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Citations de Edward Carey (150)


- Voilà pour toi, mon p'tit gars, dis je sans cesser de le frapper. Je vais t'étriper! Les brutes, j'en ai connu assez comme ça dans ma vie! Tous les jours on m'a tyrannisée, et partout où je posais les yeux, je voyais des gens se brutaliser. J'ai vu des vieillards anéantis par de plus jeunes parce qu'ils avaient plus de muscles, j'ai vu des enfants bousculer d'autres enfants, j'ai vu la grande famille Ferrayor nous pousser dans la décharge. J'en ai ma claque, de vous tous, tout ça, c'est fini pour moi!
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Le silence avait repris sa place. Les seuls bruits qui nous parvenaient, hormis ceux que produisaient nos corps solitaires quand nous vaquions à nos occupations dans nos appartements, étaient ceux du poste de télévision du troisième étage. Il est vrai que cet appareil générateur de bruit est destiné à nous réduire au silence.
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- Je comprends, Lucy, mais je te l'avoue, j'ai peur. Terriblement peur.
- Eh bien je suis contente. Ça veut dire que tu es en train de réaliser que c'est ce qu'ils veulent vous faire peur. Et pourquoi le voudraient-ils, s'ils n'avaient rien à cacher de terrible ?
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Plus les gens passent de temps seuls, plus ils deviennent compliqués.
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La maison parlait : elle chuchotait, jacassait, gazouillait, criait, chantait, jurait, craquait, crachait, gloussait, haletait, avertissait et grognait. Des voix jeunes, hautes et gaies, de vieilles voix, brisées et tremblantes, des voix d'hommes, de femmes, tant et tant de voix, et pas une seule qui vînt d'un être humain, mais des objets de la maison qui s'exprimaient, une tringle à rideaux par-ci, une cage à oiseaux par-là, un presse-papiers, une bouteille d'encre, une latte de plancher, une rampe, un abat-jour, une poignée de sonnette, un plateau à thé, une brosse à cheveux, une porte, une table de nuit, une cuvette, un blaireau, un coupe-cigares, un oeuf à repriser, des tapis petits et grands.
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Il existe un état intermédiaire entre la vie et la mort : cela s'appelle un théâtre de cire.
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Tandis que la grande pierre tombale aux arêtes renforcées de plomb était soulevée afin de faire entrer papa dans sa dernière demeure, je compris que Dieu finit par disposer de nous tous. Tandis que le cercueil disparaissait dans l'obscurité, je compris qu'il n'existait aucun autre destin possible : en mourant nous allons retrouver Dieu, Dieu finit toujours par nous recevoir comme les déchets que nous sommes. Bons ou mauvais, promis au ciel, à l'enfer, ou simplement à pourrir sous la terre, nos corps pesants et sans vie sont irrémédiablement balayés et placés sous le signe de la Croix. Dieu n'est qu'une benne à ordures. Dieu, l'éboueur suprême.
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-Rien n'est plus honnête que la cire.C'est de notoriété publique, elle ne ment jamais.
Curtius disait vrai.La cire ne ment pas.. Contrairement aux portraits à l'huile dans leurs cadres doré,qui remplissaient le château de Versailles. La cire est la plus loyale des matières. (p.451)
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Mais le pire, c’était que Lizzy la Folle photographiait la ville pour sentir qu’elle en faisait partie, et que plus elle prenait de photos, plus elle s’en sentait éloignée. On la voyait souvent parcourir les rues à grandes enjambées, essayant d’épuiser la ville, mais tout ce qu’elle faisait, c’était s’épuiser elle-même.
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Les souvenirs, eux aussi, finissent par s'estomper, les souvenirs, eux aussi, finissent par disparaître. Les souvenirs ne sont pas éternels, pour qu'ils le soient il faudrait qu'ils soient reliés au présent. Le présent est l'assassin des souvenirs. Papa vivait dans le présent, ce territoire sans souvenirs.
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Sauf que tu es en vie, me dis-je, sauf que tu respires, sauf que tu es là dans ce lieu sans vie, en vie avec toute cette mort qui foisonne autour de toi, au-dessus de toi, cette mort en remous.
