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Citations de Cynthia Fleury (376)


Cette gratitude, chacun pouvait l'entendre dans la voix de Jankélévitch, voix chantante,acceuillante, tournée vers l'avenir, musicale. On perçoit l'allegro de la gratitude, celle qui va au-devant, sans attendre quoi que ce soit. On entend le sourire à la vie, alors même qu'il était pris de colère forte à l'évocation de Vichy et des indignités nationales. Pour autant, Jankélévitch parie toujours sur et pour l'avenir, certes conscient du passé, mais nullement englué dans lui.

(p.83)
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La guerre est passée, mais l'auteur garde en lui la conscience éternelle de la fragilité des choses, des instants fugaces, de la morale à éxercer chaque jour, "comme l'infatigable recommencement de chaque printemps, de chaque aurore, de chaque floraison" ...

(p.10)
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Être dans le ressentiment, c’est se sentir offensé et devenir captif de cette vision des choses : le ressentiment empêche l’individu, il l’enlise, l’amène à une rumination sans fin.

Ce mécontentement sourd qui gangrène l’existence trouve son origine dans une faille inaugurale (celle de l’abandon, de l’incertitude, du désir infantile de protection), et s’y greffent ensuite – chez certains – le sentiment de ne pas être reconnu à sa juste valeur et celui d’être victimes d’injustice.

Dans ce contexte, certains individus vont verser dans un délire victimaire qui les ronge et les consume. Leur identité même va alors s’articuler et se consolider autour de ce ressentiment. Cette mésestime de soi va, ensuite, être dirigée contre l’autre.
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Quelques incontournables, ou irremplacables :

La souveraineté n'est jamais la vraie nature du pouvoir. "Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir" (Rousseau) La part des dominés dans la domination est donc structurelle, en co-fabriquant avec les dominants leur assentiment. Agissent-ils ainsi par peur, prudence lâcheté, conviction de leur propre insuffisance ? Agissent-ils parce qu'ils l'ont fait trop longtemps ... ? Sans nul doute. Les réveils nés de longs sommeils sont plus difficiles à opérer.
(p.151)

Les années '70 ont vu le phénomène shizophrénique prendre de l'ampleur, les années actuelles lui préfèrent le bipolarisme et l'hyperactivisme...Néanmoins les troubles du comportement sans antécédent pathologique se démultiplient... Un individu assiégé, tant par par son infatuation que par sa mésestime, chacune s'alimentant de l'autre.
(p.171)

Le désoeuvrement parental n'est d'ailleurs que le nom particulier d'un désoeuvrement plus général, qui touche tous les acteurs de la société, dans l'appréhension de leur responsabilité ( jusqu'où cette vie qui est la leur les concerne-t-elle ?)... L'éducation, si intime soit-elle, reste l'entreprise publique majeure, non parce qu'elle doit être confiée aux seules institutions publiques, mais parce qu'elle consolide la qualité du projet politique en tant que projet de la raison humaine.
(pp.177-179)

L'irremplacabilité se définit comme une responsabilité construite avec l'autre et destiné à assumer le déploiement de la personnalité propre. C'est le contraire d'une tout-puissance, illusionnée par sa dimension orpheline.
(p.190)

La modernité est le monde de l'individualisme qui fait le malin quand l'individuation demeure fébrile. Cet individualisme à qui on n'en conte pas, qui sait qu'il ne peut rien espérer d'autrui mais qui se met en quête d'une reconnaissance sociale des plus aliénantes, parce que précisément inséparable de l'irrespect qu'elle porte aux autres. Voilà les malins si peu malins, qui pensent qu'il est possible d'articuler le non-respect d'autrui avec le maintien du respect pour eux-mêmes.
(p.204)

