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Critiques de Edward Abbey (426)
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

J’en suis moi-même surprise mais je ressors très déçue de ma lecture du Gang de la clef à molettes.

Pourtant je me réjouissais vraiment à l’idée de le lire sur les bons conseils de plusieurs personnes de mon entourage.

Pourtant, j’étais persuadée que ce livre « culte » allait me plaire….!

Le sujet était alléchant : 4 personnages, habitant tous l’ouest américain mais venant d’horizons divers, décident de s’associer pour lutter contre l’industrialisation et la pollution de leur région. Destructions de panneaux publicitaires, de ponts, de voies ferrées, de machines et outils sont au programme et nos 4 héros ne manquent ni d’imagination ni d’humour.

C’est donc à une sorte d’épopée écolo-terroriste à laquelle nous convie l’auteur «avant l’heure », puisque les faits se déroulent dans le milieu des années 70.

Mais si le sujet et les personnages m’ont beaucoup plu et souvent fait rire, je n’en dirais pas autant du style. Pfffff….que de longueurs et le livre m’est souvent tombé des mains. Entre les longues descriptions techniques des machines ou installations que s’apprêtent à faire exploser nos apprentis terroristes et les toutes aussi longues descriptions des végétations, lieux ou routes, je me suis souvent ennuyée. Et la lecture fut pour moi pénible du fait de ces nombreuses coupures dans le rythme.

Voilà c’est bien dommage

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Le Feu sur la montagne

C'est l'histoire du pot de terre contre le pot de fer.

John, soixante-dix ans vit peinard dans son ranch du Nouveau Mexique avec ses chevaux, son bétail. La terre est pauvre mais belle dans ce paysage désertique et il accueille pour les vacances son petit-fils Billy, celui qui va nous raconter cette histoire. Tout va bien donc, sauf que quand tout va bien, il y a lieu de s'inquiéter, oui, parce que là-haut, dans les bureaux du gouvernement fédéral ou de l'US Air Force, enfin un truc dans le style, on a décidé d'implanter un camp de tir de missiles et c'est de la sécurité des États-Unis d'Amérique dont il est question, une affaire sérieuse. Alors on va dédommager grassement les quelques autochtones qui vivent chichement sur ces terres arides et le tour est joué. Mais pour le vieux John, c'est toute sa vie, cette terre, c'est celle de ses ancêtres. Billy qui voue une vénération pour son grand-père va assister impuissant à une montée en pression tout au long de ce magnifique roman.

Dans un autre livre en cours de lecture du même auteur, il nous dit de remettre toujours toute autorité en question. C'est ce que va s'employer à faire le vieux John mais les dés sont pipés et la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Les plus anciens d'entre vous se rappelleront les luttes paysannes du Larzac dans les années 70. Un grand moment de lecture. Abbey, je suis fan, définitivement !
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Après avoir particulièrement apprécié Désert solitaire, il était évident que j'allais tôt ou tard me frotter à ce roman culte. C'est désormais chose faite pour mon plus grand plaisir.

Ce quatuor improbable composé d'un mormon polygame, d'un chirurgien, de sa compagne et d'un vétéran du Vietnam, va s'adonner à son activité favorite dans les paysages magnifiques de l'Utah : le vandalisme constructif.

Mais qui sont les vandales ? Ceux qui font brûler les panneaux publicitaires le long des routes avant de s'attaquer aux engins de chantier ou aux mines de charbon ou ceux qui dénaturent le paysage et qui, pour le profit détruisent les écosystèmes ?

Ce roman, d'une grande modernité pousse à la réflexion sur le monde que nous laissons à nos enfants.

J'écoutais récemment un activiste britannique organisant des opérations commando visant à crever les pneus des SUV les plus polluants. Évidemment, on ne peut être d'accord avec de tels actes même si l'on peut comprendre les motivations qui les sous-tendent. Au cours de ce confinement, je suis allé marcher dans la forêt de Sivens dans un rayon de 10 km de mon domicile (allez, 12 au maximum, c'est mon acte de désobéissance civile à moi). J'avais pour habitude de terminer ma rando par une heure de lecture de ce roman près de la maison forestière. Ce qui s'est passé en ce lieu de triste mémoire en 2014 revenait évidemment sans cesse dans mes réflexions.

