AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Constantin Virgil Gheorghiu (98)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La vingt-cinquième heure

Attention,chef-d'oeuvre!!!Quand je me souviens d'avoir été traitée d'anti-communiste primaire au lycée,autour de ce livre...



C'est l'histoire de Iohann Moritz,martyr dès les balbutiements de la seconde guerre mondiale,parce qu'un pourceau de gendarme voulait pouvoir violer sa femme en toute impunité...ce qui fut fait,car il le dénonça comme juif ...

Pleurez,mes amis,pleurez pour lui,qui a subi sans rien comprendre les multiples transferts de camps de prisonniers,hongrois,allemands,puis allemands dans l'autre sens,qui s'est même retrouvé évadé sans le vouloir!!!reconnu SS ,puis non SS,puis interné par les forces alliées...j'ai en tête de façon assez précise la "pétition"d'un prêtre orthodoxe,auprès des autorités d'un de ces camps,décortiquant les rations distribuées aux prisonniers(nombre de pois chiche,nombre de cuillers de bouillon,nombre de bouts de graisse,nombre de tout,à la suite d'une évaluation sur des milliers de rations dont il a tiré des statistiques),afin de proposer le "nombre" assez exact pour une survie positive des prisonniers,à savoir en laisser assez de valides pour bosser aux tâches,en rectifiant la ration distribuée..Un chef-d'oeuvre d'ironie(je me répète).

En 1949, les américains finissent par le déclarer innocent...sa femme le rejoint,ainsi que ses enfants,et ceux nés des viols,et la fin est terrible:

un photographe chargé de lui faire des papiers "d'identité" ,lui dit

"SMILE",et lui,hagard,que fait-il???

Je crois que ce livre a été "filmé",mais ne l'ai point vu.Je relis ce livre très souvent,quand j'ai envie de pleurer et de penser au parcours hallucinant de Iohann Moritz,mon ami.



Commenter  J’apprécie          8017
La vingt-cinquième heure

Je ne souhaite pas revenir sur tout ce qui a trait à ce livre. Toutefois, je ne saurais me priver d'une prise de position visant à sonner le glas de la complaisance  : son succès, les origines roumaines de Virgil Gheorghiu, la polémique sur son passé fasciste, sa carrière de prêtre. Ce n'est pas l'essentiel, surtout sachant ce qu'a été l'entre-deux-guerres en Roumanie, où bien d'autres ont pris des positions qu'ils ont été amenés à regretter ou qui ne les honorent.

Les livres bien plus documentés que moi sur le sujet ne manquent pas (Lucian Boia, Alexandra Laignel-Lavastine, et autres). Par contre, ce qui est écrit dans le livre est bien plus ennuyeux.

Je cite Lucian Boia : « Le plus traqué des universitaires de Iași fut Iorgu Iordan. Les étudiants légionnaires voulaient sa tête à tout prix. » (soupçonné de relations étroites avec les Juifs, de communisme et de franc-maçonnerie). Dans le roman de Virgil Gheorghiu, qui est à l'opposée de l'échiquier politique, et par pitié je ne risque pas de croire à la coïncidence, Iorgu Iordan est le nom du colosse allemand psychopathe puis nazi père de Suzanna. Le choix d'un personnage principal qui écume tous les camps possibles et imaginables (en passant, on ne risquait guère d'écumer les camps d'extermination, surtout mal en point comme le héros) et qui n'est pas juif est du même tonneau, mais ce n'est pas le plus gênant (enfin, je relève tout de même en passant les personnages de Russes, tous odieux, les Juifs stéréotypés et pour la plupart négativement connotés et je ne parle pas des femmes, des cruches à 90 % (Hilda, Suzanna) ou des intrigantes comme Eleonora West).

Les personnages n'ont aucune psychologie digne de ce nom et ne sont qu'au service de la thèse fumeuse de l'auteur selon laquelle à 25 heures, les hommes se mettent à déporter leurs congénères automatiquement, comme des machines. La philosophie est aussi pauvre que la psychologie et semble essentiellement viser à nier ce qui rend unique la solution finale : le régime nazi (et pas un autre) a tenté d'éradiquer le peuple juif (et pas un autre). Qu'il y ait eu d'autres massacres, d'autres morts, d'autres dictateurs, soit, mais parmi eux on ne relève pas un seul ordinateur, même pas celui qui a mis une raclée à Kasparov aux échecs et qui ne manque donc pas de moyens intellectuels. Pour une raison assez simple : en général, lorsque vous êtes indifférent comme une machine, vous avez autre chose à faire qu'organiser la solution finale. Vous pouvez toujours philosopher sur l'indifférence de certains « rouages » administratifs, et Dieu sait que c'est déjà discutable, mais sans au moins un haut de la hiérarchie haineux, pas de massacre.

Toute cette entreprise pour éviter à Gheorghiu, sous un verbiage plus qu'abondant, la moindre réflexion, mais là je ne peux que supposer, sur ses propres opinions d'extrême droite, mais pas seulement, car les regretter serait bien peu de choses. Encore faudrait-il savoir comment on est arrivé là.

Là-dessus, le message de ce roman est clair : ne comptez pas sur moi pour vous répondre. Ou pire encore : c'était pas Hitler, c'était le démon de minuit vingt-cinq !
Commenter  J’apprécie          548
La vingt-cinquième heure

Ce récit est la terrible et véridique histoire de Iohann Moritz.

