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Citations de Emmanuel Carrère (1617)


Le matin du 14 novembre 2015, deux victimes ont été confondues à la morgue. Les parents de l'une ont cru leur fille morte alors qu'elle était vivante, ceux de l'autre ont eu le fol espoir qu'elle soit vivante alors qu'elle était morte.
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p. 200 « Ne pas juger, ne pas déplorer, ne pas s’indigner, seulement comprendre » Spinoza
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(...) cette vie, la mienne, pauvre vie misérable et quelquefois vivante, et quelquefois aimante, n’a pas été qu’illusions et déroutes et folie, et le péché mortel c’est de l’oublier. Il est vital, dans les ténèbres, de se rappeler qu’on a aussi vécu dans la lumière et que la lumière n’est pas moins vraie que les ténèbres. Et je suis certain que cela peut être un bon livre, un livre nécessaire, celui qui ferait tenir ensemble ces deux pôles : une longue aspiration à l’unité, à la lumière, à ‘empathie, et la puissante attraction opposée de la division, de l’enfermement en soi, du désespoir. Ce tiraillement est plus ou moins l’histoire de tous les hommes. (...) pp.196-197
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C'est Bruno qui ne se contente pas de protéger Édith, une parfaite inconnue, de son imposante carrure mais, quand une chance leur est donnée de sortir, lui dit: "Viens, on y va. - Je ne peux pas bouger ", repond-elle", et lui, placidement : " O.K., je reste avec toi." (Bruno travaille au service clientèle de la SNCF, il accueille les plaintes avec patience, le seul truc pour lequel il manque de patience, c'est quand on l'accuse, parce qu'un train a du retard, de "prendre en otages" les voyageurs. )
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C’est tellement incompréhensible, dit Nadia. Penser que ceux qui l’ont tuée avaient son âge. Leur âge à tous, entre vingt-cinq et trente ans. Qu’on les a emmenés à l’école en les tenant par la main, comme elle emmenait Lamia, en la tenant par la main.
C’étaient des petits enfants qu’on tenait par la main.
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Quand on est pris dans cet engrenage de ne pas décevoir, le premier mensonge en appelle un autre, et c'est toute une vie...
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Disons qu'Hervé fait partie de cette famille de gens pour qui être ne va pas de soi.
Depuis l'enfance il se demande : Qu'est-ce que je fais là ? Et c'est quoi "je" ? Et c'est quoi "là" ?
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j'ai réalisé un film documentaire dans une bourgade russe, Kotelnitch. Le tournage s'est étalé sur plusieurs mois, au fil desquels ma petite équipe et moi avons rencontré pas mal de gens dont les plus intéressants, ceux qui avaient vocation à passer du statut de simples personnes à celui de personnages, étaient le chef de la police locale et sa jeune femme. Lui, Sacha, beau garçon, séduisant, mais aussi corrompu, alcoolique, paranoïaque, un jour nous mettant tous les bâtons possibles dans les roues, le lendemain nous prodiguant des déclarations d'amitié éternelle, à la russe. Elle, Anya, jolie, rêveuse, gentiment mythomane, adorant tout ce qui est français, émerveillée par notre présence comme si nous étions - c'était son expression - les rois mages. Ils nous intriguaient, nous les aimions bien. Et puis il s'est passé une chose atroce : Anya a été assassinée, découpée à la hache par un fou avec son bébé de huit mois. La rumeur a couru que Sacha y était pour quelque chose. Nous avons filmé le deuil, le repas de l'enterrement, le chagrin et les déchirements de la famille. De retour à Paris, j'ai commencé le montage et, chemin faisant, repéré des correspondances entre ce que nous avions vécu à Kotelnitch et, dans mon histoire personnelle, une de ces choses douloureuses qu'on appelle un secret de famille et qui peuvent hanter plusieurs générations. Au prix de beaucoup de larmes et de transgressions, j'ai donné un semblant de sépulture à un mort, mon grand-père maternel, que personne n'avait pu enterrer ni pleurer et qui était devenu un fantôme. J'ai entremêlé ces deux histoires : la leur, la mienne. Leur famille, ma famille, nos tragédies. Le montage fini, je suis retourné à Kotelnitch pour montrer le film à ceux qui en étaient devenus les acteurs, Sacha en tête. J'appréhendais sa réaction. Nous avons regardé ensemble la cassette VHS  que j'avais apportée sur sa télé, si vieille que j'étais étonné de voir les images en couleur. À la fin, Sacha m'a longuement dévisagé, en silence, et enfin dit ceci : " C'est bien. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur : tu as apporté le tien.".
