Septembre et Juillet sont sœurs. Inséparables depuis leur plus tendre enfance. Elles évoluent en vase clos toutes les deux. Se soutiennent mutuellement. Toujours. Coûte que coûte. Leur père est décédé. De toutes façons, il les avait quittées bien avant, elles et leur mère.
Parfois, Septembre - l’aînée de Juillet - est effrayante, menaçante, même, avec son regard si noir et profond. Alors Juillet n’a d’autre choix que d’obéir. Éviter les foudres, garder ce lien incroyable qui les unies. C’est tout ce qui compte pour Juillet. Les autres, elle s’en moque.
Seulement, il y a eu un « incident » et, suite à ça, elles ont dû - toutes les trois - quitter Oxford pour aller se réfugier dans sur la lande du Yorkshire, face à la mer. La maison appartient à leur tante et semble avoir une âme. Comme si elle était en vie.
C’est dans cette étrange atmosphère que les deux sœurs vont peu à peu prendre leur envol et, donc, leurs distances. Seulement, Septembre semble avoir du mal à lâcher du leste face à sa sœur. À moins que ce ne soit Juillet qui ne souhaite pas réellement s’émanciper.
Dans une atmosphère gothique - Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à « l’abbaye de Northanger » lorsque l’auteure décrit la maison - particulièrement oppressante, c’est toute l’enfance des deux sœurs qui va peu à peu partir en fumée, jusqu’à la catharsis, véritable acmé du roman. Mais peut-on réellement se libérer de toutes ses passions sans affronter la dure réalité ?
Dans une langue magnétique et troublante, Daisy Johnson nous parle de la fin de l’enfance, de la perte et des traumas et de la façon dont chacun, à sa façon, tente de se (re)construire. C’est affreusement dérangeant, magnifiquement hypnotique et d’une sensualité incroyable.
Un roman à ne manquer sous aucun prétexte. Un coup de cœur.
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Daisy Johnson est une auteure qui maîtrise pleinement les codes de la littérature de genre, en digne héritière de Shirley Jackson. Avec talent, elle sait déployer un récit d'émancipation atmosphérique et retors. En mettant en scène deux sœurs, elle parle de l’ingénuité perdue, de la difficulté à grandir, des relations aux autres, mais surtout d’un secret bien tenu sous silence. Quelle est la vraie nature de l’incident survenu dans la cabane de tennis et qui les a forcées à déménager ? Peu à peu, les indices se dévoilent au point de devenir asphyxiants jusqu’au retournement final.
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Dix mois les séparent. Juillet (la cadette) et Septembre (l'aînée)sont fusionnelles à tel point que beaucoup les croient jumelles. Elles viennent de quitter précipitamment Oxford pour le Yorkshire. Leur Settle House, propriété de leur tante. se révèle une vraie maison-personnage, nettement moins douillette que ne le laissait supposer son nom. Très autonomes, (les deux adolescentes jouent à se déguisent et à se faire passer pour qui elles ne sont pas. Elles jouent également à dénoncer pour pédophilie les hommes qu'elle rencontrent sur des sites Internet. Daisy Johnson illustre illustre une connexion fraternelle qui va bien au-delà de la normale. Puis, elle laisse au lecteur le loisir de deviner les raisons qui ont pousser la petite famille à déménager. L'ambiance est sombre et dès les premiers chapitres on devine qu'un drame se dessine
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Une sacrée performance d'écriture, quelle ambiance angoissante dans cette relation perverse entre deux soeurs et à la fois tant d'amour toujours à la limite, l'emprise psychologique, l'ambiance de l'adolescence mal vécue, la description des états d'âmes, si précisément décrites. Chapeau bas. Si vous aimez les relations compliqués, les thrillers psychologiques allez y. A ne surtout pas faire lire à des ados.
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Sororité – une chronique croisée de « Sœurs » de Daisy Johnson et de « Frangines » d’Adèle Bréau
Hasard de lectures ou pas, envies cohérentes peut être tout simplement, j’ai lu à la suite « Sœurs » de Daisy Johnson et « Frangines » d’Adèle Bréau, deux romans qui parlent de relations entre sœurs (mais pas seulement).