Ce paysan roumain est dénoncé comme "juifs", il est alors tour à tour interné dans un camp de travail, torturé par des hongrois et vendu aux allemands par ces derniers.

Après lui avoir fait subir les pires humiliations, les nazis le considèrent comme l'un des leurs et l'enrôlent de force dans les rangs des SS.

Enfin, il épouse une allemande et permet à des prisonniers français d'échapper à leurs gardiens.

A la fin de la guerre, emprisonné par les américains, il est traduit devant la justice et à Nuremberg un tribunal de cinquante-deux nations le déclare criminel de guerre.

Il sera libéré en 1949...Plongé dans un univers absurde Iohann nous renvoie l'image d'une humanité en déroute, d'un homme broyé par son destin. Ce livre est perturbant et tragique, passionnant et révoltant.
Commenter  J’apprécie          521
L'espionne

Un beau jour, le professeur Max Hublot du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) reçoit la visite du commandant Dumonde du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) qui lui apprend que son épouse qui se trouve à la maternité pour accoucher ne s'appelle pas Monique Martin et que tous ses papiers sont faux.



Le pauvre professeur reste totalement abasourdi. Cela fait 3 ans que le couple se connaît et 2 ans qu'ils sont mariés. Si sa Monique est entrée illégalement en France, elle et son bébé risquent l'expulsion.

Il se précipite à la maternité pour interroger sa bien-aimée, mais elle a été mise en sommeil artificiel, souffrant trop, et le chef de clinique refuse catégoriquement de la réveiller.



Max, totalement désemparé, apprend finalement par un officier du service de contre-espionnage français que son épouse s'appelle en réalité Héléna Skripka, qu'elle est Roumaine et la fille de l'ancien Premier ministre roumain Léopold Skripka. Si elle a réussi à obtenir une bourse d'études et de faux documents d'excellente qualité c'est qu'elle est en mission sécrète pour le terrible KGB, les Soviétiques ayant pris le contrôle du pays depuis l'occupation de Bucarest en août 1944 !



Après ce départ intrigant et fulgurant, les choses se gâtent malheureusement. le lecteur qui s'attend à lire les aventures extraordinaires d'une nouvelle Mata Hari ou d'une nouvelle agente sécrète comme "La Chatte" (Mathilde Carré, 1908-2007, Françoise Arnoul dans le film éponyme d'Henri Decoin) en a pour ses frais.



À la place d'un récit d'espionnage, comme le titre le laisse d'ailleurs aussi supposer, l'auteur du best-seller "La Vingt-cinquième heure" de 1949, nous raconte l'histoire du "prêtre-poète du Christ et de la Roumanie" Virgil Gheorghiu (1916-1992) et ses vues politiques sur l'Union soviétique et les États-Unis, à travers plus précisément l'historique dramatique de son pays natal.



Le mélange de personnes authentiques avec des personnages fictifs, comme Léopold Skripka par exemple à côté de l'actrice Elvira Popescu (1894-1993), prête à confusion et gêne la lecture.

Qu'au demeurant et tout à coup, à la page 81 (de l'édition Presses Pocket de 1979), apparaisse l'auteur comme personnage de son propre roman me paraît somme toute assez déroutant.



Il y a des passages assurément intéressants dans cet ouvrage, entre autres ceux relatifs à la situation de la Roumanie et de la Moldavie pendant la dernière guerre mondiale et l'immédiat après-guerre, mais le style de l'ensemble fait un peu trop vieilli pour devenir captivant, tout comme il y a un excès de citations bibliques passe-partout qui perturbent la fluidité du récit.



En comparaison avec son les "Inconnus de Heidelberg" publié vers la même époque (les années 1970) "L'espionne" est décevant.



Et bien que le film tiré de son roman "La Vingt-cinquième heure" par Henri Verneuil en 1967 avec un inoubliable Anthony Quinn et un excellent Serge Reggiani m'ait fort impressionné, j'ai retrouvé dans le livre sous rubrique des observations pertinentes que notre amie Gabrielle Danoux - "Tandarica" sur Babelio - la grande spécialiste de la littérature roumaine, avait formulées dans son billet remarquable du 9 mai 2015 à propos du best-seller précité de Virgil Gheorghiu.

Commenter  J’apprécie          490
La vingt-cinquième heure

Un grand livre, un chef d'oeuvre envoûtant de Virgil Gheorghiu , qui a donné un très beau film, celui d'Henri Verneuil en 1949.

Dans un petit village roumain de Transylvanie, Iohann est au service d'un prêtre orthodoxe, le père Koruga un homme bon. Iohann Moritz a décidé de partir aux USA et l'espoir de revenir avec l'argent d'un terrain convoité. Il a les billets pour le bateau, mais sa fiancée Suzanna a peur.





Une tension sournoise surgit, un drame familial va l'éloigner à jamais de son projet. le père de Suzanna soupçonne sa fille d'avoir un amant, très violent sa femme finira fracassée, le père est inquiété, par contre il n'est inquiet que pour ses chevaux.





