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Critiques de Dashiell Hammett (192)
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Le faucon maltais (Le faucon de Malte)

Le Faucon Maltais est sans doute le roman le plus connu de Dashiell Hammett, notamment en raison de la très grande adaptation cinématographique qu'en a faite John Huston avec, dans le rôle fameux de Sam Spade l'inimitable Humphrey Bogart. Celui-ci accèdera via ce film au rang de véritable star hollywoodienne ; rang qu'il n'occupait pas auparavant.



La Faucon Maltais est peut-être le roman le plus exotique de Dashiell Hammett, au travers de ses incursions dans le temps (histoire ancienne) et dans l'espace (géographie au long cours), mais malgré tous ces " plus ", c'est à ce jour, celui qui m'a le moins plu de son auteur, moi qui avait littéralement adoré Moisson Rouge et L'Introuvable.



Le début du livre me semble un peu poussif et franchement moins réussi que ce que l'auteur a su faire ailleurs. De même, contrairement à ce qui est le cas d'habitude, le héros, le détective privé Samuel Spade, a parfois des allures de superman extra-lucide ce qui diminue, selon moi, son crédit. Dans les deux romans sus-mentionnés, le héros, tout autant détective privé, me paraissait plus friable, plus fragile et, du même coup, plus authentique.



Bien sûr, ce personnage du détective privé malin, dur à cuire, à la moralité parfois douteuse, un brin porté sur la boisson et intraitable avec la police est un pilier majeur dans l'histoire du polar et du roman noir. Mais ce que j'y vois, moi, surtout, c'est Dashiell Hammett lui-même. Un écrivain qui n'a pas fait qu'écrire, qui a lui-même risqué sa peau en tant que véritable détective privé, qui s'est même carrément opposé à l'appareil d'état américain lors de la chasse aux sorcières organisée par le député McCarthy et que cet appareil d'état n'a pas hésité à briser, pour le punir de son insoumission, alors même qu'il avait fait montre d'un patriotisme et d'un sens du dévouement pour son pays hors du commun.



Hormis ces quelques points et un scénario qui se ficelle, somme toute, un peu trop bien, cette lecture reste un moment très agréable et le final est vraiment intéressant. Le personnage le plus captivant étant, d'après moi, la superbe, inquiétante et indomptable Brigid O'Shaughnessy qu'on sent absolument capable de tout pour arriver à ses fins.



C'est d'ailleurs par elle et ses charmes que tous commence lorsqu'elle arrive aux abois à l'agende des détectives privés Spade & Archer indiquant qu'elle craint pour la sécurité de sa jeune sœur qui se trouve sous l'emprise d'un homme qu'elle juge dangereux.



Sam Spade a à peine le temps d'écouter l'histoire de la jeune femme que son associé Archer se propose de tout de suite prendre en charge cette affaire, subjugué qu'il est par les charmes de la cliente.



Spade voit la chose d'un œil dubitatif jusqu'à ce que très vite on lui rapporte la mort à la fois de son associé et de l'homme qu'il était censé suivre. Il apparaît également que de jeune sœur il n'y a probablement jamais eu et que la cliente a en fait donné un nom d'emprunt.



Tout à coup, la filature l'enquête prend un tour beaucoup plus intriqué, sachant que la police soupçonne Sam Spade d'être à l'origine de la mort de son associé car elle découvre vite que la femme d'Archer était la maîtresse de Spade.



Viennent encore s'adjoindre un Grec au nom à consonance égyptienne et un mystérieux objet d'art qui semble être la cause de bon nombre des péripéties qui se succèdent au bureau de l'agence de Sam Spade. Mais vous comprendrez aisément qu'il m'est difficile d'en révéler davantage à ce stade de l'enquête sous peine d'éveiller les soupçons des véritables coupables et de leurs commanditaires.



En somme, un bon polar, pas non plus exceptionnel, et dont on peut considérer que l'adaptation cinématographique vaut amplement le livre, l'une étant très fidèles à l'autre (j'ai vu le film il y a quelques années mais dans mon souvenir, ça colle parfaitement au roman). Néanmoins, sachez conserver votre œil d'aigle et ne perdez pas votre latin à Malte car ce n'est bien évidemment qu'un avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La clé de verre

La Clé De Verre, c’est encore du très bon Dashiell Hammett ; c’est encore l’Amérique de la Prohibition comme si vous y étiez ; c’est encore un tempo à vous couper le souffle si l’on considère que l’œuvre fut écrite en 1931, soit il y a bientôt quatre-vingt-cinq ans.



Vous en connaissez beaucoup, vous, des livres écrits il y a autant de temps et dont le rythme arrive encore à vous tenir en haleine, vous qui êtes désormais habitués à des romans qui vont à deux cents à l’heure avec des intrigues à échafaudages multiples (un peu comme le Centre Pompidou mais en plus beau).



Cette fois-ci, Dashiell Hammett nous convie auprès des gros bonnets de la politique dans une ville d’importance moyenne qu’il nous laisse le soin d’imaginer et qui s’inspire probablement de plusieurs villes réelles compilées. Cette écriture est contemporaine de la prohibition, bien sûr, mais aussi du tout début de la Grande Dépression des années 1930 suite au fameux crack boursier de 1929.



Cette ville est largement corrompue et gangrenée par les cartels de bootleggers qui se partagent la ville et qui essaient de se dévorer les uns les autres. Paul Madvig est un politique important de la ville (on ne sait pas au juste quelle fonction il occupe, mais très certainement proche de celle d’un maire) doublé d’un tenancier de speakeasy, ces lieux prohibés où l’on servait de l’alcool de contrebande et où l’on se faisait de l’or (lorsqu’on était le gérant, bien sûr, les consommateurs, eux, y perdaient plutôt).



L’auteur a choisi pour nous servir de narrateur Ned Beaumont, l’homme de main, le conseiller politique et le bras droit de Madvig. Ce n’est pas un détective privé mais il en a plus ou moins toutes les caractéristiques : il voit tout légèrement avant tout le monde et n’a pas froid aux yeux. C’est un atout indispensable dans la manche du politique. Par contre, c’est un joueur invétéré et qui ne refuse jamais de s’envoyer un verre ou deux derrière la cravate.



La ville est sur des charbons ardents puisque la période des élections arrive au grand galop et que tout le monde cherche à placer ses pions, soit pour conserver ses positions, soit pour en gagner de nouvelles. C’est le cas, par exemple, de Shad O’Rory, principal opposant à Paul Madvig dans le contrôle de la vente illicite d’alcool. Le moment est donc mal choisi pour un scandale susceptible de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.



