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Critiques de Elena Piacentini (295)
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Les silences d'Ogliano

A lire les autres critiques de ce livre, je dois vivre dans un autre monde. Il semble de bon ton de commenter le contenu d'un livre, de le trouver poétique ou lyrique ou bien écrit en faisant fi des scènes de sexe. Pas une seule critique ne mentionne les scènes de sexe très crues de ce roman de Elena Piacentini, alors même qu'elles m'ont gâché la lecture et que j'ai abandonné le livre à la deuxième scène. J'aurais souhaité être prévenue, après chacun lit ce qu'il aime, mais je suis souvent prise au dépourvu comme si, comme je l'ai dit plus haut, ces scènes « ne valaient pas (ou plus) la peine » d'être mentionnées - les âmes sensibles et/ou prudes n'ayant qu'à se contenter de la Bibliothèque Rose 😉



Je n'ai donc pas aimé ce livre et je dirai même qu'il est un pur produit marketing: couverture très réussie avec fond de mer bleue, ambiance sud profond (Sicile ?) à une époque indéterminée, des personnages clichés à l'extrême avec secrets de famille, plusieurs références à l'Antigone de Sophocle pour faire sérieux, et des scènes de sexe qui n'apportent rien à l'histoire.



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Comme de longs échos

Comme de longs échos est un livre qui se révèle comme un bon page-turner, sympa à lire mais dont je ne garderai pas un souvenir impérissable. Un bon moment en compagnie de la policière, des personnages attachants mais une enquête relativement quelconque à suivre.
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Les silences d'Ogliano

Ogliano, le gradin des collines, les mystérieux contreforts de l'Argentu…. C'est beau, pourtant notre narrateur Libero Solimane ne rêve que de départ, car pour lui aucun mystère dans ces paysages, “mais au contraire la manifestation flagrante d'une vérité sans âge : aux bien nés, la poésie, aux autres, l'âpreté du réel.” A Oglione on se baigne toujours dans le même fleuve. Chacun a un rôle et une fonction bien précise. Qui s'égare est très vite mise à sa place. Libero et sa mère Argentina en sont « les originaux ». Tout simplement parce que le grand-père s'est obstiné à envoyer sa fille à l'école après qu'elle avait appris à lire et à compter, et que cette dernière a enfanté sans mari ou fiancé à l'horizon !

Dans ce sud ancestral probablement de la Corse, un drame est au coeur du sujet enseveli sous les silences des habitants d'Ogliano qui obéissent au fameux motto, « Tout le monde a un prix », suivi de la question de «  Ce que vaut la vie d'un homme ». Mais rien n'est aussi évident ni manichéen qu'il y paraît…..

Piacentini à travers les paysages splendides des montagnes de l'Argentu et les voix de personnages plein de charisme déroulent le tapis des secrets à travers des monologues magnifiques , « Moi, je crois que chacun possède son Argentu, un endroit où on se sent relié aux autres et à plus grand que soi, si grand qu'il ne sert à rien d'essayer de le comprendre. Il y a des gens qui n'ont pas cette chance, ceux-là, je pense qu'il leur manque quelque chose même s'ils ne s'en rendent pas compte. » Et au coeur de ce récit, de Raffaelle fils du baron du lieu, à Solimane en passant par Gianni, l'ami d'enfance devenu délinquant, il y a le mythe d'Antigone, celle qui va contre sa famille, contre l'ordre établi, où se pose l'éternelle question : “les lois de la Cité priment-elles sur les lois de la famille ? “

Un beau roman qui parle d'amour, d'amitié, de vengeance, d'honneur, et du doute sur le manichéisme de l'Homme, « Tout le monde ne réussit pas à trouver ses fils d'argents », et tant qu'on ne les trouve pas, cela ne laisse pas de place pour la vie. le bien et le mal ne sont pas gravés dans le marbre, “Entre le tout noir et le tout blanc, il y a large comme l'embouchure de la Fiumara ! Et puis les gens changent… Parle-lui, Libero… Parle-lui avant de la condamner.”





