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Citations de Delphine Minoui (327)


Elle perçoit aussi le risque du naufrage. Elle sent que Göktay est à deux doigts de flancher.Pourtant, il s'accroche. Elle lit tout ça entre les lignes. Elle le comprend et elle l'admire.Pour son refus de se taire.Pour sa capacité à composer un alphabet imaginaire quand il n'a plus la force de rien.
Et Elle se dit que c'est ça, la liberté : vivre jusqu'au bout des mots.

( p.238)
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-Et ils n'ont pas peur ? demande-t-elle en fixant le cordon des policiers, mitraillette en bandoulière, trois fois plus nombreux que les protestataires.
-Peur ? répète Azad. Il y a dans la solitude un sentiment de perte absolue qui vous donne des ailes.

(p. 207)
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Le projet a rapidement pris de l'ampleur, passant de dix abonnés à des centaines. Depuis un mois maintenant, une dizaine d'enseignants défilent quotidiennement dans son studio pour enseigner eux aussi à distance.Chaque soir, une manière, un thème particulier, et des échanges inespérés.
- Regardez ce message.Cet étudiant séchait constamment mes cours.À présent, il n'en rate aucun !

Le plus inattendu, ce sont tous ces nouveaux abonnés issus des quatre coins du pays- retraités, mères de famille, chômeurs, syndicalistes. Une palette insolite d'étudiants en herbe, venus se greffer à ceux qui fréquentent les bancs traditionnels de l'université.
" Merci d'ouvrir nos yeux quand on nous force à les fermer " , lui a écrit une femme depuis un village réputé conservateur des bords de la mer Noire.D'elle, il ne sait pas grand-chose, à part qu'elle est mère de quatre enfants et que,dans sa famille, les femmes n'ont pas l'habitude d'étudier.
- On pourra me traiter de naïf.Mais j'y vois un signe d'espoir, même infime.
(...)
L'ironie de cette immense purge est peut-être là, pense-t-elle, dans ce qu'elle enseigne en interdisant.Dans ce qu'elle crée de liens en divisant.

( p.212)
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Grandir en Turquie, c'est faire de l'anormalité la normalité. C'est adopter l'orage.Sublimer le soleil à la première éclaircie.
En fait, plus rien n'impressionne Deniz, ni le visage anxieux de sa mère ni celui de toutes les autres épouses de prisonniers qu'elles croisent dès leur arrivée. La petite s'imagine dans un aéroport, prête au grand décollage. Dans sa tête, elle part en voyage pour retrouver son papa.

( p.150)
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Les retrouvailles, même en prison, ont suffi à la remettre sur pied.Les enfants ont cette force.Cette capacité à surmonter leurs émotions, pourvu qu'ils soient rassurés. Quand on a l'âge de Deniz, c'est le silence qui tue.Pas la prison.

( p.164)
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C'est cela qu'elle a toujours aimé : le monde entier se donne rendez-vous à Istanbul. Il suffit de se perdre dans les allées du Grand Bazar, de s'attabler à n'importe quel café pour croiser des gens d'ailleurs, exilés, touristes, hommes d'affaires en transit. Il suffit de fermer les yeux pour se laisser bercer par un méli-mélo de langues européennes, de russe, d'arabe, de persan, d'hébreu, étonnant dialogue fictif entre ressortissants de pays ennemis qui se retrouvent ici, comme si de rien n'était. Sa ville- monde a beau être fière de sa diversité, elle n'en demeure pas moins la cité de tous les dangers, hanté par un passé fait de pogroms, de massacres, d'autoritarisme en tout genre.Son histoire a prouvé qu'elle pouvait sans transition devenir ville- monstre, capable de dévorer ses propres habitants.

( p.108)
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- Temps social ! annonce le geôlier en le guidant dans le couloir menant à une petite cour.
L'exercice, lui apprend-il, consiste à accorder aux détenus du même clan politique quelques minutes d' échanges quotidiens. Aussitôt, l'imaginaire de Göktai s'enflamme.Il se voit déjà serrer des mains, bavarder, refaire le monde.
Dehors, la lumière l'éblouit.Il doit ralentir le pas pour s'acclimater. Il n'a pas vu le soleil depuis si longtemps. Lorsqu'il rouvre les yeux, c'est pour tomber nez à nez avec quatre murs nus.La cour est vide.Personne
Un désert de béton. Le maton, resté sur le pas de la porte, explique à Göktay que, sur la liste à rallonge des " terroristes ", il n'entre dans aucune catégorie. (...)
Göktai est un spécimen sans étiquette ni affiliation : il doit se contenter d'un" temps social" solitaire.