C’est précisément ce qui se passe lorsque le fils d’un sénateur très proche de Madvig est retrouvé mort à deux pas du logement de ce dernier, lui qui est candidat à sa propre succession. C’est d’ailleurs Beaumont qui découvre le corps sans vie de Taylor Henry un soir où il se rend chez son patron.



Cette enquête s’avèrera, comme vous pouvez vous en douter, un véritable sac de nœuds. On y apprendra que le jeune Henry avait une liaison secrète avec la fille de Madvig et que Madvig est, quant à lui, raide dingue de la fille du sénateur, sœur donc de l’homme retrouvé mort auprès de son domicile.



Quelle part les affaires sentimentales tiennent-elles dans cette affaire ? Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler. Et que dire de la place tenue par le monde des affaires et de la politique dans cet imbroglio ? Vous n’en saurez pas davantage, à moins que vous ne décidiez de mener vous-même l’enquête.



En somme, un très bon roman noir, qui mêle habilement la politique, le business, les histoires sentimentales et le parfum de l’air du temps aux États-Unis au tournant des années 1920-1930. Je lui reproche simplement, après un début et un milieu que je trouve excellents, un petit fléchissement aux alentours des deux tiers ou trois quarts de l’ouvrage, où l’on sent l’intensité chuter un peu, d’où mes quatre étoiles et non cinq. Mais l’ensemble demeure très agréable, plus encore que Le Faucon Maltais, selon moi.



Ceci dit, ce n’est là qu’un avis très fragile, qui casse comme du verre, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Introuvable

AAAAAHHHHH ! Ça c'est du polar comme je les aime ! Le genre de livres qu'on ouvre un soir avant d'aller dormir et qu'on ne referme plus avant d'avoir tourné la dernière page au petit matin et qui vous aura coûté une nuit blanche et énormément de plaisir. D'ailleurs l'appellation roman noir conviendrait peut-être mieux, quoiqu'il s'agisse, au sens le plus noble et le plus strict de l'expression, d'un roman policier.



Aiguisons votre fibre d'enquêteur... voyons, voyons. Si je vous dis qu'il s'agit d'un p'tit gars né exactement le 27 mai 1894, mort en 1961, qui a fait la guerre, qui a eu des démêlés avec les autorités de son pays, hum ?... qu'est-ce que vous me dites ?... Louis-Ferdinand Céline. Ouais, pas mal, tout colle, les indices semblent révélateurs, mais je vous dis non, vous faites fausse route.



Le 27 mai 1894, aux deux antipodes de l'Atlantique sont nés deux monstres de la littérature. L'un s'appelle Céline et l'autre c'est évidemment Dashiell Hammett. Leurs lignes de vie sont incroyablement ressemblantes, si ce n'est qu'on a reproché à l'un d'être un peu trop à gauche et à l'autre un peu trop à droite.



Effectivement, hormis ces quelques points communs, on n'a évidemment pas tout à fait affaire au même bonhomme. Celui qui nous intéresse aujourd'hui avait une paire de couilles absolument énormes et a fait mille trucs dangereux dans sa vie, au premier rang desquels on peut citer le fait de se déclarer communiste en pleine chasse aux sorcières et de refuser systématiquement de balancer des gens et de se trouver des alibis, alors même qu'il n'avait absolument rien à se reprocher, juste par principe, parce qu'il n'aimait pas qu'on l'oblige à dire ce qu'il n'avait pas envie de dire.



Ça lui a coûté à peu près tout ce qu'il possédait, ça lui a flingué sa carrière littéraire, mais, rien à faire, il ne plia pas. Bref, j'ai beaucoup d'admiration pour l'homme, (sauf peut-être son côté alcoolique très prononcé) et peut-être plus encore pour l'écrivain.



J'ai souvent exprimé ici mes regrets de voir des romans policiers au scénario impeccable, avec tous les ferments d'un sublime morceau de littérature, malheureusement gâchés, ou partiellement gâchés, par une écriture trop faible ou des facilités de style.



Ici, rien de tout ça, et c'est ce qui en fait le prix à mes yeux. Vous êtes menés de main de maître tambour battant sur la piste d'un criminel, ça, c'est tout à fait ordinaire de nos jours, mais rien n'est lâché quant au style, nerveux, incisif et pourtant littérairement solide, ce qui est déjà nettement plus rare. Selon moi, la très, très grande classe en matière d'écriture policière.



Le livre a été écrit en 1934. Non, vous ne rêvez pas, 1934, quatre-vingts piges et ça sent encore le frais comme si vous veniez de le déballer. La traduction française de 1950 est elle un peu moins fraîche mais encore très convenable et Gallimard a malgré tout eu l'excellente idée de le faire retraduire récemment pour en restaurer tous les sucs intimes, délicats et inestimables qui avaient passé au soleil. Donc, pourquoi se priver ?



L'Introuvable qui est-ce ? Clyde Wynant. Un original, un inventeur, un fou disent certains. Peut-être un brin timbré, certes, mais suffisamment génial pour gagner grassement sa vie de ses inventions. Son ex-femme, Mimi, et sa fille, Dorothy aimerait bien lui remettre la main dessus, mais depuis que sa secrétaire particulière Julia Wolf a été retrouvée abattue de plusieurs balles de révolver, l'oiseau s'est envolé.



Il ne communique plus que par lettres ou par télégrammes, qu'il fait transiter soit par son avocat Macaulay, soit par son fils Gilbert, soit par quelque autre procédé qui interdit toujours de le localiser.



Heureusement, par hasard, se trouve à New-York un ancien détective, Nick Charles, qui connaissait bien la famille avant le divorce et même l'avocat. L'inspecteur Guild, chargé de l'affaire, aimerait bien que Nick Charles reprenne du service pour l'aider à voir un peu clair dans cet imbroglio.



Or lui aussi paraît louche, car il semble bien avoir fricoté naguère avec Mimi, l'ex-femme, qui s'est remariée avec un certain Jorgensen. Et qui est ce Jorgensen ? Que cherche Dorothy à vouloir allumer Nick ? Quelle relation unissait la victime Julia Wolf et l'introuvable Clyde Wynant ? Nunheim, un trois-quarts malfrat de troisième zone semble avoir accidentellement appris quelque chose sur l'affaire. Pourra-t-il monnayer ces informations ? En aura-t-il le temps et le loisir ? Qui d'autre avait intérêt au meurtre ? Pour quel mobile ? C'est ce qu'évidemment, je ne veux à aucun prix vous révéler.