Si l'individualisme a tant prospéré, c'est qu'il a été, certes, porté par les élites, mais qu'il a été l'objet d'un traffic phantasmatique entre les élites et le peuple. Plus le fossé des inégalités sociales se creusait entre elles et lui, plus l'idéal de l'individualisme masquait la supercherie et invitait ledit peuple...à ne désirer que l'individualisme.
(p.208)
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Chaque homme est un exilé qui s'ignore. Cette patrie que chacun regrette n'est pas celle de notre enfance, car l'enfant que nous étions nous décevrait . Le coeur serré dit la tristesse de n'être plus celui qui a été, et ce que nous étions importe peu, car ce qui serre le coeur c'est l'idée de ce que nous allions être , cette idée que nous avions alors de nous-mêmes et de la vie, ce pur songe, et qui maintenant avec la nostalgie semble avoir été, avoir existé, alors qu'il n'en est rien.

(pp.31-32)
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Celui qui s'ennuie n'aime pas. "N'en doutons pas, l'ennui vient de l'égoïsme; et la cause fondamentale de l'ennui est la sécheresse." Qui vient au secours de l'ennui ? L'amour toujours, et l'intelligence tout autant, tous deux, en toute occasion, volent au secours de l'ennui, avec leur capacité microscopique, au sens où ils nous dévoilent tous les deux les bigarrures infinies du monde, de l'autre.

(...)

Tuer le temps est une occupation indigne pour Jankelevitch. On n'assassine pas le temps, on en fait quelque chose. Ceux qui s'adaptent à l'ennui sont dangereux. L'absence de morale commence ici: s'avachir, alors que le monde est en peine, qu'il y a tant à faire, à transformer.

(pp.34-35)
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Cynthia Fleury
Nous avons tous des raisons de souffrir de nos insuffisances et des injustices subies.
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Dans notre société, où la norme est la réalisation de soi et l'impératif de vivre avec un maximum d'intensité et de sensations, il arrive en effet que l'individu ne se sente pas à la hauteur de l'injonction qui lui est faite de "réussir sa vie".
...

Alors que, jusqu'au seuil des années 1970, un futur chargé d'espoir pouvait collectivement être entrevu à travers des idéologies d'émancipation, l'actuelle désaffection des utopies laisse place à un présent qu'il s'agit de conquérir personnellement à partir de ses propres ressources. Or, l'écart vécu entre l'idéal de lui-même et ce qu'il constate être vraiment le décoit dans bien des cas. car si parvenir à ses expérences n'est pas donné à tous, "faire le deuil" de ce que l'on croyait devenir ne l'est pas davantage ...

...

Comment reconquérir l'estime de soi, telle est sans doute la grande question posée à la démocratie adulte, la grande question politique.
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Cynthia Fleury
     
Le courage nous assure l’être en phase car il ne se déporte ni vers le futur ni vers le passé. Il est irrémédiablement là. Une sorte de vraie ontologie. Sans doute, le moment où l’on éprouve la finitude et où on la dépasse. L’éternité séance tenante. On croit que la lâcheté dit la vérité des hommes, mais rien de tel. Seul le courage dit leur singularité. Leur irréductible.
     
