AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ella Maillart (97)


Je m'enchante à sentir à nouveau ce petit cœur battre contre moi mais, tandis que je la cherchais, craignant qu'elle n'eût été la proie d'un chien errant, une voix m'avait murmuré : " Tôt ou tard je la perdrai. L'enseignement veut que l'on soit toujours frappé dans son attachement le plus fort, car ce lien étroit et aveugle entrave notre marche vers l'infini."
Commenter  J’apprécie          210
La chatte poursuit son ronron et je me sens privilégiée de pouvoir côtoyer, chaque jour, un être parfaitement heureux et sachant l'exprimer.
Commenter  J’apprécie          200
Il n'est pas nécessaire d'être intelligent pour aller très loin. Il suffit de ne vouloir qu'une seule chose à la fois.
Commenter  J’apprécie          180
A moins que mon imagination ne m'égare, notre compréhension lui causait une joie subtile. Je ne parle pas de reconnaissance puisque celle-ci implique le souvenir et que les chats vivent le seul présent.Grâce à elle, je me trouve aussi liée au présent, elle m'oblige à vivre le détail de ce que nous côtoyons sur le chemin et je ne me souviens d'aucune promenade aussi bien que de celles que nous fîmes ensemble.
Commenter  J’apprécie          150
Depuis six mois, j’ai souvent eu l’impression de me trouver sur une planète différente, et je suis, à vrais dire, comme rayée déjà du reste du monde ; ma famille, mes amis ont appris à se passer de moi ; mon éloignement, mon isolement m’ont enseigné enfin que je suis inutile à l’« ordre des choses » !
Oui, c’est certain, mais ce qui importe, c’est moi, qui vis au centre du monde. Ce moi qui n’a pas encore eu le temps d’accomplir quelque chose de valable, quelque chose qui me prolonge, me sauve du néant et satisfasse – ne serait-ce que petitement – à ce goût de l’éternel qui m’habite.
Mais, pour le satisfaire, quel bizarre moyen je prends en faisant vingt-cinq kilomètres par jour pendant des mois… Une fois de plus, comme au cours des nombreuses heures vides de ce voyage, je me demande ce qui me pousse vers les quatre coins du monde ? Oui, je sais, je veux voir toujours du nouveau et je répète avec le poète :

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

mais ce n’est là qu’un effet ; quelle est la cause de cette curiosité qui m’éperonne, de ce besoin de voir, de comprendre ? Est-ce que je ne fais que dresser des difficultés devant moi pour avoir le plaisir de les surmonter ? D’où viennent les attractions auxquelles je me soumets aveuglément et qui décident pour moi ? (p. 280-281, Chapitre 14, “Au Pamir”, Partie 2, “L’imprévu”).
Commenter  J’apprécie          150
Le lis ou le reptile, le chat ou l'ortie savent être splendidement, totalement eux-mêmes. Créatures tourmentées par nos contradictions innées, nous devons dénouer l'écheveau qui est en nous, devenir assez simples pour pouvoir libérer la "note" fondamentale de notre Centre. Notre manière d'y parvenir peut paraître amorale, mais je sais que néanmoins cela est bon, car nous sommes davantage que des êtres moraux. La moralité n'est pas le but de la vie mais tout au plus un raccourci menant à la Réalité. Et ce n'est qu'en épuisant notre propre particularité que nous pouvons aller au-delà, jusqu'au coeur de notre être. Le héros est celui qui est immuablement centré, écrivit Emerson. Ce Centre est aussi cela auquel rien, ni aucun malheur, ne saurait arracher l'homme heureux. Aussitôt dépassés notre angoisse, notre lâcheté, notre vanité, notre patience, notre courage ou notre amour pour un but ou pour un seul être, alors nous atteignons notre "note" la plus profonde, notre Centre, le même en chacun de nous, ce son silencieux auquel toutes les diversités se réfèrent, toutes les différences que nous croyions divergeantes et isolantes se réduisent réellement.



