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Citations de Ella Maillart (97)


Tout au nord de Harbin, j’allai dans des villages perdus où les Russes émigrés vivent comme des bêtes. Là, de petits Japonais, pionniers infatigables du Far West nippon, construisent des villes champignons et prospectent les plaines démesurées, essayant d’oublier qu’ils sont des insulaires sur un continent dont la grandeur les grise. Partout je trouvai ces obstinés travailleurs, totalement dévoués à leur patrie. Établis au cœur du pays malgré l’hiver sibérien avec leurs femmes, leurs bureaux, leur nourriture, leurs camions, leurs sandales et leurs kimonos, c’est eux qui commandent en fait sur les chantiers de construction, dans les exploitations, dans l’administration. Je campai dans des auberges chinoises perdues au fond de l’éternelle plaine mandchourienne, je mangeai dans les gargotes indigènes, je dormis sur le k’ang de terre battue, ou sous la tente de feutre à la saison où les chiens de garde ne sont qu’une boule de givre cristallisé autour de leur chaud sommeil. C’était dans le Barga où des Mongols, soi-disant autonomes, ont la faveur des Japonais qui cherchent à combattre par eux l’influence toute proche de la Mongolie Soviétique.
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Combien il serait enchanteur de vivre en amitié avec d’innombrables bêtes dont toutes, chacune à sa manière, témoignent de la même vérité : la vie !
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A la suite de Maroussia, nous gagnons le sommet de la colline. Je ne sais où nous allons ; je suis toute à la joie de mes pieds nus et des différents sols qu'ils explorent. Il est ainsi des excursions qui sont gravées en moi non par les yeux, mais par la plante de mes pieds, de mes orteils. .
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Tôt ou tard je perdrai Ti-Puss. L'enseignement veut que l'on soit toujours frappé dans son attachement le plus fort, car ce lien étroit et aveugle entrave notre marche vers l'infini.
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Les avez-vous trouvées ?
Oui : Ramana Maharishi. J’ai vécu cinq ans dans son entourage (entre 1939 et 1945). Impossible de résumer le cheminement intérieur ; la recherche de cette sagesse millénaire, de notre accord avec le cosmos. J’ai compris que nous sommes autre chose que matière. Nous sommes vibrations positives et négatives.
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Dans son plus beau roman, "La Vallée de la Lune", Jack London (justement) promène à travers les Etats-Unis un jeune couple à la recherche d'une vallée qu'ils ont vue tous deux en rêve et où ils souhaitent s'établir. Il y a quelque part pour chacun de nous "une vallée de la lune" destinée à notre épanouissement, mais qu'il nous reste à dénicher. Ella trouvera la sienne beaucoup plus tard et plus près de son lieu de naissance.
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Etre acceptée par la terre. Comprendre sa signification, puis sentir combien elle est un tout, et vivre la force de cette unité. Alors seulement il sera temps d'aimer chaque partie de ce tout, enfin libérée de l'aveuglement inhérent à un amour partiel.
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Avec tout ce va-et-vient près du glacier du Khumbu, aucune chance de voir le sauvage yéti, ou abominable homme des neiges, dont des traces furent photographiées ici même par la première expédition suisse sur l’Everest. Il existe deux scalps de cette créature invisible : l’un à Khumjung, l’autre au monastère de Pangbotché à 4000 mètres d’altitude. Et c’est ce dernier que j’ai vu et touché : calotte de cuir durci couverte de rares poils épais et roux. Cette dépouille sans âge n’a rien de sacré ; on la traite comme une pièce de musée ainsi qu’un squelette de main déformée, qu’on garde dans un écrin.
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A l'ombre des taillis, la terre fraiche d'humidité est malléable, propre à garder une empreinte intacte, et le pied s'y contracte un peu, craignant une glissade, et c'est l'herbe souple dans laquelle s'accroche mes orteils.
Maroussia n'aime les sandales que je tiens à la main, elle voudrait les jeter dans les fourrés.
Nous entrons dans la forêt pour la traverser. Mes pieds se réjouissent ; le sentier d'aiguilles de pin est sec, tiède et lisse. On marcherait des heures ainsi.
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Selon le Sage il était bien connu que les animaux aiment la présence de la spiritualité et les discussions à son sujet car, malgré leur incapacité à raisonner, ils comprennent grâce à ce courant profond qui nous ramène tous au principe ultime.
Je demandai alors si notre prise de conscience est la même que celle du chat .
«  Absolument la même, répondit-il, mais l'instinct remplace la raison. Cependant, ne vous vantez pas d'être évoluée car l'instinct est plus sûr et l'animal peut prétendre avoir des facultés meilleures que les vôtres !
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Non seulement cet homme était beau physiquement, mais ses yeux brillaient d'une belle lumière. Cette journée fut illuminée par sa rencontre. Le même éclat vit dans le regard d'une adolescente lorsqu'elle découvre que l'amour l'habite, un amour qu'elle sent si inépuisable qu'il devrait pouvoir transformer le monde tout entier. (p258)
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Quand pendant des mois de suite on a voyagé d'une manière pratiquée il y a déjà des milliers d'années, à dos de chameau, et à l'allure moyenne de vingt kilomètres par jour, c'est un contraste saisissant d'en faire deux mille d'une traite ! Ce vol miraculeux me donna des haut-le-cœur, mais activa mes pensées : je n'étais plus la même personne qu'à mon départ. Je n'étais plus uniquement Suissesse ou Européenne ; je me sentais liée au monde dans son ensemble et j'avais l'impression que je ne serais plus jamais tout à fait chez moi à Genève.
A Paris où j'avais l'allure de quelqu'un tombé d'une autre planète, mes mouvements étaient ralentis et la traversée des rues me faisait peur ; les passants me regardaient avec curiosité comme si j'étais une bête sauvage. Il me fallut une semaine pour réapprendre à parler comme les autres gens, à toute vitesse, sur une foule de sujets dont j'ignorais le premier mot...
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Et qu'aurait dit Nicole si je lui avais avoué que mon vœu suprême était de me débarasser de mon moi fatiguant, de mes désirs toujours changeants et presque toujours dénués de sagesse ? Je ne voulais pas le faire en me tuant, ou en me jetant à corps perdu d'une contrée dans une autre comme je l'avais fait jusqu'ici ; ou encore en travaillant dans quelque léproserie , moyen qui doit certainement contribuer à diminuer un ego vaniteux et encombrant. Il doit y avoir un procédé moins sentimental qui atteigne le même but, un moyen rationnel de percer cet ego ou encore de le transmuer.
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Je roule vers un pays dont je n'imagine rien. [...]Je veux particulièrement connaître les aspirations nouvelles des jeunes, ceux de vingt ans, ceux qui ne connurent pas l'ancien monde, ceux pour qui le nouvel Etat semble être bâti. Vivre avec eux, toucher des êtres vivants et me moquer des statistiques, voilà ce que je veux avant tout.
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Pilniak qualifie Tachkent de ville extraordinairement ennuyeuse ; il parle sans doute de la moitié russe de cette immense capitale de 500 000 âmes, si tant est qu’on puisse, comme dit Kisch, compter au nombre des âmes les communistes qui la nient et les femmes musulmanes auxquelles le Coran en refuse une.
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Notre état d’âme toujours changeant conditionne, transforme même, les paysages et les gens que nous rencontrons.
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Le ciel est trop petit pour contenir les étoiles qui s'écrasent, se bousculent et débordent à chaque instant.

