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Critiques de Dalie Farah (90)
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Impasse Verlaine

Une écriture magnifique, intense et légère, drôle, couvant l’émotion à chaque page, franche et libre. Ce double portrait irradie l’éclat merveilleux de l’enfance.

Dalie Farah rayonne, infuse son tonus, son talent pour la vie, sa joie, pour notre plus grand bonheur. Les baffes pleuvent, les punitions rivalisent de cruauté et pourtant l’amour est là, immense, puissant, au-delà de tout.

Ma mère, ma passion : un sujet casse-gueule et inépuisable auquel l’auteure n’a pas eu peur de se frotter dans le sillage des plus grands. Avec brio.

J’ai adoré, j’ai dévoré. Un premier roman : vivement le deuxième !

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Retrouver Fiona

Glaçant ...

Lire à propos de l'infanticide ne vous pose pas de problème ni ne vous effraie ? Alors, oui, ce récit d'investigation autour de l'"affaire Fiona", qui fait écho au parcours de vie de l'autrice est très juste et intéressant. Mais âme de parents sensibles s'abstenir ...
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Le doigt

Roman autobiographique d’une clermontoise, professeure agrégée de français qui officie avec des classes difficiles et se trouve confrontée, malgré une volonté de bien faire à des problèmes récurrents souvent sans solutions. Le déclencheur de cette confession est un doigt d’honneur adressé et renouvelé à un automobiliste indélicat et violent. L’écriture est originale, directe avec une bonne dose d’auto dérision, et met en évidence la situation d’une Education Nationale qui ne parvient pas à réduire les inégalités sociales
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Impasse Verlaine

Je viens de refermer, presque à regret, ce livre... J'ai l'impression de l'avoir lu trop vite, j'ai eu bien du mal à le lâcher.

Quelle vie, mais sublimée, transcendée par une écriture lumineuse et pudique.
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Retrouver Fiona

Méfi, voila du chef d’œuvre d’une autrice clermontoise, professeure de français à Thiers. A ne pas confondre avec l’infâme Thiers dont on a collé le blaze sur un Lycée et deux rues à Marseille.



La talent qui n’est qu’une sale manie sans travail, donc le talent de Dalie Farah m’était apparu pour Impasse Verlaine, un roman autobiographique sur son enfance et sa mère algérienne, déportée en Auvergne à la faveur d’un mariage non souhaité. Dalie, ou son héroïne qui grandissait dans l’impasse Verlaine à Clermont-Ferrand, sera sauvée par ses profs et l’impasse deviendra un boulevard pour la littérature. Dalie Farah explique qu’elle mâchouille les mots. Mais pour nous, ce n’est pas de la bouillie. La langue est claire, les phrases courtes et percutantes. On ne s’endort jamais. Ce qui est aussi un problème..Soit dit en passant.



Cette fois, Dalie Farah s’empare d’un fait criminel qui fut l’imaginaire enlèvement et la véridique disparition de la petite Fiona, âgée de 5 ans au parc Monjuzet de Clermont-Ferrand le 12 mai 2013. Elle va suivre les procès de la mère et de son compagnon et raconter de la salle publique, les errements de l’enquête, les envolées des avocats ou les diatribes des procureurs. Elle va surtout raconter les mots de la salle d’audience qui porte bien son nom, les mots vengeurs du public, les mots de la foule contre la mère infanticide. Ou supposée car le corps de Fiona n’a jamais été retrouvé.” …Le poids du corps pèse encore de son absence…” Entre misère et toxicomanie, on entre par effraction de le passé des accusés comme dans celui de l’autrice. Quid du père de Cécile Bourgeon, étrange refoulé et de sa mère, remariée à Perpignan.