« Sœurs » est un roman anglais qui nous entraîne à la suite de deux jeunes filles, Septembre et de Juillet, deux sœurs qui ne peuvent vivre l’une sans l’autre : pendant que Septembre l’ainée pousse Juillet à faire des choses contre son gré et veille constamment sur elle en même temps, Juillet tente de se défaire sans y arriver de cette emprise. Après un incident dont on ignore la cause et les implications exactes, les sœurs et leur mère sont contraintes de quitter la ville et de se réfugier dans une maison près de la mer. Là, dans une atmosphère étrange, elles tenteront de se reconstruire.
« Frangines » est un roman français qui nous plonge dans une famille de trois sœurs, aux caractères fortement contrastés, que tout oppose en théorie et que tout réunit aussi. Mathilde, Violette et Louise se battent pour leur vie actuelle et pour leur passé commun, pour elles et pour leur grande famille aussi car tout est lié. Elles sont réunies dans la demeure familiale et affronteront ensemble les fantômes du passé et les problèmes du présent.
Vous me connaissez maintenant, je pense que vous avez une petite idée du roman que j’ai préféré. C’est vrai, la littérature dite « feel good » n’est pas ma tasse de thé. Je préfère les romans sombres, les thématiques compliquées, me prendre la tête en quelque sorte !
Et pourtant…
Quelle surprise ! Là où « Sœurs » m’a plongée dans un univers poisseux, flou, sale, dont j’ai eu bien du mal à me dépêtrer, « Frangines » m’a amenée vers une lecture agréable et bien plus profonde que je n’aurais imaginée. Je n’ai jamais réussi à rentrer dans la relation Juillet – Septembre, même si la dernière partie a sauvé les meubles. Je me suis intégrée sans souci dans la famille Carpentier, j’ai senti leurs peines et leurs doutes, je me suis imaginée dans cette fratrie car on s’identifie facilement.
Finalement ces contrastes de sentiments lors de la lecture de chacun de ces romans, la petite déconvenue lors de la lecture d’un roman qu’on pensait fait pour soi, la joie lors de la découverte d’un roman qu’on n’attendait pas, les rires et les larmes qui ont fait mes quelques soirées de lecture… tout cela pourrait aussi illustrer les sentiments qu’on a lorsqu’on a une sœur ou deux ou trois : on a quelquefois des peines et des déceptions mais surtout tellement de surprises, de joie et de richesse !
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Étrange...
C'est le mot qui définirait le mieux ce livre si je devais n'en trouver qu'un.
Dit comme ça, cela peut paraître un peu négatif, comme si j'étais légèrement déçue, alors que j'ai beaucoup aimé cette lecture.
Ce livre raconte une partie de l'histoire de Juillet et Septembre, 2 soeurs de 10 mois d'écart qui vivent seules avec leur mère.
Nous faisons leur connaissance au moment où elles quittent Oxford, pour emménager dans une vieille maison familiale. Très rapidement, nous découvrons que ce départ a été précipité, et qu'il fait suite à un événement, qui restera mystérieux durant la quasi-totalité du récit.
Étrange cet événement dont on sent qu'il a influé sur les décisions et sur la vie de cette famille, sans qu'il soit clairement expliqué.
Étrange également ce lien qui unit les 2 soeurs, tellement proches, et tellement dissemblables à la fois. Le "pouvoir" de Septembre sur sa cadette met mal à l'aise...une sorte d'osmose déséquilibrée, qui emmène le duo dans des jeux dangereux.
Étrange enfin, le comportement de Sheela envers ses filles. Engluée dans sa dépression, elle est la plupart du temps absente, recluse dans sa chambre, laissant les deux adolescentes livrées à elles-mêmes.
Cette lecture se vit comme une expérience, et j'en ai pleinement apprécié le style.
Narrée à la première personne (par la voix de Juillet), sa forme faite de chapitres courts, ainsi que la plume tantôt douce, tantôt incisive, m'ont embarquée dès les premières pages.