« La justice ne peut pas se contenter de condamner. Il est nécessaire de comprendre »

“Ne regarde pas en haut avec envie ou en bas avec dédain, Libero. Fais ta route, c'est bien assez.”
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Les silences d'Ogliano

Le roman se déroule en Corse (quoique ce ne soit jamais dit, j'extrapole un peu) dans une vallée isolée, dominée par un majestueux massif et le maquis impénétrable.

Une tragédie va se nouer.

Les hommes tiennent la vallée mais l'autrice dessine à merveille le portrait de femmes puissantes.

Un roman réussi sur les secrets de famille, l'omerta, les non-dits, les désirs de vengeance portés par une plume magnifique qui décrit si bien des paysages magnifiques.

Un bémol pour la passion soudaine entre deux personnages principaux (je ne spoile pas) à laquelle je n'ai pas crue.

Bravo aux éditions Actes Sud pour leur superbe couverture, très accrocheuse.



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Les silences d'Ogliano

On est en Italie, une Italie du Sud, ou peut-être est-ce la Corse, villages isolés, où souvent il n'y a pas de médecin. « Libero Solimane, fils d'Argentina Solimane et d'elle seule, petit-fils d'Argentu Solimane dernier des chevriers » est revenu s'installer dans son village de naissance, pour combler ce manque. Il en était parti une quinzaine d'années plus tôt, après un été qui l'a marqué à vie, le dernier de son adolescence.



Un roman à l'histoire tragique, aux personnages forts, âpres comme la vie dans ces terres pauvres, où il ne fait pas bon refuser la protection des mafieux, où des hommes meurent d'avoir voulu s'en libérer, où des adolescents se voient contraints de porter les armes, où une femme trop belle et trop jeune pour son mari va embraser le corps des jeunes du village et en rendre fou certain. Quelques jours, cet été-là vont révéler à Libero qui il est, il n'en reviendra pas indemne et ne voudra ensuite que fuir ces lieux, où pourtant il reviendra, fermant la boucle.



J'ai été emportée par ce roman, à l'écriture belle et sans fioriture, à l'égal des paysages qu'elle décrit. J'ai aimé ces personnages que l'on imagine sans peine, ces femmes gardiennes de la vie, rompues à la douleur, droites et fières :

« À force de coups du sort, les femmes d'ici devenaient plus dures que le granit, des Atlas condamnées à porter les vivants et les morts, trop de morts. Elles enfilaient les habits de deuil pour ne plus les quitter, finissaient par flotter dedans à mesure que l'âge les rabougrissait. Puis on leur ôtait leur croix en or, une alliance incrustée dans les plis de la peau et on les enterrait dans leurs robes noires. »



Et puis Libero et Raphaele, fils du baron qui règne sur le village, rêvent. Ils rêvent de partir, ils rêvent de renverser le cours des choses, ils rêvent d'un monde plus juste. Les évènements qu'ils vont vivre, réunis dans une folle épopée, qui les mènera dans la grotte des fées, vont les révéler à eux-mêmes.



Une narration efficace, ponctuée de quelques chapitres relatant les pensées de personnages vivants ou morts, qui ont tous un lien avec ces adolescents, qui laissent entrevoir secrets et réponses à certaines questions, une écriture poétique, une atmosphère oppressante et pourtant envoutante, où le drame se profile dès les premières lignes, tout cela ajoute au charme puissant de ce roman d'apprentissage où en toile de fond plane l'ombre d'Antigone, des extraits de la pièce de Sophocle venant ponctuer le récit.

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Les silences d'Ogliano

LES SILENCES D'OGLIANO de Éléna Piacentini



C'est un excellent roman, bien écrit sauf que (sans vouloir vendre la mèche) l'épisode de la grotte est, à mon avis, de trop car il n'apporte rien au récit qui se suffit à lui-même. Ça donne l'impression que l'auteure s'est dit qu'elle allait nous en donner pour notre argent alors que son histoire est déjà pleine de rebondissements.



