AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Edward Abbey (426)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Seuls sont les indomptés

Nouveau Mexique, dans les années 50, Jack Burns, cow-boy dans l'âme, ne s'adapte pas à son univers et à la modernité, plutôt que la voiture et le pavillon de banlieue, lui a choisi la nature, le fusil et le cheval. Menant une vie de solitaire en désaccord avec la société qui l'entoure, ses amis sont rares, mais précieux. Paul Bondi fait partie de ceux-là et lorsque Jack entend que son ami est envoyé en prison pour deux longues années de détention, il n'hésite pas à se faire emprisonner pour l'aider à s'échapper.



Les deux amis nous offrent ensuite des échanges de toutes beautés, chacun essayant de persuader l'autre sur le bien-fondé de sa pensée. Jack, l'indompté, ne veut pas se soumettre à la loi et préfère celle de la nature, âpre, rebelle, dure. Il ne comprend pas le monde qui l'entoure et ses évolutions, et le rejette en bloc. Il semble représenter un monde et des idéaux oubliés où la liberté est maîtresse de tout. Paul, quant à lui, est plus modéré, il voit les changements et les accepte, bon gré mal gré, il rêve du même monde que Jack mais il sait que ce n'est plus qu'utopie, il croit en la loi, il comprend ces nouvelles règles et compte les utiliser : « C'est plus pratique de rester ici un moment, de gagner ma vie honnêtement à introduire un peu de philosophie dans le cerveau des futurs ingénieurs, des futurs pharmaciens et politiciens. Ne va pas croire un seul instant que je me prenne pour une sorte de héros anarchiste. Je ne compte pas lutter contre l'Autorité, du moins pas ouvertement. J'ouvre peut-être des brèches clandestines. »



Bien sûr, Jack va s'échapper et se retrouver à nouveau dans ce monde qu'il ne comprend pas. Au milieu de personnages de bien triste compagnie, comme le shérif Johnson ou la brute Gutierrez et bien loin de la douce et énigmatique Jerry.



Encore une petite pépite offerte que nous offre Edward Abbey.
Commenter  J’apprécie          200
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

C'est un peu "Les Trois mousquetaires" avec une femme dans le rôle de D'Artagnan, mais c'est aussi "Les Pieds nickelés" renforcés par un élément féminin. Car ils sont bien quatre zigotos lancés dans une croisade écolo-activiste pour le moins mouvementée.

Ces aventuriers, qui s'érigent protecteurs d'une nature défigurée par les aménagements sauvages du lobby industriel et étatique, affichent un profil disparate. Quel rapport entre un chirurgien quinquagénaire, la jeune amazone qui est sa maîtresse, un mormon hérétique et polygame, guide de canyoning et un ancien des forces spéciales de retour de l'enfer du Vietnam ? Peu de choses, hormis la volonté de s'opposer aux vandales qui saccagent le pays de leur enfance, le désert et les canyons qui bordent le fleuve Colorado. S'opposer prend déjà l'aspect anecdotique de détruire les panneaux publicitaires qui enlaidissent leur paysage préféré. C'est l'œuvre initiale de Doc et de sa nana. Mais cet apéritif les conduit à envisager un plat de résistance autrement roboratif. L'improbable rencontre du couple avec les deux autres loustics permet d'élever le niveau d'exigence. Car le renfort du déjanté et dangereux Hayduke, guerrier dans l'âme, et du meilleur connaisseur du terrain Seldom Smith offre au gang les moyens de se lancer dans des actions d'envergure.

Les cibles sont d'abord le matériel de travaux publics (camions, pelleteuses, excavateurs...), puis les ponts (Hayduke se révèle être un roi de la dynamite) avant de s'attaquer au Graal : le barrage de Glen Canyon qui alimente le lac artificiel Powel.

De l'aventure, des coups tordus, des courses-poursuite, ce livre épatant en regorge, mais ce road movie au cœur de l'Utah et de l'Arizona vaut surtout par un humour féroce qui n'épargne personne et se veut un véritable défi lancé à la société bien-pensante américaine. Edward Abbey est un vrai écrivain du "Grand Dehors" (ainsi que Michel Le Bris qualifiait les romans des grands espaces). Son style foisonnant est

nourri par une maîtrise de l'image originale et poétique !

