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Citations de Emmanuel Carrère (1634)


Qu'on pense à moi chaque fois qu'il est question d'un type emmuré toute sa vie dans un asile de fous, c'est précisément ce dont je ne veux plus.
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Emmanuel Carrère
À la sortie de l’hôpital, j’ai cru que j’allais profiter de la vie à 200%. En fait je suis la moitié de ce que j’étais avant, maximum. La phrase qu’on vous dit toujours : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, il y a des gens pour qui elle doit être vraie, pour moi non. Je continue à me battre, mais en fait, j’ai pris perpète.
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...Et le malade cancéreux, le plus souvent, éprouve doublement cette souffrances. Doublement parce que, malade, il ne peut partager avec son entourage l'angoisse qu'il ressent, et parce que sous cette souffrance en gît une autre, plus ancienne, datant de l'enfance et qui elle non plus n'a jamais été partagée, jamais été vue par personne. Or, c'est cela le pire pour quelqu'un: n'avoir jamais été vu, n'avoir jamais été reconnu.
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Jankélévitch : "l'amour du méchant n'est pas l'amour de sa méchanceté, ce serait une perversité diabolique. C'est seulement l'amour de l'homme lui-même, de l'homme le plus difficile à aimer".

André Berthiaume: nous portons tous des masques mais parfois il est difficile de les enlever sans arracher la peau

Le code pénal a été inventé pour empêcher les pauvres de voler les riches et le code civil pour permettre aux riches de voler les pauvres
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Poutine répète sur tous les tons quelque chose que les Russes ont absolument besoin d'entendre et qui peut se résumer ainsi : " On n'a pas le droit de dire à 150 millions de personnes que soixante-dix ans de leur vie, de la vie de leurs parents et de leurs grands-parents, que ce à quoi ils ont cru, ce pour quoi ils se sont battus et sacrifiés, l'air même qu'ils respiraient, tout cela était de la merde. Le communisme a fait des choses affreuses, d'accord, mais ce n'était pas la même chose que le nazisme. Cette équivalence que les intellectuels occidentaux présentent désormais comme allant de soi est une ignominie. Le communisme était quelque chose de grand, d'héroïque, de beau, quelque chose qui avait confiance et qui donnait confiance en l'homme. Il y avait en lui de l'innocence et, dans le monde sans merci qui lui a succédé, chacun confusément l'associe à son enfance et à ce qui fait pleurer quand vous reviennent des bouffées d'enfance."
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Même quand le krach de 1998, pour la seconde fois en une seule décennie, fait disparaître leurs pauvres économies, ils ne descendent pas dans la rue. Ils restent frappés de stupeur, hypnotisés au fond de leurs troquets sordides par la télé qui ne montre plus rien d'autre que le monde féérique des riches dans les grandes villes, les jeunes filles somptueuses qui, d'une carte Gold négligente, payent leur assiette de sushis l'équivalent d'un an de salaire pour une institutrice et les jeunes hommes arrogants qui, entourés d'une armée de gardes du corps à oreillettes, vont en jet privé à Courchevel où ils remplissent leurs jacuzzis de Veuve Cliquot. Le hold-up des "prêts contre actions" a marché au-delà de toute espérance.
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C'est cela, ou cela devrait être ça, un procès : au début on dépose la souffrance, à la fin on rend la justice.