Du grand Dashiell Hammett, du grand polar, avec des dialogues excellents, une peinture sociologique et psychologique des plus raffinées mais ce n'est bien évidemment que mon avis, et j'ai bien conscience qu'il vaut mieux parfois qu'il soit introuvable car il ne signifie pas grand-chose.
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Le grand Braquage

Durant sa carrière d'écrivain, Dashiell Hammett n'a écrit que cinq romans, stricto sensu. Mais on peut considérer que par ce choix éditorial intéressant qui regroupe deux grosses nouvelles qui se font exactement suite et qui traitent des mêmes événements et avec les mêmes personnages, on a affaire, en quelque sorte au sixième roman de l'auteur qui, chronologiquement, serait en fait le premier puisqu'il a été écrit en 1927. (Les cinq romans furent écrits quant à eux entre 1929 et 1934.)



Voici du très bon Dashiell Hammett, peut-être pas de l'excellent comme dans Moisson Rouge, mais un avant goût très prometteur de son remarquable sens de l'action, de sa volonté d'être au contact de la pègre et de la violence qui l'accompagne.



Cela paraît moins extraordinaire de nos jours mais je vous demande un petit effort de replacement dans l'histoire littéraire. Nous sommes en 1927, on nage en plein dans les petits crimes bourgeois et spirituels d'Agatha Chistie et lui, BANG !, il vous transporte dans la crasse et les bas-fonds, dans les bagarres et les rendez-vous chez les bootleggers en pleine Prohibition. Et je peux vous dire que ça déménage sec par chez lui !



Ça n'a l'air de rien mais ce Monsieur a réalisé quasiment à lui tout seul une révolution stylistique littéraire. Après de tels pavés dans la mare, on n'écrira plus jamais des polars comme avant. On n'est plus là pour jouer au plus fin comme Sherlock Holmes. Non, ici, on risque sa peau à chaque coin de rue, on transpire, on prend des coups et les bandits qu'on traque ont tendance à utiliser plus leurs 38 semi automatiques que leurs cerveaux machiavéliques.



Les deux nouvelles qui constituent ce recueil s'intitulent : Le Grand Braquage (The Big Knockover) et Le Prix Du Sang ($106,000 Blood Money). La première nous raconte, devinez quoi ? un grand braquage ! Bon, fallait s'y attendre sans quoi l'auteur aurait peut-être choisi un autre titre.



Je vais être extrêmement attentive à ne rien révéler d'essentiel à cette intrigue. Disons seulement que Dashiell Hammett nous invite dans les coulisses d'un casse d'une ampleur inouïe jusqu'alors et qui réclame le concours de centaines de malfrats venus des quatre coins des États-Unis pour venir détrousser deux banques de San Francisco.



Si la première nouvelle nous instruit du déroulement et de l'issue de ce grand braquage, la seconde nous fait vivre quant à elle les suites et ce qu'il advient des protagonistes principaux.



Bien que la facture peut nous apparaître aujourd'hui très classique, je vous assure que pour 1927, c'est de la dynamite. Preuve en est que cela fonctionne toujours admirablement de nos jours et que la chute est difficilement prévisible, même pour des grands experts de la lecture de polars.



En somme, un roman (deux nouvelles accolées, c'est pareil) idéal pour découvrir la patte Dashiell Hammett. Un livre qui nous plonge directement dans son style caractéristique et qui, quand on sait qu'il va bientôt souffler ses quatre-vingt-dix bougies, a remarquablement bien vieilli et garde un punch étonnant, ce qui n'est pas toujours le cas de la littérature en général et des polars, en particulier. Ceci dit, cet avis n'avait pas pour but de faire un grand braquage de projecteurs sur une œuvre qui n'a pas besoin de ça pour briller, car, tout bien considéré, il ne représente que lui-même, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La Moisson rouge

Personville la ville du polar



Elle est laide. Limite hideuse. Personville, alias Poisonville la tuberculeuse, propage son vice infectieux à tous ceux qui la cotoient. Corruption, embrouilles, magouilles se noient dans le quotidien des rues de cette ville minière triste à mourir.

Donald Willsson, un patron de presse, veut remettre de l'ordre et nettoyer cette ville crasseuse de la vermine qui la ronge. Pour cela, il a fait appel à l'agence de détectives de la Continentale de San Francisco. Pas de chance, il n'honorera jamais son rendez-vous car il vient de se faire descendre en pleine rue.

Son père, à la fois maire et patron influent de Poisonville, profite de la présence du detective Op et lui demande, sous le coup de la colère, de retrouver les assassins tout en faisant un peu de ménage.

Le détective Op n'est pas en reste. Il compte bien mener sa mission jusqu'au bout quelqu'en soit le coût et les moyens employés. Et cela ne risque pas de plaire à tout le monde...



Ce roman publié au moment où la bourse de wall street touchait le fond en 1929 et en pleine prohibition est l'un des piliers du roman noir. Très novateur pour l'époque, il élève la ville au rang de personnage. Un personnage dysfonctionnel , principal coupable de la gangrène entretenue par la pègre, les flics corrompus et autres politiciens véreux.

Hammett nous propose également ici un nouvel archétype de détective capable d'employer des moyens illicites pour parvenir à ses fins.

Dans une ville crasseuse exposée aux vents du capitalisme sauvage, Hammett prend le parti de privilégier l'action à l'intrigue. Des plans dynamiques et un tempo soutenu où vous serez soumis à des déluges de plomb, des lames de couteaux qui s'égarent, des pics à glace à la pointe trop acérée. Ça cogne fort, ça cogne dur. Ça peut destabiliser le lecteur aussi. le faire sortir du ring sous la puissance des coups. Car il faut bien l'avouer, parfois notre vue se brouille sous l'ivresse du sang et l'on se demande qui va donc bien pouvoir survivre à cette histoire dont on est même pas sûr qu'elle trouve une fin heureuse.

Ce roman est aujourd'hui présenté sous une nouvelle traduction dépoussiérée de sa version argotique qui ne lui rendait pas forcément hommage.



Ajustez votre noeud de cravate, enfilez votre manteau, n'oubliez pas votre chapeau et surtout votre flingue que vous mettrez dans votre poche à portée de main et accompagnez le detective Op dans sa "moisson rouge".





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La Moisson rouge

J'ai pris un franc et généreux plaisir à la lecture de cette Moisson Rouge. J'avais entendu parler de Dashiell Hammett depuis fort longtemps, mais hormis le souvenir de l'accent nasillard d'Humphrey Bogart dans Le Faucon Maltais, ma connaissance de l'auteur s'arrêtait là.

Et bien très bonne surprise pour moi. C'est très cinématographique, très tonique et sans temps morts, avec une tension qui ne cesse d'être soutenue tout au long de l'ouvrage à la faveur de rebondissements nombreux et variés.