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On a toujours raison, quand on rencontre des gens, de les imaginer nus sous leurs vêtements, d'imaginer leurs corps fragiles, blafards, mal assurés,d'imaginer le petit garçon apeuré ou la petite fille perdue qu'ils ont été avant de devenir président de la République ou actrice célèbre, et qu'ils sont toujours-- Emmanuel Macron ou Catherine Deneuve autant que MonsieurRibotton.
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On est toujours contents quand les gens qui nous aiment relèvent nos travers comme des raisons supplémentaires de nous aimer.
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Oui,bien sûr, on peut dire que je me suis converti parce que je désespérais, mais on peut aussi dire que Dieu pour me convertir m’a accordé la grâce du désespoir. c’est ce que je veux penser, de toutes mes forces: que l’illusion, ce n’est pas la foi, comme le croit Freud, mais ce qui fait douter d’elle, comme le savent les mystiques. …Je me demande si vouloir tellement le croire, ce n’est pas la preuve que , déjà, on n’y croit plus.
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L’avantage d’avoir un « moi » pas très costaud, à la force duquel on n’a pas accompli grand-chose, c’est qu’on ne s’y attache pas trop.
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Personne n'a pu se reposer dans mon amour, je ne me reposerai dans l'amour de personne.
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« Ce que vous vivez est horrible : très bien. Vivez-le. Adhérez-y. Ne soyez plus que cette horreur. Si vous devez en mourir, vous en mourrez. Ne cherchez ni raison ni moyen d’en sortir. Ne faites rien, laissez tomber : c’est la seule condition pour qu’un changement puisse advenir. » Autrement dit : méditez, car c’est ça, la méditation.
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La dépression, quand on y est, on pense qu'on n'en sortira pas vivant, qu'on en sortira que par le suicide. Sauf si on se suicide, cependant, on en sort tôt ou tard et une fois qu'on en est sorti on passe dans le camp des amis bien intentionnés, on ne peut plus se représenter cet état de détresse intolérable et apparemment éternel.
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Toute ma vie j'ai trimballé ce symptôme. L'inspiration m'est facile. Ample, régulière. Les côtes s'écartent, le ventre se gonfle, il semble que je pourrais ne jamais arrêter de me remplir. Seulement il arrive un moment où cette inspiration doit se transformer en expiration et cette expiration en revanche est étroite, resserrée. Elle tourne court. Ce qu'elle devrait détendre, du diaphragme au bas-ventre, elle le contracte, le comprime, l'oppresse.
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La méditation est là aussi pour nous apprendre que les deux sont vrais, la tristesse aussi vraie que la joie, la joie aussi vraie que la tristesse. Aujourd’hui, en attendant, je vais très bien.
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Respirer normalement : a priori, ça semble plus simple que de guider son souffle le long de méridiens, en réalité c’est plus compliqué. Ne rien faire de spécial, ça a l’air simple mais c’est beaucoup plus compliqué que faire quelque chose chose de spécial, même difficile. Quant à observer sa respiration sans que l’observation la change, ça n’est pas difficile, c’est impossible. C’est impossible mais on y tend. On est là pour ça.
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Je sais que ces souvenirs n’ont d’intérêt que pour moi, pour Anne et pour les garçons, que nous sommes les quatre seules personnes au monde qu’ils puissent faire sourire ou pleurer, mais tant pis, tant pis, lecteur, il faut supporter que les auteurs racontent ce genre de choses et ne les coupent pas en se relisant, comme il serait raisonnable, parce qu’elles leur sont précieuses et qu’on écrit aussi pour les sauver.
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On s’insurge, d’abord, je me suis insurgé en disant que le trouble bipolaire, c’est une de ces notions qui deviennent tout à coup à la mode et qu’on se met à plaquer sur tout et n’importe quoi – à peu près comme l’intolérance au gluten dont tant de gens se sont découverts atteints à partir du moment où on s’est mis à en parler. Puis on lit ce qu’on peut lire sur la question, on relit toute sa vie sous cet angle, et on s’aperçoit que ça colle. Que ça colle même parfaitement. Qu’on a toute sa vie été sujet à cette alternance de phases d’excitation et de dépression qui sont bien sûr notre lot à tous, car nos humeurs à tous sont changeantes, nous avons tous des hauts et des bas, des ciels clairs et des nuages noirs, mais il y a des gens dont je fais partie, comme paraît-il 2 % de la population, chez qui ces hauts sont plus hauts et ces bas plus bas que la moyenne, au point que leur succession devienne pathologique.
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