Mais, ça reste une très bonne lecture.
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Vaste comme la nuit

Une lecture en demi teinte. L'écriture est bonne mais l'histoire est plutôt plate. Pas sure de m'en souvenir dans quelques temps.

Sous couvert de disparition on se trouve au coeur des ragots du village et on passe finalement plus de temps à brosser ce portrait d'une campagne marquée par la 2nde guerre qu'à réellement s'intéresser à l'enquête.
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Les silences d'Ogliano

Sortant à peine de la noirceur d'Abondance, il me fallait l'opposé d'un roman noir pour faire baisser ma tension nerveuse. J'allais ressortir un Stefansson comme séance de sophrologie lorsqu'est arrivé Les Silences d'Ogliano par la bibliothèque orange. Qualifié de littérature blanche, il me semblait tout à fait approprié vu les circonstances. En fait, c'est un tourbillon multicolore qui a déferlé dès la première page. Le noir des non-dits entre rivalités de familles qui aboutiront à d'inévitables meurtres, le vert de l'innocence d'adolescents refusant le déshonneur de leur classe, le jaune de la lumière d'été de cette Corse magique et ensorcelée, le rouge du sang qui s'échauffe trop vite à l'ombre d'Antigone annonçant une tragédie, mais aussi le bleu de cette écriture riche et envoutante, légère et onctueuse à souhait. Un véritable arc-en-ciel qui ne s'estompe qu'à la dernière phrase. Les 200 pages suffisent pour que le charme opère. Pas de longueurs inutiles, mais un tempo bien maîtrisé qui met tour à tour en valeur un panel de personnages hauts en couleurs. A la fois roman d'aventures et d'initiation, thriller psychologique et saga corsica, Elena Piacentini nous emmène avec elle dans un monde à la Giono, avec des descriptions de la nature précises et ciselées et des envolées lyriques sublimes.

Un bien beau début d'année que cette lecture, à la fois moderne et traditionnelle, actuelle par les mots choisis et vintage par le style. Les fils d'argent brillent à l'infini.
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Les silences d'Ogliano

Imaginez le soleil rasant la colline, peignant peu à peu de ses flammes les toits de tuiles et les oliviers bercés par la brise. Imaginez maintenant les bruits qui montent des ruelles étroites, les discussions entre femmes, les fêtes qui se préparent. Imaginez-vous avoir dix-sept ans, être né là, sur le plateau de l'Argentu, en Corse, en Sardaigne, dans le sud de la France ou de l'Italie. Dans quelqu'un droit du Sud. Avoir dix-sept ans et s'appeler Libero, un appel à l'envol, loin de cette perspective ancrée dans un sol plein d'histoires transportées d'oreille en oreille, et de non-dits.



"Sous l'effet de la brise de fin de journée, I'air se décompactait et Ogliano reprenait son souffle. Dans ses ruelles conçues pour piéger I'ombre, la température avait chuté. Les persiennes des maisons étaient grandes ouvertes. Des fumets de ragoûts montaient des arrière-cours. Les femmes se serraient sur les murets en grappes noires. Toutes avaient amené de l'ouvrage, un pantalon à repriser, des légumes à éplucher.. Un landau que l'on faisait aller et venir dans un mouvement de métronome. Les mains étaient à la tâche mais les langues n'étaient pas en reste."



Libero vit seul avec sa mère Argentina, institutrice revenue au village pour renouer avec ses racines, comme on s'assoit en ramenant la couverture de ses vies passées.



