Citations de Emmanuel Guibert (235)
De toute manière, on en fait un symbole exagéré et idiot, de ce chadri. Les vraies priorités pour les femmes, c'est l'accès aux soins, à l'éducation, au travail et à la justice, pas les fringues.
Le séminaire valait le coup, il faisait réfléchir. Les discussions étaient bonnes. Je me souviens de l’une d’elles, sur le thème : « à l’idée que la fin justifie les moyens il faut substituer, les moyens déterminent la fin »
(Emmanuel Guibert décrivant sa relation avec Alan Cope)
Il racontait sa vie. La Californie de son enfance et de son adolescence. En Europe pendant la guerre. Partout où il était passé, ou il avait vécu. A certaines heures j’aurais été attablé face à Henry Miller que je n’aurais pas été plus remué. C’était vraiment un écrivain qui parlait.
Et puis on est arrivé à Chicago dans les parcs à fret.
- Et toi Ariol ? C'est quoi ton vaccin ?
- C'est un rappel, mais je me rappelle plus de quoi.
- Ta voix est tellement belle que quand tu seras grande, sûrement que tu feras les annonces au micro dans les aréoports ou les supermarchés.
Maman ?
- Oui ?
- On dit aréoport ou aéroport ?
- Aéroport
- A-é-ro-ports
C'est vrai que c'est beau, la poésie.
Juliette a filmé la mort de l'enfant.
La mère m'a dit : "filme, Jamila. Comme ça les gens sauront".
Cette phrase me tire de l'incapacité de photographier où je suis depuis une demi-heure.
J'ai eu l'impression de rencontrer une expérience vaste, importante, bouleversante, beaucoup trop triste pour que j'en pleure.
Quelque chose de grand qui me montrait subitement comment est le monde.
Le voyage continue. Humour, aventures, paysages fabuleux.
C’est ça un reportage. Beaucoup d’attente. (…) J’ai dit qu’un reportage, c’est beaucoup d’attente, mais quand des choses arrivent, elles arrivent très vite et une seule fois. Faut pas rater le coche.
Moi, j'aime beaucoup le progrès. Les scanners, les examens complémentaires, heureusement qu'on les a. Mais quand on ne les a pas, faut faire sans. Et là, tu réapprends à être attentif, à écouter un corps, à interpréter une sueur froide ou un ongle qui vire au bleu. Tu réapprends l'essence du métier.
C'est juste que je préférerais être torturé par des Romains que par des Juifs. Les Romains, ils te font ça de manière dégueulasse, mais froide. Je veux dire, c'est leur boulot, c'est la loi. Tandis que l'autre fanatique, là, Josué, il serait foutu de te crever les yeux en faisant des prières.
- Raconte le casher.
- Bon, c'est simple. A chaque fois qu'on pourrait se baisser, ramasser un aliment et le manger, il y a une règle casher qui vient te gâcher la vie.
- Quel monde léguerons-nous aux générations futures, si on t'écoute?
- Avec un excité dans ton genre, ce n'est pas ça, la question importante.
- C'est quoi alors?
- La question, c'est quelles générations laisseras-tu au monde futur?
- Mais lâche-moi!
- Il y a des femmes nues, tu ne dois pas voir ça.
- Le sang, j'ai le droit, et les femmes nues, non? Toi, tu es un con.
- A ce propose, nous arrivons au Temple, qui est un lieu sacré. Donc, si tu veux faire pipi, il faut rendre tes précautions maintenant, parce qu'à l'intérieur, tu n'auras pas le droit.
- Et les prêtres qui vivent à l'intérieur, comment font-ils? Ils font du pipi sacré?
-Les enfants, je vous demande d'accueillir gentiment Yakima, qui vient faire danser notre classe.
--Bonyour! Yé vais vous montrer comment bouyer votre corps avec quelques essercices très amousants!
-Elle a un drôle d'accent.
-L'accent, ça n'empêche pas de danser.
Chaque pièce principale de la maison avait son robinet. On pouvait l'allumer en tournant simplement une petite manivelle.
Je faisais une chose : je traînais des pieds sur le tapis en laine du salon avec mes semelles de cuir pour accumuler de l'électricité statique.
J'allumais le gaz et je touchais le robinet .
Ça produisait une étincelle et ce gaz, très combustible, s'allumait.
Je l'ai fait souvent.
A la réflexion, ça devait être assez dangereux.
A dix-huit ans, je ne savais conduire qu'une bicyclette. Et donc, le premier véhicule à moteur que j'ai appris à conduire de ma vie était un char.
Une histoire vécue, photographiée et racontée par Didier Lefèvre. Écrite et dessinée par Emmanuel Guibert. Mise en page et en couleur par Frédéric Lemercier. (p. 6)