Vies mêlées de l’autrice dont le parcours a dévié de sa trajectoire sociale et de Cécile, la mère de Fiona. Leurs mères ont travaillé à la laiterie de Theix, celle de Berkhane, son compagnon et co-accusé, n’a pas non plus choisi son mari d’Algérie et a enchainé les grossesses. Et tant d’autres détails qui disent la proximité entre Dalie et le couple maudit. Dalie Farah a été animatrice aux Vergnes où habitait Berkhane et où moi même j’ai été animateur à m’occuper d’enfants perdus, d’enfants qui se détruisaient dans la violence.



Au travers des rapports d’expert se lisent des portraits de nos pauvres tueurs d’enfants, de ces grands enfants qui ont tué leurs enfances dans la peau d’une petite, la petite Fiona, qui fut la somme de leurs malheurs, et pas l’ultime.



Dalie Farah ne cesse de se demander ce qui l’attire vers cette violence, vers cette enfance de pauvreté des deux accusés, eux mêmes battus ou violés, eux mêmes en recherche d’identité et d’équilibre. En somme pas les Thénardier décrits par l’avocat général qui trouve enfin l’occasion de coffrer une légende dans du Victor Hugo. Dalie Farah a un regard fin et plein d’humour sur la comédie judiciaire. Parfois elle nous fait rire sur l’époque avec une blague sur l’immortel académicien VGE, qui s’est éteint sous les feux du Covid.Mais elle revient sur l’origine de la violence avec acuité: “Personne ne frappe aussi fort que la vie“, écrit elle. Et la vie ça cogne. Pour les pauvres, ça assomme aussi.



Le procès de Lyon en appel est ainsi raconté comme un conte lorsque le président du tribunal prend la parole: “Il était une fois dans un pays lointain et auvergnat un immense parc et une mère qui faisait semblant d’avoir perdu sa fille.”



Si vous ne donnez pas le prix Goncourt à ce livre, vous n’avez rien compris.



BILLET DE BLOG par Christophe Goby, 24 avril 2023


Lien : https://marsactu.fr/agora/me..
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Impasse Verlaine

Ce récit autobiographique est l'histoire de deux enfances cruelles et joyeuses, l'histoire d'une mère et de sa fille liées par un amour paradoxal. Grâce à sa plume poétique et pleine d'humour, l'auteure nous raconte son enfance en Auvergne, un texte émouvant et assez poignant, récompensé dernièrement par la société des gens de lettres avec le prix Dubreuil du 1er roman.
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Impasse Verlaine

Dans ce premier roman Dalie Farah nous trace le double portrait d'une mère, presque encore une enfant, et de sa fille sur fond de guerre d'Algérie et d'immigration. C'est un sujet rebattu avec tous ses poncifs: guerre d’Algérie, torture, vie dans le Maghreb, difficulté d'intégration, mariage de la mère à 15 ans avec le premier venu, un veuf de 20 ans son aîné, qui l’emmène en France. Mais avec quelle force Dalie Farah nous entraîne dans son récit! Récit que j'imagine assez autobiographique.

La mère, enfant, avait déjà un fort caractère et essayait de se rebeller contre le carcan des coutumes ancestrales. Elle qui fut élevée dans la violence, sans amour maternel, reproduit avec sa fille un schéma similaire. Mais pas de pathos dans ce roman, la narratrice qui dit «je» est vive, enjouée, emplie d'autodérision. Et c'est cette éducation qui fera d'elle une femme libre, au contraire des femmes de sa lignée soumises au mari et aux traditions.

J'estime que ce récit d'une enfance berbère puis de l'intégration est en fait assez universel. On y entend résonner les cris de femmes au verbe haut qui font tout leur possible pour s'en sortir et élever leurs enfants avec l'espoir qu'ils auront une vie meilleure.

J'aurais aimé savoir si les frères et sœurs s'en sont aussi bien sortis que la narratrice.