Véritable plaidoyer pour le respect de la nature sauvage, c'est aussi un road-trip passionnant avec des personnages hauts en couleurs et un humour décapant.



Challenge multi-défis 2021.
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Le retour du gang

On prend les mêmes et on recommence ? Oui et non, les ingrédients sont là mais le plat est gâché.

Cela ne tient pas aux épices : le ton est toujours aussi piquant, vif, narquois, rock'n'roll et enlevé avec cette apologie joyeuse et grinçante d'anarchie mâtinée d'éco-terrorisme révélant un auteur toujours au taquet de ses convictions et de sa répugnance profonde pour ses compatriotes.

Cela ne tient pas non plus aux décors, toujours aussi somptueux, faits de canyons sans fonds aux couleurs éblouissantes et à la faune riche et hostile, fiers et vieux comme le monde.

Et le problème ne vient pas non plus des personnages car ils sont tous là, très légèrement vieilis mais toujours aussi jubilatoirement vivants, bien qu'un poil moins crédibles dans leurs costumes de papier là où dans le roman original ils sortaient littéralement de la page : Bonnie et Doc désormais mariés, forment un couple si improbable qu'il en est parfait; Seldom Seen Smith traine toujours sa dégaine de mormon déjanté et surtout Hayduke, Georges Washington de son petit nom, n'a pas perdu un gramme ni de sa rage de détruire la civilisation en marche ni de sa vulgarité légendaire. Même le méchant de l'histoire, l'épouvantable évêque mormon Love, est remonté comme un coucou tout au long du roman.

Mais malgré tout cela il m'a manqué l'essentiel, ce qui faisait pour moi tout le sel du Gang d'avant ce Retour du gang : le gang lui-même ! Car à part une scène finale un peu too much et franchement téléphonée, jamais on ne voit ensemble cette bande improbable de pieds nickelés aussi efficaces dans l'action que mal assortis dans la vie, chacun étant introduit dans le récit de manière isolée à la faveur d'une construction narrative décousue voire poussive par moment,à tel point que je me suis même ennuyée.

La faute au temps qui a passé peut-être entre les deux romans ? C'est fini les seventies, on n'y croit plus m'a semblé dire l'auteur entre les lignes et à son corps défendant. Et Goliath a continué d'avancer...
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Désert solitaire

1968 : Le soleil tape dur sur le sol pierreux de l’Utah !

Un lieu où seuls survivent les forts, les astucieux et… les indomptés.



A l’image de la culture Punk - qui désireuse 10 ou 15 ans plus tard de montrer son envie d’un retour à la spontanéité et à la simplicité, mais qui surtout arborerait comme un étendard le rejet du mercantilisme et de la beauf attitude - Edward Abbey, plutôt en avance sur son temps, avait prôné à travers son écriture impétueuse, irrévérencieuse et sincère la sanctuarisation des espaces naturels et la pleine conscience de la place de l’Homme dans l’Univers.

Bien évidemment, son livre s’affirmait à contre-courant du flamboyant et inoxydable « American Way of Life », de la religiosité du pays et de ce que l’on nommait syphilisation (pardon, civilisation) ou Progrès. A ce titre, il en paya le prix.

Les passions se déchaînèrent, les uns prenant le parti de défendre la liberté de consommation, les autres se resserrant autour de sa vision pour lutter griffes et ongles contre le capitalisme qui lentement mais surement détruisait le monde et remplissait les poches d’une poignée de ces joueurs de Monopoly dont le seul but est, ne l’oublions pas, de ruiner tous les autres.

Edward Abbey est aussi un philosophe et un grand poète. Sa perception de la vie, son humanisme, la forme d'énergie qui s’en dégage, son sens inné de l'esthétisme et sans doute la radicalité de ses propos prendront le pas sur la contestation hippie de la décennie qui allait suivre.

Un. Grand. Livre.
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Seuls sont les indomptés

Imaginez la scène… un cow-boy, seul dans la montagne, prépare un feu, y pose sa gamelle de fayots en regardant la ville au loin. Une fois son cheval sanglé et le feu éteint avec le reste de café, il se dirige vers la ville en chantant une vieille ballade. Vous y êtes ?