"Ces vallées s'étageant à l'infini m'évoquaient la monotonie des prisons. Des creux, des bosses, des forêts et des planches de jardins, du vert toujours et encore, déjà éteint par le feu de l'été. Nulle part le bleu de la mer. Moi qui ne rêvais que de départ, j'aurais voulu entrevoir un bout d'horizon, et dans cette brèche, des bateaux. Quant au massif de l'Argentu, pour avoir arpenté à m'en user les semelles, je savais la rançon de ses beautés sauvages, combien elles mettaient les hommes à l'épreuve de leur valeur, voire de leur humanité. Ses espaces recouverts de vegetation primaire, sillonnés de ruisseaux et troués de grottes avaient englouti tant de bergers, de bandits et de carabiniers qu'il m'arrivait de le voir comme une nécropole. Je les avais chéris. J'en étais venu à les détester."



Mais les paysages enjôleurs cachent bien des cavités, autant de cabochons près du cœur, propres à cacher mille secrets inavouables. Pour autant qu'on ne puisse les avouer en hauts cris, ces secrets sont des fantômes aux piètres camouflages. Ils se nomment les Silences d'Ogliano.



J'ai découvert une plume passionnée et inoubliable, celle d'Elena Piacentini, grâce à l'attention délicate d'Olivier (merci encore infiniment !). Et je sens revenir en moi les émotions qui m'envahirent à la lecture des premières lignes de Laurent Gaudé et du Soleil des Scorta. Une envie cuisante de replonger au plus vite dans ces paysages, dans ces silences, et dans ces vies emploes d'espace et d'amour.
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Les silences d'Ogliano

Coup de coeur pour ce roman dense qui fait vibrer par son intensité dramatique, à la manière des tragédies grecques.

L'histoire se déroule dans un sud qui pourrait être la Corse car l'unité de lieu est le massif d'Argentu cadre qui convient aux luttes opposant différents clans.

De nombreux sujets traversent le livre et font la richesse du récit,roman d'apprentissage ,roman sur la filiation,sur le poids des secrets de famille,sur le clanisme et la mafia ...Un voyage haletant !

Un narrateur principal pour un récit polyphonique.

A Ogliano préservée de la violence ( on aimerait savoir pourquoi),le narrateur Libero Solimane ,médecin scrute le paysage ,le Palazzio Delezio qu'il a connu splendide est désormais décrépi. Que de souvenirs !

Il y a eu la mort subite de Bartolomeo Lanzani, braconnier et porte-flingue, oncle de Gianni.Que de gens étranges à ses obsèques !Il y a eu l'incident au Château,quand la belle Tessa Delezio l'épouse du baron a été piquée par une guêpe .Il y a la fête organisée pour célébrer l'entrée à l'université de Raffaele, le fils du baron , à partir de cet événement tout se met à dérailler même pour notre narrateur qui n'a jamais connu son père...

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Les silences d'Ogliano

Résumé éditeurs :

La fête bat son plein à la Villa rose pour la célébration de fin d'études de Raffaele, héritier de la riche famille des Delezio. Tout le village est réuni pour l'occasion : le baron Delezio bien sûr ; sa femme, la jeune et divine Tessa, vers laquelle tous les regards sont tournés ; César, ancien carabinier devenu bijoutier, qui est comme un père pour le jeune Libero ; et bien d'autres. Pourtant les festivités sont interrompues par un drame. Au petit matin, les événements s'enchaînent. Ils conduisent Libero sur les hauteurs de l'Argentu au péril de sa vie.

Situé au coeur d'un Sud imaginaire, aux lourds secrets transmis de génération en génération, "Les Silences d'Ogliano" est un roman d'aventures autour de l'accession à l'âge adulte et des bouleversements que ce passage induit. Un roman sur l'injustice d'être né dans un clan plutôt qu'un autre – de faire partie d'une classe, d'une lignée plutôt qu'une autre – et sur la volonté de changer le monde. L'ensemble forme une fresque humaine, une mosaïque de personnages qui se sont tus trop longtemps sous l'omerta de leur famille et de leurs origines. Placée sous le haut patronage de l'Antigone de Sophocle, voici donc l'histoire d'Ogliano et de toutes celles et ceux qui en composent les murs, les hauts plateaux, les cimetières, les grottes, la grandeur.