P302
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La propagande nazie ne montrait pas Auschwitz, la propagande stalinienne ne montrait pas le goulag, la propagande des Khmers rouges ne montrait pas le centre de tortures S.21. La propagande, normalement, cache l'horreur. Ici, elle l'exhibe. L'Etat islamique ne dit pas : c'est la guerre, nous avons le triste devoir pour que le bien triomphe de commettre des actes terribles. Non, il revendique le sadisme. C'est sur le sadisme, sur l'exhibition du sadisme, sur l'autorisation d'être sadique qu'il compte pour convertir.
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Le matin du 14 novembre 2015, deux victimes ont été confondues à la morgue. Les parents de l'une ont cru leur fille morte alors qu'elle était vivante, ceux de l'autre ont eu le fol espoir qu'elle soit vivante alors qu'elle était morte.
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p. 200 « Ne pas juger, ne pas déplorer, ne pas s’indigner, seulement comprendre » Spinoza
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(...) cette vie, la mienne, pauvre vie misérable et quelquefois vivante, et quelquefois aimante, n’a pas été qu’illusions et déroutes et folie, et le péché mortel c’est de l’oublier. Il est vital, dans les ténèbres, de se rappeler qu’on a aussi vécu dans la lumière et que la lumière n’est pas moins vraie que les ténèbres. Et je suis certain que cela peut être un bon livre, un livre nécessaire, celui qui ferait tenir ensemble ces deux pôles : une longue aspiration à l’unité, à la lumière, à ‘empathie, et la puissante attraction opposée de la division, de l’enfermement en soi, du désespoir. Ce tiraillement est plus ou moins l’histoire de tous les hommes. (...) pp.196-197
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C'est Bruno qui ne se contente pas de protéger Édith, une parfaite inconnue, de son imposante carrure mais, quand une chance leur est donnée de sortir, lui dit: "Viens, on y va. - Je ne peux pas bouger ", repond-elle", et lui, placidement : " O.K., je reste avec toi." (Bruno travaille au service clientèle de la SNCF, il accueille les plaintes avec patience, le seul truc pour lequel il manque de patience, c'est quand on l'accuse, parce qu'un train a du retard, de "prendre en otages" les voyageurs. )
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C’est tellement incompréhensible, dit Nadia. Penser que ceux qui l’ont tuée avaient son âge. Leur âge à tous, entre vingt-cinq et trente ans. Qu’on les a emmenés à l’école en les tenant par la main, comme elle emmenait Lamia, en la tenant par la main.
C’étaient des petits enfants qu’on tenait par la main.
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Quand on est pris dans cet engrenage de ne pas décevoir, le premier mensonge en appelle un autre, et c'est toute une vie...
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Disons qu'Hervé fait partie de cette famille de gens pour qui être ne va pas de soi.
Depuis l'enfance il se demande : Qu'est-ce que je fais là ? Et c'est quoi "je" ? Et c'est quoi "là" ?
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j'ai réalisé un film documentaire dans une bourgade russe, Kotelnitch. Le tournage s'est étalé sur plusieurs mois, au fil desquels ma petite équipe et moi avons rencontré pas mal de gens dont les plus intéressants, ceux qui avaient vocation à passer du statut de simples personnes à celui de personnages, étaient le chef de la police locale et sa jeune femme. Lui, Sacha, beau garçon, séduisant, mais aussi corrompu, alcoolique, paranoïaque, un jour nous mettant tous les bâtons possibles dans les roues, le lendemain nous prodiguant des déclarations d'amitié éternelle, à la russe. Elle, Anya, jolie, rêveuse, gentiment mythomane, adorant tout ce qui est français, émerveillée par notre présence comme si nous étions - c'était son expression - les rois mages. Ils nous intriguaient, nous les aimions bien. Et puis il s'est passé une chose atroce : Anya a été assassinée, découpée à la hache par un fou avec son bébé de huit mois. La rumeur a couru que Sacha y était pour quelque chose. Nous avons filmé le deuil, le repas de l'enterrement, le chagrin et les déchirements de la famille. De retour à Paris, j'ai commencé le montage et, chemin faisant, repéré des correspondances entre ce que nous avions vécu à Kotelnitch et, dans mon histoire personnelle, une de ces choses douloureuses qu'on appelle un secret de famille et qui peuvent hanter plusieurs générations. Au prix de beaucoup de larmes et de transgressions, j'ai donné un semblant de sépulture à un mort, mon grand-père maternel, que personne n'avait pu enterrer ni pleurer et qui était devenu un fantôme. J'ai entremêlé ces deux histoires : la leur, la mienne. Leur famille, ma famille, nos tragédies. Le montage fini, je suis retourné à Kotelnitch pour montrer le film à ceux qui en étaient devenus les acteurs, Sacha en tête. J'appréhendais sa réaction. Nous avons regardé ensemble la cassette VHS  que j'avais apportée sur sa télé, si vieille que j'étais étonné de voir les images en couleur. À la fin, Sacha m'a longuement dévisagé, en silence, et enfin dit ceci : " C'est bien. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur : tu as apporté le tien.".
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On a toujours raison, quand on rencontre des gens, de les imaginer nus sous leurs vêtements, d'imaginer leurs corps fragiles, blafards, mal assurés,d'imaginer le petit garçon apeuré ou la petite fille perdue qu'ils ont été avant de devenir président de la République ou actrice célèbre, et qu'ils sont toujours-- Emmanuel Macron ou Catherine Deneuve autant que MonsieurRibotton.
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On est toujours contents quand les gens qui nous aiment relèvent nos travers comme des raisons supplémentaires de nous aimer.
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Oui,bien sûr, on peut dire que je me suis converti parce que je désespérais, mais on peut aussi dire que Dieu pour me convertir m’a accordé la grâce du désespoir. c’est ce que je veux penser, de toutes mes forces: que l’illusion, ce n’est pas la foi, comme le croit Freud, mais ce qui fait douter d’elle, comme le savent les mystiques. …Je me demande si vouloir tellement le croire, ce n’est pas la preuve que , déjà, on n’y croit plus.
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L’avantage d’avoir un « moi » pas très costaud, à la force duquel on n’a pas accompli grand-chose, c’est qu’on ne s’y attache pas trop.
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