Et bien, cette scène, Edward Abbey arrive à en faire un chapitre, à vous faire voir le cow-boy, à vous faire sentir l’odeur du café, à vous immerger dans le paysage de telle manière que vous accompagnez Jack Burns sur son cheval et que vous l’aimez déjà.



Avec Edward Abbey, vous ne vous ennuyez pas parce que c’est un poète, un passionné de son ouest lointain. Il sait vous le faire largement apprécier à travers des descriptions magnifiques. Au fur et à mesure du récit, votre cœur calque son rythme sur celui de la nature, des peupliers de Virginie, des chênes palustre, des cactus chollas et des yuccas.



Pourtant, vous n’êtes pas dans un western spaghetti avec des scènes aussi interminables que la musique. Vous êtes au milieu des années 50 au Nouveau-Mexique à l’époque des autoroutes, des camions et des hélicoptères. Votre cœur va en voir de toutes les couleurs malgré ce décor poétique car vous êtes dans un vrai livre à suspense, avec le bon, la brute et le truand version 20ème siècle, sans oublier le shérif évidemment. Je n’ai pas envie de vous en dire plus.



Je ne sais pas ce que vous en penserez mais moi, ce lonesome cowboy, bourré de valeurs simples qui fait la nique au système, je suis totalement tombée sous son charme et je l’ai suivi jusqu’à la dernière ligne, dans sa vie d’indompté solitaire.



Je vous laisse déguster cette pépite du nature writing et prendre un grand bol de liberté. Moi, j’ai juste envie de mettre mes chaussures de marche et d’aller randonner en montagne, loin de la civilisation.


Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Désert solitaire

D'Edward Abbey, j'avais lu, il y a quelques années déjà, « le gang de la clef à molette » ainsi que sa suite, « le retour du gang de la clef à molette », véritables brûlots pro-écologie. J'avais également noté sur mes listes « Désert solitaire », et le fait qu'il ait été retenu comme lecture commune de Septembre du Picabo River Book Club m'a décidé à le lire enfin.



Premier point, la nouvelle couverture de « Désert solitaire » est à saluer : elle est absolument magnifique ! Le roman a été publié il y a pile cinquante années, et demeure un véritable manifeste en faveur de la protection de l'environnement, un plaidoyer pour la nature sauvage. Il relate l'expérience de l'auteur en tant que ranger dans le parc national des Arches, au milieu du désert de l'Utah. Le récit pose avec force la question du progrès et de ses effets néfastes sur la nature, vaste débat loin d'être clos et qui demeure tellement d'actualité. Il évoque avec un mélange de pessimisme et de fatalité le développement de ce que l'auteur appelle lui-même le tourisme industriel (et il n'avait pas probablement pas imaginé l'essor du tourisme mondial tel que nous le connaissons aujourd'hui !). L'écriture est riche, imagée, poétique, mais aussi exigeante. Elle témoigne d'un respect et d'un émerveillement vis-à-vis de la nature, si minutieusement décrite (oiseaux, fleurs, serpents,…).



Toutefois, et j'ai l'impression de commettre une sorte crime de lèse-majesté en l'écrivant, quelques aspects m'ont un peu moins emballé dans cet ouvrage. De rares parties m'ont ainsi semblé, tel le désert, un peu arides, parties dans lesquelles je me suis un peu perdu. J'ai aussi décelé à certains moments une forme d'amertume et de cynisme dans les propos, qui m'a un peu fait tiquer. Comme si Abbey faisait preuve d'une sorte d'égoïsme, souhaitant réserver à son seul plaisir ou à celui de personnes choisies par lui-même, la jouissance des beautés de la nature. Cette dernière ne constitue-t-elle toutefois pas un bien commun ?



Ces quelques réserves ne m'empêche néanmoins pas de considérer ce roman comme indispensable, et je vous en conseille vivement la lecture.



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Le retour du gang

Un roman cynique et militant, à l'image du 'Gang de la clé à molette' (1e opus), et malheureusement indémodable…



Pour qui a lu le premier volet : on reprend les mêmes et on recommence… ou presque. On retrouve en effet Georges Hayduke, Seldom Seen, Doc Sarvis, et Bonnie. Si Georges et toujours aussi révolté et turbulent, les deux derniers se sont en revanche assagis et élèvent leur fils. Impossible pour Georges d'accepter la mise en service d'une excavatrice géante pour construire une autoroute vers des gisements de minerai. Il lui faudra donc croiser le fer. Et pour cela, il doit convaincre ses anciens acolytes de l'aider dans son entreprise de sabotage. La mobilisation citoyenne d'activistes écologistes non-violents pourrait en effet ne pas faire le poids face aux industriels et aux autorités.