Dans l'Amérique des années 1920 (C'est-à-dire à l'époque même où a été écrit le livre, précision importante, car depuis Ellroy, le polar " historique " qui fait plus vrai que nature est devenu légion or ici, l'auteur parle bien du temps présent qu'il côtoie car il écrit en 1929.), gangrenée par la prohibition, au creux d'un petite ville minière de triste allure, un détective privé travaillant pour le compte d'une agence de détective arrive en mission.

Le problème, c'est qu'avant même d'avoir pu rencontrer son mandataire, Donald Willson, celui-ci s'est fait descendre. Le détective privé en question (je ne me souviens pas avoir vu son nom mentionné) flaire une situation bien pourrie et un micmac pas possible et c'est lui qui va nous servir de guide dans cette ville gangrenée jusqu'au trognon, police comprise.

Notre brave détective, va être obligé d'employer souvent les grands moyens et sa vie ne tient à jamais guère plus qu'un fil dès lors qu'il entre en scène. Comme le titre du roman l'indique, ce cadavre ne restera pas seul et nombreux sont ceux qui tombent sous les feux croisés de Pete le Finn, Whisper, Reno, Lew Yard ou le chef de la police Noonan.

Le détective ne tarde pas à découvrir un vaste réseau aux multiples entrées et où le père de la première victime, Elihu Willson joue un rôle non négligeable. Parmi les figures de premier ordre, la belle Dinah Brand a également son mot à dire, mais je crois qu'il serait inconvenant de vous en dire d'avantage et je préfère vous abandonner au milieu de ce nœud de serpents si l'aventure vous en tente.

Pour le reste, sans conteste, Dashiell Hammett est l'inventeur du roman noir tel qu'on le conçoit de nos jours. Il nourrit son histoire de son propre passé de détective privé et l'immersion dans les milieux de malfrats sent beaucoup plus l'authenticité que les enquêtes minutieuses mais théoriques des spécialistes du roman policier d'alors.

Voie nouvelle et accessit accordé à MONSIEUR Dashiell Hammett, dont certains éléments de la biographie, notamment ses démêlés avec les autorités au plein MacCarthysme sont tout à son honneur. Chapeau donc, et aiguisez votre faux si vous voulez entamer votre moisson rouge, un bon cru assurément, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Introuvable

Qui a tué Julia Wolf ? Ben, on s’en moque, non par manque de compassion pour nos congénères mais parce que ce qui fait tourner les pages de cette œuvre mineure de Dashiell Hammett, ce sont ses dialogues au cynisme pétillant, son rythme de vaudeville et des personnages qui ne désaoulent vraiment jamais. Ils ne se prennent pas au sérieux et je soupçonne le père du Hard Boiled, le créateur du roman noir américain d’avoir fait ici sonner la cloche de la récré.

Moisson au rouge, clé de verre de scotch, faux con pur malt et… peu de sang sur les mots dits par l’irrésistible Nick Charles, cousin éloigné de Sam Spade, la griffe du pardessus d’Humphrey Bogart. Voilà pour les références, manière de faire l'intéressant.

L’introuvable, c’est un inventeur aussi fou que riche, dont la secrétaire et maîtresse (c’est pas du tout cliché, il ne manque que la stagiaire) est retrouvée un peu morte et beaucoup assassinée. Quand on fait connaissance de son entourage, avec une ex-femme plus menteuse qu’un président américain, son gigolo aussi bô que sournois, une fille perturbée et un fils perturbant, on comprend que le bonhomme se soit carapaté.

Nick Charles, ancien détective, reprend à l’insu de son plein gré du service à New York alors qu’il est en vacances pour Noel avec sa femme Nora. Cette dernière trouve cette aventure excitante, la police le harcèle, il a fricoté avec l’ex épouse, connaissait l’introuvable et son avocat. Des motifs valables pour s’épargner les réveillons en famille sans avoir à prétexter un virus mutant. Le couple profite de sa vie mondaine entre deux verres et souvent plus pour enquêter dans la bonne humeur en fréquentant tout ce petit monde et quelques crapules de passage.

L’atmosphère est si légère que ce best-seller va être adapté sous forme de comédie policière par W.S Van Dyke avec William Powell et Myrna Loy. Et là, je vous le dis tout de suite, si le livre est dispensable, le film de 1934 et ses cinq suites sont des pépites d’humour qui marquèrent ma mémoire pelliculaire. Head et shoulders qui se gondolent. Je ne vais pas vous la jouer « Cinéma de minuit » avec les yeux en couilles d’hirondelles du lundi, mais Patrick Brion aurait apprécié. Moi, je les ai vu en VHS quand j’étais à la fac… enfin, plutôt quand je n’y étais pas, c’est-à-dire les trois-quart du temps. Période étudiant arrogant en noir et blanc.

Hammett pour Noël, Raymond pour la Chandler. Désolé…

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Le faucon maltais (Le faucon de Malte)

Encore un livre culte de Hammett. Pour moi, beaucoup plus abouti que La moisson rouge.



L'intrigue est simple a resumer: trois aventuriers cherchent chacun d'eux a se procurer une statuette de grande valeur, “le faucon de Malte”, et engagent, chacun a part, le detective prive Sam Spade, pour la leur procurer, ou la leur assurer, au depens des autres. Sur cette base, Hammett construit un petit chef-d'oeuvre.





Commencons par les personnages. le detective est le frere jumeau de celui de la moisson rouge, grand buveur, grand fumeur, un peu debraille, grand seducteur legerement misogyne, en fait plutot misanthrope tout court, un solitaire romantique et pessimiste, cynique, violent quand il faut l'etre et d'un phlegme olympien quand il ne le faut pas, impertinent avec la police ou toute autre autorite, donnant l'impression que rien de ce qui se fait ou se dit ne l'interesse, alors qu'il ne perd pas un seul detail en toute situation. Bref, Humphrey Bogart. Mais cette fois il est a son propre compte, il a un nom, Sam Spade, il a une figure et des tics faciaux qu'Hammett se complait a decrire, et surtout, cette fois, il apparait comme quelqu'un qui sait se plonger aussi dans des recherches d'archives, qui a de la culture et qui sait, quand il veut, raconter de belles et longues histoires. Bref, un Humphrey Bogart plus complexe que le detective de la moisson.





Et le trio qui veut l'embaucher? Une femme fatale archetypique, un oriental effemine, un ponte de la pegre sur le retour d'age. Mais aucun d'eux n'est ce qu'il semble etre au premier abord, tous jouent a cache cache entre eux et forcement avec Spade. Ils sont largement decrits physiquement mais leurs paroles, dans tous les dialogues, creent toujours une sensation de flou, de mystere. Avec un trio pareil rien de ce qui arrive n'est ce qu'il parait, sauf evidemment les cadavres.