Des personnages attachants, une ambiance prenante.
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Crimes au musée

Des auteures francophones ont planché sur le thème "Crimes au musée". Comme souvent dans ce genre d'ouvrage, les nouvelles sont de qualité inégale. Cela m'a tout de même permis de découvrir des auteures que je ne connaissais pas. J'avais entendu parler de Danièle Thiéry mais je n'avais encore rien lu d'elle. C'est chose faite avec la nouvelle publiée dans ce volume et cela m'a donné envie de lire ses livres.

Parmi toutes ces nouvelles, la plus étrange est celle de Nathalie Hug, la plus originale est celle d'Ingrid Desjours. Vient ensuite celle de Stéphanie de Mecquenem qui est dans le style des enquêtes d'Agatha Chrisite et enfin celle de Claire Cook que j'ai trouvée réellement passionnante bien que je sois un peu restée sur ma faim.

En résumé, des histoires qui se laissent lire.

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Les silences d'Ogliano

Peut-être ai je manqué d'attention, mais la première partie m'a paru un peu lente et confuse. J'ai notamment eu du mal à faire le lien entre les lieux, les faits et les personnages, me demandant souvent - avec ce non-dit latent autour de la mafia - où l'histoire était supposée m'emmener. Peut-être est-ce aussi le style littéraire et poétique qui m'a semblé manquer un peu de naturel, de fluidité.



Puis, un évènement a lieu, et à partir de cet instant, le fil narratif devient plus clair, le rythme s'accélère et un suspens s'installe. J'ai alors commencé à m'attacher au personnage principal, Libero Solimane, un jeune lycéen et à ce qui lui arrivait. Un déclic s'est opéré et j'ai clairement préféré le livre à partir de ce moment.



Prix de la Closerie des Lilas 2022

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Les silences d'Ogliano

Avouez qu’avec beaucoup de romans, on a l’impression de lire toujours la même chose ! Ma curiosité de lecteur en ouvre un de plus. Et, sans prévenir, enfin une pépite est là entre mes mains ! Pas trop envie de dévoiler l’histoire dont on ne devine pas les pages suivantes comme certains. Une écriture ensorcelante qui a pour personnage principal Libero qui vit seul avec sa mère, l’institutrice du village. À 18 ans, ses sens sont en éveil et il a la curiosité des autres. Mais tiens voici le fils du baron qui lit Antigone... Des pages sensuelles, la nature présente, une tragédie antique, les abus de pouvoir, choisit-on vraiment son devenir ?

Et si je partageais cette pépite ?
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Les silences d'Ogliano

L'auteure, d'origine corse, a mal a son pays. On pourrait le penser en lisant ce roman. L'écriture, fluide, riche est plaisante, l'approche de la région imaginaire de l'Argentu ressemble à un retour au pays d'une native du lieu. C'est le cas du personnage principal. Les drames liés au passé resurgissent, blessures entretenues par des non-dits criants, une évidence que l'on chuchote derrière les volets clos.

L'omerta, la loi du talion, le fils caché, le père immonde, la nature vengeresse ou protectrice, selon les besoins de l'histoire sont autant de thèmes vus ailleurs. Antigone, pièce de Sophocle, dramaturge grecque, est un fil ténu que l'on a du mal à suivre. Les ressorts de la pièce originale obéissent à des codes écrits pour les puissants, non pour le quidam. Le baron serait-il un roi, déchu, sans descendance patrimoniale ?

Les chemins de traverse empruntés sont plaisant à arpenter, sauf qu'ils sont autant de facilités narratives. L'homosexualité est sans lendemain. Le veuvage de César, est un secret qui enrichit le personnage mais n'ajoute rien à l'histoire principale.

Il y a comme un recyclage d'archétypes. Moi, breton, peut me représenter la Corse, la Calabre ou la Sicile sous ces dehors rugueux, où la femme souffre d'un amour impossible, fière et droite, belle à se damner, condamnée au désir inassouvi de mâles brutaux et sanguinaires.

