cette haine de l'enfance quand on devient adulte, quand on l'a perdue, qu'on en est enfin sorti, la chance qu'on a. De ne plus avoir ce goût de sang.
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C'est avant les actes que tout se joue, qu'est-ce qu'on peut faire contre ça, rien. Il se condamne d'avoir cru, un instant, qu'il pouvait s'échapper. Échapper à quelque chose qui est la cité, sa famille, les dealers. Péché de démesure. Ulysse aussi mais Ulysse était roi d'Ithaque. Il est Non Content comme Gwinplaine l'Homme qui rit devant la chambre des Lords, mais si Gwinplaine est un bâtard c'est aussi un lord. Il est coupable d'avoir cru alors que des gens comme lui ne doivent rien croire. Qu'il n'y a rien à croire. Il est coupable oui, mais il est coupable à notre place. Puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la faute. Puisqu'il faut bien que quelqu'un porte la peine.
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Page 134 :
Quand je pars, quand je quitte une chambre, un appartement, un quartier, des habitudes de trois jours ou bien une fille, ça me déchire, à chaque fois ça me déchire pareil. Qu'est-ce que j'y peux. C'est comme ça. Je ne saurais pas vivre autrement; Il suffit de ne pas penser, il suffit de bloquer les impulsions électriques dans le cerveau, il suffit de passer sa main sur les yeux,de prendre son vélo, d'aller nager, ça passe, il suffit de faire ce qu'on a décidé.
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Être beau ça n'a rien à voir avec les femmes, ça n'a rien à voir avec les autres, je suis beau comme les taulards qui font des pompes, pour l'honneur.
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Vous êtes des hommes malades. Malades de vos vies vides. Malades de votre cruauté non assumée. Malades de vos mensonges. Malades de votre trahison. De la grande trahison de vos principes. Vous êtes des traîtres à vous-mêmes. Vous pourrez toujours vous agiter, parler toujours plus et toujours plus fort, moi le coupable, moi l'assassin, j'ai pitié.
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Ma mère revient, elle me raconte ma tante qui entend des voix, le général de Gaulle, Napoléon, Jeanne d’Arc, des classiques. Ma tante a toujours eu la folie politique, il faut sauver la France ou bien le Pays basque ou bien venger son père de ceux qui l’ont donné aux Allemands. Souvent ma tante parle de son livre, elle en parle pendant des années, celui qu’elle est toujours en train d’écrire et qui expliquera tout.
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C’est enfin l’été. Il fait chaud. Il est souvent en voyage. J’ai l’appartement pour moi. J’ai rencontré une fille aussi. On se tournait autour. Elle était maquée. Ca a fini par se faire. Il faut être amoureux l’été quand on reste à Paris.
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Les gens ne sont pas sérieux. Ils ne sont pas sérieux avec leur corps. Ils ne sont pas sérieux avec le travail. Ils ne sont pas sérieux avec leurs désirs. Ils ne sont pas sérieux avec l’amour. Ils ne sont pas sérieux avec ce qu’ils pensent. Ils ne sont pas sérieux avec eux-mêmes. Ils ne vont pas jusqu’au bout. Ils vont à demi. Ce n’est pas toujours facile d’aller au bout de ces choses. Mais il faut être sérieux. Il faut essayer.
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Je suis bourge au cas où y aurait un doute. J'ai même des duchesses du côté de ma mère. C'est pour ça que je parle comme ça. Ils adorent. Moi aussi j'adore. Peut-être que c'est parce que qu'on se fait chier plus que les autres, nous les grand bourgeois, qu'on parle comme ça. Autant que les pauvres. Les vraiment pauvres. Ceux des banlieues, ceux de partout. Ça soulage un peu en attendant qu'il se passe quelque chose.
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