Tout semblait s'arranger pour les amants, Traian Koruga le fils du prêtre avait même offert un terrain. Il ne leur restait plus qu'à échanger les anneaux. C'est le fil macabre du destin qui va se tendre, la vilenie d'un gendarme, épris de Suzanna, va anéantir le couple. Iohann Moritz est dénoncé comme étant un juif. Moritz est alors envoyé en camp de travail . Son épouse, Suzanna, est contrainte de demander le divorce pour conserver la maison et de quoi élever ses fils.





Le déroulement de l'intrigue entraîne le lecteur dans une spirale envoûtante. Dès le premier chapitre un ciel bleu, puis l'orage, la mise l'écart du père, puis le mariage et l'arrestation.

La bonté naturelle de Iohann le positionne dans un espoir sans fin qui peu à peu grandit, puis brusquement la piste suivie s'effondre et inexorablement le trou suivant devient plus profond, l'enfonce encore plus dans une suite de pièges insolubles.





Une vague viendra encore le sortir du faux pas, funeste, l'espoir finira par sombrer une fois encore, et lui le roumain, devenu Juif, va être condamné par le procès de Nuremberg. Comment ?





S'évadant alors, le tatoué vrai juif avec d'autres détenus juifs vers la Hongrie, pays où la vie est moins dure pour les Juifs, est pris pour un espion roumain. Torturé, longuement à l'ombre de la mort, il est ensuite envoyé, en compagnie d'autres travailleurs hongrois « volontaires », en Allemagne. Il a été simplement trahi par ses amis juifs.





Il est sorti du rang par un médecin comme spécimen exceptionnel de pureté de la famille héroïque, lointaine mais pure lignée aryenne de Transylvanie.

Il finit la guerre dans les SS et vient en aide à des prisonniers pour leur permettre ainsi de rejoindre les Américains. le considérant malgré cet épisode comme ressortissant d'une nation ennemie, ceux-ci l'internent avec les prisonniers de guerre. !

Prisonnier des Américains, il sera traduit devant le tribunal de Nuremberg où cinquante-deux nations le déclarent criminel de guerre...





Plongé dans un univers absurde où l'individu broyé par l'administration n'existe plus, où l'idée de bonheur, se perd dans la nuit des temps, Iohann nous renvoie l'image d'une humanité en déroute.

Iohann Moritz est finalement libéré en 1949 soit dix ans après sa déportation, et retrouve son épouse qui a dû fuir la Roumanie il sera comme un météore de bonté pour Suzanna.





Plusieurs fois l'auteur revient sur cette société en déroute où l'humain a été effacé.

Les premiers esclaves était des personnes humaines reliés à une communauté. Les esclaves techniques ces travailleurs sous payés ont été dépouillés de leurs humanité.

Le monde va t-il retrouver sa fraternité. Les grecs ont apporté la cité, les romains les lois et l'Europe ?. Les nations européennes ne devaient elles pas apporter la fraternité et les lumières.

Commenter  J’apprécie          472
Perahim

Encore un beau cadeau du hasard...puisque ce vieux livre de près de 50 ans...s'est trouvé sur les chemins de mes pérégrinations , dans un espace consacré aux livres- voyageurs...



Je connaissais bien sûr cet auteur roumain, même si je n'ai jamais lu encore sa célébrissime " 25 ème heure"...



Gheorghiu a de sérieux comptes à régler avec les policiers et surtout cette police d'état semant la terreur dans la population roumaine,cumulant sans le moindre état d'âme des actes délictueux en toute impunité !!

Les policiers étant souvent bien pire que les " délinquants ", ou soit- disant "gangsters "!!?



Maximilien ( ou Max) Perahim, fils d'un leader syndical, défenseur du peuple et des ouvriers, pour qui il réclame du " pain , du repos et du soleil ", est assassiné dans le dos par la police.Meurtre commandité en haut lieu....



"Un commissaire en chef à Bucarest est l'homme le plus puissant du pays, après le roi de Roumanie et le préfet de police.

Joachim Catran a obtenu ce poste grâce à son mérite. Il possède des qualités plus importantes que les études. Il a une mémoire extraordinaire, une force de travail inépuisable, de la cruauté et une absence totale de scrupules et de sens moral.Tout ce qu'il faut pour être un policier dans la plupart des pays du monde."

( Poche -10/18, 1964)



L'orphelin, Perhim, se retrouve élevé, dans le quartier chaud de Bucarest, par des prostituées. Beau gosse, il devient une sorte de Roi de la pègre !

Un jour, embarqué dans une rixe,, un policier est roué de coups et tué.

C'est lui qui sera désigné comme le coupable idéal, accusé et envoyé au bagne, dans les mines de sel, par le même policier corrompu qui a assassiné son père ...



Personne, ordinairement, ne revient vivant du bagne et encore moins de ces horribles mines de sel.

Toutefois Perahim, pour ne pas devenir fou dans cet enfer salin, se prend de passion pour une autre matière nettement plus chaleureuse que le sel : le Bois...

Il se formera tout seul, deviendra un ébéniste et un artiste du bois fort recherché...



Pour tous ses nouveaux talents et réalisations pour les gardiens et directeurs de prison, il sera libéré à la moitié de sa peine; ce qui représente toutefois 10 interminables années de sa vie...!



