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Citations de Drago Jancar (99)


Et comme c’était un jour long et beau qu’il devait passer dans la chaleur de cette maison et près de cette soupe odorante qui clapotait sur le poêle et après le déjeuner peut-être retourner dans le lit, comme le village, en bas, était baigné par le soleil et que des toits ruisselait l’eau de la neige qui fondait, comme le blé de mars, dans la prairie au pied de la maison, sortait de terre et pointait vers le soleil, comme la nuit où il devait retourner dans le Pohorje était encore loin, il se reversa un autre verre.
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Dans la prison de Maribor.

Johann était un charpentier et il avait des bras costauds. Il s’attaquait à son travail sanglant avec une sorte de zèle joyeux. Mais le nerf de bœuf n’était qu’une entrée en matière pour les plus obstinés, il y avait encore d’autres méthodes, plus complexes mais aussi plus efficaces. Pour l’arrachement des ongles, Ludwig regardait habituellement par la fenêtre, dans la cour.

p. 73
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C'est vrai qu'elle était au bord des larmes, mais que pourrait-elle dire ? Elle ne sait pas pourquoi elle est venue. Il s'est passé des choses dont il est impossible de parler, des choses qu'on ne peut pas dire, qui restent inscrites dans l'âme et le souvenir, qui taraudent l'âme et empêchent le souvenir de sombrer dans l'oubli, à tout moment arrivent des détails qui font mal.
Mais maintenant ce qui fait le plus mal c'est que son chéri n'est plus nulle part, qu'elle a peut-être été la victime d'une terrible imposture. Peut-être est-il à nouveau en prison.
C'est d'une imposture bien pire, d'une traîtrise beaucoup plus lâche qu'elle ne pouvait l'imaginer qu'elle fut victime. p.120
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La peur fracasse la carapace du monde, la voûte céleste de la sécurité, tous les anges se débandent, la peur déferle dans la pièce, elle avance au milieu du corps, elle s’assoit au sommet de l’estomac, elle s’incruste dans le cœur. Et lorsqu’ils appelaient un nom, la peur creusait un trou dans le cœur et la tête.
Je suis arrivé d’une cellule, se dit-il, j’en suis revenu et sorti et je suis ici comme un galérien en fuite. D’ici aussi je sortirai.
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Il était bizarrement vivant. Il avait tout le temps l’impression qu’il lui manquait la moitié de la tête. Mais pas parce qu’un lance-mines allemand lui aurait enlevé une moitié de tête ou parce que la pétoire de Borben l’aurait arrachée, comme c’était arrivé à beaucoup de combattants qui n’étaient plus là. Parce qu’il lui manquait quelque chose dedans. Ce qu’il y avait avant : Sonja, mai, le temps de l’amour. A cet endroit-là, c’était le vide.
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Valentin Gorjan était maintenant assis devant lui de l’autre côté de la table. Il sentait la chaleur du corps de Johann derrière son dos. C’est ce qu’il supportait le plus mal. La proximité physique d’un homme qui peut faire de lui ce qu’il veut. A ce moment-là, on devient fragile, pauvre, faible comme un enfant à qui on brise le cœur et dont l’âme effrayée se déchaîne dans le corps, frappe sous les tempes tout en sachant qu’il n’y a pas d’issue.
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Parfois il allait les voir avant qu’on les fusille et il se disait : celui-ci sera mort demain. Au cours de ses rondes de nuit, Ludwig Mischkolnig pressentait que ce moment de l’histoire allemande lui assignait une mission spéciale : il était l’exécutant de son sombre destin, le dieu de la vie et de la mort.
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Seul celui qui a été pendant de longs mois enfermé dans une cellule humide, qui a été cerné par les murs de pierre de la vieille prison, dans l’humidité puante et les odeurs de la saleté humaine, seul celui qui a entendu les verrous des cellules se fermer dans un bruit de crécelle, qui a entendu les pas des geôliers dans le long couloir, seul celui-là peut ressentir la force du silence, la paix de Dieu alentour, et à personne d’autre que lui les sapins du Pohorje n’ont jamais senti aussi bon, lui qui est d’un seul coup ici, seul et libre. Et vivant.
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Il se pencha vers elle et lui dit tout bas : j’ai trouvé ce Valentin Gorjan. Il aurait pu dire ton Valentin. Mais cette idée lui était odieuse ; que cette misère humaine qu’il avait aperçue par le judas lui appartienne et elle à lui, c’était une idée dégoûtante, odieuse, c’était presque impossible. Quand cette misère disparaîtrait du monde, il n’aurait même plus à penser à ce genre de choses.