Du coup, on se doit de souligner le formidable travail de Jacques Mailhos, le traducteur, qui a su merveilleusement rendre en français le sel de cette histoire ébouriffante.
Commenter  J’apprécie          190
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Edward Abbey réussit le joli tour de nous offrir plusieurs livres en un seul. Tout à la fois critique au vitriol de l'American Way of Life, ode poétique aux grands espaces, roman d'aventures déjanté, Le gang de la clef à molette offre également du suspense, quelques observations que ne renierait pas un sociologue, et surtout, un divertissement de grande qualité.



J'ai particulièrement apprécié la précision du décor -- je pense que si j'avais voulu, j'aurais pu suivre les pérégrinations des protagonistes sur une carte, et retrouver sans peine la faune et la flore dans une encyclopédie. Une grande attention est portée aux personnages, même secondaires, en particulier l'évèque-milicien-entrepreneur-politicien et ses frères. Le twist final est un peu attendu mais nous fait refermer le livre avec le sourire.



Si l'on en croit Robert Redford, qui signe la préface de l'édition que j'ai lue, Edward Abbey était un taiseux. Ce qu'il avait à dire, il l'écrivait. Tant mieux.
Commenter  J’apprécie          190
Désert solitaire

Superbe livre que tous les humains devraient lire en se demandant quel est cet acharnement que nous avons à tant vouloir détruire notre mère nourricière qu'est notre merveilleuse planète Terre qui nous offre tout, et que nous remercions en la saccageant

Hymne à la nature écrit en 1968, et qui les années passant reste d’une actualité saisissante.

Edward Abbey avait compris il y plus de 50 ans déjà que les excès de la civilisation humaine allaient emmener notre bonne vieille Terre droit dans le mur.

Comme j’aurai aimé qu’il ait tort, mais il est terrible de reconnaître à quel point malheureusement il avait été visionnaire.

Un livre à lire et à relire sans modération.

Commenter  J’apprécie          190
Désert solitaire

Extrêmement descriptif, dans la lignée des Thoreau, des grands seuls, qui ont écrit leur expérience. Ecologiste d'avant-garde - ce livre est écrit en 1968 - Abbey balance des idées qui se révèlent si justes actuellement ,qui font peur ou qui énervent, car on y a été sourd.

Il y a même beaucoup d'humour et une critique saine de la culture (vs civilisation), des Etats-Unis...

Chaque lecteur pourra y trouver son content.
Commenter  J’apprécie          190
Le Feu sur la montagne

«Au-delà du mur de la ville irréelle, au-delà des enceintes de sécurité coiffées de fil de fer barbelé et de tessons de bouteille, au-delà des périphériques d’asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières temporairement barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l’atmosphère, il est un autre monde qui vous attend. C’est l’antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages et des plaines. Allez-y. Vivez-y. Marchez doucement et sans bruit jusqu'en son cœur. Alors…»

Sublime !

Une lecture pendant laquelle le temps s'arrête, qui nous ramène à l'essentiel, qui nous prend aux tripes, qui nous transporte ... pour peu que vous soyez proches de la nature et ayez l'écologie et le respect de l'environnement dans votre âme.

C'est mon cas, et cette lecture m'a bouleversée. Edward Abbey s'est inspiré d'une histoire vraie, je le savais avant d'entamer cette lecture, et j'en ai été d'autant plus révoltée, indignée...émue surtout.

J'ai aimé les descriptions du désert, des couchers de soleil sur la montagne, de la nature environnante, j'ai aimé l'intrépidité de Billy, l'amitié forte entre Lee et John, le courage de John, un ranger prêt à tout pour défendre ce qui lui appartient, à lui, à ses prédécesseurs, défendre son lopin de terre sur lequel il a bâti sa vie...sa rage, son attitude, son obstination...un homme insoumis, ... et cette fin si ... à son image.

