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Citations de Denis Drummond (54)


Pendant ces quatre jours, nous avons vécu dans la guerre. En suivant Enguerrand, nous avons traqué son regard, vu ses horreurs, ses atrocités, trouvé beau ce qui ne peut l’être, et donné un sens à ce qui ne peut en avoir.
(p. 220, Chapitre 2 de l’épilogue).
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Les attentats devenaient quotidiens. Sur les marchés, dans les gares routières, une nouvelle peur s’installait, une autre réplique de l’enfer, qui abîmait l’espoir d’une vie tranquille occupée à travailler, aimer, fonder une famille, élever des enfants, rêver, comme si ce simple désir de vivre devenait une espérance de paradis.
(p. 195, Chapitre 6, Partie 3, “Troisième jour. Fumigations – Afghanistan (septembre-novembre 2001”).
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Ce chaos visuel lui paraissait propre à représenter la guerre comme un aboutissement de la "nature morte"; une nature morte sans gibier ni fruit, une nature morte comme l'éternel combat des hommes ivres de leurs démons.
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Lui apparut alors qu'Enguerrand avait construit un magnifique cheval de Troie, mais que cette oeuvre était un piège, un piège offrant à l'horreur le masque de la beauté. Et cette beauté lui était devenue insupportable.
Ce paravent pour les morts n'était pas sa guerre à elle, la guerre vécue dans les camps de réfugiés. Leur laideur était sans fard. Rien ne pourrait les grimer. Leur tristesse inaugurale ne pouvait être consolée. Ces arrière-cours oubliées de la guerre n'étaient rien d'autre que des lieux de souffrance clos par la perte. Il n'y avait pas de place pour la beauté autre que celle des visages condamnés à vivre l'errance immobile d'un destin de mort-vivant.
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La machine de guerre tournait à plein régime, engouffrant des quantités impressionnantes de matériels, de munitions, d'essence, d'eau et de nourriture, d'alcool, de sulfamides, de pâte dentifrice, de crème solaire et de papier toilette, tandis que, derrière l'avant-garde de la destruction des ponts et des mondes, se préparait toute une armée de l'après, une armée de conseillers, d'instructeurs, de juristes et d'ingénieurs chargés de la nation building, de la democracy building, et du building tout court.
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Au-dessus de nous, une muraille de fumée couvre la moitié du ciel. Les torches paraissent plus hautes que des tours en flamme. Le pétrole jaillit des puits à une vitesse incroyable. Il fuse et s'enflamme d'un coup avant d'être noyé par de nouvelles gerbes qui prennent feu à leur tour, ventilées par l'explosion de poches de gaz qui vaporisent dans l'air une pluie d'hydrocarbure et de flammèches huileuses.
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De nombreux talibans ont été faits prisonniers. Je les ai vus, entassés dans des camions sans bâche, prendre la route de Kunduz qui longe la ligne où la grande steppe vient mourir.
Je me demande combien de temps cette terre à bout de souffle cessera de souffrir de la folie des fous, de ceux qui voulurent l'enfermer sous un dôme rouge sang, dans une mosquée-monde vidée de toute image, refusant l'existence de l'autre, de la femme, du rire et de la musique, ainsi que de toute représentation, des hommes comme de Dieu, pour colorer leur toute-puissance d'une humilité pieuse, dévoyée, tragique.
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Backo était un enfant. Il est devenu un monstre. Un monstre, c'est un enfant qui tue. Il le retrouve la nuit lorsqu'il serre l'enfant mort dans ses bras. Alors il pleure. La guerre crée d'abord des monstres.
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Dans son journal, Enguerrand parle du massacre, mais il ne le décrit pas. Il ne le montre pas. Il ne l'a pas photographié.
La seule photo que nous connaissions de lui, à ce moment précis qu'il qualifie d'innommable est celle des corps souffrants mais vivants des hommes qui ont, pour un temps, échappé au massacre. Personne ne sait ce qu'il adviendra d'eux. La photo demande grâce de leur survie. Elle est à l'image du silence qui suit l'infigurable. Elle nous cache l'impuissance de Dieu, son absence.
Enguerrand prépare un ex-voto contre la guerre !
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Les jumeaux me disaient qu'ils devraient mourir et que, si la guerre les épargnait, ce seraient leurs enfants qui devraient mourir à leur place. Ils me disaient que Dieu les avait abandonnés, et que survivre était une grâce du diable.
Où est Dieu dans tout ça ? Est-ce le diable qui a explosé les têtes d'enfants sur les murs de Munazi ?
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Agés de quatorze ans, vrais jumeaux, la silhouette fine et le regard malicieux, ils étaient trop heureux de l'accompagner vers le nord. Alors que la tension semblait monter dans le village, Enguerrand savait qu'il prenait une grande responsabilité, mais les parents acceptèrent avec fierté, se disant que les uns et les autres se protégeraient mutuellement. La réalité était plus tragique. Enguerrand le comprit plus tard. Les parents savaient que les Hutus, leurs voisins de village, ceux qui tenaient les champs, écoutaient les appels de la radio à se débarrasser de la vermine tutsi et que, tôt ou tard, ils les exécuteraient tous. Ils se quittèrent avec la dignité de ne rien laisser paraître.
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Sa passion pour les images date de l'école communale, celle de la rue Saint-Jacques puis de la rue Victor Cousin, celle des blouses grises et des plumiers, du lait chocolaté de Mendès France et de la mort de Piaf. Les premières images avaient été celles de la récompense, déposées comme une hostie dans la paume de la main à la fin de chaque semaine, le samedi, peu avant midi, car le travail avait été bien fait, les leçons apprises et les cahiers tenus. Les autres, quotidiennes, se succédaient accrochées au tableau noir, formant les grands espaces d'un voyage haletant entre la cour du Roi-Soleil et les ressources minières de l'Afrique-Equatoriale française.
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Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs.
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Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs.
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