J'ai commencé à lire des nouvelles de
Dashiell Hammett dans
Mystère Magazine qu'achetait ma grand mère, à la fin des années 50. C'était à l'époque un de mes auteurs préférés. Dans Meurtres à Chinatown (1925), l'une des meilleures nouvelles de la série des ‘Continental Op', on a la rencontre du roman noir avec les mystères de Chinatown. Et on atteint un sommet.
Wim Wenders, dans son film Hammett sorti en 1982, a su porter à l'écran l'atmosphère de ‘Meurtres à Chinatown', même si détective et intrigue diffèrent.
Chinatown c'est d'abord un dédale de rues, de portes dérobées et de passages secrets qui relient les maisons entre elles. C'est aussi la duplicité de chinois doucereux parlant par énigmes, manipulateurs, et prêts à vous trucider sur le champ pour protéger leurs trafics en tout genre. D'étranges jeunes femmes désirables, souvent exploitées, y font de courtes apparitions. Et puis le danger est partout à Chinatown, on y assiste à beaucoup d'évènements - souvent mortels - qu'on ne s'explique pas. C'est le détective qui dit à son patron: ‘C'est parfait, je vais à présent faire un tour à Chinatown. Si vous n'entendez plus parler de moi dans les deux prochains jours, pouvez-vous demander aux balayeurs de faire gaffe à ce qu'ils ramassent dans les rues?' On a toutefois l'impression qu'on est tenu à l'écart d'une partie de l'action qu'il faut deviner. C'est pas grave. Quant aux cadavres, ils disparaissent comme par enchantement.
La narration nerveuse de l'auteur nous laisse hors d'haleine, comme si on courait aux côtés du détective. Un des personnages parle même en style télégraphique 'S'est jeté sur téléphone. A appelé hôtel Irvington…. Devrait suffire. Puis Chinatown.' Les intuitions du détective qui s'avèrent justes et ses nombreuses révélations qu'il assène sans préavis nous dressent le portrait d'un bon professionnel.
Embauché par Lillian Shan pour découvrir qui a assassiné deux de ses domestiques chinoises, le ‘Continental Op' va enquêter dans Chinatown, assisté par deux indics occasionnels et un spécialiste de la filature. Les rebondissements s'enchaînent. Lillian Shan est elle coupable des meurtres? Pourquoi sa villa est-elle convoitée par la mafia chinoise? Comment le Continental Op peut il sauver Lillian et lui même du piège de Chinatown?
J'ai beaucoup aimé, mais ça a un peu vieilli. le roman noir actuel a su - tout en gardant ses codes - intégrer des procédés littéraires modernes qui l'ont rendu plus émouvant et plus prenant. La lecture de Meurtres à Chinatown est à réserver aux nostalgiques du roman noir d'origine, pur et dur.