Un récit poétique, poignant, que je n'aurais voulu quitter. Une rose du désert, sublime !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          194
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Seldom Seen Smith organise des expéditions sur les rivières de l’Utah, aux Etats-Unis.Ce mormon polygame exècre tant le barrage de Glenn Canyon, qu’à la veille d’une descente sur le fleuve Colorado, il prie Dieu de provoquer un tremblement de terre assez puissant pour détruire ce monstrueux ouvrage en béton. Sa requête reste sans réponse. Mais le destin met sur sa route trois individus qui vont l’accompagner dans son désir d’en découdre. Au départ d’une expédition, il embauche au pied levé Hayduke pour l’assister. Le groupe de touristes comprend un couple, le Docteur Sarvis et sa jeune compagne Bonnie Abbzug qui ont un loisir peu commun : détruire les panneaux publicitaires qui enlaidissent les abords des routes. L’alcool aidant, les langues vont se délier au cours des veillées arrosées. Ces quatre individus aux personnalités très différentes vont se trouver un objectif commun : « lutter contre une machine folle (…) qui mutile les montagnes et dévore les humains ». Chacun trouve son rôle. Le Doc finance les opérations, fait la vaisselle et abreuve l’équipe de ses considérations philosophiques. Bonnie ensorcelle ses collègues par ses charmes et cuisine les fayots. Hayduke, le vétéran du Viêt-Nam, apporte sa rage et sa science de la destruction et de la survie dans la nature. Smith guide tout ce beau monde au milieu des canyons dont il connaît parfaitement la géographie. Ensemble, ils vont se livrer à des opérations de sabotage et s’attaquer à des chantiers de construction de route ou à des sites industriels. Leurs actions vont s’accélérer et bientôt l’étau de la police locale va se resserrer. C’est le début de longues courses-poursuites en pleine nature.

Ce roman n’est pas un pamphlet écologique : si les membres du « gang » attaquent un système qui détruit une nature jusque là protégée, s’ils cherchent à défendre un pays contre son gouvernement et ses industries, ils le font sans l’intellectualiser, mus par une rage et une volonté d’en découdre. Avec parfois quelques contradictions : Hayduke adore cette nature sauvage qu’il traverse à plein gaz dans son gros 4X4 en jetant ses canettes de bière vides par la fenêtre. Peu d’idéologie, donc mais beaucoup d’action. Le livre pourrait être considéré comme un manuel de sabotage. Si vous souhaitez savoir comment mettre hors service la tondeuse de votre voisin qui ronronne sous vos fenêtres le dimanche à l’heure de la sieste, Abbey vous livre toutes les astuces. Le roman est bourré d’humour ce qui rend le quatuor plus sympathique. Je n’ai qu’un seul regret : certains passages sont trop détaillés ce qui alourdit parfois le récit. Ce classique de la contre-culture américaine est riche d’action et de rire et livre un discours contestataire et un hommage à la nature. Merci aux Éditions Gallmeister de redonner vie à ce roman vieux de quarante ans.
Commenter  J’apprécie          192
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Drôle et jouissif comme un épisode de l'agence tous risques.



Ils sont 4, ils font tout péter, ils font des courses-poursuites et ils sont pleins d'humour, mais avec eux le plan n'est pas sans accrocs. 



Et comme un jour une cliente a dit à Hannibal:



"- Les affronter ? Mais vous êtes quatre et eux, toute une armée !

- Oui, je sais. Les pauvres, ils n’ont aucune chance."



Commenter  J’apprécie          184
Désert solitaire

@Edward Abbey décrit avec beaucoup de poésie la nature sauvage dans le désert qui l’entoure, il s’attache aux moindres détails, observant parfois à plat ventre le minuscule insecte ou la plus petite fleur qui s’ouvre à la vie. Sans doute que ces passages m’auraient paru bien longs si @Désert Solitaire avait été un simple récit de voyage écrit par un personnage lambda mais bien heureusement nous avons affaire ici à un écrivain, un vrai avec une plume magnifique et un sens de la narration parfaitement maîtrisé.



Le récit se transforme parfois en brûlot politique, une attaque en règle contre le développement touristique de masse pour donner accès au plus grand nombre à ces merveilles de la nature. Il ne se contente pas de critiquer mais apporte souvent des solutions simples à mettre en place pour allier intérêts économiques et écologiques.