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Ca claqua, une balle atterrit sur la vitre avant, ma balle, se dit Valentin, j'ai fait mouche, le chauffeur s'affaissa sur son siège, les balles clappèrent sur la bâche et la déchirèrent, ça claqua de tous les côtés, la mitrailleuse crépita, le camion entra dans le buisson de framboisiers où le lapin avait disparu un peu plus tôt, il se pencha et versa presque, une roue tournait dans le vide, quelques hommes sautèrent du camion, immédiatement criblés de balles, ils se relevèrent sous les arbres et, sous les tirs, descendirent vers la route, ils allaient abattre les derniers qui s'échappaient du camion, ils abattraient aussi les blessés, ils avaient tué le chauffeur qui se traînait hors de sa cabine, son sang avait giclé de sa carotide sur la paroi latérale du camion, on appelle ça une action réussie, une victoire.
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il y eut du tapage dans le couloir, quelqu'un ouvrit le judas de sa cellule. Valentin bondit du châlit et se tint au garde-à-vous. La lumière l'aveugla, on avait éclairé de l'extérieur, l'ampoule située haut sous le plafond avait été allumée par un interrupteur situé dans le couloir. Il vit des yeux qui l'observaient. Il se mit à trembler de tout son corps. Maintenant ils vont le faire monter et l'interrogatoire va recommencer. ils lui montreront des photos d'hommes et de femmes inconnus. Tu connais celle-là? Tu connais celui-là? Il secouera la tête, il ne connaît personne. Il en avait reconnu un, Polde, sur la photo il était plus jeune, rasé, en costume cravate. Là-haut dans le Pohorje, il avait une moustache, il était en uniforme de l'armée yougoslave, il l'avait reconnu mais il avait nié sans sourciller. Il avait secoué la tête en attendant les coups. Johann allait venir, manches retroussées et nerf de boeuf à la main. Avec ses bras musclés, aux tendons marqués, des bras puissants. Il regarda le sol et attendit que la porte s'ouvrît. Il sentit ses genoux trembler, ses jambes fléchir, combien de temps tiendrait-il encore? Mais le judas se referma, la lumière s'éteignit et il entendit les pas qui s'éloignaient dans le couloir. Ce n'était pas Johann. Peut-être le gardien? Ce n'était pas non plus le gardien, depuis que Valentin était en cellule, son ouïe, l'ouïe des animaux terrorisés, connaissait tous les pas qui s'approchaient.
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Drago Jancar
Elle dord. Derrière ses paupières fermées, elle voit les nuages loin dans le Nord, elle voit les cygnes, d'abord l'un qui fourette la surface avant de d'élever, ensuite toute une volée qui s'élance dans un large battement d'ailes, qui nage presque à travers le voile de brume au-dessus de l'eau en direction du clocher, son reflet plane sur le miroir du sombre lac de l'automne.
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Le mal n'est pas en ce qu'on a fait ou ce qu'on fait. Le mal est dans la réponse à la question de savoir ce que nous avons fait pour qu'il voie le jour
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[...] l'amour triomphe de la distance, l'amour triomphe de tot. Sauf de la guerre. La guerre triomphe de tout, même de ceux qui se battent.
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Drago Jancar
La poésie triomphe de tout. Sauf de la guerre.
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La guerre triomphe de tout, même de ceux qui se battent. Et de ceux qui attendent que ça passe.
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On a toujours honte de ce qui n'arrive pas selon notre volonté, de ce qui peut-être même arrive contre notre volonté.
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Quand les sirènes se mettent à hurler, une voiture vient chercher son père et l'emmène à l'hôpital car, quand les bombes finissent d'exploser et de tonner, quand le bruit des moteurs d'avion se tait, quand les sirènes cessent de hurler, quand ce bruit descend lentement en grinçant et en toussant presque, on emmène les blessés à l'hôpital et alors son père, le docteur Belak, opère, coupe des jambes, ouvre des ventres, agrafe, coud, il a du sang jusqu'aux coudes.
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A l'heure du crépuscule viens
Et à l'heure du crépuscule seulement,
A l'heure du pardon,
Quand le jour marche vers l'éternité,
L'âme rêve de poèmes
Semblable à un poème et à un songe.
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A la blonde Véronika, que pouvons-nous faire, la jeunesse est éphémère.
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