( p.101)
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À l'étage réservé à l'administration, la secrétaire veut tout noter: le nom, le prénom, le motif de leur retard.Ayla courbe l'échine, ne sachant que cocher dans les cases du formulaire : panne de réveil, embouteillage, maladie.L'absurdité du régime politique ne figure pas parmi les options proposées.
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Elle se souvient de ce que disait Göktay: " Le médecin soigne le corps et le professeur la tête. "
Les mots avaient le pouvoir d'éclairer le monde, croyaient-ils tous les deux.

( p.39)
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En observant Deniz, elle pense à tous les enfants du monde, à leur façon d'embellir la vie, de la réinventer à leur guise.Elle imagine même le président Erdogan à cet âge, gamin des faubourgs d'Istanbul, fils d'un pêcheur de la mer Noire, qui vendait des " simit" dans la rue et jouait au foot avec des balles de chiffon.Ça le rend presque attendrissant. Non, surtout ne pas se laisser attendrir par l'enfance modeste d'Erdogan.
Elle maudit sa façon de semer la haine, de laisser la Turquie glisser lentement vers la dictature.

( p.44)
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Et Ardéchir qui saute sur une branche. Combien de fois l'avait-il déjà fait? Rodé à l'exercice, il se croyait invincible. A force, c'était devenu un jeu. Un jeu à pile ou face. Cette fois-ci, la branche n'a pas résisté. Ardéchir l'acrobate est tombé. Le vide. La mort. La fin d'un rêve . L'innocence assassinée.
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Elle est sa seconde moitié, ces larmes qu'il n'a plus, cette fragilité des jours inquiets quand, au bout d'une ligne aléatoire, elle lui souffle qu'elle l'aime.
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Il croit aux livres, il croit en la magie des mots, il croit aux bienfaits de l'écrit, ce pansement de l'âme, cette mystérieuse alchimie qui fait qu'on s'évade dans un temps immobile, suspendu. Comme les cailloux du Petit Poucet, un livre mène à un autre livre. On trébuche, on avance, on s'arrête, on reprend. On apprend. Chaque livre, dit-il, renferme une histoire, une vie, un secret.
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Mais il veut parler des livres, sa nouvelle passion, pas se lamenter sur sa santé. Lui, le survivant, ose croire en leur bienfait. S'ils ne peuvent soigner les plaies, ils ont le pouvoir d'apaiser les blessures de la tête. En fait, le simple acte de lire lui est d'un immense réconfort. Une sensation découverte dès la création de la bibliothèque. Il aime flâner entre les pages. Feuilleter sans fin. Se perdre entre les points et les virgules. Naviguer sur des territoires inconnus.

– Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit.
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A l'ombre de la guerre, les phrases peuvent de nouveau vibrer. Elles sont la marque du temps qui reste quand tout est condamné à disparaître. Elles frémissent de toux ces mots, ceux de la sagesse, de l'espoir, de la science, de la philosophe, qui résistent à la poudre d'explosif. Parfaitement ordonnés et classés sur les étagères, les mots sont solides, ils tiennent debout, triomphants, résistants, vaillants, crédibles, empreints de vérité. Ils offrent des pistes de réflexion, des torrents d'idées, des histoires pour s'échapper. Le monde entier à porté de main.
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Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive.
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Les livres, ces armes d'instruction massive qui font trembler les tyrans.
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Bachar al-Assad a voulu mettre Daraya entre parenthèses, l'enfermer entre crochets. J'aimerais lui ouvrir les guillemets. Faire défiler d'autres images que ce premier cliché. S'il faut se contenter de dessiner la silhouette d'une ville interdite, je suis prête à prendre le risque de tracer ces lignes imparfaites. Quand toutes les portes se ferment à double tour, ne reste-t-il pas, justement, les mots pour raconter ?
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Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. les livres, leurs armes d‘instruction massive.
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Les uns après les autres, ils me racontent leurs lectures comme on déroule un parchemin. Pendant des heures, ils me parlent des poèmes d'amour de Nizar Kabbani et des écrits du théologien syrien Ibn Qayyim. Ils me confient leur nouvelle passion pour le théâtre de Shakespeare et de Molière. Pour les romans de Marcel Proust et du Sud-Africain Coetzee. Pour les comptines destinées aux enfants. Ils évoquent avec tendresse le Petit Prince de Saint-Exupéry. Font des louanges des pavés de médecine qui les aident à mieux traiter les blessés.
Impassibles, ils affirment que ces écrits sont leurs nouveaux remparts.
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