Quelle est la meilleure méthode pour limiter le saccage de notre environnement : l'opposition non violente ou le terrorisme ? Bien sûr il s'agit ici d'un roman, et sa réponse n'a pas valeur absolue.



Les collusions entre politiques et industriels restent néanmoins d'actualité près de 30 ans après l'écriture de ce roman. La dénonciation d'Edward ABBEY est tout à fait salutaire puisqu'elle met en évidence la violence institutionnelle qui en résulte contre l'intérêt commun.



A lire si vous avez aimé le premier tome.
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Un vieux médecin, sa jeune et belle amante, un guide de randonnée et un vétéran du Vietnam, se rencontrent par hasard. Tous ont la nostalgie des paysages de l'Amérique de l'ouest d'antan. Ils ont un ennemi commun : l'industrialisation et la politique d'aménagement du territoire qui l'accompagne. Avec beaucoup d'idéalisme et autant de folie, ils décident d'engager le combat. Ils compensent d'abord leur faiblesse numérique par l'effet de surprise et en recourant à des moyens radicaux (même si le vieux Doc veille à éviter toute effusion de sang). La violence de leurs actions fait vite réagir les autorités : le gang est activement recherché. Les quatre compères sauront-ils s'arrêter à temps, avant que la violence ne se retourne contre eux ?



Ce roman est difficile à classer : à la fois récit de 'nature writing' et satire politique, cette tragicomédie mêle la loufoquerie à des descriptions fines de la société américaine et de ses travers, avec des scènes d'action qui donnent de la vivacité au récit. Ces aventures évoquent celles de Bonnie & Clyde (d'ailleurs la jeune femme se prénomme Bonnie). Le ton et les errances des personnages rappellent aussi certains romans de Arto Paasilinna. J’ai parfois songé à 'Rue de la Sardine' également - rapprochement qui n’est pas seulement induit par la reprise du surnom du personnage principal de ce roman de John Steinbeck (Doc).



Un moment de lecture très agréable.
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Seuls sont les indomptés

Critique sur l'évolution du monde moderne qui montre la pollution de l'air et des terres et où la liberté est arrêtée par des barreaux et barbelés. Roman écrit en 1955 et revisité en 1970 par Edward Abbey. Jack Burns, un cowboy solitaire, va sciemment se faire arrêter pour être mis en prison dans le but de rejoindre et d'aider Jack. Deux amis bien différents, Burns est un solitaire aimant chevaucher en toute liberté, tandis que Jack est un intellectuel anarchiste (la raison de sa condamnation) plutôt raisonnable. C'est ce trait de caractère qui lui fera refuser la proposition d'évasion. Il ne veut pas être un fugitif le reste de sa vie. De petits chapitres de ci de là parlent d'un chauffeur routier. Pourquoi ? Réponse à la fin. On sent bien qu'Abbey a distillé ses idées et son caractère dans les deux personnages. Tourné la dernière page du livre, j'ai regardé le film qui porte le même nom avec Kirk Douglas et où l'auteur a participé au scénario. Assez fidèle et complémentaire. Permet de voir les paysages et un rapport très fort de l'homme à sa jument Whisky. Un peu déçue, que dans le film, notre cowboy ne chante pas et n'a pas de guitare. Je suis bien triste de quitter ce dernier Abbey que je gardais au chaud. Pourvu que Gallmeister nous offre d'autres traductions de mon écrivain préféré.
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Le pays des cactus

Ce livre,c'est Désert Solitaire illustré.Une collection de photos plus sublimes les unes que les autres illuminent les textes d'Abbey mais aussi la participation de nombreux autres naturalistes qui nous font partager leur passion du désert

.Des paysages bien sûr mais aussi un regard appuyé sur la magie de la faune et la magnificence de la flore.