Je le répète, agréable lecture. L'auteure m'a dédicacé ce livre.

Merci
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Les silences d'Ogliano

Voilà un petit roman qui sentait bon le Sud, qu’il soit de l’Italie, de Sicile ou de Corse…



Le déroulement de ce récit pourrait se passer dans l’une où l’autre de ces contrées, bien que puisque l’on parle de mafia, je le situerai plus dans l’Italie du Sud ou en Sicile, celles des montagnes et des petits villages perdus où il n’y a même pas de médecin.



N’espérez pas vous la couler douce, dans ce roman, ni rester alangui sur une chaise longue, car nous sommes dans un drame et l’on va encore crapahuter dans les montagnes (on m’en veut, ces derniers temps !!!).



À Ogliano, c’est calme, le baron vient durant les vacances d’été, il est riche, blindé du fric de ses métayers et de celui que ses ancêtres ont amassé au fil des années. On se doit de le saluer, de courber l’échine, comme au temps des seigneurs médiévaux.



Le récit commence par un enterrement, celui d’un salopard, avec tout le village qui vient rendre hommage ou alors, qui vient vérifier qu’il est bien crevé, allez savoir. La bigoterie est de mise, on se doit d’aller à l’église. Le baron arrive, donne une fête pour le baccalauréat de son fils…



Bref, le récit commence gentiment, lentement. L’écriture de l’autrice était éloquente et puissante. On se doutait que sous ces belles phrases, couvait un futur drame. Un drame dont nous ne savions pas encore la teneur, mais qui, comme les secrets gardés par les villageois, la fameuse omerta, n’allait pas tarder à tonner, tel un coup de feu.



Oui, le récit commençait gentiment, avant de prendre un tour inattendu et de nous entraîner dans les montagnes, puis d’y subir un orage et un coup de foudre… Oui, j’ai adoré ce roman, j’ai eu le coup de foudre, le coup au cœur.



Il n’y a pas que l’écriture qui est travaillée, ciselée, dans ce roman. Les différents portraits sont passés sur l’établi de l’orfèvre, ils ont été tordus, afin de nous donner des personnages réalistes, non manichéens, torturés, se posant des questions ou enviant l’autre de ce qu’il possède (et pas toujours au niveau matériel, juste parce que l’un a un père et pas l’autre).



Chacun a son secret, ses doutes, ses blessures et elles nous seront racontées par ces personnages mêmes, dans ces chapitres qui seront consacrés à leur confession. Grâce à eux, on comprendra mieux leur psychologie, leurs regrets, leurs envies, leurs secrets, ce qu’ils ont tus et cela donnera des nuances de gris à ceux que l’on aurait bien jugé tout noirs ou tout blancs. Mais il n’en est rien…



Antigone, le roman de Sophocle, est en arrière-fond, mais il n’y joue pas un rôle de figurant, il est important dans ce récit, et c’est au fil de l’histoire que l’on comprendra ce qui lie les personnages avec ceux de celui de Sophocle.



L’épisode dans la montagne, dans l’Argentu, sera le point culminant de ce roman, m’apportant moult émotions différentes, me faisant passer de la peur ou bonheur, de l’angoisse à l’espoir, de la haine aux questionnements : et moi, qu’aurais-je fait ? Comment aurais-je réagi ? Et dans ce village, est-ce que moi aussi j’aurais fermé ma gueule contre de l’argent ? Bonnes questions…



Si Libero, jeune homme de 18 ans, personnage principal, est un personnage réaliste et sympathique, l’on ne peut qu’aimer Rafael, le fils du baron, qui n’a rien de son père, qui parle de pardon et qui est tout aussi tourmenté que son ami d’enfance. Ils m’ont donné bien des émotions, ces deux gamins, et des plus belles.



Ce roman, je pense que je l’avais acheté à cause d’une chronique publiée sur le blog "Black Novel" (merci, Pierre !) et puis, je l’avais oublié. Quelle imbécile j’ai été de ne pas le sortir plus tôt, moi qui cherchais des coups de cœur, j’en avais un à portée de main.