Il encourage également les touristes à voyager autrement en privilégiant la marche plutôt que la voiture pour visiter les parcs nationaux et je partage son avis à ce sujet. J’ai vu des hordes de touristes qui après qu’ils eurent débarqués des cars aux chutes d’Iguaçu, se précipitaient devant une cataracte somptueuse pour prendre quelques photos à la vitesse grand V avant de passer à la suivante. Mon amie et moi en avions été quelque peu choqués et beaucoup amusés mais nous avions la chance, comme @Edward Abbey, d’avoir le temps, de ne pas avoir de contraintes familiales, financières ou temporelles puisque nous faisions un périple de plusieurs mois en sac à dos.

Je vous raconte cette histoire car @Edward Abbey en raconte de similaires dans son livre et je trouve que le ton employé est souvent cynique, extrémiste. Il se moque même du malheureux photographe qui n’a pu survivre à une courte expédition dans les canyons après s’être perdu.

Cette condescendance exprimée, tout le long du livre, vis-à-vis des aventuriers moins aguerris que lui a beaucoup terni l’image que j’avais d’ @Edward Abbey et a fortement imputé la note attribuée à @Désert solitaire.



Challenge Multi-défis

Challenge USA

Pioche dans ma PAL

Commenter  J’apprécie          180
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Un roman original et au rythme plutôt enlevé, avec des personnages loufoques et attachants.

Mais j'ai cependant été ralentie dans ma lecture par certaines longueurs tout de même, dans le scénario, dans certaines phrases, et dans l'accumulation de noms parfois. Je ne saurais pas préciser cette impression plus que ça, mais voilà, malgré mon intérêt et mon plaisir, j'ai mis du temps à lire ce roman. Et autant de temps, c'est assez rare chez moi. J'ai fait un bon nombre de lecture entre deux. Mais l'été est la bonne période pour reprendre sérieusement les livres qu'on a un peu laisser de côté. Et là c'est une réussite.
Commenter  J’apprécie          180
Désert solitaire

Dans le même esprit que HD Thoreau, Edward Abbey nous plonge dans une nature époustouflante. C’est le désert qu’il nous décrit et pourtant tout y est vivant. Même les pierres semblent avoir une âme. Et l’existence de l’homme dans le cycle de la vie et de la mort y a sa place naturelle. Le style est beaucoup plus moderne que celui de Thoreau, et le récit coule en nous emmenant, comme l’auteur et son canoë sur le fleuve Colorado. Dommage que les menaces qui pèsent sur ce fleuve et le parc naturel des Arches (tourisme et barrages) sonnent aussi le glas annoncé de cette nature originelle. Un plaidoyer malheureusement très actuel.
Commenter  J’apprécie          180
Seuls sont les indomptés

L'action se situe au Nouveau-Mexique en 1950 ; un homme seul est traqué par la police et l'armée.

Alors que la meute tentera de le dépouiller, en vain, de sa droiture, de son indépendance d'esprit et de sa volonté de vivre en homme digne et libre…

Ce roman anticonformiste et politique est un vrai coup de cœur !
Commenter  J’apprécie          181
Désert solitaire

'Imaginez la cathédrale de Chartres enfouie sous de la boue ne laissant visible que le haut des tours'

C'est ainsi qu'Abbey, dans une effroyable clairvoyance, parle de cette chose vivante, irremplaçable que fut 'Glen Canyon' avant qu'un barrage hydro-électrique ne la noie au fond du Lake Powell.



Mais, bien que désabusé par l'envahissement de cette 'syphilisation', Ed sait aussi, avec humour, nous surprendre, raconter ses expériences comme garde de 'Arches National Monument Park', ou accompagnant la transhumance du bétail ou explorant les canyons le long du Colorado, nous enrichissant par ses trucs et astuces de survie dans le désert, l'histoire des indiens et une bonne dose de philosophie...





Commenter  J’apprécie          180
Seuls sont les indomptés

Superbe lecture, superbe plume, une troisième rencontre avec Edward Abbey qui se solde de nouveau par «Waouh» !



Je continue de marcher sur les pas d'Edward Abbey. Après «Le feu sur la montagne», sublime et «Désert solitaire», et bien, sublime aussi !, j'ai voulu découvrir ses premiers écrits, comment il avait commencé, quels furent ses premières pensées couchées sur papier. Mettait-il déjà en exergue la force d'une amitié solide ? Décrivait-il déjà si merveilleusement bien les grands espaces sauvages qu'il affectionnait tant ? Avions-nous déjà envie de chevaucher aux côtés de ces personnages aux caractères bien trempés, avides de libertés, de les suivre dans leur combat face à la modernité omniprésente et destructrice ? Sentions-nous déjà la rage qui les animent devant les désastres engendrés par le progrès ? Allais-je être de nouveau chamboulée, bouleversée par ses mots ? Force est de constater que oui !