Commenter  J’apprécie          130
Désormais, la religion de ces vestales sportives est faite : la neige et la mer sont propres, l'Europe est décadente, les propositions du monde adulte hypocrites et douteuses. Donc : larguer les amarres.
Commenter  J’apprécie          110
Il me semble que ce développement, par lequel nous donnons forme à notre tendance la plus profonde, mûrit sur un plan qui est au-delà de l'éthique. Pour certains êtres, il vient un moment où, envers et contre tout, ils doivent être aussi vrais qu'ils le peuvent afin de révéler leur essence. Notre mort peut l'exprimer, ou bien notre vie quotidienne, la manière dont une mère aime son enfant, un acte d'héroïsme spontané ou bien un poème sincère. (...) Le lis ou le reptile, le chat ou l'ortie savent être splendidement, totalement eux-mêmes. (...) La moralité n'est pas le but de la vie mais tout au plus un raccourci menant à la Réalité. Et ce n'est qu'en épuisant notre propre particularité que nous pouvons aller au-delà, jusqu'au coeur de notre être. "Le héros est celui qui est immuablement centré", écrivit Emerson.
Commenter  J’apprécie          90
La leçon facile vient du sage, un homme qui vit dans la paix et la maîtrise absolue de soi, qualités qui émanent de lui (il n'est pas particulièrement beau mais tellement bon et candide), ce qui fait l'effet d'un baume. La leçon plus subtile, que je n'ai pas encore apprise, est la suivante : cet homme unique, dont la vie a été intense depuis l'enfance, a réussi à l'aide d'un sixième sens à explorer la voie difficile qui mène à la racine de la conscience; il existe là une énergie qui est éternelle, qui n'a rien à voir avec le corps et qui est régie par les lois - cachées pour nous - qui gouvernent l'univers. Dans notre ignorance, nous appelons certaines choses "mauvaises" parce que nous ne pouvons pas comprendre que le bon peut surgir du mal, et que tout est le résultat de causes préalables. Ce n'est que par la soumission, le détachement, par l'effort de connaître le vrai soi - cette part de la conscience profonde et éternelle qui est en chacun de nous - que nous trouverons le bonheur permanent que nous poursuivons, aidant par là-même l'humanité à s'élever au-dessus de notre état semi-animal.
Des familles entières viennent se prosterner devant lui, s'allongeant trois fois, d'abord avec leurs bras étendus vers l'avant, ensuite ramenés le long du corps, tandis qu'une joue puis l'autre touchent le sol qu'ils embrasent enfin. Les jeunes enfants qui essaient de faire cela sont charmants et reçoivent le même sourire lumineux que les singes qui viennent mendier, ou la vache qui, chaque fois qu'on omet de l'attacher, vient voir le sage. On lui pose peu de questions parce que peu de questions se posent : dès que l'on se trouve près de lui, on se rend compte que la plupart des questions ne sont que des mots et ne font pas partie des choses vraiment vitales. Sa présence agit dans un sens positifs qui nous fait sentir : La réponse est en moi et pour qu'elle soit de quelque profit, je dois la trouver moi-même.
Commenter  J’apprécie          90
Peter découvre avec émerveillement la vie des nomades, vie vieille comme le monde... Il est tout aux joies de l'initiation. Moi, au contraire, je retrouve une partie de mon passé et je continue en quelque sorte le voyage commencé au Turkestan russe ; je connais déjà l'odeur des chameaux, leur haleine fétide quand ils ruminent, je sais la halte au point d'eau, la collecte du crottin pour le feu et les joies que procure le thé bouillant ; je n'ignore pas la recherche des bêtes égarées à la poursuite de leur pâture, ni le silence des nuits où les yeux brûlent d'avoir trop regardé dans le vent. J'aime cette vie primitive où je retrouve la faim qui transforme en joie solide chaque morceau mis sous la dent, la saine fatigue, qui fait du sommeil une volupté incomparable, et le désir d'avancer que chaque pas réalise.
Unis par le désir de réussir dans notre entreprise, nous nous entendons à merveille. Mais en somme nous n'envisageons pas les choses sous le même angle. Peter, tous les soirs, me répète comme un refrain : "Soixante lis de moins d'ici Londres !" C'est pour me taquiner, et je le prie de se taire, car je veux oublier que le retour est inévitable. Je suis même sans désir de retour. Je souhaiterais que le voyage pût se prolonger toute la vie ; rien ne m'attire en Occident où je sais bien que je me sentirai seule parmi mes contemporains, dont les préoccupations me sont devenues étrangères.
Commenter  J’apprécie          80
Le voyage pose les bonnes questions sans fournir toutes les réponses. Le moment venu, il faut qu'une réflexion fondamentale succède à une expérience qui ne l'était pas moins, et la complète.
Commenter  J’apprécie          80
