Citations de Emilie Chazerand (481)
- Oui?
- J'ai adoré. C'était super sympa.
"Super sympa"? Ouh là. Ça, c'est une paraphrase sympathique de "bof". "Tu aimes ma nouvelle robe?" "-Euh, elle est super sympa!" "Ma quiche n'est pas assez cuite, au milieu, non?" "Ah bon? Moi je la trouve super sympa..." Alors, qu'est-ce que je t'avais dit : ma mère est géniale, hein?" "En effet, elle est... super sympa!"
- Et pourquoi tu ne m'aimes pas, exactement?
Richard inspire jusqu'à ce que ses poumons lui fassent mal, se concentre...et feule :
- A cause de ça, justement : tes putains de questions, non stop ! Tu la fermes jamais ! Tu me rends totalement cinglé ! T'es pire qu'une MST : un seul contact et c'est fini, tu nous colles à la peau et tu nous fait regretter le bref instant de plaisir qu'on a passé avec toi !
- Oh... t'as eu du plaisir avec moi ! minaude Pravda, en éventant ses longs cils de girafon. Je suis hyper touché !
On ne prend pas toujours la peine, quand on vit ensemble jour après jour et ce des années durant, de regarder vraiment ceux qui nous entourent.
Je crois qu'il faut avoir des ambitions à sa taille.
"Il se tortille un moment, inspire, se démarre comme une vieille voiture. Et se lance :
- Alors, euh... Il était une fois moi, qui vit avec sept naines." - Richard
Il réalise que, d’une façon générale, les œufs sont fragiles. Parfois, on en achète une boite et, parce qu’on les range mal dans le sac de courses, on découvre qu’il y en a un qui s’est fendu sur le trajet. Il perd son blanc par le fond et imbibe la cellulose moulée. Le liquide durcit vite et, quand on cherche à retirer l’œuf pour le mettre au frais, la coquille reste collée. L’ovale précieux casse dans la main, coule jusqu’au poignet et, même si ce n’est vraiment pas grand-chose, à échelle humaine, au regard de tout ce qui arrive de drames et catastrophes sur la planète, ça fait super chier dans l’instant.
Voilà la recette du coup de foudre : coincés deux personnes dans un coin paumé, sans distraction ni autre horizon possible, et il n'auront d'autre choix que de s'aimer.
Ou de s'entre-tuer. Ça, c'est l'option réservée à Bettina et Ferdinand.
Autant demander à Mozart de jouer du banjo...
Ils s’apprécient. Ils se connaissent. Tous, en fait, forment une petite communauté à laquelle Richard n’appartient pas et cette idée, étrangement, le pique. Il est perpétuellement en dehors des choses. En dehors des gens. C’est le drame de sa vie.
Tout le monde sur Terre a des rêves de grandeur...excepté Richard Tannenbaum.
Le voilà, son conte personnel. Et complet.
Est-ce-qu'il est censé raconter tout ça au groupe, dès la première réunion ?!
Hmmmm.
Il peut au moins essayer.
Il se tortille un moment, inspire, démarre comme une vieille voiture. Et se lance :
- Alors, euh... Il était une fois moi, qui vis avec sept naines.
Plus succinct, il ne pouvait pas faire.
Le Philippe continue de " réorganiser l'espace ", bouge une ou deux chaises de quelques millimètres, jette cinq gobelets dans le seau noir qui fait office de poubelle et pshit-pshitte la pièce avec Airwick agrumes certifié 100 % naturel. Il hume l'air, nez dressé.
- On est quand même loin des orangeries marocaines.... reproche-t-il au produit.
Lulu avait sept ans. Il paraît que c'est l'âge de raison, de la maturité, de la sortie de la petite enfance. Ce genre d'expulsion se fait d'autant plus rapidement à la mort d'un père.
- Oh, et hors de question qu'il ait du poil qui dépasse de son nez ou de ses oreilles ! C'est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup.
Vois-tu, un grand-père a besoin de soins particuliers. Il faut le sortir régulièrement, jouer avec lui, le stimuler.
- Je suis très stimulante !
juste après avoir poussé un peu trop vigoureusement la porte battante, j'entends trois choses : d'abord un boom tonitruant, ensuite une floppé de "oh" avec un juron au milieu et enfin une voix féminine stridente qui crie "infirmièèèèèère". J'ai. Éjecté. Le. Proviseur.
De toutes les personnes qui habitent mon monde, celles que j'aime le plus sont précisément celles que je n'aurais pas choisies.
C'était l'arche de Noé en plus moche, et moi, je me sentais encore une fois comme un animal pas très utile, dont la Création pouvait se passer.
– Hé ! Héééé! Shirley Banana ! Tu dors ?
Tous les matins,c ‘est pareil : cette sangsue de Christelle Cancoillotte vient coller ses fesses plates sur mon lit (et sur mes tibias aussi, du coup) pour me poser l’éternelle même question.
Tais-toi. Tu vas le nier et ça va me vexer et ça va t'énerver et ça va me fâcher. Et puis tu vas te fermer comme une huître et j'aurai envie de chialer et on se quittera là, sur le palier. On rentrera chacun chez soi et on mettra au moins dix jours à se reparler en faisant comme si de rien n'était. Alors qu'on vaut mieux que ça, toi et moi. (p.175)
En général, c'est à ce moment-là que j'ouvre les yeux et que je m'avoue que trépasser est parfaitement inenvisageable. Du moins, pas tant que je n'aurai pas tout dit.
Sauf que parfois, tout dire et mourir, c'est kif-kif bourricot : ça me tuerait que les gens sachent. Sans exagérer. (p.112)