Et tout, sauf les dialogues, est raconte a la troisieme personne, par un narrateur externe, ce qui accentue la sensation de mystere, puisqu'on ne sait pas vraiment ce que chacun des personnages pense, et que tous, y compris Spade, sont soupconnables (et soupconnes) d'un des deux meurtres perpetres au debut du roman.





Et j'ai beaucoup aime deux passages, purement litteraires. le premier, quand Hammett relate l'histoire de la statuette, du faucon de Malte. Une histoire qui se base – et brode, evidemment, c'est de la litterature – sur des faits reels. J'ai fait ma petite enquete, tellement ca m'a plu: en 1530 Charles Quint (pour les espagnols Carlos Primero de Espana y Quinto de Alemania) ceda Malte a l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jerusalem, qui, en remerciement, lui envoyerent chaque annee un faucon pour sa fauconnerie de Carabanchel. La, chaque annee, le “faucon maltais" fut eleve pour les parties de chasse du monarque. Hammett a donc fait pas mal de recherche historique pour ce livre. le deuxieme passage est une digression venue de nulle part et qui n'ajoute rien a l'intrigue, une parenthese completement gratuite mais tres interessante, une anecdote que Spade raconte a la femme fatale: un certain Flitcraft disparait un beau jour sans laisser de traces. Des annees apres sa famille engage Spade pour elucider le mystere de sa disparition. Spade le retrouve dans une autre ville, sous un autre nom, avec une nouvelle famille. Aux questions de Spade il explique qu'ayant eu un leger accident il avait saisi tout d'un coup combien la vie est ephemere, “sa vie pouvait être brusquement interrompue par la chute d'une poutre ; il en changerait brusquement le cours en disparaissant”. le cote humoristique de l'histoire est qu'ailleurs et plus tard, il avait fonde une nouvelle famille, en tous points semblable a celle qu'il avait quitte. C'est donc l'histoire d'une remise en question existencielle qui change tout et ne change rien. Une parabole ou Hammett interroge le sens de la vie et la possibilite de changer. de la grande litterature. du grand art.





J'ai aussi beaucoup aime qu'Hammet s'appesantisse plus que dans La moisson rouge sur des descriptions de lieux, d'appartements, de chambres, et pas seulement de personnes. Et j'ai enfin trouve les vas et vient de l'intrigue beaucoup moins incongrus, appreciant ainsi chaque detour.



Pour conclure, un livre qui m'a reconcilie avec Hammett. Un tres bon roman noir, que je peux classer quant a moi dans la litterature dite blanche. Mais qui c'est qui a instaure ces frontieres non naturelles?

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Le salaire du crime

Neuf nouvelles originales d'un des pionniers du style noir américain et 3 magnifiques hommages par 3 autorités françaises : l'ancienne avocate à la cour d'appel de Paris, Marie-Christine Halpern, qui en a assuré l'édition, et son partenaire l'avocat et grand éditeur, Jean-Claude Zylberstein, qui a écrit l'introduction, ainsi que le journaliste, essayiste et scénariste, Francis Lacassin, qui dans une postface instructive de 23 pages situe la place de Dashiell Hammett dans la "littérature à haute tension".



Un 4ème Français, André Gide, avait déjà loué l'auteur de "La moisson rouge" dès 1944. Finalement, un 5ème Français, Louis Aragon, dans les Lettres françaises de 1961, avait noté : "D. Hammett ... à qui l'on reconnaîtra la paternité d'un genre décrié, mais qui, à mon sens, domine ce siècle-ci, plus haut que Faulkner ou Hemingway... il m'est impossible de laisser le silence se faire sur sa tombe sans avoir dit cela".

Ces belles louanges venaient au moment de sa mort, le 10 janvier 1961, à l'âge de 66 ans.



Mais qui a été ce Dashiell Hammett au juste ?



Plutôt que de synthétiser des brèves nouvelles, qui m'ont beaucoup plu, je préfère m'arrêter un instant sur ce personnage emblématique d'un art nouveau, avec un David Goodis (1917-1967), et lui payer à mon tour un hommage posthume.



Né le 17 mai 1894 dans le Maryland, d'un père commerçant et d'une mère à lointaine origine française, le parcours de Dashiell Hammett se caractérise par des contrastes étonnants :



- À 13 ans, le futur écrivain s'est arrêté d'aller à l'école et a préféré accepter de petites besognes.

- L'écrivain dont les oeuvres ont été ignorées pendant des années, a eu une influence considérable sur des auteurs et cinéastes de plusieurs générations et son chef-d'oeuvre "Le faucon maltais" de 1930 s'est retrouvé en 2ème position du Top 100 "Mystery Novels of All Time", après les "Oevres complètes de Sherlock Holmes" et avant les "Histoires extraordinaires" d'Edgar Allan Poe.

- Marié à 25 ans et divorcé 16 ans après, il aura eu une relation romantique avec la dramaturge, Lillian Hellman (1905-1984), pendant plus de 3 décennies.

- de santé faible et souvent malade, souffrant de tuberculose et mort d'un cancer des poumons, il s'est porté volontaire pour le front lors de la première et de la deuxième guerre mondiale.

- Avec le succès des 2 romans précités, plus "La clé de verre" de 1931 et de "L'introuvable" de 1934, ainsi que les films tirés de ses romans, il s'est trouvé à la tête d'une belle fortune, mais a, en tant qu'antifasciste, adhéré au Parti communiste américain, ce qui lui a valu des démêlés avec le sénateur républicain McCarthy, une condamnation pour "activités anti-americaines" en 1951 et un court passage dans une prison fédérale, où il a pu nettoyer les toilettes.



Quelle ironie noire et amère que l'homme qui a travaillé de ses 22 à ses 28 ans pour la fameuse Agence nationale de détectives Pinkerton se retrouvait à ses 57 ans ... en taule !



Je suis content d'avoir en attente sur ma table de nuit un autre recueil de nouvelles "Sang maudit" de Dashiell Hammett, que le New York Times a baptisé le doyen ("dean") de la "detective fiction".

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Le Sac de Couffignal

Ecrire une nouvelle policière est un art difficile, et Dashiell Hammett est un maître dans sa catégorie. S'il n'a publié que six romans (et quels romans!) dont un inachevé, « Dash » est l'auteur de 65 nouvelles.

Le Sac de Couffignal nous en offre deux, The Gutting of Couffignal qui donne son titre au livre (1925) et La Fille de papa (Crooked Souls, 1923), qui mettent en scène le légendaire détective sans nom connu comme The Continental Op .

Privé franciscanais de de la Continental Detective Agency, dont le lecteur apprend au fil des enquêtes quelques bribes d'existence (vétéran de la première guerre, passé de Boston à Chicago, puis à la côte ouest, il joue au poker et fume des Fatimas), c'est un dur à cuire,… hardboiled.



