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Citations de Edmonde Charles-Roux (64)


"Il y a des rêves qui, une fois dérangés, ne laissent aucune place à l'espoir."
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Non, la douleur n'est pas un naufrage. Elle n'engloutit pas, elle déferle, elle frappe. L'espace d'un éclair et se sentir vidée de son sang, le souffle et les jambes coupées, des crocs dans l'estomac, c'est cela la douleur.
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"La mort a des ruses étranges. Elle masque sa démarche, et les signes avant-coureurs de sa victoire peuvent souvent être interprétés à faux."
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A New York, cela étonnait un homme en noir assis sur le pas de la porte. Même dans la ville basse, même au coin de Mulberry Street cela étonnait. Je reverrai toujours Carmine Bonnavia tel qu'il m'est apparu ce jour là, borne sombre contre laquelle j'ai buté.
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Car il arrive ainsi, souvent, que la banalité exprimée à haute voix finisse par étouffer la vérité tenue secrète.
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"La mode n'existe pas seulement dans les robes ;
la mode est dans l'air, c'est le vent qui l'apporte,
on la pressent, on la respire,
elle est au ciel et sur le macadam,
elle tient aux idées, aux mœurs, aux événements."

Coco Chanel
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On me dira q'un tel aveuglement relève de l'anomalie, que cette vieille fille ne faisait illusion qu'à elle-même. Cela est vrai. Car, à parler franc, Tante Rosie était pire que vieille. L'aveu de son âge se situait du côté de sa bouche. Un nid à rides, sa bouche, le Waterloo des plus célèbres esthéticiens, une feuille de papier en soie prête à craquer, un désastre. Les frisons qui voletaient autour de son front lisse, sa frange, ses joues sans âge, sa démarche sautillante ne faisaient qu'accuser la ruine d'un bas de visage dolent, affaissé. Tante Rosie en était consciente. Cela se lisait au fond de son regard comme une question sans cesse posée.
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Amer mystère des souvenirs... Cette impossibilité de prévoir d'où viendra l'assaut.
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Et rien n’interdit de supposer que ce fut à une religieuse, laissée libre de le choisir , que Melle Chanel dut ce prénom de GABRIELLE signifiant en langue hébraïque, force et puissance et, qui, si l’on en croit l’onomancie, assure aux femmes qui le portent un rayonnement durable.
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"On devient curieux d'autrui lorsqu'une élémentaire hygiène mentale exige de se désintéresser de soi-même."
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Que je suis lente à comprendre : Antonio ne reviendra pas. Je suis seule. Je me donne à ces mots, à leur vide sans faille. Ils m'accueillent et m'enveloppent. Ils pèsent autant qu'un bras autour de mes épaules : je ne connaîtrai jamais d'étreinte plus durable.
Lecteur, je suis allée à Solanto, ce jour-là, pour la dernière fois.
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« Les jours de fête chez nous, dit Ulric , les paysannes ressemblaient à d’immenses coquelicots et quand elles dansaient, les hommes, à côté d’elles, étaient comme de minces flammes noires. Ils faisaient cercle autour des coquelicots, un cercle qui devenait toujours plus étroit, plus menaçant, qui diminuait sans cesse, dans un grand bruit de talons, jusqu’à ce que la masse rouge des femmes disparaisse derrière le mur aveugle des corps. Et puis brusquement un coquelicot, le plus jeune, le plus beau, jaillissait comme une source écarlate qui, trop longtemps captée, était soudain libérée et projetée jusqu’au ciel, à bout de bras. C’était merveilleux. On pouvait vraiment croire à cette femme-coquelicot et à ces hommes-flammes… »
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En février 1964, lors d’une représentation de Cyrano de Bergerac au Théâtre-Français, la violence de sa désapprobation avait scandalisé ses voisins. Le culte de ce qui est encore considéré comme le chef-d’œuvre d’Edmond Rostand existe, on le sait, depuis bientôt quatre-vingts ans. Mais loin de se laisser impressionner par les « chut » retentissants et les protestations qui fusaient autour d’elle, Chanel, devenue le point de mire de la salle, continuait à ironiser sans qu’il fût possible de la faire taire. On l’entendait accablant comédiens et auteur de ses quolibets.
« Non, mais quelle infection ! ... Des vers mirliton... Le mauvais goût de tout ça ! Quelle prétention ! Affreuse époque ! Et le cocorico français, quelle bêtise ! Un patriotisme de concierge. »
A l’instant le plus pathétique, on l’entendit nettement qui lançait entre ses dents un « Cocorico » cinglant. Elle fulminait.
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Isadora vivait en phalanstère, entourée de joyeux lurons, artistes en tous genres. Elle recevait la poitrine nue sous un péplum. Un jeune homme fort maigre et portant une barbe de faune ne la quittait pas. Des mélanges alcoolisés d’une saveur très nouvelle circulaient. On riait, on causait, les jeunes femmes s’amusaient, Gabrielle écoutait. Quand vint l’instant tant attendu, où Isadora annonça qu’elle allait improviser, on la vit s’élancer, les bras levés, comme si tous les dieux de l’Olympe savaient trouvé à se loger dans la verrière du plafond. Ses attitudes étaient convaincantes. On en oubliait la pauvreté des accessoires : une guirlande de roses en papier fripé.
La danse eut pour effet d’envoyer le jeune barbu d’un bond jusqu’au milieu de l’atelier, ce qui vint tout gâter aux yeux de Gabrielle. L’alcool aidant, le jeune homme — c’était Kees Van Dongen — se comporta en satyre. Il empoigna, a pleines mains, les fesses de la grande prêtresse sans qu’elle en parût le moins du monde offensée.
Isadora alla jusqu’au bout de son improvisation et continua à s’adresser au plafond avec des gestes magnifiques.
Le milieu des arts, ne fût-ce que par mépris des conventions, pouvait applaudir. Gabrielle pas.
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Bien des romans perdent leurs pétales au fil du temps mais tel n'est pas le cas d'"Elle Adrienne". Ce livre, le meilleur de son auteur, est de toutes les heures de la vie - jeunesse et vieillesse, ville et campagne, voyages. Il tient son rang entre l'Homme pressé de Paul Morand et Les Poneys sauvages de Michel Déon. A relire sans modération.
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Dans les salons de Paris, les mots bals, tir au pigeon, réception, promenade étaient bannis, puisque la mode voulait que l’on dise night party, gun-club, raout et footing. Et les dames ne parlaient plus de ce drap, couleur de fraise écrasée qui faisait fureur à Londres, puisque c’était lady-cloth qu’il fallait dire. Et elles n’allaient pas non plus déjeuner, on lunchait.
Commençait ainsi le règne d’une fascination anglaise dont quelque trente ans plus tard, allait naître l’art de Chanel.
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Que d’inexactitudes dans ce qu’elle raconta ! Et comment ne pas évoquer ici son habilité à captiver ceux qui l’écoutaient. Elle les observait avec la férocité satisfaite d’une araignée à l’affût. Mais elle savait aussi les mépriser et du fond de l’âme. Trop crédules ces proies, trop faciles... Tout pour elle était plus important que la vérité.
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(1944) Des Français vivant une aventure comme personne ne saura jamais en imaginer, ouvriers fuyant les usines d'armement, officiers échappés des camps de Pologne, militaires, gradés ou non, venus par la frontière hongroise sous la conduite d'un technicien de l'évasion, un lieutenant de La Roncière repris à son onzième passage, c'était cela les Français en Slovaquie : une jeunesse, mise à combattre à peine arrivée, et qui toujours demeura groupée, aux ordres d'un seul homme, lieutenant en France, chef de bande en Slovaquie.
Sublime galimatias qui plonge ce fils de général en pleine insurrection militaire, place ce cavalier sorti de Saint-Cyr, ses hommes et aussi son interprète, Vladimir Nicolaïevitch Iersov, ancien officier du tsar, sous le commandement enfin, de Georges de Lannurien, hobereau de Morlaix et Breton de bonne souche, le chef des Français de la brigade Stefanik.
Enfin ceci : Stefanik. Voyez quel nom était celui de la brigade où aboutissaient nos Français. Voyez ce nom ! A quelles nouvelles aventures allait se trouver associé, longtemps après sa mort, Milan Stefanik, dont le destin, tout de dangers, de courses périlleuses, de missions secrètes et de folles passions, est un vertige.
Ainsi se battait-on au nom de celui qui, né près de Myjava, dans les années 80, avec des idées qui n'étaient pas celles de l'empereur d'Autriche, s'en vint en France où il étudia les étoiles et devint assistant à l'observatoire de Meudon; qui, s'étant fait français autour de 1915, fut promu officier dans notre armée, et ne s'en retrouva pas moins, à trois ans de là, général dans la jeune armée tchèque mais toujours vêtu de bleu horizon; qui, nommé par Masaryk ministre de la Guerre, fut tué à trente-neuf ans, (4 mai 1919) par méprise. Abattu au-dessus de sa Slovaquie natale dans l'avion inconnu, l'avion étranger qui le ramenait de Sibérie. Un avion français...