Ce livre a vu le jour grâce au travail d'Abbey avec la collaboration de l'équipe de l'Arizona-Sonora Desert Museum de Tucson et d'autres institutions comme l'Americain Museum of Natural History de New York,l'Université de l'Arizona et bien d'autres encore...sans oublier Doug Peacock.
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Désert solitaire

Je suis ranger dans le parc naturel des Arches, Utah, j'aime le désert et la solitude, j'aime pas le tourisme de masse : je suis Edward Abbey.

Sous sa plume inspirée, le désert devient un théâtre dont les acteurs sont le genévrier, le serpent à sonnette et le vent. Il connait à merveille la botanique et la géologie du lieu. Il ne se lasse pas des aubes magiques ni des couchers de soleil glorieux (et nous non plus, à ses côtés devant la petite caravane, à partager une bière fraîche en fin de journée.)

Sa familiarité avec la Nature sauvage s'accompagne de certaines prises de risques : Abbey aime à nous rappeler, par quelques épisodes tragiques, que désert égale danger, aussi.

Par contre, le désert est lui-même menacé par le tourisme de masse, par les routes qui doivent amener leur lot de vacanciers au plus près des merveilles naturelles, par le capitalisme qui cherche à tirer profit de tout.

Et là-dessus, Abbey n'est pas tendre, il aurait même un côté "donneur de leçon" qui gâche un peu le tableau.

Mais c'est tout de même un très grand plaisir de lecture - même si on souffre avec lui de voir le désert dénaturé (et même si pour mon goût ça manque de pluie, dans l'Utah)...

Traduction fluide de Jacques Mailhos.

LC thématique de septembre 2022 : État des lieux

Challenge USA : un livre, un État (Utah)
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Smith, un mormon polygame et renégat - « en congé de sa religion » - est guide de groupes en quête de nature.

Hayduke, ex des forces spéciales au Vietnam, est perpétuellement en colère.

Doc Sarvis est chirurgien et forme avec Abbzug, sa maîtresse tout droit sortie du Bronx, un couple fusionnel et décalé.

Ces quatre-là vont se rencontrer autour d'une même révolte: le saccage de l'Ouest des États-Unis, dont la nature, la beauté sont détruites par les promoteurs d'une modernité qu'ils rejettent. Ensemble, ils vont essayer de changer les choses, avec ce qu'ils ont: la foi en leur cause, des clefs à molette et des bâtons de dynamite - et des litres et des litres de bière….!

Parce que je viens juste d'acheter le second tome - le retour du gang - j'ai décidé de relire le premier et me suis retrouvée projetée au siècle dernier - avec les problèmes environnementaux d'aujourd'hui.

C'est avec une verve incroyable et un immense talent qu'Edward Abbey nous transporte dans cet Ouest pour accompagner et soutenir ces intrépides vengeurs portés par leur révolte - et beaucoup d'ivresse. On ne peut s'empêcher de les aimer pour ce qu'ils sont - des anti-héros - et pour ce qu'ils font, ces casse-tout, fous et téméraires.

Roman à mettre entre toutes les mains en ces jours de temps sombres pour la nature…

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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

On ne peut qu'adherer aux quelques phrases mis en exergue du livre dans l'édition Gallmeister.

C'est de la bombe , un chef d'oeuvre où la rage se marie au rire, un roman culte qui prône l'ecosabotage et l'insoumission à la loi. Un grand road movie. Comme le dit Le Canard enchaîné "comment avons-nous pu passer à côté de ce classique de la contre culture américaine.

Pour un roman écrit dans les années 1970 , Le Gang de la Clef à Molette est un livre visionnaire et d'anticipation.

Sous ces dehors jubilatoire et hilarant ce roman nous plonge dans notre époque actuelle avec le réchauffement climatique, la décroissance, la prise en compte de l'écologie.

Voilà donc 4 personnages aussi dissemblables que possible qui vont se lancer dans une aventure épique : contrarier le développement de l'Ouest Américain dans l'Utah autour du canyon du Colorado

Les voici donc prêt à saboter ligne de chemin de fer, ponts , pelleteuses , tracteurs et camions.

Et quand on sait que nos quatre Pieds Nickelés ont des pedigrees plus loufoques les uns que les autres ....

Il y a George Hayduke, vétéran du Viet Nam accro à la bière et aux armes à feu.

