Au final, il y a un livre d'une profonde acuité sur la modernisation de la campagne française dans les années 1960, très éclairant sur la grande mutation culturelle et sociale que notre société vécut en parallèle.
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Les grandes douleurs étaient passées, les lancinantes nausées avaient presque disparu, je goûtais la béatitude inouïe de n’avoir plus mal, de n’avoir pas encore faim sinon pour savourer comme délicatesse exquise l’œuf à la coque et le butter milk, je n’avais plus d’infirmité, je n’avais pas encore de force, je recommençais à peine à me réintéresser à moi, au monde, ces deux sources d’angoisse permanentes, mais sans encore atteindre le seuil de l’angoisse ; j’étais dans des draps toujours propres parce que changés tous les matins, nettoyé par des infirmières très hygiéniques qui me pommadaient – mieux qu’un lavage, qu’un massage, presque des caresses ; je n’étais pas assez guéri pour comprendre que l’hôpital n’était pas seulement une nursery mais une avant-morgue.
Cet énorme manuscrit ne ressemble en rien à ce que j’ai écrit jusqu’alors, et depuis ; mais il me ressemble comme rien de ce que j’ai écrit n’a pu me ressembler. Les autres livres étaient de moi, celui-ci est moi. Il me ressemble parce qu’il me rassemble : tout ce qui se trouvait séparé, dans ma vie et dans mes livres, dans la science de l’homme et dans la politique, dans mes activités et mes oisivetés, et aussi tout ce qui se trouvait atrophié dans mes œuvres, indiqué seulement en introduction ou en conclusion, tout est là.
C’est toute l’histoire qui accélère, et accélèrent les chemins de fer, les avions, les rythmes de la ville et de la vie, les amours et les amitiés. C’est cette petite aile du cosmos qui accélère le mouvement.
La vitesse d’évolution s’accélère pour devenir déflagration. L’accélération de l’histoire, c’est peut-être la désintégration de l’histoire. Nous vivons une explosion que nous percevons au ralenti avec nos sens balourds ; ou bien nous entrons en un moment d’accélération dans l’explosion générale qui se nomme univers.
Faut-il renoncer, et surtout renoncer à l’inconnu, à l’inconnue ?… Ne pas renoncer, c’est aussi ne pas élire… Et élire, c’est abandonner ce qui pourrait advenir…
Ce n’est pas un journal « total » car il ne dit rien de ce qui se passe au-dessous de la ceinture et tait bien des épisodes de vie souterraine.
Lors de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement", le sociologue et philosophe Edgar Morin dressait un panorama historique de l'apparition de cet "agrégat de détritus cosmiques" qu'est la planète Terre, avant d'examiner son peuplement progressif par l'humanité, "partie intégrante et désintégrante de la biosphère".
Conférence inaugurale de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement, quelle histoire ?".
0:00 Générique
0:33 Conférence
Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/qoPB
© Edgar Morin, 2001.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)
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