(Chapitre XV)
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Il faut tout réapprendre afin de pouvoir apprécier. C'est la notion que nous avons plus ou moins perdue : le prix de la vie. Près des peuples simples, montagnards, marins ou nomades, les lois élémentaires s'imposent à nouveau. La vie retrouve son équilibre.
Je vais vers des contrées désolées, sans arbres et sans maisons. Après des mois passés dans une solitude millénaire, je pourrai juger de la multitude. Dormant sous le poids du ciel, je saurai ce qu'est un toit. Cuisinant sur un feu de crottin, je connaîtrai la valeur du bois.

(Chapitre III)
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Selon lui, il me fallait la protection d'un groupe, c'était une folie de se promener seule, je me ferais attaquer comme sa femme. Je répondis que de tels accidents arrivent également en Europe sans que nous renoncions aux promenades solitaires.
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Les pluies sont souvent torrentielles à Moscou. Aucune autre ville ne voit plus d'eau tomber en moins d'une minute. Les égouts débordent, les rigoles des rues en pente bouillonnent tel un torrent; pour aller d'un trottoir à l'autre, il faut traverser de véritables étangs.
Devant moi deux ouvrières, l'une jeune, l'autre plus âgée, sans perdre de temps à délibérer, quittent chaussures et bas puis courent sur le bout de leurs orteils au travers de l'eau grise qui encercle leurs pieds. Personne ne s'en étonne.

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