Il y a le docteur Sarvis à la noblesse sévère d'un Sibelius ( il fallait la trouver!) qui brûlent les panneaux publicitaires. ( On devrait tous avoir un hobby)

Il y a l'élément féminin, Abbzug, superbe jeune femme maîtresse du sexagénaire docteur Sarvis

Il y a enfin Seldom Seen Smith mormon polygame , ayant quelques épouses aux quatre coins de l'Utah.

Voici formé le Gang de la Clef à Molette .

Et face à eux il y a la loi et l'administration américaine représenté par un évêque, le FBI,ou encore l'équipe de Recherches et de Secours.

Le pot de terre contre le pot de fer

À travers tous ces protagonistes, le coeur de l'Amérique est là, tout comme son dilemme : conservatrice ou progressiste.

Et que croyait vous qu'il arriva ? Le pot de fer ou le pot de terre ?

A vous de vous lancer à la suite du Gang de la Clef à Molette pour le savoir.

En tout cas c'est un livre réjouissant, iconoclaste qui ne peut être plus actuel

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Un fou ordinaire

Monsieur Abbey, ou le "rat du désert" ou encore "Ed" pour ses amis,nous offre encore et toujours, de grands moments en sa compagnie...dans le désert bien sûr, mais aussi dans les vallées et les canyons.



Ce livre, comme ses autres récits d'ailleurs, se distingue par la finesse de l'observation et la richesse du détail.

L'intérêt pour le lecteur, est qu'Abbey, en bon pédagogue, sait transmettre ses connaissances sur la biodiversité ou la géologie avec légèreté, par petites touches souvent poétiques ponctuées de notes d'humour. Quel bonheur donc, quand ce grand naturaliste partage ses périples !



La beauté est à toutes les pages, ou presque:

"Tout en simplicité, austérité et nudité extrêmes, les dunes de sable sont les formations naturelles les plus élégantes du monde. La nature nue. "



Une déclaration d'amour à la nature originelle:



"La vallée de Comb Wash me semble un genre de paradis.

Un petit torrent court dans le sable brillant, traverse un bois de peupliers, des tapis d'herbe, avec de chaque côté les falaises striées dans les tons rouges et ocres, la forêt tout en haut, et pas une maison en vue, pas même une vache ou un cheval.

L'Eden à l'aube de la création.

Quelle joie de voir qu'il existe encore un endroit de ce genre, là, présent pour nous dès que le besoin s'en fera sentir.

Nous déjeunons au bord du torrent, sous les peupliers, accompagnés du bourdonnement de quelques mouches et du chant des geais et des troglodytes mignons.C'est le coeur de l'été..."



Mais, après les poses, les efforts.

Les marches sont ponctuées de mille et une péripéties; l'aventure est toujours au coin du canyon même si on à l'impression d'être en pays connu ! Et, qui plus est, notre guide a toujours la tête pleine d'anecdotes ,de réflexions , de commentaires savoureux.

Quand on aime trop un livre, il est difficile d'en parler avec objectivité.

Alors, je me contenterai de conclure en assurant que ce livre transmet un message de sagesse et de félicité. Mais, c'est aussi un message d'avertissement et de mise en garde pour que perdure son combat et celui de ses pairs .

Une partie du texte de ce livre a été lue en 1982 à l'université de San Diego (Californie). Puis, en 83, Geo et Outside ont publié des extraits.
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Western endiablé opposant éco-saboteurs et forces de l'ordre / du profit, au coeur des Four Corners.



Publié en 1975, le premier roman d'Edward Abbey, après son récit "Désert solitaire" (1971) et son essai "Le pays des cactus" (1973) est indéniablement l'un de ces livres rares qui, semblant s'appuyer sur du local et du très particulier, parviennent raidement à une stature mythique presque universelle.



Lors d'une descente en rafting du Colorado, en aval du désastre écologique qu'incarnent le barrage de Glen Canyon et le lac Powell, quatre Américains amoureux de la nature en général, et de celle, semi-désertique, de la région des Four Corners en particulier, s'associent pour inventer, avec vigueur, détermination et humour, l'éco-sabotage visant exploitations minières destructrices, ouvreurs de routes, de voies ferrées et de lignes électriques inutiles, et ne répondant comme souvent qu'au besoin d'enrichissement de quelques-uns, en s'attaquant nuitamment, tout d'abord, aux parcs de machines, tracteurs, bulldozers et autres excavatrices mal gardés sur les chantiers dévastateurs de la forêt d'Arizona et d'Utah... D'où le nom que donnent rapidement police, presse et milices privées des industriels aux quatre inconnus : le gang des clefs à molette.