Il plane sur ce récit une atmosphère nébuleuse, brumeuse, comme si les événements étaient portés à notre vue à travers un voile. Cette sensation se voit encore renforcée par les changements fréquents de temporalité, et l'alternance, parfois imperceptible, entre rêves et réalité.
Il reste que ce texte particulier pourra en décourager certains, mais si l'on accepte ces "étrangetés" et que l'on se laisse porter par le récit, ces éléments servent complètement le propos, et l'on ressort de cette lecture totalement chamboulé.
Alors plus qu'étrange, cette expérience aura finalement été intimiste, dérangeante, mais surtout bouleversante.
Un très beau coup de coeur
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Septembre et Juillet sont nées à seulement 10 mois d'intervalle. Juillet est toujours sous l'emprise de sa sœur aînée. Septembre peut la pousser à faire n'importe quoi, risqué ou douloureux, à travers leur jeu favori «Septembre a dit». Mais une fois, les choses vont trop loin. C'était le jour où elles sont allées sur le terrain de tennis pour affronter les filles de leur école d'Oxford qui avaient intimidé Juillet.
Pendant une grande partie de ce court roman, Johnson incite les lecteurs à deviner ce qui s'est passé ce jour-là et pourquoi la mère des filles, Sheela, les a emmenées à Settle House, la maison familiale de son défunt mari dans les North York Moors, un coin de campagne perdu, en bord de mer. Malgré le nouveau cadre, Juillet n'arrive/n'essaie pas à se soustraire de l'influence de sa sœur. Leur lien psychique est tel qu'elle sent qu'elle perd sa propre virginité alors qu'elle regarde Septembre coucher avec un garçon sur la plage! Imaginez quoi !
Utilisée émotionnellement et physiquement blessée, Juillet commence à douter de sa santé mentale.
Daisy Johnson illustre une connexion fraternelle qui va bien au-delà de ce qui est connu pour lier les frères et sœurs. L'atmosphère est sombre à chaque ligne. Dès le début, vous sentez qu'une catastrophe se profile et elle n'attend que de se présenter avec fracas.
"Sœurs" est un livre qui dépend entièrement de sa tournure tardive, donc je n'en dirai pas plus. À mi-parcours, j'avais une vague idée de ce que pouvait être la "surprise", j'avais tort, mais pas entièrement .
Le style de l'autrice est assez simple mais efficace et les sous-thèmes de l'identité, de la codépendance et du chagrin est intéressant. Des lueurs d'espoir glissent par-ci et par-là, mais aucune évasion en douce ne s'offre à la fin, et ce livre prouve une fois de plus que les plus grandes choses à craindre sont parfois dans notre tête.
Si je n'ai pas réussi à "capter" l'histoire à 100 % , ou si je n'ai pas pu me lier davantage aux personnages, c'est parce que j'ai trouvé que la narration était un peu éparpillée, troublée, parfois incohérente. Trop des questions à la fin restent sans réponse, et j'aurais voulu que cette histoire soit creusée encore plus. C'est pour cela que j'ai un avis plutôt mitigé, même si je dois reconnaître que dans l'ensemble, j'ai adoré l'atmosphère créée par l'autrice, j'ai eu quelques frissons aussi. Comme idée, c'était prometteur et psychologiquement troublant !
Je dirai que malgré quelques petits bémols, ça reste un récit intense et vif avec quelques notes étranges.
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L'entrée en lecture n'est pas aisée, les points de repères n'étant donnés que plus tard, stratagème littéraire mettant le lecteur en quête de compréhension. L'auteur est roi.
Puis on s'y retrouve, le récit devient alors prenant et on se demande ce qui a pu se passer sur ce foutu terrain de sport.
De quoi s'agit il. Une mère et ses deux filles, donnons leur 15 et 16 ans, à un an près, ce n'est pas précisé, se retrouvent en campagne anglaise profonde - bord de mer lointain, dans une bicoque isolée et délabrée. Elles ont dû quitter leur ville d'origine pour cause d'on ne sait quoi s'étant passé sur le terrain précédemment cité. Septembre et Juillet, les soeurs étant dans le coup, qu'ont elles fait ?
Septembre et Juillet sont au centre du livre, la relation est fusionnelle, l'une dominante, l'autre dominée. Coupe toi avec un cutter, l'autre s'exécute, pas très sain tout cela.