918 - [Le Livre de poche n° 3484, p. 610-611]
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page 40

Mais oui, c'est ce personnage crépu, au teint basané, aux lèvres charnues. Il est là-le voyez vous? Là, vous y êtes, il prend appui sur le gros orteil de la Madone...
Quoi qu'il en soit la sœur Rita en est certaine: les seigneurs agenouillés aux pieds de la Madone ne sont pas des donateurs.
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"On a beau vouloir couper avec le passé, quelque chose malgré tout demeure, qui s'accroche et dont on a le plus grand mal à se débarrasser. Il faut s'arranger de ce qui remonte dans les souvenirs comme une bulle du fond d'un marais ; il faut prévoir la main qui dans le rêve se pose plus vraie que vraie ; il faut craindre l'inconnu dont le sourire déclenche un serrement de cœur ; il faut lutter contre les bras qui ne vous cherchent plus. Il faut se mentir, être lâche, toujours prévoir le pire et savoir qu'à la moindre défaillance le combat reprendra du début."
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Ce tableau représente le plus jeune fils du peintre, Claude, au domaine des "Collettes" à Cagnes sur mer. Il avait acheté ce domaine pour sauver les oliviers: "Ce sont les arbres les plus beaux du monde, d'une majesté rare, alliée à une légèreté aérienne". Ce peintre avait trois fils: l'ainé fut comédien, le deuxième réalisateur et Claude est devenu céramiste. Il a changé plusieurs fois de style. "Le déjeuner des canotiers" est l'une de ses toiles les plus célèbres. Il s'agit de:

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