J’attends aDalie Farahvec impatience le prochain roman de Dalie Farah,

#ImpasseVerlaine #NetGalleyFrance


Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Impasse Verlaine

Un premier roman étonnant et époustouflant ! En tout ! Les mots ciselés qui font mouche, les émotions, les descriptions des corps, la violence sourde ou criante, le rire malgré tout, la vie et la joie ...Un roman qu'on ne lâche plus mais qu'on voudrait ne jamais finir, alors j'ai ralenti, j'ai dégusté à petites gorgées pour me délecter de toutes ces saveurs offertes. C'est puissant et c'est à lire.
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Impasse Verlaine

J'ai virevolté dans les montagnes et les rues avec les petites filles innocentes. J'ai aimé ça. Ma lecture fut très agréable, je n'ai pas dévoré, j'en avais très envie mais j'ai préféré savourer la pertinence des phrases méticuleusement ironiques et pourtant si franches, j'ai aimé ça. Nos vies se ressemblent. L'écriture de Dalie Farah nous ramène à une enfance commune, elle touche à l'universel car nos enfances sont ce mélange de terrible métamorphosé sous le regard poétique et sublimateur de l'enfant. La petite fille est devenue adulte et sait maintenant retranscrire toutes ses sensations. On ne survit que par soi-même, c'est vrai. "Vivre le pire et le meilleur transforme les jeunes filles en rebelles silencieuses qui pédalent comme des championnes." C'est vrai.
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Le doigt

Le doigt dont il est question, c’est le majeur, celui que l’on dresse lorsque l’on insulte sans prononcer un mot.



C’est ce que fait cette professeur agrégée de Lettres Modernes devant son lycée à un automobiliste qui l’a klaxonné. Un geste qui ne restera pas anodin.



Et l’auteure de nous expliquer que cette jeune professeure a foi en son métier, auréole au vent et Molière en bandoulière. Une hussarde noire des lycées qui y croit, verrouille tout jusqu’à ce que le petit grain de sable de la violence fasse irruption.



Cela aurait pu être un livre passionnant sur l’origine de la violence : celle subit par la jeune prof depuis son enfance, celle contre laquelle elle oppose Racine. Mais le style de l’auteure, trop haché, trop rapide, ne m’a pas permis de m’installer dans son livre.



J’avais pourtant aimé les citations à chaque début de partie. Oh, pas celles de Grands Auteurs mais plutôt de lycéens, comme un contre-pied amusant.
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Impasse Verlaine

Les relations étroites entre une mère et sa fille et le comportement, parfois violent, qui se transmet ainsi de génération en génération, ont fait couler beaucoup d'encre. La génétique y a sa part, c'est entendu, mais aussi l'éducation et le désir d'imiter ses parents pour gagner ou conserver leur amour. L'histoire, largement autobiographique, que nous conte Dalie Farah, ne déroge pas à la règle. Dès son plus jeune âge, la narratrice subit les coups et les punitions et vexations diverses et variées que lui inflige sa mère, elle-même victime dans son enfance des mêmes sévices. Le dépaysement pour la France, en provenance de sa Berbérie natale, n'y change rien, on transporte son fardeau avec soi, que l'on soit bergère dans les Aurès ou femme de ménage dans une cité de la banlieue clermontoise. La petite maghrébine, qui va échapper grâce à l'école au destin habituellement réservé aux filles, s'aperçoit, une fois arrivée à son tour à l'âge adulte, qu'elle porte les mêmes stigmates que sa mère, son physique mais aussi cette violence que la culture contient mais qui ne demande qu'à s'exprimer à la première occasion. Un beau portrait de deux femmes qui s'aiment et se détestent en même temps tant elles se ressemblent, une plongée dans l'univers trouble des relations mère-fille, contée dans une langue belle et n'hésitant pas à braver la grammaire pour atteindre à l'essentiel: nous émouvoir. Un premier roman réussi, dont on attend la suite pour gratter un peu plus la carapace de cet univers familial si étrange et pourtant si universel : quid de la fratrie, que l'on sait nombreuse mais dont on ignore tout, ou presque, tant le regard de la narratrice est centré sur sa mère ?
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Impasse Verlaine

Amatrice de premiers romans, à la recherche de fraîcheur, de nouveaux univers, d'une pépite, j'ai trouvé tout cela et bien plus dans "Impasse Verlaine", premier roman de Dalie Farah.