« La fin du courage » (Morale du courage : L’insubstituable cogito du courage), 2010.
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Il s'agit de comprendre que nos institutions - de manière large : de l'école à l'entreprise, en passant par les administrations, les hôpitaux, les universités, etc. - doivent produire assez de soin pour ne pas renforcer les vulnérabilités inhérentes à la condition humaine, à savoir les conflits pulsionnels, le sentiment mélancolique de la finitude, et prendre garde à ne pas produire de la réification qui, après s'être retournée contre les individus, les avoir rendus malades, se retournera contre la démocratie elle-même, en développant la traduction politique de ces troubles psychiques et notamment dudit ressentiment. L'articulation avec la psychanalyse, mais plus généralement avec les humanités, sera d'autant plus nécessaire à l'avenir que cette considération sur l'importance de la rationalité émotionnelle, inséparable de nos processus rationnels de décision, s'inscrit dans un cadre désormais numérique et algorithmique. La technique concurrence de façon toujours plus oppressive, et potentiellement liberticide, les humanités dans leur compréhension de la personne humaine.
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L’individu n’est pas tout-puissant. Il est résolument fini. Il n’est que frontière, ligne au-delà de laquelle il se fantasme, ligne en deçà de laquelle il se déçoit. Alors porter le regard vers l’autre et l’horizon du monde l’aide à ne pas sombrer dans le miroir de son âme.
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La force de la rationalisation capitalistique est d'installer l'individu dans une situation où il est la proie de ses désirs qui ne sont pas spécifiquement les siens mais où, il désire ce qu'il n'a pas, et s'enferme dans un régime de frustration permanente, lui faisant désirer ce qu'il croit lui être nécessaire pour être reconnu comme sujet.
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Nous tous sommes porteurs du mal. Pour autant, nous pourrions dire que la majeure partie d’entre nous sommes des porteurs sains. Il est là, latent, mais non déployé.
(...)
« Le mal, c’est la complaisance de l’ego pour lui-même, pour son importante et précieuse personne ; l’ego est la quintessence du péché, lui le vicieux en chaque vice, et le coupable en chaque faute. (...) La conversion à la vérité ne connait qu’un remède : faire cesser la crampe egolâtrique qui tourne vers lui-même un ego fasciné par son nombril »
(Citation de « Philosophie morale »)
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Le terme clé pour comprendre la dynamique du ressentiment est la rumination, quelque chose qui se mâche et se remâche avec d'ailleurs cette amertume caractéristique d'un aliment fatigué par la mastication.
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Par la répétition, par le style, nous pouvons habiter un autre monde que celui qui nous environne, un monde qui fait lien avec le passé, avec la permanence des âmes qui nous ont précédés, et dont l'amplitude continue de tonner dans le style. S'il fallait faire une comparaison insuffisante, ce serait du côté du lien qui existe entre le rituel et la répétition, ou cette capacité qu'a le rituel de nous projeter dans l'immanence, avec ce lien au transcendant. Le rituel permet d'habiter le monde. La répétition stylistique permet d'habiter le monde, précisément en créant à l'intérieur de celui-ci, ou ailleurs, un espace-temps sur lequel ce dernier n'a pas de prise.
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La manière dont un sujet ne renonce pas à se comprendre est déterminante pour saisir la façon dont il envisage sa liberté, et élabore une "vérité" dynamique, existentialiste et humaniste.
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(...) ceux qui manquent de sérieux, ce sont ceux qui restent du côté du dire, et non du faire. Et rappelez-vous, la philosophie n’est pas un « dire », elle est précisément un « faire ». Faire de la philosophie, répète sans cesse Jankélévitch. Quitter l’ordre du charlatanisme, de l’imposture, de la sophistique. Etre simplement au monde, présent, actif, prêt, être prêt à faire ce que l’on a à faire.
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Or, le sentiment d'absurdité de la vie n'est pas le symptôme d'une pathologie mais une disposition à la vérité, non altérée par l'illusion que les notions mêmes de "sens", de "finalité" peuvent provoquer. Elle est la matière même de l'humour, et du processus d'individuation qui en découle. S'individuer, c'est prendre conscience de la faiblesse inhérente à l'individu et du seul destin ici proposé sur la terre. L'absurdité est le chemin offert à l'homme, comme matière à sublimation.
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Naître, c'est manquer.
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Le temps est toujours à l’endroit, même quand il est à l’envers, même quand le devenir semble marcher à rebrousse-temps. Une liberté qui ne saisit pas l’instant qui lui est présenté est une liberté disparue, définitivement manquante. Certes, d’autres occasions se présenteront, mais nullement similaires. L’irréversibilité du temps donne ainsi à l’individuation de l’homme une dimension irréversible. Ne pas saisir l’instant pour cheminer vers soi, ne pas articuler le « connais l’instant » avec le « connais-toi toi-même », c’est manquer la possibilité de l’individuation, l’ajourner pour une venue plus improbable encore.
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