La mère, dépassée et en dépression presque constante, le père absent puis mort. Ah, cette manie à la mode me too, d'éjecter comme cela les pères, on va finir par croire qu'ils ne servent à rien.
Pas étonnant le repli sororal.
Belle description des ados qui n'ont pas encore rempli toutes leurs cases encéphaliques et lorsque l'une d'elle ( vide ) est mise à contribution, cela fait mal. Et en plus, ils n'écoutent rien.
Bref, puis c'est le début de la fin. De la fin du livre. Des failles étaient apparues, on attend alors le dénouement, les explications. Elles ne sont que partielles, tel un vase brisé que l'on aurait recollé sans y mettre tous les morceaux.
Psychose, pathologie identitaire. C'est aussi un fourre tout littéraire et cinématographique où sous prétexte de folie, on fait faire n'importe quoi à n'importe qui fut il hitchcockien dixit Mister Hyde.
Soeurs, écrit tel un thriller avec une montée en puissance adroite, on se laissera prendre ou pas en laissant la vérité psychologique de côté.
Quant au pauvre John, un bon coup de jumelles, avec Septembre et Juillet, il fallait s'y attendre. D'ailleurs entre deux il y a le mois d' août, out en anglais, pauvre John.
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Deux sœurs mystérieuses qui entretiennent un lien chaotique. C’est une lecture asphyxiante et glauque dont on rêve de s’extirper et qui nous fascine pourtant. J’ai compris la conclusion trop vite mais celle-ci donne envie de reprendre le roman du début une fois qu’on l’a fermé.
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Ca commençait plutôt bien pour moi, malgré l'écriture heurtée. Il s'était passé quelques chose dans le lycée de Juillet et Septembre, deux soeurs très unies.
Un drame qui a obligé leur mère à partir avec ses filles dans une maison à la campagne.
C'est Juillet qui raconte ce qu'il se passe dans la nouvelle maison, avec parfois des indices sur le drame.
On sent la jeune fille sous la coupe de sa soeur aînée violente et en colère.
Et puis j'ai eu le tord de refermer le roman en son milieu pour aller me coucher, et le lendemain, je n'avais pas spécialement envie de le reprendre.
Je me suis tout de même obligée à aller au bout pour avoir le fin mot de l'histoire, mais en diagonale.
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J'ai suivi une recommandation de la Page des Libraires et je ne regrette pas du tout mon achat !
C'est une lecture belle mais éprouvante. L'autrice maîtrise à la perfection son fil narratif alors je ne veux donc pas trop vous en dire pour ne pas vous gâcher les sensations que l'on éprouve au fur et à mesure qu'on approche du dénouement.
Le roman parle d'une intense sororité et d'un non moins intense désir de s'en émanciper, dans un contexte d'adolescence malmenée par du harcèlement scolaire. Il parle de relations intra-familiales toxiques, d'emprise, de dépression et de troubles mentaux.
"[Septembre] est, je me dis alors, comme souvent, la personne que j'ai toujours voulu être. Moi, je suis comme découpée dans un univers tapissé d'étoiles moribondes, elle la créature qui comble ce vide que j'ai creusé dans le monde."
C'est une histoire complexe où aucune solution ne peut être à la fois évidente et sans douleur, où on se prend à culpabiliser de ressentir du soulagement. Au fur et à mesure que je comprenais de quoi il retournait, j'ai eu l'impression d'avancer à reculons pour ne surtout pas avoir confirmation de mes soupçons. C'est un roman émouvant mais qui, je pense, n'est pas à mettre entre toutes les mains car il est parfois cru et très "graphique".
J'ai d'abord été un peu rebuté par le style de l'autrice, fait d'un peu trop de phrases courtes à mon goût, mais sans même m'en rendre compte, c'est devenu plus fluide. J'ai été happée par l'appréhension et touchée par certains passages que j'ai trouvé très poétiques. Certaines analogies semblaient incongrues et pourtant pas dénuées de justesse.