"Je suis un artisan, affirme Perahim

Je fais des meubles.Dans les mines tout était en sel, les plafonds en sel, le plancher,en sel, les murs, en sel, le lit et la table taillés dans le sel.Au bout d'un certain temps, j'ai failli devenir fou.Soudain, j'ai commencé à rêver, là, dans les corridors souterrains, à toutes les choses qui n'étaient pas en sel.J'aimais surtout rêver au bois. le bois est le contraire du minérai, et c'est pour cela que je suis devenu amoureux de tout ce qui est bois.Le jour où j'ai réussi à me faire transférer à la menuiserie, j'ai été heureux .Mon amour pour le bois à augmenté. J'ai appris à le connaître et à le travailler. En quelques années, je suis devenu un maître. J'ai fabriqué des meubles pour les gardiens, pour le directeur et pour les inspecteurs des prisons."



Et surprise, à sa libération, il viendra se présenter au policier l'ayant fait condamner; Son ancien " tortionnaire" ne va pas en croire ses yeux, et évidemment le soupçonner de vouloir se venger de lui; dès lors, ce commissaire va s'acharner à vouloir le prendre en faute et le renvoyer au bagne...



On ne peut s'empêcher de songer à l'horrible inspecteur Javert , lui aussi obsédé et s'acharnant sur Jean Valjean

( dans l'oeuvre de Victor Hugo), lui refusant toute possibilité de réhabilitation , l'ayant condamné à jamais comme " coupable"...!



En dépit de toute sa bonne volonté, Perahim, persécuté, surveillé par ce cruel policier n'a pas un moment de répit. Il a beau vivre seul avec sa mère, adorée, travailler dans son coin, réaliser de beaux meubles, jusqu'à la restauration de ceux de la maison personnelle du commissaire, sur la

demande insistante de son épouse...rien n'y fera !



On sent le drame monter...progressivement.Aux multiples mésaventures subies par Perahim, une rencontre et une histoire d'amour bien singulière vont se greffer, accélérant une issue que l'on pressent fatale....Drame social doublé d'une tragédie romantique...

Comme l'annonce un bandeau sur la jaquette : " Récit âpre et haletant par l'auteur de la Vingt- cinquième heure"...



Un texte étonnant où on lit entre les lignes la colère, le violent ressentiment de l'écrivain envers un pays, le sien, la Roumanie menée par la corruption et la terreur que l'on fait subir jour après jour au peuple roumain...La police d'État ayant absolument tous les droits sur les individus.Cela fait froid dans le dos !...

Pour comprendre mieux cette dénonciation de la Terreur et de l'iniquité faites " Lois"en Roumanie, il faut se replonger dans le parcours terrible et malmené de Virgil Georghiu, lui- même...



Après cette lecture fort prenante...je vais re-déposer cet

" antique" livre de poche dans un espace " livres- voyageurs", qui, je l'espère enchantera un autre lecteur !









Commenter  J’apprécie          410
La vingt-cinquième heure

Un roman comme une farce terriblement tragique , cruellement réaliste qui raconte les horreurs de la guerre et surtout de conséquences désastreuses de ce conflit mondial.

J'ai trouvé qu' Iohann Moritz avait beaucoup de similitude avec Candide , comme lui , un être simple qui accumule les calamités , qui enchaîne les tourments et après d'infimes répits, aspiré un peu plus par la spirale calamiteuse de l'absurde qui le broie chaque fois un peu plus. Dans la Vingt cinquième heure, le mal n'existe pas ponctuellement, il est toujours présent et pour un bien dispensé, le pire est toujours récolté dans une société qui se déshumanise toujours un peu plus.

Ce roman qui repose sur des faits historiques, se veut d'abord une fiction philosophique mais il m'a permis de me replonger dans cette Histoire tragique, (La guerre en Roumanie, en Hongrie, les camps de prisonniers mis en place par les alliés…) et donner envie de reprendre , d'explorer et d'approfondir un peu plus ces épisodes tragiques. J'ai lu et compris aussi la position de Tandarica.

Commenter  J’apprécie          412
Les noirs chevaux des Carpates : (La Maison..

Récemment, je suis allé à la bibliothèque pour emprunter un livre spécifique de Virgil Gheorghiu mais il était déjà emprunté. Je me suis rabattu sur un autre roman de l’auteur, Les noirs chevaux des Carpates (ayant également paru sous le titre La maison de Petrodava). Il y avait quelque chose dans le résumé qui m’a interpelé, les montagnes, ce coin reculé des Carpates. Bien souvent, dans de pareils décors, proches de la nature, les gens sont plus sensibles aux manifestations de l’étrange et du destin, ça ajoute une dimension tragique à leur histoire.



Et, avec Les noirs chevaux des Carpates, on est bien servi. Lucian Apostol, un pauvre institeur venu de la vallée demande, pour la deuxième fois, la main de Roxana Roca. Domnitza Roxana. Princesse Roxana. Celle que, dans les premières pages, je croyais être une fille ordinaire est en fait l’héritière d’une vieille maison d’éleveurs de chevaux de race. Fière, impérieuse, comme ses étalons. Apostol a tout obtenu la main de Roxana – et ma sympathie – mais il ne sera pas à la hauteur et son destin, quoique sévère, m’a paru surtout étrangement poétique.