Un roman magnifique, des personnages marquants, avec qui l’on aurait aimé se promener en montagne, juste pour le plaisir de passer du temps avec eux. Hélas, j’ai dû les laisser, le cœur brisé de devoir refermer ce roman lumineux et sombre à la fois, mais où la lumière est plus forte que l’ombre.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Aux vents mauvais

On retrouve un corps dans une maison promise à la démolition. Le commandant Leoni et son équipe font le lien avec la disparition inexpliquée de Jessica, 17 ans, qui vivait en foyer. Tandis qu’il se lance dans cette enquête, il s’inquiète pour Thierry Muissen, son adjoint qui a disparu de la circulation. En parallèle, le récit nous fait suivre Rémi, un ado confié par ses parents dépassés à sa grand-mère, une retraitée qui espionne son nouveau voisin, et Jean-Toussaint, arraché à sa Mamilouise pour, à l’instar de nombreux enfants réunionnais dans les années 60, être envoyé repeupler les campagnes françaises. Placé chez un paysan creusois, il n’a de cesse de retrouver Marie-Eve, sa compagne d’infortune qui est employée comme bonne à tout faire.



Un récit complexe, aux multiples intrigues, mais dont les personnages, nombreux, ne peuvent qu’attirer la sympathie du lecteur, dont les grand-mères : mémé Angèle pour Leoni, Mamilouise pour Jean-Toussaint et celle de Rémi, une ancienne prof de maths que son petit-fils surnomme Pythagore. Et puis ces destins entrecroisés, ces coups que porte la vie, le rapt de ces enfants réunionnais, l’enfance volée de Muissen, les jeunes filles assassinées, et, malgré tout, l’amour, celui des grands-mères et celui qui lie Leoni à Eliane, la médecin légiste. Comme une lueur à l’horizon un après-midi, dans la morosité ambiante.


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Les silences d'Ogliano

"Les Silences d'Ogliano" d'Elena Piacentini Cher Vous,

Comme disait l’immense Brel : « Chez ces gens-là, on ne cause pas… »

À Ogliano, on se tait, on ne dit pas les choses, surtout sur les familles, qui elles sont vraiment, d’où elles viennent. L’omerta est de rigueur, les mots de doivent pas être dits, ils risqueraient de devenir des maux.

Elena Piacentini nous plonge dans un une littérature blanche aux reflets plus que sombre. Elle narre avec des phrases ciselées de poésie l’injustice de ne pas être né « comme il faut ».

L’histoire magnifique de Libero, un jeune homme qui accède à l’âge adulte dans une bourgade imaginaire dans un Sud montagneux. Le vent bruisse au fil des pages, on pourrait croire à un décor de carte postale, c’est bien mal connaître Elena… Elle nous prend par la main pour mieux nous promener dans son univers, dans Ogliano, où le silence est d’or et d’argent pour certains.

Un merveilleux roman, du genre de ceux où vers la fin, le pollen vient te piquer les yeux, à lire absolument !

Stanislas Petrosky


Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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Les silences d'Ogliano

Quel bonheur de lecture que ce livre ! Tout oublier autour de soi pour se retrouver au sein d’une nature âpre, ensoleillée, sentant le thym, l’huile d’olive, la sueur aussi. Parce que si visiblement, temporellement, ce roman se situe de nos jours, il pourrait être de n’importe quelle époque. Personnellement, je le verrais bien en Corse dans les années 1930 !

Bref, vous aurez compris que les passions qui se déchainent n’ont pas d’âge. Notre héros est Libéro, 18 ans, calme, cultivé, proche de sa mère, la belle Argentina qui l’a élevée seule, sans vouloir lui dire le nom de ce père qu’il fantasme. Ogliano c’est le village perché où règne une riche famille dans leur somptueuse villa rose : les Delezio. Tout pouvoir, crainte des villageois, le Baron décide de tout et pour son fils Raffaele, est prêt à tout.