C'est l'histoire d'une jeune algérienne, Djemaa ou Vendredi en français car elle est née ce jour-là, donnée en mariage à 15 ans à un manœuvre algérien qui travaille en France, de 20 ans son aîné parce que sa mère, veuve, a trop de bouches à nourrir et parce que Vendredi est trop fantasque, ingérable car éprise de liberté qui est un rêve inatteignable pour une femme dans l'Algérie des années 60-70.

Enceinte de la narratrice, qui a de nombreux points communs avec l'auteur, elle accouche en France en 1973 après avoir essayé de se débarrasser par tous les moyens de son bébé in utéro; la relation mère-fille commence donc sous de très mauvais auspices.

Et cela ne s'arrange pas car Vendredi reproduit le schéma qu'elle a connu avec sa propre mère qui la battait, lui faisait faire tous les travaux domestiques répugnants, l'empêchait même de rêver. Vendredi ne manifeste aucun amour pour sa fille, elle la bat pour un oui et pour un non, elle la traite comme une esclave; une part de jalousie et de honte renforce probablement le rejet car elle est dépassée intellectuellement par sa fille qui, elle, sait lire et écrire et dont elle est dépendante pour tous les actes administratifs de la vie quotidienne. Vendredi vit mal d'avoir quitté son Algérie bien-aimée et le fait également payer à sa fille.

Aucun pathos dans cette terrible et violente relation mère-fille même si on est ému aux larmes par l'attente de la petite fille d'un geste d'amour de sa mère qui ne viendra jamais. Dalie Farah manie à merveille l'humour et l'ironie pour aborder des sujets douloureux comme l'exil, l'identité, la répétition du schéma maternel et bien d'autres.

Il émane de ce roman un incroyable appétit de vivre de la part de la fillette; les mots et la littérature qu'elle dévore en cachette l'aideront à se libérer de cette relation toxique lorsqu'elle comprendra qu'elle court après une chimère en voulant être aimée de sa mère.

Un superbe roman , porté par une magnifique écriture tendre et incisive qui restera encore longtemps en moi.

Je finis par une citation du roman que je livre à votre réflexion : " on peut survivre à tout quand on survit à sa mère".
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Impasse Verlaine

La loi "anti-fessée", la narratrice de ce roman aurait certainement voulu qu’elle soit votée beaucoup plus tôt. Elle ne donne pas son nom, on peut soupçonner une large part autobiographique, mais cette femme qui a connu une enfance difficile, s’est forgé un caractère résilient et déterminé, sans ressentir de haine envers les personnes qui l’ont martyrisée, sa mère en particulier.



Ce roman aborde la relation mère-fille au travers d’une transmission particulière, sur fond d’immigration. L’amour maternel se manifeste beaucoup plus violemment que par la tendresse et la douceur.

L’histoire commence d’abord en Algérie, dans les années 50-60 où la narratrice nous raconte les relations entre sa mère, appelée Vendredi, et sa grand-mère. Vendredi est une fille vive, effrontée, elle ne tient pas en place. Adulée par son père, elle assiste impuissante à sa mort d’une manière barbare par des soldats. C’est une enfant à ce moment-là, et sa mère, déjà démonstrative de son amour à coups de poings et de pieds, va renforcer sa violence envers ses filles, qu’elle considère comme des fardeaux, Vendredi étant la plus teigne de toutes. L’histoire continue en France dans les années 70 à 90, à Clermont-Ferrand, impasse Verlaine, où Vendredi, mariée à l’adolescence contre son gré, y élève ses enfants et perpétue la tradition maternelle dans la démonstration d’affection envers sa fille ainée, la narratrice. Cette dernière se fait alors une promesse, celle de quitter l’impasse Verlaine.