L’histoire est poursuivie par Stela, leur fille. Elle aussi connaitra des malheurs conjugaux. À croire que cette terre des Carpates est maudite. Dans tous les cas, elle ne fait pas de cadeaux aux jeunes amoureuses.



Quelque part dans le roman, un des personnages dit : « Les plus belles choses au monde sont sans doute le vol de l’oiseau, le galop du cheval, l’amour, la nage dans un torrent comme les truites, et sûrement la mort. » J’avais retenu ce passage et c’est fort heureux. Rendu à la fin, je me suis rendu compte que ça résumait assez bien l’histoire de Stela. Son envol, je le compare à son mariage avec le prince Igor Illiyuskin. Quant au reste, à vous de le découvrir.



J’ai bien aimé que le roman mette de l’avant une dynastie de femmes fortes et courageuses, surtout de la part de Gheorghiu (bien souvent, de tels romans sont plutôt écrits par des femmes). Roxana est drapée dans son caractère indomptable, voire inflexible. Et sa fille est pareille. C’est leur force mais aussi leur faiblesse. Et j’ai trouvé dommage qu’elles ne trouvent pas d’hommes à leur hauteur. Par exemple, Michel Basarab, le deuxième époux de Stela, préfère s’effacer plutôt que s’expliquer. Incidemment, après un certain temps, je me suis un peu lassé de voir le destin s’acharner sur elles. Aussi, j’aurai souhaité des descriptions plus évocatrices des lieux et de l’atmosphère. Mais, pour tout le reste, surtout pour la grande finale majestueuse, je suis preneur.
Commenter  J’apprécie          412
La vingt-cinquième heure

Que dire?



Il est rare que j'accorde cinq étoiles à un livre. Mais là je n'ai pas hésité une seconde.



Encore une oeuvre qui va me poursuivre longtemps. Et je regrette presque maintenant de rencontrer sur ma route des livres qu'ils ne méritent "que" trois ou quatre étoiles...



Il va falloir que je redescende un peu dans mon enthousiasme et que je vous dise pourquoi j'ai aimé ce livre, j'ai adhérer à cette histoire, pourquoi je suis bouleversé par ce destin.



J'ai lu sur ce site que ce roman est inspiré d'une historie vraie?

Si c'est le cas, c'est encore plus bouleversant.



Cet homme à traversé tant d'épreuves qu'il m'est interdit aujourd'hui de me plaindre du moindre de mes petits soucis.



Certes, mes conditions de vie, et plus largement nos conditions de vie dans notre pays n'a aucun rapport avec le contexte de ce livre. C'est pour cela qu'il mérite encore plus que l'on se penche sur lui.

il a éveillée mon intérêt et je veux approfondir ma connaissance sur cette période.

Il y a des livres comme ça qui sont plus que des livres et qui réussissent la vocation première d'un écrivain : faire découvrir ou redécouvrir un sujet, le rendre utile, le rendre digne d'intérêt.



Ce livre a tout d'un grand, cet écrivain à tout d'un grand. Et j'envisage de lire ses autres livres.



Pour en savoir plus.
Commenter  J’apprécie          321
La vingt-cinquième heure

J'ai l'impression d'être plutôt bon public, mais là... Comme on dit, puisqu'il faut s'y coller.

Commençons par la traduction : Monica Lovinescu en était à ses débuts et cela se ressent assez douloureusement (la pauvre a en plus dû faire un procès pour être payée). J'ai lu l'édition Plon originale et je dois dire que la grève des correcteurs ne fut pas sans conséquence non plus.

Cela commence avec le simplet du village, plus ou moins, qui s'appelle Iohann Moritz mais n'est pas juif (ça, il fallait le trouver, surtout en 49...). Puis, le riche du village, Iorgu Iordan, à la fois colosse, paysan, aubergiste, spécialiste des chevaux, très riche (des pièces d'or dans sa cave) et venu d'Allemagne : la propension des riches Allemands à venir se terrer dans des villages du fin fond de la Roumanie est évidemment bien connue. Sa fille tombe amoureuse de Moritz (alors qu'il voulait aller en Amérique !), et enceinte : on reconnaît bien là l'autre propension des riches et polyvalents Allemands, qui est d'engendrer des cruches. Le père tue sa femme (rajouter psychopathe sur la liste déjà longue de ses qualités) et est incarcéré. Au lieu de prendre le pognon pour aller aux US, le couple accepte le don d'un écrivain et s'installe dans le village roumain.

Ce bref (ça se discute) exposé pour illustrer que les personnages sont ici bien au-delà du moindre concept de vraisemblance auquel ne sauraient s'attacher que les ignorants de considérations métaphysiques bien plus élevées et ne sont que les instruments de la thèse de Gheorghiu. Le roman commence sous le règne de Carol II de Roumanie et tout au long de l'histoire, la plupart des personnages vont de camp en camp (allemands, roumains, russes, américains...). L'humanité serait dominée par la machine, d'où des emprisonnements automatiques, exécutions etc...

Rapidement : les machines, si elles sont indifférentes, ne déportent pas, donc pareil pour des hommes modelés par la machine. Si l'on considère qu'elles ne sont pas indifférentes, elles deviennent humaines.