Chargé de surveiller des cadeaux de mariage d'une valeur de cent mille dollars dans une superbe résidence de Couffignal , The Continental Op doit faire face à une attaque a priori digne du far west mais habilement préparée par d'astucieux dilettantes. Astucieux, certes, mais pas assez pour tromper la sagacité du Privé.

Dans La Fille à papa, une adolescente est kidnappée mais le père, un homme d'affaire au physique de garçon boucher, ne compte pas payer la rançon en faisant profil bas. The Continental Op remonte la piste comme un chien de détection sur une scène de crime.

Le Privé agit vite, sans état d'âme, à l'image de l'auteur, ancien enquêteur de la Pinkerton National Detective Agency ,qui y perdit ses illusions. Aussi à l'aise dans les galetas que dans les milieux privilégiés, où la frontière est mince entre le crime et la bienséance, The Continental Op s'adapte à son environnement. Les deux nouvelles sont d'ailleurs assez emblématiques de cette porosité entre milieux sociaux opposés qui de temps en temps se télescopent violemment.



Mais c'est le troisième texte de l'ouvrage, Tulip (1966), roman inachevé qui marque le lecteur.

Rompant avec les littératures policières, Hammett le commence après la seconde guerre mondiale. Rongé par la maladie, l'alcool et pourchassé par les chantres du maccarthysme, Dash y narre l'amitié de deux vétérans, Pop le narrateur, auteur en panne d'inspiration, qui a connu la prison pour des activités jugées anti-américaines, et Tulip, un sympathique bavard qui l'encourage à reprendre la plume. On se plait à rêver à ce qu'aurait pu être cet ouvrage, sorte de une mise en abîme qui suinte le désespoir. Tulip est le chant du cygne d'un écrivain qui n'a rien publié depuis une vingtaine d'années. Sous la fiction, le lecteur sent poindre le désespoir de Hammett, et c'est ce qui est touchant.



L'ouvrage s'achève avec une postface signée Lillian Hellman, la dramaturge et scénariste qui fut sa compagne. Un ménage à quatre, avec l'alcool et McCarthy .

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La Moisson rouge

Un classique. La violente histoire d'un detective prive qui pour resoudre l'affaire qui lui a ete confiee provoque un bain de sang entre bandes rivales. Un detective qui, pour retablir l'ordre dans une petite ville, procede de la meme facon que ses malfrats. Qu’est ce qui differencie dans ce cas les bons des mauvais? Simplement les buts qu'ils se sont fixes? La fin justifie les moyens? Pour le detective anonyme de ce livre la reponse est claire: un oui sans ambages, sans hypocrisie bien-pensante. Pour combattre le mal, utiliser ses memes procedes.





Dashiell Hammett est considere le pere du hard-boiled, le roman noir americain. Pourquoi, en fait? A part quelques courtes nouvelles, il a publie son premier roman, celui-ci justement, en 1929. La meme annee ou William Burnett publie Le petit Cesar, qui renouvelle aussi pour beaucoup le roman policier, qui est tres noir aussi, et qui a mon humble avis est nettement meilleur que ce Moisson rouge.





Voila. C'est dit. Je n'ai pas ete trop emballe par ce livre.





Mais je comprends qu'il soit devenu un livre culte. Un classique du genre. Il a un style sec qui a fait ecole depuis. Un langage direct , brutal, qui ne fait pas dans les demi-teintes. Beacoup de dialogues, tres rapides, mais qui justement ne m'ont pas convaincu. Tout le monde parle trop, chacun livre toutes les informations qu'il possede au premier venu, personne ne cache rien, cela ne m'a pas du tout paru credible.





Je sais, on l'encense parce qu'Hammett a mis l'intrigue au second plan pour se concentrer sur l'action, trepidante, tres cinematographique, mais justement moi j'ai lu un livre, pas un scenario, et il m'a manque un peu de psychologie des personnages pour comprendre leurs actes et leurs reactions. Celle qui est peut-etre la plus comprehensible c'est une gonzesse qui tient le role de la femme fatale, bien que pas vraiment archetypique.





Le point le plus fort du livre est pour moi sa critique de la societe. Une critique pionniere dans les romans dits policiers jusque la, et qui depuis est presque devenue une norme a suivre. Hammett decrit une petite ville americaine ou la pegre a la mainmise, ou elle regne en maitre inconteste parce que tous sont corrompus, les elus, la police, les magistrats, la presse locale. Je dois admettre que ca c'est bien rendu et c'est tres fort.





Et je dois admettre aussi que le personnage du detective desabuse, pas tres net, emotionnellement impermeable, cynique, qui se comporte en loup solitaire, qui se fout des consignes de ses superieurs hierarchiques et des fois agit contre eux, a ete une innovation tonique, copiee ou pastichee depuis sans arret. Belle trouvaille de Hammett.





Pour conclure, un livre tres rythme, tout en action et dialogues d'action, des balles a tire-larigot, et qui souvent atteignent leur but, des morts par dizaines, un bain de sang, une moisson rouge. Mais moi, ce rythme effrene, et ce que j'ai percu comme son incongruite, m'ont des fois porte sur les nerfs. Un livre culte, un classique, qui ne m'a pas vraiment emballe. Mea culpa? Je m'en bats la coulpe. Mais j'essaierai quand meme de me disculper prochainement avec Le faucon de Malte.



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L'Introuvable

Polar au style cinématographique truffé de bon mots, d'humour et pas mal imprégné d'alcools.
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Le faucon maltais (Le faucon de Malte)

Un bon polar en plein coeur de San Francisco.



Sam Spade, détective privé, va se retrouver impliqué dans une intrigue qu'il aura bien du mal à démêler. Une statue est le nœud de l'histoire mais le lecteur autant que le protagoniste savent peu de choses à son sujet et les explications sont toujours différées. Une mise en attente presque envoûtante, parfois agaçante : le résultat est toutefois là, on a envie de lire la suite !



Sam Spade est un personnage énigmatique, qui observe beaucoup et montre peu de ce qu'il pense. Il semble tout en pensées et réflexions. Sa motivation première semble être l'argent, ou est-ce l'image qu'il souhaite donner de lui ? Il devra cependant faire preuve d'un certain cynisme pour s'en sortir.

J'ai apprécié les dialogues où les paroles sont mesurées et participent à ce suspens et cette mise en attente du lecteur.

Les gestes, les objets et le décor sont mis en avant et on entre de plein pied dans l'intrigue sans temps mort et sans délai. L'écriture est assez cinématographique, j'avais l'impression de lire un scénario: on passe d'une scène à l'autre, d'un lieu à l'autre sans transition. Un film avec le célèbre Humphrey Bogart a d'ailleurs été réalisé en 1941, plutôt fidèle au texte même s'il y a toutefois une adaptation.