Edward Abbey distille amour et bienveillance, il allie subtilement poésie et colère, dissémine des touches d'humour et d'ironie pour alléger la rage qui anime ses personnages. En l’occurrence, dans cet opus, Jack Burns, cow-boy solitaire, un indompté au coeur tendre, un réfractaire qui aspire à un mode de vie en osmose avec la Nature, sans artifice, dans des endroits où l'homme blanc n'a jamais mis les pieds (en dehors des toilettes pour femmes !), un Professionnel de la débrouille, prisonnier de la réalité, en quête d'un tunnel pour retourner dans son univers onirique de gamin, un monde de grands espaces, de chevaux et de soleil. Mais un homme dévoué à son ami, Paul Bondi. Ils ont tous deux déjoué la loi militaire en vigueur sur le territoire américain en ne s'inscrivant pas à la conscription en septembre 1948. Paul a été rattrapé par la justice et mis en cellule pour quelques années. Jack chevauchera alors des journées entières à travers les plaines du Nouveau-Mexique pour rejoindre la ville, et tenter de libérer son ami. S'en suivront des dialogues forts et poignants entre les deux hommes, chacun ayant suivi un chemin différent depuis l'époque où ils étaient étudiants, et ayant ainsi une vision divergente de la vie, de la justice, des obligations. L'un est prêt, a toujours été prêt à tourner le dos à la justice, libre de penser, d'agir, de choisir par lui-même; l'autre, davantage philosophe, et plus à même d'emprunter le chemin vers le conformisme.



« - [...] Chaque fois que je me retrouve en cabane, je ne pense qu’à une chose.- À sortir ?- Exact.Tu ne seras jamais philosophe, dit Bondi. Pas à ce rythme-là. Seul un philosophe peut transcender ces barreaux et ces murs sans quitter son corps. Ni même ouvrir les yeux. Malgré la surprise et le ravissement de ces retrouvailles, Bondi avait conscience de la présence d'une troisième partie, le moniteur objectif de son cerveau, qui inspectait et jaugeait avec un certain détachement critique, l'apparence, le discours et les réactions de son vieil ami. Il semblait un peu lent, remarqua le moniteur, comme émoussé par trop de vent, de soleil, et de n'avoir eu pour compagnie que des animaux - comme s'il n'avait pas encore totalement de son rêve du loup sauvage, avec son rocher et son ombre noir. Une concentration artificielle au sein du monde naturel.Je serais peut-être jamais philosophe, admit Burns. Mais il y a une chose pire encore, une seule. C’est que toi t’en seras toujours un. »



La suite nous embarque dans une chasse à l'homme sans merci, une traque haletante, démente, inimaginable. On ne joue pas avec le gouvernement américain, l'obéissance est due, toute forme de rébellion, tout manquement aux règles met le feu aux poudres, une fois l'engrenage de la répression lancé, il est difficile de le contrer, de le stopper... Ce roman a finalement traversé le temps sans prendre une ride ;-)



Merci Edward Abbey, merci aux éditions Gallmeister de nous offrir cette pépite ... et tant d'autres.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          185
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

"Le gang de la clé à molette" ... Déjà le titre attire l'attention. La quatrième de couverture intrigue également : 4 insoumis qui décident de mener la guerre à l'industrie dans le désert... Quand en plus on vous dit que'Edward Abbey et l'un des plus célèbre écrivain de l'Ouest américain .. il faut se lancer dans l'aventure et constater par soi même.



Le livre commence par la descriptions du gang, ces 4 personnages quelque peu en marge de la société qui vont se rebeller contre "les machines" pour sauver la beauté du désert, pour sauver leur désert. Ces 4 personnages sont loufoques, attachant, drôle, sensible. Rien qu'en les découvrant, on sent que les pages qui vont suivre vont être passionnantes.