C'est ainsi que l'on découvre et aime Doc, le grand chirurgien d'Albuquerque qui consacre son temps et son argent à financer le matériel et les expéditions du groupe, sa compagne libre, sauvage et inventive, la jeune new-yorkaise Bonnie Abzug, "Seldom Seen" Smith, le mormon non officiel (et pratiquant donc la polygamie abandonnée depuis plus d'un siècle par l'église officielle des Saints des Derniers Jours), guide de randonnée et d'expédition connaissant le moindre recoin des étendues sauvages de la région, et enfin George W. Hayduke, l'ex-béret vert du Vietnam, fruste, frugal, immensément généreux, et capable de parcourir 40 miles de moyenne montagne en moins d'une journée tout en portant soixante kgs de matériel...



Avec un ton unique, oscillant perpétuellement entre la description "sérieuse" des faits et des lieux (et donc avec cette bien particulière poésie du désert) et l'humour déjanté des quatre compères, Edward Abbey livre un étonnant western contemporain, où la préparation des "coups" alterne avec les courses-poursuites échevelées dans le désert et la rocaille, les carters des moteurs répandant leur huile ou la consumant mortellement mêlée au sirop d'érable, tandis que les coups de feu des shériffs et miliciens sifflent souvent aux oreilles de ces outlaws résolus à ne pas laisser la nature être massacrée au nom du profit sans se battre, et revendiquant leur anarchisme (globalement plus marqué, dans l'intimité et malgré les sabotages, par Stirner ou Thoreau que par Bakounine, toutefois)...



Le roman fut aussi, dans la "réalité", et à l'instar du célèbre "Printemps silencieux" (1962) de Rachel Carson, à l'origine d'une nouvelle génération de mouvements écologistes plus radicaux et moins "pépères" que leurs aînés...



Un très grand livre, percutant et drôle, tout baigné d'amour des êtres libres et des paysages des Four Corners.
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Seuls sont les indomptés

Le cow-boy solitaire, ténébreux et vaguement anarchiste, sa noble monture alezanne, le vent de liberté soufflant sur l'immensité des plaines désertiques du Nouveau-Mexique : pas de doute, nous sommes bien chez Edward Abbey.



Seuls sont les indomptés (quel joli titre, tellement plus évocateur que le "Brave Cowboy" original !) date de 1956, et ce n'est que son deuxième roman, mais on y trouve déjà toutes les thématiques chères à celui que l'on considérera plus tard comme "le Thoreau de l'Ouest américain". Citons entre autres l'amour de la nature et des grands espaces, le rejet du mode de vie citadin et de l'inexorable expansion urbaine, l'insoumission d'un héros "en marge" ou la défiance face à l'autorité fédérale...

Ici, le cow-boy dissident se nomme Jack Burns, et c'est l'archétype même du cavalier nomade, rebelle et misanthrope. Quand il apprend que l'un de ses rares amis, Paul Bondi, écrivain-professeur engagé et anticonformiste notoire, se trouve emprisonné au pénitencier de Duke City, il n'hésite pas un instant à se faire capturer à son tour pour aider Paul à se faire la malle (partie I).

Le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu, mais l'évasion est quand même un demi-succès. Commence alors une interminable traque à travers bois, vallons, arroyos asséchés et éperons rocheux (partie II), qui s'achève sur un final assez percutant.



Pour être tout à fait honnête, le scenario, somme toute relativement basique, traine parfois un peu en longueur et ne m'aura que modérément enthousiasmé. Il offre cependant à Edward Abbey l'occasion de nous régaler de superbes descriptions et de jolies envolées stylistiques quand il nous parle du vent, des arbustes noueux, des crotals embusqués sous la rocaille, du crépuscule incandescent qui embrase l'horizon et des milles merveilles dont regorge cette terre âpre et sauvage qu'il connaît si bien.

À mon sens, l'immense talent de l'auteur (dont j'avais tellement aimé le célèbre "Désert solitaire") tient davantage dans la force poétique des images qu'il nous donne à voir et dans la beauté des paysages arides sillonnés par Jack Burns que dans la qualité de l'intrigue ou des dialogues, sans surprise ni grande profondeur.