Tout cela serait finalement assez futile s'il ne s'agissait pas de noyer le poisson. Le livre ne traite que de la seconde guerre mondiale et de la période immédiatement après. Les déportations de Juifs commencent sous Carol II et on fait comme si des personnes de droit commun pouvaient connaître le même sort.

Non : les déportations ont commencé sous le régime légionnaire (le mot n'est pas prononcé) puis sous Antonescu et ce sont bien des lois anti-juives et pas anti-agitateurs de tout poil qui ont été passées en 1941. Le reste du roman poursuit sous cette logique d'amalgame : pour les Russes, soit (quoique ce soit eux qui ont libéré les camps d'extermination), mais sous-entendre que les Américains auraient pu tenir ou tolérer des camps qui sont plus ou moins mis en équivalence avec ceux des nazis est simplement ridicule. Pour clarifier la chose : la solution finale consistait en l'élimination des Juifs et n'a pas été le fait des machines mais de l'homme et en particulier du nazi.

Que Gheorghiu ait voulu qu'il en soit autrement, pour des raisons qui me sont assez obscures et, je le crains, peu avouables, est au mieux négligeable.
Commenter  J’apprécie          303
Les immortels d'Agapia



A Agapia le peuple est dominé, exploité par les satrapes phanariotes, hérités de l’empire Ottoman nous dit Virgil Gheorghiu. Ils portent pour ramasser les fruits, des muselières pour ne pas manger ce qu’ils récoltent. S’ils coupent pour leur propre usage le bois qui est indispensable pour se chauffer mais aussi pour fabriquer maison et ustensiles, on leur enlève leur précieuse hache. Mais ils ne se révoltent pas. Depuis longtemps ils se sont retirés de cette vie d’esclaves et sont devenus les Immortels. Ils subissent les coups mais ne se sentent rien de commun avec les satrapes.

Parce que l’un d’eux, un ministre, a voulu y installer son fils tuberculeux, la ville est devenue une sous-préfecture. Le fils, guéri, quitte l’air pur d’Agapia mais que faire de ce bel édifice ? Y nommer un juge.

C’est ainsi que Cosma Damian arrive tout frais sorti de l’école de magistrature. C’est une sinécure lui assure le commissaire Filaret, jamais aucun crime n’a été commis dans cette ville. Et pourtant le juge est réveillé dès sa première nuit pour enquêter sur la mort du fils du satrape local.

Sensée se passer au XXème, cette histoire pourrait avoir eu lieu il y a plusieurs siècles tant la condition des paysans est au-delà de la pauvreté, proche du servage. La critique des hommes politiques, de la police est explicite.

Ce livre a été aussi l’occasion de découvrir l’existence d’une secte, les Skoptzys, désireux de retrouver l’état originel d’Adam et Ève avant la sortie du Paradis. Selon eux le couple fondateur de l’humanité était asexué, hommes et femmes se mutilent donc.

Il y a une atmosphère particulière dans ce roman sur la pureté des habitants de cette petite ville coupée de tout pendant l’hiver, pureté en laquelle croit si fort le commissaire Filaret, à juste raison d’ailleurs.

C’est le premier livre de Virgil Gheorghiu que je lis mais ce ne sera sans doute pas le dernier.



Commenter  J’apprécie          250
La vingt-cinquième heure

Cette mise en abyme aux allures kafkaiennes a été écrite en 1949. Le roman exploite le thème de la supériorité de la machine sur l’homme, dans une « société technique », faite d’ « esclaves techniques », et où l’homme renonce à ses sentiments en devenant un « homme-machine ».



Amoureux de Suzanna, Iohann Moritz est sur le point d’embarquer pour le continent américain. Avant de partir, il réserve un lopin de terre pour lui et sa fiancée, mais une cascade de problèmes surgiront et Iohann sera le jouet d'un immense engrenage qui va s’enclencher. Il ira de camps en camps, de pays en pays, ... Les horreurs du nazisme seront maintes fois évoquées. Les personnages sont animés de violence, de barbarie. Mais l’énergie de la passion et de l’espoir traverse les pages.



J’ai aimé la beauté de la narration. Ce livre se lit facilement, cependant un cynisme furieux et revendicatif traverse tout le roman, et la frustration guette méchamment le lecteur. Au milieu de tout ça, surgissent des moments lumineux. Un livre magnifique.

Commenter  J’apprécie          222
Les sacrifiés du Danube

Nous sommes en Bulgarie. Joseph Martin, Américain d’origine est venu dans le pays dans le cadre d’une étude anthropologique et y enseigne à l’université. Il a épousé une Bulgare, et comme elle ne pouvait pas sortir de Bulgarie, il y est resté. Sa femme vient enfin d’obtenir un visa de sortie, et Martin l’accompagne au bateau. Il doit la suivre quinze jours plus tard. Mais son ambassadeur le fait venir : les autorités bulgares ont un volumineux dossier sur le professeur, qui fait sortir régulièrement des personnes menacées par les autorités communistes. L’ambassadeur a obtenu que le dossier ne soit pas utilisé, à condition que Martin se tienne tranquille jusqu’à son départ. Mais en rentrant chez lui, il découvre que les étudiants qui l’assistent dans son rôle de passeur ont amené une famille en danger chez lui. Le mari est blessé et a besoin de soins. Une course contre la montre infernale s’enclenche.