L’écriture est percutante, incisive, empreinte d’humour aussi, l’humour caustique de la narratrice à la fois endurante et résignée. J’ai aimé découvrir le portrait de cette femme forte, qui ne s’est pas laissée abattre à l’adolescence, au contraire. C’est tout à son honneur de ne pas déverser de propos haineux à l’encontre de sa mère dans ce roman. Pour elle, ces coups étaient une marque d’amour de la part de sa mère, qui n’a pas su démontrer sa tendresse autrement dans une culture où l’affection ne se manifeste pas par des effusions.



Enfin, je terminerais en rajoutant qu’entre la maltraitance et l’interdiction de la fessée, il y a ce qu’on appelle l’équilibre, la juste mesure.

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Le doigt

Un ami FB (Samsagace) livre sur le réseau une critique élogieuse de ce bouquin ; l’auteur répond direct ; je me dis, chouette ! Une auteure proche de ses lecteurs ! Bon, en fait, l’ami en question est prof de lettres, elle aussi, en fait ils se connaissent, je suppose. N’empêche. Comme cet ami-là a toujours été de bon conseil pour les lectures, je m’empresse de commander l’ouvrage auprès de mon libraire. Je l’ai lu hier soir, quasi d’une traite. Et je ne sais qu’en penser.

Le style est vraiment très agréable, facile à lire, percutant, avec ce genre de reprises et de métaphores qui le rendent poétique aussi. Par contre, il manque cruellement d’humour. J’ai voulu me dire que non, ce n’était pas sérieux, que c’était pour rire ces prises de position absurdes… mais même en essayant de détourner, non non, c’est sérieux, rien à faire, la colère est tellement là qu'on la sent poindre à chaque phrase.

Donc oui : le texte, le sujet, ça m’a agacé, profondément. Parce que c’est un récit autobiographique qui manque pleinement de recul. Parce que l’histoire (à priori c’est celle qu’elle raconte dans impasse Verlaine) de son enfance, qu’elle brandit comme un étendard, et même pire, comme une excuse, ça n’a rien de très original. Parce que là-dedans, elle mélange des tas de choses sans rien approfondir. Parce que sur le point de départ, qui est la baffe qu’elle reçoit après avoir fait deux doigts d’honneur à un mec, et qui sous-tend du coup tout le roman, elle fait comme si elle était parfaitement innocente, et j’ai trouvé ça compliqué d’adhérer, de me prendre d’amitié pour le personnage, de l’accompagner dans sa démarche.

Pour faire bref, il y a trois choses dans ce roman :

- Les actes de violence qu’elle a connus en tant que prof, au nombre de trois : un gitan du nom de Django qui l’a frappée, un Jonathan qui l’a insultée, et pour finir ce Laurent qui lui en a collé une.

- Le travail sur elle-même qu’elle va conduire pour essayer de comprendre pourquoi ça lui arrive à elle et pas aux autres, pourquoi la violence fait partie intrinsèque de son être

- Et un plaidoyer contre l’éducation nationale, qu’elle avait érigée/glorifiée/piedestalée ( !!!) et qui l’a lâchée, la fin de ses aspirations messianiques auprès de ses étudiants.

J’ai repensé souvent dans ce roman à Magyd Cherfi et aux deux romans que j’ai lus il n’y a pas si longtemps (La part du Gaulois/La part du sarrazin) : Cherfi et Farah ont en commun cette enfance habitée de violence, cet amour des lettres pour s’en sauver, et la réalisation par l’écriture. A part que chez Cherfi, il y a beaucoup d’humour, il se moque de lui-même et de ses poussées de violence, il est cynique, ironique, il explique oui, mais il ne se donne pas d’excuses. Chez Farah, on est à mi-chemin entre le roman exorciste et la confession romanesque, on a l’impression qu’il n’est pas fini ce roman, qu’elle s’y donne en pâture en espérant qu’on la prenne par la main, ce n’est d’ailleurs pas qu’elle l’espère, elle ne voit pas comment on pourrait faire autrement. Alors j’ai pris la tangente, je ne supporte pas qu’on me dicte ce que je dois faire.