"Son amour pour elles, c'était comme porter des courses jusqu'au sommet d'une colline. Parfois, elle se persuadait que ses filles voulaient creuser jusqu'à ses fondations et briser les briques de son corps pour s'y blottir à nouveau."
Et puis à plusieurs moments j'ai moi-même fait des analogies. La référence au tableau "Le cauchemar" de Füssli est pour moi évidente et volontaire. Mais j'ai aussi beaucoup pensé à "Carrie" de Stephen King, la jeune fille étant Juillet et ses pouvoirs étant incarnés par Septembre. Je ne sais pas si cette référence-là est volontaire mais Daisy Johnson a indiqué avoir beaucoup réfléchi au genre de l'horreur et à comment gérer une tension grandissante. Je ne serais donc pas surprise qu'il y ait du King là-dessous, bien qu'elle cite surtout Shirley Jackson.
"Sa première-née, semeuse de désastre, son enfant au nez ensanglanté qui tire Juillet derrière elle comme un cerf-volant. Parfois, quand Sheela la regarde, une peur la saisit, si forte qu'elle a l'impression qu'elle la prend par les épaules et l'emporte."
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"Soeur" est indiscutablement un roman troublant, qui baigne (voire noie !) le lecteur dans une ambiance malsaine diffuse.
Deux sœurs adolescentes, Septembre l'aînée et Juillet la cadette, ayant un lien quasi gémellaire du fait d'un mince écart d'âge, apparaissent comme une entité unique. Elles me font presque penser dans leur psychologie, à des sœurs siamoises, dont l'une aurait remporté à la naissance la majorité des organes vitaux, quand la deuxième aurait uniquement de son côté le minimum pour vivre, accrochée à sa sœur. L'auteur le traduit d'ailleurs très bien en qualifiant Juillet "d'appendice" de Septembre. Les deux sœurs et leur mère Sheela doivent quitter Oxford, leur maison et leur lycée, après un incident, pivot de l'histoire. Une maison délabrée, appartenant à la famille du père, les accueillera. Le récit naviguera donc entre "l'avant incident" et la vie actuelle dans cette maison isolée, qui semble presque en marge de la vie réelle.
Malgré une écriture parfois abrupte, et le fait de mener le lecteur dans des voies sans issue (cauchemar ou songe présentés comme la réalité), je ne peux que reconnaître un style et une qualité d'écriture qui concourent puissamment à construire un univers dans lequel on se sent mal à l'aise, confus, perdu, gêné, avec une envie de balancer un bon coup de pied dans cette fourmilière étrange, ouvrir en grand les fenêtres de cette maison où le temps ne semble pas s'écouler de la même façon, où la lumière ne rentre plus. Très vite dans le récit, le lecteur comprend que quelque chose cloche.
Il y a ce lien puissant entre ces deux sœurs, l'aînée dominant en tout sa cadette. Pourtant nées d'un même couple, ces deux enfants sont dissemblables autant physiquement que dans leurs caractères. L'une est blonde à la peau diaphane quand l'autre est brune à la peau mate. L'une est une meneuse, autoritaire, presque caractérielle, dont la colère couve, et dans une perpétuelle défiance vis à vis de sa mère. L'autre est effacée, partagée entre un amour inconditionnel et une soumission maladive à son aînée.
Les parents sont absents, intrus dans cette relation exclusive. Le père est décédée quand les deux enfants étaient plus jeunes. Un père décrit comme toxique, colérique, le modèle originel de Septembre. La mère est aussi effacée que sa fille cadette, Juillet : souffrant de dépression, elle semble traverser douloureusement ce récit, fantomatique, écrasée par une vie qu'elle subit.
La narration est principalement confiée à Juillet. Elle nous ouvre cette bulle étrange dans laquelle elle évolue avec sa sœur, avec la mère transparente en filigrane, leur non-relation aux autres, leurs jeux de cache-cache, leur défis "Septembre a dit que" faisant s'exécuter Juillet dans des actes allant jusqu'à la mutilation, destinés à prouver son obéissance.
Jusqu'à "l'incident", événement souvent évoqué tout au long du récit et dévoilé progressivement par bribe, jusqu'à être totalement explicité en fin de roman, éclairant tout le récit différemment. Si le dénouement est intéressant (et constitue le principal attrait de ce roman), une fois la pièce manquante du puzzle livrée, je n'ai que peu adhéré à la toute fin de l'histoire.