On compte un Vétéran du vietnam (Hayducke) accroc à la bière qui a un certain penchant pour les armes à feu et les actions musclées ce qui n'est pas anormal puisqu'il se croit encore au Vietnam. Il baigne dans une fausse réalité alimentée par ses préjugés. Ses compagnons d'aventure disent de lui qu' "il est tordu, mais tordu dans le bon sens."

Second personnage, Sarvis dit Doc ,un chirurgien entre deux âges qui, fatigué d'observer la maladie au jour le jour, trouve un second souffle dans ce militantisme du désert. Sa grande passion ? Bruler les panneaux publicitaires accompagné de sa partenaire Bonnie. Ce chirurgien, bien qu'étant l'aîné, est aussi celui qui se comporte comme un enfant. Amoureux de la belle Bonnie, il se laisse porter par la troupe en prenant plaisir ou il peut le trouver.

Troisième personnage, Bonnie Abbzug dont on ne sait pas grand chose. Elle est la partenaire, compagne, amante de Doc Sarvis. C'est une sorte de hippie en révolte contre la société, sachant ce qu'elle veut et restant en permanence maitre de son destin. Au milieu des trois hommes, elle saura se faire respecter.

Et enfin, quatrième et dernier personnage, Seldom Seen Smith, un mormon polygame et nostalgique. Il a une grande connaissance du désert et des "machines" utilisées dans le désert. Il est sans nul doute le personnage le plus réfléchit de la bande même s'il prie régulièrement Dieu pour que celui-ci déclenche un tremblement de terre qui permettrait de faire tomber quelques ponts et barrages.



Voila un jolie quatuor que l'on a hâte de voir à l'oeuvre !



Parmi ces 4 "révolutionnaires" mon préféré reste Hayducke. Cet homme qui compte les distances en pack de bière qu'il pourra s'enfiler, cet homme qui est capable de partir pour une marche de 20, 3à jours dans le désert avec juste un sac à dos, cet homme vivant son combat comme personne et dont la simplicité est à mourir de rire. Comme par exemple lorsqu'il tient absolument à bruler les engin de chantier malgré les conseils de Smith qui lui explique que cela ne servirait qu'à abimer la peinture. "Hayducke est un saboteur qui bouillait de colère plus qu'il ne pétillait d'esprit".



L'histoire justement, elle décrit avec brio le désert américain et l'implantation de l'industrie. Comment, pour le progrès, la nature peut être détournée, défigurée, blessée. Le rythme est soutenu, le suspens prenant.



Enfin, attardons nous sur le style. Je ne suis en général pas particulièrement amateur des longues descriptions à rallonge. Je ne les "accepte" que lorsqu'elles sont très bien écrites. C'est le cas ici. Nous avons donc un style très descriptif, très imagé. Il y a une certaine poésie dans les lignes, un certain lyrisme, pas de surplus, juste une touche de magie. (voir citation pour un aperçu).

Toujours dans le style, on peut noter un chapitre entier nommé "Duologue" dans lequel les 4 membres du Gang se parlent 2 à 2 dans différentes situations. A aucun moment il n'est indiqué qui parle et les duo sont à chaque fois changés. Pourtant, les simples propos énoncés nous permet d'identifier chaque personnage. J'ai beaucoup aimé cette "figure stylistique" qui de plus nous en apprend beaucoup sur chaque personnage.



Voila donc une très belle lecture que je vous recommande sans hésiter.



Et pour ajouter au plaisir, cette édition (Gallmeister) est illustrée par CRUMB, et apporte une touche descriptive sympathique supplémentaire.
Commenter  J’apprécie          183
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Un livre coup de poing, dans lequel on est embarqué avec une petite équipe d'écoterrotistes, totalement barrés, dont l'objectif est de saboter, casser les constructions du système américain : routes, chantiers, ponts, tout ce qui défigure cette région des grands canyons !

La mise en coupe de la nature sauvage et désertique du sud-ouest américain, déjà dans les années 70, l'exploitation à outrance pour une course sans fin à la croissance sont insupportables à nos 4 héros qui vont engager une course poursuite avec les autorités, puis une fuite en avant...

C'est jouissif, effréné, direct, sans respiration. Ca sent la sueur et la poussière, la poudre et l'acier en surchauffe.

Un livre qui se dévore et qui donne envie d'aller casser des mega-bassines.