Style d'écriture tout à fait singulier, roman offrant toutes les caractéristiques d'un bon polar au sens noble du terme, c'est une lecture vraiment agréable à faire !
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Meurtres à Chinatown / Dead Yellow Women

Très utile, cette édition bilingue d'une nouvelle signée Hammett , quand on veut comprendre l'argot de 1925.

Meurtres à Chinatown (Dead Yellow Women) est une nouvelle enquête de Continental Op, le privé franciscanais qui travaille pour la Continental Detective Agency et qui sera plus tard le héros de la Moisson Rouge. Comme dans les précédentes, le lecteur ne connaitra pas son nom, mais reconnaîtra son efficacité et aussi son sang-froid si hard-boiled.

Cette fois-ci deux assassinats de femmes perpétrés chez Lillian Shan, une sino-américaine, fille d'un riche mandchou exilé vont conduire le détective sans nom dans le quartier chinois de San Francisco. C'est là tout l'intérêt de la nouvelle, qui nous le fait découvrir tel qu'il existait dans les années 20: « Le Chinatown de San Francisco surgit du quartier commerçant à California Street et file tout droit vers le nord jusqu'au Latin Quarter - soit une bande large de deux pâtés de maisons et longue de six. Avant l'incendie, près de 25 000 Chinois vivaient dans une demi-douzaine de blocs. »

Dashiell Hammett plonge son personnage au sein du conflit sino-japonais. Ce contexte géopolitique explosif se double des effets de la Prohibition qui accentue tous les trafics, bien à l'abri entre les murs de Chinatown où règne le mystérieux Chang Li Ching. Notre privé a beau être un dur à cuire, il ne sera pas insensible au sort d'une très jeune esclave chinoise. Continental Op a roulé sa bosse, il est caustique, mais a encore du coeur.

Bref, du Hammett pour enrichir son vocabulaire anglais, c'est bien plus passionnant que du Brian, celui qui est dans la kitchen.

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La Moisson rouge

La Moisson Rouge, une promesse vinicole non tenue.

Et pour cause puisqu'il y est bien plus question de bloody, Mary, que de raisiné.



C'est l'histoire d'un gars qui a débarqué en ville pour d'obscures raisons et qui y est resté pour d'autres, bien plus retorses. Et plus juteuses, accessoirement.

En détective aguerri à haut pouvoir de persuasion et d'entubation, notre investigateur allait jouer de la flûte à tour de bras -enfin de doigts, c'est plus pratique- afin que Poisonville la gangrenée retrouve un semblant de normalité.



Lecture complètement parasitée par un flagrant, et donc préjudiciable, manque de concentration.

Au vu du nombre de participants à cette moisson prolifique, ça la fout mal.

Dommage car le phrasé de l'auteur particulièrement immersif avait tout de la projo bicolore sur grand écran.



Sur ce coup-là, j'ai manqué de Claas.

Tant pis pour moi.

Ça m'apprendra.

Échec Hammett, et pis c'est tout...
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La clé de verre

Des mains aux jeux, des jeux de main… de vilains jeux, des jeux de vilain !



Allez-y ! Lancez ces dés rouge au craps, touchez ces billets froissés de 10 dollars au poker, cachez ces cartes de belote…



Si on s’en tient à la couverture de « La clé de verre » dont la traduction intégrale date de 2009 seulement, les jeux de table doivent avoir une place prépondérante dans le roman. A moins que l’auteur américain Dashiell Hammet nous propose plutôt un jeu de dupe…



Dans une ville de l’est des Etats-unis, l’élection du futur maire de la ville approche et Paul Mavig, politicien tirant les ficelles de la ville, soutient le sénateur Ralf Henry pour le poste tant convoité et préserver ainsi son territoire. Malheureusement, un soir, le fils du sénateur reste sur le ♦ dans une rue peu fréquentée de la ville.



Et coïncidence très surprenante, tombant à ♠ ce soir là, c’est le bras droit de Mavig, Ned Beaumont, qui découvre le fils sans vie du sénateur. Ned est le meilleur ami du politicien, affublant systématiquement la mère de Mavig d’un déconcertant « m’man » à chacune de leur rencontre.



Alors ! Qui l’a tué ? Comment l’a-t-on tué ? Pourquoi l’a-t-on tué ?



Ned Beaumont, officiellement chargé d’enquêter suite à un claquement de doigt de Mavig, se lance dans une très tumultueuse et dangereuse recherche du coupable du meurtre semée d’embuches. Autant dénicher un ♣ à quatre feuilles en pleine ville goudronnée…



Après avoir lu dernièrement des romans (« le dernier lapon » et « Etranges rivages ») où l’auteur ajoutait son grain de sel systématiquement pour décrire la psychologie de leurs personnages,



Dashiell Hammet joue au contraire la carte de la transparence.

Ainsi, toute découverture du récit passe uniquement par l’intermédiaire de Ned Beaumont à travers ses dialogues, ses gestes, son attitude.



Pour connaitre et appréhender chacun des personnages du livre (et ils sont nombreux), il faudra les rencontrer un à un en suivant Ned Beaumont du matin jusqu’au bout de la nuit, des œufs brouillés du petit déjeuner au dernier verre d’alcool à trois heures du matin. Oui, oui, Ned a toujours la main sur le ♥ pour offrir un verre, même à son pire ennemi…



Pour conclure, ce roman mélange aisément intrigue policière, joutes politiques, castagnes à volonté, histoires d’amour alambiquées et trahisons en tous genres. Une fois la première partie assimilée pour connaitre l’ensemble des personnages, la lecture s’avère très plaisante dans un style très caractéristique et particulièrement bien écrit même si les ficelles de l'intrigue étaient un peu grosses sur la fin.



Sans le considérer comme un chef d’œuvre comme tente de le vendre l’éditeur, j’espère que vous avez désormais toutes les cartes en main pour vous faire votre opinion sur ce roman de référence.



A découvrir plus pour le style que pour l'histoire proprement dite…





PS : Note de 4 - pour être précis

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Hollywood Story

Hollywood bye bye...

Kipper est sur le point de quitter "Bois de houe" et sa fiancée Gladys lorsqu'elle lui apprend qu'elle vient de décrocher un bon rôle dans le film "Masques ricanants".

Ils vont fêter l'événement au Cocoanut Groove et rencontrent Tom, un type rougeaud et costaud, metteur en scène prometteur. Ce dernier fait ouvertement la cour à Gladys et ne cache pas son mépris pour Kipper. La tension monte d'un cran et un duel sur la plage se prépare...