Alors quand on s’en prend à lui, les forces se déchainent. Vengeance, omerta, lutte de pouvoir mais surtout amitié, questionnement sur d’où on vient et l’importance des liens familiaux ou pas. Sauvagerie d’une nuit qui va bouleverser leur vie à tous.

Il y a une écriture très belle qui fait vibrer le soleil sur les paysages arides de cette province du Sud. C’est une histoire de passion, avec la tragédie d’Antigone emportée partout par Raffaele, en fil rouge. J’ai pensé à Carmen de Mérimée, à l’excellent « soleil des Scorta » de Gaudé. Mais peu importe, il a sa place à part, fort et beau roman.

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Les silences d'Ogliano

Devenu médecin, le narrateur Libero Solimane revient à Ogliano, son village natal. La vue, sur les hauteurs, du pallazzo Delezio désormais abandonné aux ronces et à la décrépitude, le replonge dans la tragédie survenue ici, l’année de ses dix-huit ans.





Cerné par le massif de l’Argentu dont les montagnes le dérobent au monde tout en lui fermant l’accès à la Méditerranée toute proche, soumis aux bourrasques du libeccio bien connu des Corses et des Italiens, Ogliano, oublié du temps, semble toujours vivre comme au siècle dernier, selon les lois d’autant plus immuables du patriarcat et de la féodalité, que personne ne se risquerait à troubler l’omerta qui pèse sur cet assemblage de clans et de lignées soigneusement cloisonnés entre pauvres et riches, mais aussi par les haines rancies, la vendetta, et, de plus en plus, par les dérives mafieuses.





La violence est partout et le sang prompt à couler, selon cette loi du plus fort qui prend le dessus dès que la justice et le droit ont le dos tourné. Une violence qui n’en finit pas de ricocher, chaque mort en appelant une autre, dans une inextricable escalade que chacun subit dans la douleur et le silence. Dans ce contexte de tragédie grecque qui leur rappelle l’Antigone de Sophocle dont ils ont fait leur référence, Libero - de père inconnu - et son ami Raffaele – fils héritier du baron Delezio qui règne en maître sur le village – rêvent passionnément de justice. Ils vont apprendre qu’il n’est toutefois pas facile de démêler les culpabilités, qu’après tant d’iniquités, de violences et de torts infligés de toute part, le choix entre le bien et le mal n’est plus manichéen, qu’on peut même faire le mal pour un bien, et que, dans cet imbroglio dont ils vont peu à peu, au fil d’aventures qui mettront leur vie en péril, découvrir les insoupçonnables imbrications secrètes, les motivations des pires tueurs peuvent au final avoir trait à l’amour et à l’honneur.





Menée de main de maître par une auteur habituée des romans policiers, la narration joue avec efficacité de la curiosité du lecteur, entre vieux secrets de famille, poursuites dans le maquis et règlements de compte dont l’ensemble forme un tableau très plausible que l’on croirait tout droit sorti d’une Corse ou d’une Italie qui auraient troqué la féodalité seigneuriale contre celle de la mafia. Mais la plume, d’une grande beauté, d’Elena Piacentini ne se contente pas de nous tenir en haleine et de nous plonger dans des paysages méditerranéens avec une puissance d’évocation qu’expliquent sans doute ses origines corses. Alors que, dans ce drame, meurtriers ou victimes, tous ploient sous l’héritage d’une même et vieille douleur, cristallisée en haine et en désir de vengeance, elle nous interroge, au-delà de la peur et du sentiment d’impuissance, sur les moyens - et le courage – de briser ce fatal engrenage. Une gageure qui a déjà coûté la vie de bien des juges, et qui ne rend que plus admirable le sacerdoce de ceux qui, contraints de vivre sous protection, poursuivent leur mission coûte que coûte. Ce sont eux qui permettent l’espoir. Coup de coeur.


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