Commenter  J’apprécie          170
Le Feu sur la montagne

Bienvenue dans les grandes étendues du Nouveau-Mexique aux Etats-Unis d’Amérique. Le soleil y est présent à toutes les pages, il y fait une chaleur écrasante et la lumière est éblouissante.



Edward Abbey nous brosse une nature admirablement encensée. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, d’un ciel étoilé d’une nuit en plein désert aux traces d’un animal sauvage, jusqu’à ce silence juste dérangé par les pas des chevaux ou le sifflement d’un serpent. Tout est décrit avec beauté et magnificence.



Le roman est bien mené. Billy nous raconte son dernier été passé chez son grand-père l’année de ses treize ans. Ce vieil homme rugueux si attaché à sa terre qui engagera un rapport de force impossible à gagner contre l’armée américaine.



On a envie d’une seule chose, tourner la page et découvrir la suivante puis la suivante, pour se maintenir toujours dans une lecture contemplative.

Petit roman à lire et à relire.

Commenter  J’apprécie          170
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Une lecture en demi teinte : notre groupe d'activistes écolos, opposés aux destructions de la nature, par/pour les touristes et pour la production d'électricité (barrages, mines et centrales nucléaires) est plutôt sympathique et j'ai suivi leur combat avec intérêt. La base du roman présageait une lecture passionnante ...

Malheureusement, je n'ai pas vraiment accroché au style de l'auteur, très lent, malgré quelques fulgurances. J'ai trouvé le personnage de Hayduke insupportable et peu crédible, avec ses canettes de bière lancées systématiquement sur le bord de la route et celui de Bonnie totalement caricatural.

Un rencontre ratée.
Commenter  J’apprécie          172
En descendant la rivière

En descendant les rivières sauvages de l'Ouest américain, l'auteur nous fait part de ses pensées et réflexions sur la nature en général et l'eau en particulier. C'est ainsi qu'il commence par dialoguer librement avec Henry David Thoreau, l'auteur de Walden, livre que l'auteur emporte toujours avec lui dans sa boîte étanche pour le protéger dans les descentes de rapides. La plupart des chapitres sont des plaidoyers écologiques pour dénoncer l'asservissement des rivières sauvages aux besoins humains (production d'énergie, irrigation, tourisme...) bien trop nombreux et bien trop voraces. Si certains passages semblent désormais un peu datés, c'est néanmoins un plaisir fort rafraîchissant de lire ces récits et méditations du "philosophe de la nature sauvage", ainsi que le surnomment ses compagnons de routes aquatiques et tumultueuses.
Commenter  J’apprécie          170
Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

[ Insoumis ]



Gros coup de défibrillateur pour ce livre mythique !

Non mais quel bonheur ! Quel kif intégral !



L'histoire en deux mots : une équipe de quatre bras cassés liée autour de leur ferveur à protéger l’environnement dans le sud-ouest américain, une bande de pieds nickelés, terriblement attachants, qui vont saboter tout ce qui pollue les canyons du Colorado. Panneaux publicitaires, bulldozers, ponts, voies ferrées… L’industrie n’a qu’à bien se tenir, le gang de la clef à molette va rendre justice à dame Nature.



Ce roman emblématique et influent publié en 1975 a inspiré toute une génération de militants écologistes et n’a pas vieillit d’un iota. La réflexion est tout aussi pertinente aujourd'hui que lors de sa parution.

Pourtant Edward Abbey n’a pas écrit un livre moralisateur. Il a écrit un roman d’aventure hilarant, politiquement incorrect, totalement anarchique.



Nos éco-terroristes-pacifistes transgressent toutes les règles de la bonne conduite citoyenne. Leur brin de folie est vivifiant, leur appel incendiaire à la protection de la nature sauvage américaine est un grand vent de liberté. C’est de l’écologie sans grand discours, avec beaucoup d’action et de burlesque.



Corrosif, tendre, stimulant, subversif, prémonitoire et incroyablement drôle, voilà un livre qui va marquer mon année 2020.



Traduit par l’excellent Jacques Mailhos

Commenter  J’apprécie          172




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edward Abbey Voir plus

Quiz Voir plus

Tout sur one piece (difficile)

quel est le 1er homme de l équipage de Gold Roger ?

baggy le clown
shanks le roux
silver rayleigh
crocus

30 questions
3581 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}