Mais j’ai vraiment bien aimé le style, oui…

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Impasse Verlaine

Histoire de l'émigration en France d'une algérienne,puis de sa fille,elle,née en France maltraitée;émigrée martyrisée dans osn enfance elle reproduit le même schéma dans son foyer;l'action se situe à l'indépendance et dans ces années là les violences faites aux femmes ne sont pas reconnues ici ;ce livre est d'une cruauté rare et difficile à supporter,et je ne pense pas que dans les foyers défavorisés et arabes la condition féminine ait beaucoup évolué;le style est sans effet,ça se lit facilement et le départ de la fille donne une note d'espoir.

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Impasse Verlaine

Voici un livre dont on a du mal à se détacher. Dès le début, j'ai compris que ce serait un bon livre. Dans le domaine contemporain, je suis souvent freinée par l'écriture un peu facile, nominale et journalistique, et beaucoup de livres me tombent des mains. Certains livres, comme Chanson douce avec sa nounou tueuse, m'ont paru bien plats en dehors de leur sujet qui tient le tout.

Le sujet ne suffit pas... Il faut une écriture pour le servir. Et Dalie Farah, si elle tient un sujet fort, ne se laisse pas aller aux facilités contemporaines.

Elle parvient à la retenue et à la franchise à la fois. Elle distille de la poésie, sans jamais tomber dans la formule facile. On savoure au passage quelques petites phrases qui sonnent juste et au bon moment.

On veut savoir, on rit, jaune parfois. C'est fort et surtout, très bien écrit.

J'ai aimé le passage à l'hôpital, j'ai aimé plein de petites choses entre les lignes aussi. Je me suis attachée très vite à cette petite fille.

Dalie ne cherche pas le pathos, elle ne cherche pas non plus à l'éviter. Elle se concentre sur le style.

Les moments marquants, même s'il y en a beaucoup : quand la petite fille apprend l'existence des Juifs et de la Shoah, tout cela noyé dans un cerveau pris dans son quotidien, qui cuisine ; les Mon Chéri offerts à la mère pour lui plaire ; le joli moment du papier peint et des "au secours", tout en subtilité.

L'auteur réussit en plus à ne faire détester personne, ce qui est encore plus fort, car la mère aussi est attachante malgré tout.

Pas de misérabilisme, celui auquel l'époque nous habitue. Et pourtant, avec un tel sujet, ça aurait pu être très risqué.



Voici un lien vers l'article de Stéphane Maltère, qui en dira plus sur l'histoire : http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/les-anciens-et-les-modernes/content/1949119-dalie-farah-impasse-verlaine-nul-ne-guerit-de-son-enfance





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Stop

Manifestation littéraire en marche pour 68 plumes afin de dire Stop !

Témoignages, hommages, constats, revendications, actes de résistance, rébellion, colère… des lignes et des mots, des dessins, des poèmes, des messages à faire passer, à hurler pour qu’ils sortent du silence où l’on tente trop souvent de les museler.

C’est publié à La Manufacture de livres qui reversera tous les bénéfices à diverses associations travaillant à l’échelle locale.

À lire de toute urgence.
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Le doigt

Le livre pourrait s’intituler « Autopsie de nos incivilités », ce que l’on nomme ainsi maintenant, le fourre-tout de nos comportements agressifs et des agressions qui en découlent. C’est aussi un livre sur l’école, ce qui s’y passe, ce qui se joue entre adultes au sein de l’institution, d’une criante actualité.



Ce livre dit surtout le travail de la violence dans la vie de l’adulte dont l’enfance a été maltraitée, qui occupe le terrain, perpétue ses méfaits. Finement, profondément, est montré là que d’une enfance ravagée par la violence on ne sort pas, on avance avec, en se poussant, en se mentant, en s’arrangeant, en buttant, en précipitant des chutes, en se relevant, en se débrouillant au sens littéral du terme.