C’est un livre de dénonciation, qui décrit la vie terrifiante dans un pays sous domination soviétique. Il évoque la déshumanisation, la cruauté du régime, toutes ses absurdités. C’est terrible, noir, même s’il y a de l’humour et du second degré. L’auteur s’en prend aussi à ceux de l’autre côté, les Occidentaux, qui ont d’une certaine manière acheté leur tranquillité au prix des vies des habitants des pays passés sous la domination soviétique. Et qui se donnent bonne conscience à bon compte, en s’étourdissant des progrès amenés par leur souplesses et les diverses négociations avec les régimes de l’autre camp. C’est assez univoque, mais cela sonne terriblement juste par moments, en particulier dans le contexte actuel.



C’est un livre noir, désespéré, même s’il y a quelques belles figures, très efficace sur le plan narrative, avec presque une allure de thriller. Déstabilisant et qui frappe fort le lecteur. A découvrir.
Commenter  J’apprécie          210
La vingt-cinquième heure

Roman sur le sujet de l'absurdité carcérale

C'est une histoire terrifiante, celle d'un homme

qui va être déplacé pendant 12 ans entre les

différents totalitarismes européens, changeant

d'identité raciale et toujours emprisonné quelque

part.

Commenter  J’apprécie          210
La condottiera

Plutôt un bon documentaire sur l'invasion de la Roumanie par les Russes, et l'asservissement du peuple à un système totalitaire. "L'occupation de la Roumanie par l'Union soviétique (appelée « libération de la Roumanie par la glorieuse armée soviétique » à l'époque communiste)" je cite le wikipedia. Ben c'est exactement ça !



Par moments, on se croirait dans du Kafka, tant c'est délirant et absurde. Quand la présence au défilé du 23 août (célébrant cette soit disant libération, où le peuple roumain devait acclamer ses "libérateurs"...) importe plus que résoudre le crime qui a été commis, par exemple...

Il y a un passage totalement ahurissant sur la non-présence "condamnable" d'une grabataire... Oo



Et je pense que ce n'est pas exagéré. C'est encore ça le pire.

Et si vous ne supportez pas ce genre de choses, l'imbécillité humaine en premier lieu, ce livre va vous être très difficile à lire, comme il me l'a été. Ouvertement militant, prenant le parti du faible et du petit, de ce peuple qu'on traite comme du bétail, la défense de cette religion qu'on cherche à salir, l'auteur apparaît profondément humaniste.



Mais comme je sais que tout est "vrai" (même si poussé à l'extrême pour appuyer le propos), dans ce récit, je l'ai continué malgré mon gros malaise et le fait que c'était, au fond, absolument pas le moment pour moi de le lire... Pourquoi comment ce livre est arrivé dans mes mains, je sais plus du tout, mais quand le vin est tiré, il faut le boire jusqu'à la lie, même s'il est acide, aigre, et qu'il donne envie de vomir.



Le style de l'auteur est très poétique par moments. Il est également cynique et profondément réaliste. Profondément croyant aussi, même si ça paraît complètement absurde dans ce contexte. Il y a beaucoup de répétitions sur la condition "bovine" du peuple dans cette organisation totalitariste, c'est lourd, pénible, et on sent la lourdeur de vivre tout cela, même si par moments c'est survolé. (Il est tout petit. J'ai mis tellement de temps à le lire qu'on pourrait croire que c'est un gros pavé, mais non. C'est juste que j'avais du mal à lire plus de 30 pages à chaque fois...).



Bon après, l'auteur n'est pas très "recommandable" semble-t-il en raison de son antisémitisme et de son implication dans le régime fasciste roumain des années 40.

C'est pour cela je pense qu'il n'est pas plus connu, mais en fait c'est dommage, parce que sa description du régime russe et de la collaboration est quand même drôlement bien vue.



C'est étrange, du coup, c'est presque incohérent avec le sujet de ce livre, et son traitement humaniste et sa dénonciation de l'absurde.

Après faut avoir le moral drôlement bien accroché pour arriver à lire ce qu'il écrit, je pense, et en ce moment, c'est pas tout à fait ça. Mais c'est vrai que je serais curieuse de lire son livre le plus connu, "La 25e heure". Plus tard peut-être.
Commenter  J’apprécie          212
La vingt-cinquième heure

Roman écrit en 1949. La guerre n'est pas finie. La sera-telle un jour ? ....

A travers le destin d'un homme c'est la folie du monde que l'auteur nous dépeint derrière et à travers ces lignes de barbelés.

Occident, Orient. Est, Ouest. Capitalisme ( même si ce terme n'est jamais employé par l'auteur), communisme. On suffoque, on étouffe, on espère encore, et encore. Mais l'auteur ne se fait pas d'illusions...Mais nous aimerions tellement, nous lecteurs, en avoir encore un peu....

Grand roman, oui. Terrifiant oui. La 25e heure. La fin de l'humanité, l'heure à laquelle les machines infernales prendront le pouvoir. Qu'on les nomme dictature, économie, chiffre, rendement, productivité, et même croissance, toutes sont les grains de sable qui remplissent le grand sablier, et ensevelissent les humains. Historique et prophétique.