Cette aptitude à transformer les gens en fantômes est assez répandue dans notre petit pays posthume où la notoriété n'existe pour le bon que sous quatre pieds de terre, un de marbre, et quand la succession n'a pas laissé de dettes.
Commenter  J’apprécie          80
Pourquoi autant voyager quand on peut trouver les réponses et la sagesse dans les livres ?
Je ne suis pas livresque ; les mots ne me suffisent pas. J’avais besoin de rencontrer des personnes qui vivaient leur sagesse.
Commenter  J’apprécie          80
Le bonheur le voilà : cette ivresse que crée un instant d’équilibre entre un passé qui nous satisfait et un avenir immédiat riche de promesses. (…) Un fou rire de gamine s’empare de moi tandis que je bourre les côtes de Peter de coups de coude, incapable d’exprimer autrement la joie qui bouillonne en moi. (p. 262, Chapitre 12, “En Kachgarie”, Partie 2, “L’imprévu”).
Commenter  J’apprécie          80
Les raisons qui avaient donné vie à cette phrase m'envahissent, abolissant en moi la solitude, et cette plénitude me fait oublier le lieu et le temps. Profonde, unique, précieuse, elle est incommunicable. En ouvrant les yeux, je vois le soleil couchant souligner d'or un nuage majestueux. N'est-ce pas le symbole même de ma méditation : la lumière de la conscience, joie immuable, n'est-ce pas l'origine de toute forme ? N'est-ce pas la voie véritable ?
Commenter  J’apprécie          70
Jusque là j'avais obtenu tout ce que j'avais voulu, mais le moment était venu de prendre la vie au sérieux et c'est alors que les difficultés commencèrent : que comptais-je faire de mon existence ? C'était très bien de faire du bateau à voile pendant les vacances, mais enfin ce ne pouvait être l'activité principale de ma vie. Les affaires marchaient mal, me disait mon père, il me fallait penser à l'avenir.
Que pouvais-je répondre ? La vie pleine d'imprévus que j'avais menée si jeune me donnait des occupations citadines. Plus j'y pensais, plus il me paraissait absurde de passer mes meilleures années dans des bureaux, à économiser de l'argent que je ne pourrais dépenser que quand j'aurais plus de cinquante ans et ne serais plus en âge de réaliser les rêves de ma jeunesse.
Commenter  J’apprécie          70
Dans ce grand espace vide, il y avait à ce moment moi-même et la terre, et nous formions une paire d'amis s'entendant bien. Réduit à l'essentiel (un squelette de collines revêtues d'une chair maigre), le monde n'avait pas grand-chose à m'offrir, mais il me plaisait ainsi. Rien de trop, et presque rien du tout. Parfois, au milieu d'une succession d'épaules ocrées, un carré de luzerne verte dans une aisselle maigre ; arêtes avec leur ligne fuyante qui s'estompe et vous attire ; autant de pistes suivies par mes idées bondissantes, utilisant ces rudiments de paysages pour les associer à des étapes parcourues prés de l'Issyk-Koul ou dans les Kunlun. Fascination d'un horizon que l'on voudrait atteindre mais que chaque pas repousse plus loin.
Commenter  J’apprécie          60
“Seul le présent comptait, j’en avais le sentiment, la conviction. Le plus important à mes yeux, c’était de vivre pleinement, de faire les choses de mes propres mains. C’était de vivre conformément à l’idée que je me faisais de ce qui vaut la peine d’être vécu ...en se gardant de trop imaginer par avance, de trop parler avant d’accomplir. Je ne comprenais pas encore que la méditation peut elle aussi pourvoir à nos exigences d’accomplissement, que l’individu peut concrètement “ agir “ tout en réfléchissant ou en écrivant . A cette époque , je croyais encore que mediter revient à se complaire dans un passé éteint, que c’était là le signe d’un reflux d’une energie vitale désormais incapable de vous faire aller de l’avant, le signe marquant le début de l’extinction .”
Commenter  J’apprécie          50
Je suis venue à Tituvannamalai afin de vivre auprès d'un Maître incarnant la sagesse hindoue, et tandis qu'un cours pour débutant m'eût mieux convenu, je me trouve trébuchant, de but en blanc, dans l'aride silence du Vedanta qui, à la fin des Vedas, propose l'essence de la connaissance hindoue.

Jeune, le Maharishi avait écrit en vers tamouls : "Lumière de la Conscience qui tout embrasse, c'est en toi que se forme l'image de l'univers, qu'elle y demeure et s'y dissout, mystère qui détient le miracle de la vérité. Tu es le Soi intérieur, le "Je" vibrant dans le coeur. Coeur est ton nom, ô Seigneur !"
Commenter  J’apprécie          50
Maintenant, comme l'araignée ayant allongé sa toile jusqu'au bout de ses branches, j'ai élargi mon horizon et comme si j'avais partout laissé quelque chose issu de ma substance je suis directement touchée par ce qui se passe au long des fils de mon existence.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ella Maillart (645)Voir plus

Quiz Voir plus

Katherine Giebel ou Barbara Abel

Je sais pas ?

Katherine Giebel
Barbara Abel

10 questions
2 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}