Sans donc avoir été complètement conquis par ce roman, j'ai aimé y retrouver la plume d'un auteur qui m'est sympathique et la fougue libertaire d'un éternel indompté qui rêva toute sa vie d'une terre vivace et préservée, d'un éden vierge de toute empreinte humaine toxique et malfaisante.

Selon ses dernières volontés, Edward Abbey est enterré illégalement dans le désert, en un lieu tenu secret, avec pour épitaphe : « No comment ».

Qu'il en soit donc ainsi.
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Le Feu sur la montagne

Intéressante découverte de cet auteur américain, Edward Abbey. J'ai préféré ce livre "Le feu sur la montagne" au livre du même auteur "le gang de la clef à molette"

Dans le gang, les détails techniques abondent, achat de matériel, démarrage du Cat sur un chantier, et les chapitres consacrés à ces parties sont longs et m'ont paru ennuyeux. Par contre dans les 2 livres sont fort bien décrits les paysages grandioses, magnifiques, sauvages, que l'auteur veut préserver.

Dans "le feu sur la montagne" un vieux rancher, va être exproprié de ses terres, raison invoquée, la sécurité nationale, et les risques d'une agression russe sur le territoire US.

John le grand-père est une vraie tête de mule, obstinée, il ne veut pas céder. Son petit-fils Billy, est prêt à tout pour l'aider. Intervient aussi un ami du grand-père, Lee, qui va tout faire pour aider John, qui se retrouve seul contre tous. Une belle relation existe entre ces trois-là et donne tout le piment à ce manifeste écologique.
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Les critiques de ce roman sont pourtant quasiment unanimes pour l'encenser mais en ce qui me concerne, je n'y ai pas du tout adhéré et je me suis fait violence pour le finir.

L'histoire en elle-même ne m'a dérangé en tant que telle, mais alors la plume….quel calvaire pour moi!!! Dès les premières pages, j'ai senti que quelque chose me dérangeait et ça ne s'est pas démenti jusqu'à la dernière page. L'auteur est Américain et ça se voit : j'y ai vu à travers les mots quelqu'un de volubile, me contant une histoire en faisant de grands gestes et parlant fort pour bien se faire remarquer. En plus, je soupçonne qu'il soit atteint de TOC car il ne peut s'empêcher de nous donner 3 exemples à la suite à chaque fois qu'il décrit ou cite quelque chose. Bon, parfois il a des crises et nous en sort une floppée, mais c'est majoritairement 3 ;).

Quant aux personnages, je n'en voyais que les contradictions : leurs agissements personnels allaient à l'encontre des soi-disantes convictions et de leurs actions contre le système.

Bref, un livre que je vais me faire le plaisir d'oublier et je vais laisser à ceux qui ont apprécié le soin de vous donner envie de le lire car ce n'est pas moi qui irais dans ce sens...
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Désert solitaire

Lisez-le tout simplement, au lieu de lire mon avis, même si le livre ne vous semble pas « glamour ». Je suis presque sûre que beaucoup ignorent qu’il y a des déserts aux Etats-Unis, et se disent, après avoir appris son existence, qu’il ne doit pas s’y passer grand chose. Edward Abbey nous prouve le contraire.

Ce qui domine une fois le livre refermé ? L’impression que l’homme ne sera jamais raisonnable, et préférera toujours le profit à la beauté de la nature. Il la « canalise », il la détruit plutôt, pour le meilleur des touristes et le pire pour la faune et la flore locale. Ce livre n’est pas un tombeau, même si ce qu’il décrit n’existe plus. Ce livre est un hymne à la nature « libre », aux hommes qui ont la chance d’y vivre ou d’y avoir vécu, sans avoir pensé à la domestiquer et à en tirer profit.

Bien sûr qu’Edward Abbey parle de lui dans ce livre puisque c’est son expérience qu’il nous livre, et certaines aventures furent périlleuses, d’autres émouvantes. La colère, oui, mais l’humour aussi, face aux charmants touristes qui n’ont aucune envie de sortir de leur voiture pour découvrir la nature qui les entoure.

Désert solitaire – sur lequel il veille.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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La littérature de montagne

Qui est l'auteur du grand classique Premier de Cordée, publié en 1942 ?

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