Le communiste est une création du capitalisme. Nous sommes, Marx, Gheorghiu et moi même d'accord sur ce point. et j'ajouterai : le fascisme également.

Astrid Shriqui Garain







Commenter  J’apprécie          200
La vingt-cinquième heure

Un livre sujet à beaucoup de controverses. Et je comprends très bien pourquoi. Il convient de lire ce livre en essayant de prendre de la hauteur et exempt de tous préjugés politiques ou idéologiques pour en distinguer les subtilités.

Et là, je dois avouer que ce livre est véritablement un chef d'œuvre et sujet à énormément de réflexion sur le fonctionnement de la société qui, en toute absurdité, catégorise les individus.

C'est cette absurdité qui est magnifiquement décrite dans cette œuvre.

L'individu n'est pas une notion, et nous gagnerons nettement à le considérer comme une pièce unique doté de sentiments. C'est clairement le message que m'inspire ce livre.

À chacun de le lire et d'y avoir sa propre interprétation...

Commenter  J’apprécie          190
Le grand exterminateur

A Bucarest (Roumanie), la police s'apprête à arrêter Trajan Roman, un jeune séminariste. Prévenu in extremis, l'homme s'enfuit. Mais combien de temps pourra-t-il échapper à ses poursuivants ? Sous ce régime dictatorial, la police n'est qu'un instrument de la répression politique, de même que les services secrets ; à ce titre ces institutions sont présentes presque partout, y compris à l'étranger.



Virgil Gheorghiu (1916-1992), même s'il ne reprend pas le nom du dictateur roumain (Nicolae Ceaușescu, 1918-1989) dénonce les excès de son régime de manière imagée et frappante. La complicité de l'Eglise (en tant qu'institution) est aussi mise en évidence, même si certains de ses membres refusent les excès du régime, au nom de leur foi, à l'instar de Trajan.



Virgil Gheorghiu est surtout connu en France pour 'La 25ème heure', que je lirai à l'occasion.



< ouvrage trouvé dans une boîte à livres >



Commenter  J’apprécie          170
La vingt-cinquième heure

De l'intérêt (ou du risque?) de se lancer dans une oeuvre dont on ne sait rien, ni du contenu ni de l'auteur?



J'ai dévoré ce roman, très (trop?) simple à lire. Malgré les invraisemblances parfois flagrantes de l'intrigue, l'empathie fonctionne immédiatement avec ses personnages, que ce soit Iohann, une sorte de Forrest Gump des Carpathes, Traian l'intellectuel, son saint homme de père ou Alexandra, sa forte et lucide épouse, tous quatre pris dans les engrenages infernaux des barbaries engendrées par les idéologies exacerbées par la guerre. Traînés de camp en camp, aucun ne peut résister à la déshumanisation et à la déchéance, broyés qu'ils sont par des appareils d'Etat tout aussi mortifères les uns que les autres.

C'est d'ailleurs cela qui m'a le plus interpellée dans le roman, cette thèse selon laquelle les sociétés occidentales du 20ème siècle ont définitivement détruit l'homme au profit de la Technique et de la bureaucratie, entraînant l'humanité dans sa vingt-cinquième heure au-delà de laquelle plus rien ne peut plus être sauvé : le parallèle est trop évident avec notre environnement ultra-technologisé actuel pour ne pas pouvoir ne pas y être sensible.



En revanche, quelle déception d'apprendre après avoir refermé le livre que l'auteur aurait refusé de démentir ses positions antisémites pendant la guerre, amenant le philosophe Gabriel Marcel à faire retirer du livre la splendide préface qu'il avait signée dans l'édition d'origine que j'a eue en main, me donnant alors la sensation d'avoir sous les yeux un de ces grands romans politiques à la hauteur d'un "Vie et destin" ou de "1984".



La thèse politique est bien là; mais parce que précisément elle est politique, il est difficile de la dissocier de son auteur qui lui donne nécessairement une couleur, laquelle est à mon sens nécessairement ternie.
Commenter  J’apprécie          160
La maison de Petrodava

Comme bien des lectrices et lecteurs j'ai abordé l'oeuvre de Gheorghiu en commençant , il y a assez longtemps par son livre le plus connu " La vingt-cinquième heure . "



" La maison de Petrodava " ( ancien nom de Piatra Néamt ) est une oeuvre de fiction magnifiant les valeurs des roumains fortunés du début du vingtième siècle . L'auteur qui finira ses jours en France en tant que prêtre de l'église orthodoxe roumaine me semble assez admiratif des puissants de l'époque et sa philosophie de vie s'appuie profondément sur les valeurs religieuses . Il nous décrit , certes quelques petites gens bien convenables mais tous vivant dans la servitude volontaire décrite par La Boétie .



Autrement , l'écriture est incontestablement celle d'un talentueux écrivain , l'intrigue est bien menée même si l'on peut penser que certains dialogues sont peu crédibles et convenus .



Utile à lire pour approcher une période de l'histoire roumaine , pays qui fut tour à tour assujetti aux Ottomans , à l'Empire Austro-hongrois , au communisme russe avant de sombrer sous la folie du tristement célèbre

" Conducator " Nicolae Ceausescu .
Commenter  J’apprécie          161




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Constantin Virgil Gheorghiu (917)Voir plus


{* *}