La nouvelle "Hollywood Story" a été publiée par Harper's Bazaar en 1932 . Elle romance en partie les relations houleuses avec sa femme Lillian Hellman. Tous deux travaillaient en 1930 à Hollywood, elle comme dramaturge et lui comme scénariste. le personnage de Kipper, un homme à la dérive grand et anguleux ressemble étrangement à l'auteur : cynique, la dent dure contre Hollywood, un goût prononcé pour les boissons fortes...et le sens de l'esquive.

La nouvelle est suivie des "Souvenirs d'un détective privé", un recueil de pensées, d'aphorismes du métier de détective qui l'occupa une partie de sa vie à l'agence Pinkerton.



Hollywood Story, Une dernière bonne histoire noire et cynique en forme d'adieu à Hollywood... et à l'écriture.
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Le faucon maltais (Le faucon de Malte)

Sam Spade, détective privé, est contacté par une jeune femme. Elle lui demande son aide pour surveiller un homme qui aurait enlevé sa soeur. Puis la recherche d'une mystérieuse statuette se mèle à l'histoire....

Sam Spade assis à son bureau se remémore toute l'histoire, il se dit qu'un détail lui a forcément échappé et que beaucoup de types ont déjà remué ciel et terre pour se l'approprier, ce satané faucon. Il sort une flasque de sa poche, c'est du whisky irlandais. Il commence à boire. " On ne naît pas femme, on le devient " lui avait dit subrepticement Brigid O'Saughnessy, cette pépée dégénérée. Il réfléchit tout en buvant, que fallait-il comprendre? La flasque étant finie, il en sort une autre d'un des tiroirs du bureau. C'est du whisky canadien. " Il faut imaginer Sisyphe heureux ", lui avait susurré un soir ce gros porc de Gutman, de manière sibylline. Et ça, ça veut dire quoi ? Il prend une troisième flasque dans un autre tiroir, du bourbon du Kentucky. Il revoit Joël Cairo criant à Wilmer : " Connais-toi, toi-même". Qu'avait voulu suggérer cette sale ordure ? Certains y ont déjà laissé leur peau à la recherche de ce foutu faucon, pense-t-il en s'énervant, il ouvre sa quatrième flasque. Et si c'était...

Combien de flasques Spade pourra-t-il ingurgiter avant de s'écrouler et pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Un polar à l'ancienne rempli de femmes forcément fatales, de fumeurs de cigares gras du bide, de district attorney étriqué, de gangsters pervers, de crapules efféminées, de flics fachos, de métèques interlopes, de journalistes véreux, de petites frappes sadiques, de durs à cuire durs à cuire et de buveurs de whisky qui vomissent dans les cabinets.🥴

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Le faucon maltais (Le faucon de Malte)

À nouveau une lecture ancienne que je veux recommander. Voici quelques remarques un peu en vrac, pour vous donner envie, je l’espère.

La femme (Brigid O'Shaughnessy ) correspond au modèle de la femme fatale par excellence, celle qui pousse les autres vers la mort, à s’entre-tuer. Le trésor, la faucon se révèle être au final un « who cares ? », un simple symbole de l’avidité. Il y a aussi de l’homosexualité dans l’air, celle de Wilmer et de Joel Cairo, évoquée à demi-mots, dirons-nous. L’énigme a bien peu compté, contrairement au détective, devenu un humain au milieu de la saleté de son espèce, plutôt qu’un ordinateur/machine à résoudre.

Un grand pessimisme, celui de l’auteur, plus tard celui de Chandler, celui du détective qui connaît donc la misère humaine. La police à qui Spade a affaire est stupide jusqu’au district attorney, comme tous les autres, dont s’échappent Spade et Brigid, les deux manipulateurs qui tirent les ficelles.
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La clé de verre

Poker, craps, crabs and QBQ (question behind the question)

- KéCçà ?

- le titre de cette critique sur ce polar noir.

- ??? (il écarquille des yeux ronds marquant une totale incompréhension)

- Ah tu ne comprends pas l'anglais, dangereux ça. Dans les années trente en une ville moyenne de la côte Est : Baltimore ? Philadelphia ? New Haven ? tu n'aurais eu aucune chance. Alors comme un bon éditeur je te donne un titre en français

Descartes et QBQ (qui baise qui)

Je sais c'est un peu mauvaise langue car pour une fois le titre est exactement traduit.



Du beau linge mais pas que ; dans ce policier à l'ancienne nous suivons pas à pas les tribulations de Ned Beaumont qui le mènent des milieux de la politique, de la justice et de la police aux tripots et aux bas-fonds. De bonnes chaussures sont nécessaires pour arriver à suivre cette pointure, joueur professionnel, bras droit et conseiller d'un politicien en vue, bourreau des coeurs à ses heures, toujours prêt à se lancer dans un coup tordu quitte à se battre et en prendre plein la gueule et puis quelle descente !

- Ah, il est d'origine belge ton héro ?

- Euh, comprends pas.

- Il est particulièrement burné, non ?

- ???

- Beaumont dans les Ardennes

- Où tu vas là ! Il y a pas d'humour dans ce bouquin, pas de surréalisme, toujours entre gueule de bois et gueule enfarinée, toujours sur le fil du rasoir. Pas de jovialité, c'est dur, tout se paie cash. Capito ?



Bref, Ned Beaumont c'est un stratège d'une logique implacable qui cache bien son jeu et est drôlement fortiche au qui baise qui. Résultat, il se retrouve plus qu'à son tour dans de sales draps à force de fricoter entre le beau monde et les bas fonds. Dans cette ville de "province" près de New York, le territoire a été partagé par le milieu, luttes d'influence entre deux clans rivaux. Tous les coups sont permis. Le linge sale se lave en famille ; c'est bien connu. Et le Ned l'on sent bien qu'il va faire une grande lessive, ... du moins s'il parvient à survivre. Le QBQ, c'est psychologiquement dur au point que certains joueurs cherchent à quitter la partie en se suicidant.

- Bluffant tout simplement !

- Normal pour un joueur professionnel. Donc, tu as aimé.

- Absolument ! L'ambiance, le suspens et surtout...

- Les dialogues, évidemment.

- Magnifiquement bien emballé

- EmballéE^^

- Et puis cela avait beau être l'Amérique de la prohibition, futé comme il est le Ned buvait sans modération.

- Tttte , ttte, ttte c'est le roman qu'il faut déguster sans modération, enfin... si l'on est futé.



Une construction simple, maîtrisée, efficace, un policier à l'ancienne qui fait penser immanquablement à ces films en noir et blanc et leurs gros plans sur les regards : un modèle du genre.
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