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Les hommes dans les guerres perdent leur âme, elle est foulée aux pieds, je l’ai vu, il n’y a plus d’individus, rien qu’une masse, une grande masse qui court à son anéantissement.
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Quelle forêt, quel déluge, quelle abondance de cimes et de dépressions, de montagnes, de vallées et d'obscures profondeurs. Les regarder se mouvoir, se déplacer, entendre leurs craquements, respirer leur puanteur. Tous ces mouvements, ces relents et ces craquements, c'était quelque chose ! Cette houle, cette pestilence ! Il n'est pas possible pour un Ferrayor de ne pas être fier de cette mer d'immondices, fier, et bien sûr horrifié. J'aurais pu demeurer là, à l'observer dans toute sa splendeur, j'aurais pu peut-être attraper la Cécité du Dépotoir à laquelle tant de Ferrayor avaient succombé avant moi.
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Briggs était un homme brillant et de petite taille; je pense que dans son enfance il avait dû être souvent poli par ses parents et je crois que ceux-ci avaient dû le frotter jour et nuit avec un chiffon à cuivre ou un liquide à faire briller l'argent, jusqu'à voir leur amour réfléchir en lui.
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Ils m’ont dit que j’étais le seul enfant dans ce grand bâtiment, mais ce n’est pas vrai. Je le sais, parce que je les entendais parfois, les autres enfants. Je les entendais crier aux étages inférieurs.
Je vivais dans une chambre misérable avec ma gouvernante Ada Cruickshanks. « Miss Cruickshanks », devais-je l’appeler. Elle me faisait avaler régulièrement une cuillerée à dessert d’un médicament qui avait un drôle de goût mais réchauffait le cœur lorsqu’on l’avait ingurgité, comme s’il dissipait l’hiver. On me donnait des mets sucrés à manger, des tranches de quatre-quarts et des pâtisseries ; on me donnait aussi des tourtes de Forlichingham, qui à vrai dire n’étaient pas mon mets préféré car leur croûte était toujours brûlée, comme le voulait la tradition, et l’intérieur une sorte de pâtée gluante recouverte de mélasse noire pour en déguiser le goût. Miss Cruickshanks disait que je devais tout manger, sinon elle serait très fâchée contre moi. Alors, je mangeais.

(Incipit)
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Le soir, je dessinais les têtes des poissons que j'avais achetés le matin. Tout devait être dessiné, et ma réserve de papier s'amenuisait. J'enroulais mes feuilles et les cachais au fond d'un tiroir de la cuisine. La nuit, je me faufilais dans l'atelier pour esquisser les têtes parisiennes de Curtius. Depuis peu, la mienne, qui datait de Berne, avait été retirée de l'étagère et, enveloppée d'un tissu, rangée dans une armoire.
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Tandis que le cercueil disparaissait dans l’obscurité, je compris qu’il n’existait aucun autre destin possible : en mourant nous allons retrouver Dieu, Dieu finit toujours par nous recevoir comme les déchets que nous sommes. Bons ou mauvais, promis au ciel, à l’enfer, ou simplement à pourrir sous la terre, nos corps pesants et sans vie sont irrémédiablement balayés et placés sous le signe de la Croix. Dieu n’est qu’une benne à ordures. Dieu, l’éboueur suprême.
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Le diable est arrivé dans ma ville.
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Il n’est pas de plus grand amour que celui des Ferrayor pour les rebuts. Tout ce que nous possédons est grisâtre et terreux, poussiéreux et malodorant. Nous sommes les rois de la pourriture et de la moisissure. Je pense que nous les possédons, oui, vraiment. Nous sommes les nababs de la putréfaction.
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Je n'ai jamais voulu entendre le nom des objets. Je ne le leur ai jamais demandé. Je détestais tellement cela, tous ces meubles qui se plaignaient, je détestais tellement les entendre, tous ces objets emprisonnés. J'aurais aimé être comme tout le monde, entendre juste ce qu'il est normal d'entendre, et pas les noms de tous ces disparus.
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