Je ne serai pas allée jusqu'à qualifier ce roman de gothique, trop peu d'éléments selon moi y concourent. Je le vois plus comme une plongée dans la douleur et une forme de folie. Je garderai surtout le souvenir d'un roman qui aura su dresser une atmosphère étouffante, déroutante et pesante, dont j'avais hâte de m'extirper.
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Soeurs de Daisy Johnson
Premières phrases : » Ma soeur est un trou noir
Ma soeur est une tornade
Ma soeur est le terminus ma soeur est la porte verrouillée ma soeur est un coup de feu dans l'obscurité. »
Elles sont soeurs, Septembre et Juillet quelques mois les séparent juste le temps qu'il faut au corps pour abriter à nouveau un petit être.
Et si Juillet la cadette est calme, posée, discrète, parfois trop, Septembre mène la danse.
C'est elle l'ainé qui décide, qui brave les interdits emmenant Juillet sur des pentes parfois trop glissantes. Faisant fi des interdits des convenances et des qu 'en dira-t-on, si Septembre veut, Septembre prend et si Septembre exige et dit alors Juillet s'exécute, elle n'a pas le choix car c'est ainsi que la règle de vie a été fixée.
Mais parfois le jeu va trop loin et après l'incident, les voilà contraintes avec Sheela, leur mère, de quitter leur quotidien à Oxford pour trouver refuge dans une vieille maison familiale, mais si la vie était si simple nous le saurions.
Un roman dur, fort, que j'ai dévoré, l'écriture est belle et juste. L'auteure nous entraine avec elle sur les traces de ces deux jeunes filles en devenir, Daisy Johnson, nous malmène et nous surprend .Je me suis égarée avec un tel plaisir, ces deux être indissociables m'ont terriblement émue.
Emma aime :
-Ces émotions qui jaillissent.
-Trembler pour Septembre.
-Trembler pour Juillet.
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Je suis complètement passée à côté de "sœurs". Je n'ai pas aimé l'histoire, je n'ai pas aimé la relation très particulière qui lie ces deux soeurs. Il n'y a qu'à la toute fin que j'ai compris et pu apprécier sous un autre angle ce roman. Il n'en reste pas moins que je n'ai pas trouvé toutes les qualités énoncées en 4ème de couverture ou encore dans les critiques lues jusqu'ici.
Je reconnais qu'il y a quelques belles métaphores mais pour moi cela n'a pas suffit à me convaincre. Je suis restée complètement à distance du lien entre ces deux soeurs.
Je suis peut-être particulièrement exigente lorsqu'il s'agit d'histoire de sœurs, j'en attends toujours beaucoup, à l'image de ce que je ressens et reçois de ma propre sœur.
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Juillet et Septembre sont soeurs, nées à quelques mois de différence seulement. Pourtant leurs différences sont remarquables et troublantes. Leur amour, leur relation, leur passion sont cependant extrêmes.
Soeurs, c'est le récit de leur arrivée dans une maison de famille, avec leur mère Sheela, dépressive et absente, suite à un évènement qui a chamboulé leur vie. Pour aller de l'avant et prendre un nouveau départ, un bol d'air à la mer semble être leur solution.
Juillet raconte alors. Elle raconte cette relation fusionnelle et destructrice entre elle et sa soeur, cette maison, cage froide qui semble renfermer tant de secrets. Elle raconte sa mère, absente, fuyante. Juillet, jeune fille perdue raconte l'adolescence et l'amour filial et sororal.
L'histoire de Juillet prend un tournant parfois fantastique. L'écriture de Daisy Johnson nous imprègne de ces jeunes filles, dans cette atmosphère sombre et moite, intrigante, effrayante, déroutante. Nous sommes manipulés avec justesse et poussés à percer les mystères de cette histoire.
Un roman ficelé agilement qui crée le malaise chez le lecteur en abordant le lien indéfectible entre ces deux soeurs. C'est noir, troublant, gothique, on adore !
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