La lecture du dernier roman de Dominique Marny a été un réel bonheur. Vous savez désormais combien j’affectionne les fictions historiques et j’avoue que me plonger dans les années folles m’a ravie.
Je tiens à remercier Aurélia des éditions Presse de la Cité de cet envoi qui a fait mon bonheur.
Dominique Marny a su évoquer l’ambiance de ces années d’après-guerre, une ambiance de reconstruction, festive et pétillante.
Le charme sauvage de la côte basque est parfaitement peint ce qui donne à notre lecture une sensation de voyage immobile au pays de l’espadrille et de la Chistera, des villas cossues de bord de mer, au rocher de la vierge, en passant par le col de la Rune.
Le lecteur fait la connaissance de Valentine, jeune femme active ayant succédé à son époux Sergueï, décédé il y a peu de la grippe espagnole (autre référence à l’histoire de cette période des années 20) et à la tête d’un commerce de négoce de thé russe. Valentine est l’image de ces femmes ayant pris leur vie en mains à la faveur de la guerre, une guerre qui a tenu les hommes éloignés et demandé aux femmes de continuer à tenir les affaires, à travailler pour vivre.
De nombreux personnages gravitent autour de Valentine dans ce roman : les femmes notamment de la famille, sa cousine Irène, sa tante et sa mère qui vit en Egypte mais surtout, personnage secondaire mais très intéressant, sa grand-mère Marthe, femme attachante avec une forte personnalité, humour sarcastique, intelligence vive malgré son grand âge.
On fera la connaissance également des personnes de son entourage proche, celles issues de la communauté Russe exilée, qui ont trouvé refuge à Paris ou à Biarritz. C’est l’occasion pour Dominique Marny d’évoquer l’histoire internationale et les conséquences de la révolution bolchévique russe.
N'oublions pas la rencontre avec un lieu emblématique de ce roman : La Villa Hestia, qui semble être un havre de paix de Valentine, sa maison de cœur, et aussi le “point de ralliement” des personnages du roman, lieu qui accueille de somptueuses fêtes rassemblant le Biarritz des grandes familles et des artistes
L’intrigue repose sur les choix que va devoir faire Valentine après le décès de son époux. Des choix professionnels pour pérenniser et développer les affaires que son mari lui a léguées, des choix d’ordre plus intime quand son cœur bat pour deux hommes. Il y a Georges l’aviateur, image du héros, beau et ténébreux, aventurier sans attache et Henri, le médecin pédiatrique, sensible, cultivé, posé, image de l’homme qui peut offrir une épaule solide.
Le roman est aussi l’occasion pour l’auteure d’évoquer de nombreuses personnalités de cette époque mirifique, Coco Chanel et ses créations qui vont révolutionner la mode féminine, des musiciens comme Stravinski, des artistes de ballet comme Diaghilev. Elle y évoque aussi l’arrivée de la TSF, les vols longs courriers de la compagnie Latécoère, les évolutions de la médecine qui a appris de la chirurgie de guerre et bien d’autres sujets essaimés au fil des pages, et qui nous dressent une image très riche de cette période.
Dominique Marny nous offre là une fresque riche et raffinée des années folles, ces années d’entre deux guerres, où tous cherchaient à se reconstruire, où l’on espèrait des jours meilleurs, où tout semblait possible. Une peinture des années 20 servie par un personnage que j’ai beaucoup apprécié tant il dégage de Valentine une classe naturelle et subtile, une sensibilité et une force tranquille qui la rendent si attachante..
Un vrai régal, un très beau coup de coeur !
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