Reste le style et le ton utilisé, Dalie Farah le sait et le dit, elle en fait trop, trop dans le flot des mots dispersés, trop à forcer la légèreté du ton par moment. Et trop aussi à semer la confusion chez son lectorat par une structure du texte qui éparpille les chapitres consacrés aux situations étudiées et fait fi de toute chronologie. Emmêler la pelote pour mieux parvenir à la démêler est une vieille tactique de tricoteuse qui a fait ses preuves mais encore faut-il se saisir du fil lorsqu’il se présente et le tirer, ce que ne fait pas l’autrice et son propos, de fait, au lieu de se révéler et se comprendre en lien à l’évolution de sa perception et de sa réflexion face aux événements semble plaqué là comme une vérité assénée et perd de sa puissance. Dommage.
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Retrouver Fiona

J'ai beaucoup aimé son livre précédent et je ne suis pas déçue de celui-ci. L'auteure s'attaque à un fait divers : une petite fille disparue dont le corps n'a jamais été retrouvé. Au centre de l'histoire, une mère ou du moins une femme qui se reproduit comme on obtient des bons points. Par le biais de son histoire, l'auteure nous parle de la mère, de son histoire, de ses vides et de la difficulté d'être mère de façon générale et de façon particulière. Elle parle d'elle, elle parle de nous. J'ai apprécié son point de vue et je continuerai à suivre les écrits de cette auteure.
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Le doigt

Je n'ai pas lu le premier roman de cet auteur (ce que je vais m'empresser de faire), mais je suis tombée dans son dernier et j'ai adoré. Le titre déjà : tout un programme et un symbole (digitus impudicus : un phallus et des testicules pour éloigner les mauvais esprits), et puis l'histoire : celle d'une enseignante, agrégée de philosophie, qui dans un matin brumeux de l'Auvergne profonde, se dirige vers l'établissement où elle enseigne. Elle traverse en dehors des clous (pas bien), se fait klaxonner par un automobiliste : 1er doigt de la prof et un deuxième, parce que ... et ben parce que.

Et c'est ainsi que commence l'histoire de cette jeune femme, que d'autres lecteurs, ont rencontré dans son roman antérieur, qui a connu très tôt la violence, l'agressivité et la misère. Elle a trouvé dans les livres, la connaissance, une "famille" : sa ténacité et son intelligence l'ont mené à l'agrégation et elle est devenue prof. C'est vrai que je ne comprends pas encore comment l'Education Nationale peut demander un tel niveau d'étude pour enseigner souvent à des élèves privés de mots et qui s'expriment plus par la violence de leurs gestes que par le verbe.

Nous allons apprendre au fil de la lecture de ce texte incisif, nerveux et drôle/amer, que l'enseignante a été confrontée déjà plusieurs fois dans le cadre de son travail à la violence, mais qu'elle s'accroche terriblement pour garder la foi dans son travail, alors que l'Education Nationale se délite entre réforme, contre-réforme délivrées par des instances qui ne connaissent pas le quotidien de ses salariés. Elle me plaît beaucoup Dalie Farah avec cet amour chevillé au corps que la connaissance, l'ouverture sur le monde, les livres peuvent vous sauver et l'ont sauvé. J'ai beaucoup pensé à mes parents qui sont nés à une époque où étant donné leurs milieux sociaux après le certificat d'étude, c'était le travail dans les champs ou l'usine. Ils n'ont pas eu l'opportunité de s'élever par les diplômes. Cette jeune femme a abattu les murs autour d'elle avec les livres

Je ne suis pas sûre que son doigt (enfin ses doigts) était une réponse au conducteur : il symbolise sa colère, son sentiment d'impuissance car l'école n'est plus le tremplin d'où l'on peut s'élever, mais représente une "prison" pour certains élèves et leurs parents. Un livre qui vous secoue bien et un auteur découvert par hasard, mais que je vais suivre avec délectation.
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